Malgré plusieurs temps forts éditoriaux (élections présidentielles, guerre en Ukraine), l’année 2022 atteste d’un ralentissement dans la croissance des abonnés numériques aux médias d’information. Cette tendance s’explique notamment par une baisse de l’acquisition, dans un contexte économique plus difficile. Le Monde, L’Équipe, Ouest-France, Le Parisien, Mediapart… À quel(s) titre(s) de presse les Français sont-ils abonnés ?

Chaque année, mind Media publie son baromètre consacré aux abonnements numériques. Une étude riche en data qui permet d’identifier les titres ayant le plus d’abonnés numériques, mais aussi les tendances d’une année sur l’autre. Selon les données collectées par Paul Roy, chef de rubrique de mind Media, et Aymeric Marolleau, rédacteur en chef Data & Lab du groupe mind, six titres français se distinguent.

Six médias ont autour de 200 000 abonnés ou plus

Les six premières places du classement, qui réunissent les titres qui dépassent ou approchent 200 000 abonnés en ligne, n’ont pas été bouleversées. Le Monde et L’Équipe en ont respectivement 472 000 (+12,8 %) et 352 000 (+3,5 % ; dont environ 30 % en direct, les autres via des accords de commercialisation noués avec Canal+ et Bouygues Télécom – récemment renouvelé). Ils devancent Le Figaro (270 000, +8 %), Médiapart (210 589, -1,4 %), Que Choisir (207 000, -4 %) et Ouest France (191 000, +20 %).

Lorsque nous avons créé ce baromètre, les éditeurs avaient encore relativement peu d’abonnés purs numériques. Ils commençaient à en faire une priorité marketing, face aux difficultés rencontrées dans la distribution physique et la publicité en ligne. En 2018, les 16 titres dont nous disposions des chiffres de 2017 et 2018 ont enregistré une très forte croissance (+42 %), qui a ralenti en 2019 (+28 %) avant de connaître un rebond en 2020 à la faveur de la crise sanitaire. Mais le ralentissement s’est confirmé dès l’année suivante, et s’est encore amplifié en 2022. Certains ont même vu leur base reculer : -31 % pour Sciences et Avenir, -14 % pour Challenges, -5,2 % pour Le Monde Diplomatique et Les Jours, -4 % pour Que Choisir. 

Retrouvez l'intégralité de notre étude, avec les chiffres de la presse régionale, des pure players et l'analyse des raisons de ce ralentissement dans l'article de mind Media Abonnements numériques : les lecteurs sont de plus en plus difficiles à convaincre

Méthodologie

Notre étude se fonde pour l’essentiel sur des éléments déclaratifs indiqués par les éditeurs recensés dans le tableau à mind Media. Il s’agit aussi, dans quelques cas, de chiffres partagés publiquement par les éditeurs. Nous avons demandé aux éditeurs de partager avec nous leur nombre d’abonnés purs numériques au 31 décembre 2022 (donc uniquement offres non couplées au papier) :

  • Hors forfaits “multi-titres” et illimités (Cafeyn, SFR Presse, ePresse, Pressmium…).
  • Hors abonnements professionnels non-individuels.
  • Diffusion par tiers (sociétés, collectivités territoriales, associations, syndicats…) inclus.
  • Offres d’essai (premier mois à 1 euro par exemple) incluses.

Si certaines de leurs offres permettent à plusieurs internautes / comptes de s’y connecter (packs et familles), nous leur avons demandé de ne compter qu’un seul abonné par abonnement. Nous privilégions les chiffres déclaratifs à ceux de l’ACPM connus comme “versions numériques”, qui ont évidemment leurs qualités, pour des raisons méthodologiques. Ses “diffusions versions numériques individuelles” ne tiennent compte que des offres qui incluent une version PDF du titre, ce qui exclut les offres, de plus en plus nombreuses, qui ne donnent accès qu’au contenu du site et de l’application mobile. Elles ne tiennent pas non plus compte des offres dont le prix est inférieur à 25 % du tarif de référence du papier, ce qui exclut les offres les plus agressives, notamment les premiers mois à 1 euro.

67 % des français n’ont aucun abonnement 

Enfin, un fait notable : dans une étude menée auprès d’un peu plus d’un milliers de français (14 000 personnes dans le monde), le cabinet Oliver Wyman indique que la presse est le quatrième service par abonnement consommé en France derrière la SVOD (70 % des répondants ayant au moins un abonnement), le cloud (55 %) et la musique (41 %) avec 33 % des sondés ayant souscrit à au moins une offre. Oliver Wyman souligne une réticence à payer, “en raison du nombre d’alternatives au contenu similaire disponibles gratuitement en ligne”. Il faut également noter que les Français sont abonnés à 4 services en ligne en moyenne, ce qui peut amener à des arbitrages en période inflationniste.