Le logiciel Allisone analyse les radios dentaires et met en exergue certains éléments, grâce à un code couleur. (source : Allisone)

La filière dentaire mise sur l’intelligence artificielle

Porté par le numérique, le marché de la dentisterie expérimente depuis 20 ans de nombreuses innovations : capteurs numériques appliqués à la radiologie, empreintes optiques utilisées en routine pour la reconstitution prothétique… Depuis quelques années, l’intelligence artificielle permet d’aller plus loin, en améliorant la précision des diagnostics, la compréhension du patient et son adhésion au plan de traitement.

La jeune histoire du dentaire et du numérique

Dr Jean-David Wolfeler, chirurgien oral et co-fondateur de ASISPO

Le Dr Jean-David Wolfeler, administrateur de la Société française de chirurgie orale (SFCO), est devenu dentiste en 2000 et a vu le numérique changer le visage de sa profession. « Cela a commencé lorsqu’on  nous a demandé d’arrêter nos dossiers papiers et de commencer à utiliser des dossiers numériques, comme le faisaient déjà les systèmes CRM des grosses entreprises. Trois grandes avancées technologiques ont suivi. D’abord les capteurs numériques en radiologie, qui ont changé la donne, aussi bien en termes de qualité d’image que de qualité des soins. Les doses d’irradiation des patients pu être considérablement diminuées, car les capteurs numériques permettent d’amplifier le signal. La deuxième grande avancée, poursuit-il, concerne les empreintes optiques. Finie la grosse pâte épaisse que l’on mettait dans la bouche du patient. Désormais nous utilisons des scanners qui permettent de faire de la reconstitution prothétique en full numérique, sans passer par des empreintes physiques. Enfin, la dernière révolution technologique, apparue il y a 2 ou 3 ans, est l’application de l’intelligence artificielle à la radiologie ». Deux start-up françaises sont à la pointe de ce secteur selon lui : Allison et Dental monitoring. Cette dernière a d’ailleurs réalisé une levée de fonds record de 150 M$ en octobre 2021.

Gagner du temps, réduire les litiges

Thomas Gouritin, CEO de la start-up ASISPO

Jean-David Wolfeler s’est associé à Thomas Gouritin, expert chatbot et intelligence artificielle, pour co-fonder la start-up ASISPO (prononcer A6P-O), qui propose un robot conversationnel. Avec l’objectif de répondre à deux problématiques : un temps administratif très long et le un besoin de réduire les risques post-opératoires et les litiges. « Toutes spécialités confondues, 43% des patients opérés en ambulatoire ne sont pas recontactés », explique Thomas Gouritin (source : E-satis 2021 de la HAS). “L’immense majorité des litiges concerne un manque de communication entre le patient et le médecin”, témoigne le Dr Wolfeler.

Pour construire la solution ASISPO, le Dr Wolfeler s’est appuyé sur l’analyse data de toutes les réclamations patients faites par mail, pendant 4 ans. Le chatbot qui en découle permettrait, selon Thomas Gouritin, de faire gagner 5 à 6 heures de temps médical par semaine. Car, “dans 96% des cas, explique le Dr Wolfeler, il s’agit simplement de rappeler au patient les consignes post-opératoires. Pour des petits saignements ou un fil qui met du temps à se résorber, le robot parvient à rassurer le patient et lui évite de passer 5 heures aux urgences pour repartir avec une boîte de paracétamol », observe le Dr Wolfeler, pointant du doigt le rôle délétère joué par la consultation d’internet, qui conduit souvent le patient à des états de panique. En cas de véritable urgence, assez rare, le robot envoie par SMS une alerte au médecin.

« L’immense majorité des litiges concerne un manque de communication entre le patient et le médecin”

Dr Jean-David Wolfeler, chirurgien oral et co-fondateur de ASISPO

Télémédecine et dentaire

Fondée en 2015, la société Dental Monitoring a été la première à intégrer la télémédecine au parcours de soins dentaires et orthodontiques. La société a créé une IA permettant de lire la position des dents pour pouvoir générer des gouttières invisibles (orthodontie sans bague) et calculer à distance (cf. vidéo) les mouvements dentaires. De son côté, la start-up bisontine LOVIS a l’ambition de proposer “une plateforme qui permet à n’importe qui de réaliser des bilans bucco-dentaires gratuitement en ligne”. Lauréate du prix Silver Valley 2022, dans la catégorie médico-social et sanitaire, la société a d’abord pensé sa solution pour les personnes âgées et dépendantes.

Lionel Elbaz fondateur et CEO d’Allisone

Avec une solution très différente, mais fonctionnant aussi grâce à l’IA, la start-up Allisone (qui a récemment levé 10 M€) entend également augmenter le faible taux d’adhésion aux traitements dentaires. Faisant le constat qu’en France, 35% seulement des patients en France décident de se soigner après une consultation chez le dentiste, la start-up a décidé de trouver un moyen de combattre ce renoncement massif aux soins, en proposant une solution de visualisation facile des radios dentaires, accessible au patient. 

Grâce à des algorithmes de deep learning qui ont appris d’images radiologiques annotées par un comité scientifique composé de dentistes, le logiciel Allisone analyse ces radios et met en exergue certains éléments, grâce à un code couleur. Cette analyse donne aux praticiens une deuxième « opinion » sur leur diagnostic, permet de réduire le temps de conception du plan de traitement et augmente l’adhésion du patient à ce plan, en facilitant la communication patient/médecin.

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