Accueil > Assurance > François Véron (Newfund) : “Le fonds HEKA explore les nouveautés scientifiques de la BrainTech” François Véron (Newfund) : “Le fonds HEKA explore les nouveautés scientifiques de la BrainTech” Le nouveau fonds HEKA, porté par Newfund Capital et la Fondation FondaMental, se consacre à l’écosystème en puissance de la BrainTech. François Véron, cofondateur de Newfund, expose les contours de ce produit d'investissement spécialisé en santé et à vocation durable. Par Clarisse Treilles. Publié le 18 octobre 2023 à 8h30 - Mis à jour le 18 octobre 2023 à 14h14 Ressources Comment se positionne HEKA ? HEKA est le premier fonds qui explore les nouveautés scientifiques de la BrainTech en Europe et aux États-Unis. Les entreprises soutenues contribuent au renforcement ou à la reconstitution du “capital cérébral”, qui englobe tous les aspects liés au bon fonctionnement du cerveau et des systèmes nerveux central et entérique. Le fonds exclut explicitement le développement des médicaments coûteux de son champ d’intervention. Avant HEKA, Newfund a fait son premier investissement dans le domaine de la santé en 2010, avec Medtech S.A., qui a développé un robot chirurgical, le robot ROSA, utilisé pour la stéréotaxie et la deep brain stimulation – typiquement dans le cadre de traitements de l’épilepsie mais aussi contre la maladie de Parkinson. C’était notre premier point de contact avec les sujets de santé mentale. Puis, Newfund a investi dans d’autres start-up, comme Moodwork et Cuure notamment, ce qui nous a confortés dans l’idée que ce modèle était intéressant. Pourquoi très peu de VCs se sont spécialisés dans la santé mentale jusqu’ici ? Les fonds tech qui s’intéressent en early-stage aux start-up en santé ne possèdent pas nécessairement de connaissances dans ce domaine. À l’inverse, il existe des fonds santé plus traditionnels, qui, eux, vont attendre l’approbation de la FDA et les premiers succès de marché avant de se positionner. D’autres fonds existent également, ultra-spécialisés, qui s’intéressent par exemple aux sous-segments très spécifiques comme les psychédéliques. Le défi, pour ces derniers, c’est qu’il est difficile d’apporter une solidité d’appui aux start-up quand un fonds n’est pas suffisamment large et divers. Nous avons vu à quel point il était important, dans ce domaine, d’avoir une base scientifique, car ces sociétés ont toujours un parcours complexe et long. C’est une conviction que nous partageons avec le Pr Marion Leboyer, directrice générale de la Fondation FondaMental, rencontrée en février 2021. Il y a aujourd’hui beaucoup de découvertes qui ne passent pas la barrière des modèles d’affaires traditionnels de la médecine et ne bénéficient donc pas aux patients. Les besoins sont immenses et les découvertes scientifiques sont là, c’est là tout le paradoxe. Qu’est ce que vous apportez à ce partenariat chez Newfund ? HEKA n’est pas juste un nouveau fonds. Nous tirons parti de notre positionnement particulier chez Newfund. Ce nouveau fonds est piloté par Anne-Sophie Saint-Martin, qui a développé en interne les investissements santé au cours des dernières années. C’est toute cette expérience, renforcée par des outils et des mécanismes de soutien aux entreprises, que nous apportons à ce fonds en lui permettant d’avoir une certaine puissance opérationnelle dès le départ. Quel est le profil des projets soutenus ? Nous souhaitons créer, avec Heka, un pont entre la science et l’innovation. Les projets soutenus auront une forte valeur ajoutée scientifique, qui sera évaluée par la Fondation FondaMental (cf. encadré). Concrètement, les projets soutenus appartiendront aux domaines de la neurologie (40 %), de la psychiatrie (30 %), de la nutrition et du développement des compétences (30 %). Ce dernier secteur englobe par exemple des casques de réalité augmentée qui visent à faciliter l’apprentissage des langues par hypnose ou bien des tests d’urine pour identifier les manques de neurotransmetteurs au niveau neurométabolique. Les projets que nous souhaitons accompagner sont à un stade de maturité en amont de la commercialisation, mais proches de celle-ci. Quels sont les critères, selon vous, pour investir dans une start-up ? Tout d’abord, il y a le sérieux scientifique et la dynamique entrepreneuriale. Il faut ensuite que le produit proposé soit un “must-have” pour résoudre un problème réel. Enfin, il faut que les fondateurs veuillent se développer aux États-Unis à un stade précoce de l’entreprise. Quel est votre ticket moyen d’entrée et à quel stade investissez-vous ? Nous nous positionnons dans les premières phases de développement et nous investissons en seed et en Série A. Nous visons 1 ou 2 millions d’euros pour un premier ticket. Mais les rounds seront très variables, certains iront de quelques millions d’euros à 10, voire 15 millions d’euros pour des Séries A. Puisque le marché du venture est en ajustement, cela va aussi dépendre de la conjoncture. Nous intervenons à un stade où il y a encore des subventions importantes du côté des entreprises. Pourriez-vous décrire votre méthode “Road to the USA” ? Nous nous appuyons sur la qualité de notre réseau aux États-Unis, incarné par notre équipe de Palo Alto, patiemment construite depuis 2014. Chez Newfund, 49 start-up américaines font actuellement partie de notre portefeuille. Notre méthode est très opérationnelle et détaille tous les sujets : du très pratique (pour l’obtention du visa notamment) jusqu’à l’analyse concurrentielle et le go-to-market. Pr Marion Leboyer (Fondation FondaMental) : “L’innovation est essentielle pour faire progresser la psychiatrie et la compréhension des maladies mentales” Quel est le rôle de la Fondation FondaMental dans HEKA ? La Fondation FondaMental intervient à plusieurs niveaux, y compris stratégique. Newfund sélectionne les projets qui leur paraissent les plus prometteurs à partir des dossiers qu’ils reçoivent et les soumettent à la Fondation FondaMental pour évaluation scientifique. Pour évaluer efficacement, la Fondation identifie les meilleurs experts en fonction des projets Qu’est-ce que la Brain Capital Alliance ? La Brain Capital Alliance est un programme international basé sur les sciences du cerveau, qui défend une approche holistique intégrant l’ensemble des tenants et aboutissants d’une société pour préserver et renforcer la bonne santé mentale de ses membres. Le spécialiste des neurosciences américain Harris A. Eyre [Fellow au Baker Institute, Ndlr] est à l’origine du concept de “capital cérébral”. Le consortium Brain Capital rassemble des acteurs des sciences du cerveau, de la politique, de l’économie et de la finance, dont la Fondation FondaMental et Newfund. Il s’est doté d’un certain nombre de programmes de traitement et d’actions de prévention pour préserver le capital cérébral, prenant en compte des facteurs multiples, comme l’environnement ou l’alimentation. Pourquoi innover dans ce domaine ? L’innovation est essentielle pour faire progresser la psychiatrie et la compréhension des maladies mentales. Nous sommes persuadés que l’innovation va apporter des nouveaux outils diagnostiques et thérapeutiques. Le digital peut, par exemple, considérablement améliorer la stratégie diagnostique et le suivi, en fournissant des paramètres très objectifs de l’état dans lequel sont les patients. L’innovation vient aussi du domaine des biomarqueurs, afin d’améliorer la finesse du diagnostic, l’identification de formes cliniques spécifiques ou d’améliorer la précision des médicaments. C’est de cette idée là qu’est née l’idée d’associer un fonds et une fondation de coopération scientifique. Ce contenu a été réalisé par la rédaction de mind Health, publication du groupe mind. Clarisse Treilles capital-risquefonds d'investissementsanté mentale Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Dossier Le bien-être mental préoccupe les nouveaux acteurs de l’assurance santé Un écosystème RH de plus en plus mature sur la santé mentale en France Comment l'accélérateur IMPACT met le numérique au service de la santé mentale