Accueil > Investissement > Marc Tempelman (Cashbee) : “Nous réfléchissons à un enrichissement de l’offre pour les entreprises avec Qonto et My Money Bank” Marc Tempelman (Cashbee) : “Nous réfléchissons à un enrichissement de l’offre pour les entreprises avec Qonto et My Money Bank” Créée en 2018, la solution d'épargne rémunérée Cashbee a dévoilé le 16 décembre un partenariat avec la néobanque pour les pros Qonto, six mois après avoir intégré la marketplace de la super-app Lydia. L’application mobile, qui s’adresse initialement aux CSP+, compte 5 000 utilisateurs et 110 millions d’euros sous gestion. Marc Tempelman, son cofondateur et président, revient sur l’actualité de Cashbee en 2021 pour mind Fintech. Par Caroline Soutarson. Publié le 16 décembre 2021 à 16h57 - Mis à jour le 16 décembre 2021 à 16h57 Ressources Au départ, Cashbee est une application d’épargne pour les particuliers. Quelle est la genèse du partenariat avec la néobanque pour les professionnels Qonto ? Dans le cadre de notre développement, nous avons engrangé beaucoup de clients entrepreneurs ou professions libérales. Satisfaits de notre solution en épargne individuelle, ces utilisateurs nous ont fait part de leur problématique concernant la trésorerie dormante de leurs sociétés, tout comme les clients entreprises, professionnels et associations de Qonto. Nous avons donc décidé de développer Cashbee Pro, un service d’épargne dédié aux personnes morales, en partenariat avec My Money Bank à qui cela permet de diversifier ses sources de financement. Quelle est la promesse faite aux utilisateurs de Cashbee Pro ? Les entreprises ont accès à des comptes à terme simples à ouvrir et à gérer, et qui génèrent des intérêts positifs. Plus précisément, le compte à terme garantit les dépôts et est donc sans risque. La trésorerie peut être placée de 6 mois à 5 ans pour des intérêts positifs allant de 0,25 % à 0,45 % [selon cette grille des taux, ndlr]. De plus, le déposant peut à tout instant interrompre le compte et récupérer l’argent sous 31 jours [dans sa totalité et avec une minoration des intérêts, ndlr]. C’est mieux que le zéro pointé qu’offrent les banques, sans compter les frais liés au compte. Enfin, nous délivrons ce service avec une expérience utilisateur simple – via Qonto dans le cadre de ce partenariat –, sans couture et rapide (quelques minutes suffisent pour un client de Qonto), disponible sur le web et sur mobile, bien que pensé pour une expérience desktop. En effet, le service est généralement géré par le trésorier ou le DAF de l’entreprise et, dans ce cadre, l’ordinateur est utilisé. Qonto revendiquait 200 000 clients en septembre dernier, répartis en France, en Allemagne, en Italie et en Espagne. Le service est-il disponible pour tous ces clients dès à présent ? Pour l’instant, les comptes à terme sont accessibles aux entreprises françaises uniquement. D’autres produits financiers pour votre clientèle BtoB sont-ils envisagés ? Nous réfléchissons à un enrichissement de l’offre pour les entreprises avec Qonto et My Money Bank. Mais contrairement aux épargnants individuels, l’objectif de l’entreprise n’est pas de prendre des risques avec sa trésorerie et les alternatives sont donc limitées. Que propose Cashbee pour les particuliers ? Cashbee est une application qui met en avant le Livret Cashbee, un compte d’épargne à vue rémunéré et gratuit (intérêts de 2 % les trois premiers mois dans la limite de 75 000 euros, 0,6 % après) grâce à un partenariat avec My Money Bank. Il rapporte plus que le Livret A et, contrairement à ce dernier, n’est pas limité à 22 950 euros mais à 1 million d’euros. Nous proposons également depuis janvier 2021 des produits d’épargne longue avec une construction diversifiée, à commencer par Cashbee+, un contrat d’assurance vie en gestion pilotée, en partenariat avec Generali Vie. Nous offrons le choix entre plusieurs thèmes d’investissement, tous labellisés ISR (investissement socialement responsable) : tech, climat, inclusion et impact [mélange des trois catégories précédemment citées, ndlr]. En juin dernier, nous avons ajouté Cashbee+ Immo à notre offre. Elle permet aux épargnants d’investir dans deux OPCI (organisme de placement collectif immobilier) dont l’un est labellisé ISR et l’autre est en cours de labellisation. Enfin, en juillet, toujours sur le segment de l’assurance vie, nous avons lancé Cashbee+ Relance. C’est une sélection de trois fonds qui disposent du label Relance. Pourquoi proposer un nombre restreint de fonds à vos clients ? Nous offrons un choix limité car notre clientèle souhaite être aidée dans l’investissement financier mais n’a que peu de temps à y consacrer et n’y est pas forcément éduquée. Quelle est votre clientèle cible ? Nous visons essentiellement les cadres supérieurs, professions libérales, entrepreneurs et artisans car ils ont une capacité d’épargne considérable mais savent qu’ils s’en occupent mal. Souvent, ils considèrent la gestion de l’épargne comme pénible et chronophage et sont averses aux risques. Dans la pratique, c’est bien le public que vous rencontrez ? Oui. Nos clients ont en moyenne 44 ans, ils sont majoritairement masculins, urbains et sont des CSP+ (médecins et avocats par exemple). Pourtant, votre service n’est disponible que via une application mobile. N’est-ce pas contradictoire avec le profil de vos utilisateurs ? Les jeunes ne sont pas notre cible : nous aidons les personnes qui ont déjà de l’épargne. Et même pour les générations qui ne sont pas nées avec le portable, l’utilisation s’est généralisée. Nous observons une résistance à l’outil à partir de 55 ans. Avec les utilisateurs de Lydia, vous vous adressez à une clientèle différente de votre base. Six mois après l’annonce du partenariat, la stratégie s’avère-t-elle payante ? Le partenariat avec Lydia nous donne accès à 5,5 millions de clients potentiels sans coûts d’acquisition (seulement le coût d’intégration de l’API). Nous gagnons ainsi en visibilité auprès d’une clientèle que nous ne visons pas directement. Aujourd’hui, une part conséquente de nos nouveaux clients provient de ce partenariat. Et bien que nous pensions que les clients de Lydia mettraient des sommes de côté largement inférieures à nos épargnants en direct, les montants apportés vont finalement au-delà de nos espérances. Lydia se valorise plus d’un milliard de dollars Afin d’utiliser vos services, les utilisateurs doivent-ils obligatoirement connecter leur(s) compte(s) bancaire(s) ? Non, la connexion est optionnelle. Mais la grande majorité de nos clients choisissent de le faire. D’autres attendent un peu avant de passer à l’acte, le temps que le facteur de confiance s’installe. La connexion au compte courant permet à l’utilisateur de faire des virements in-app. Parallèlement, cela permet à nos systèmes de surveiller les mouvements de fonds et de détecter les “bons moments” (la réception d’une grosse somme inattendue sur un compte, la fin de remboursement d’un emprunt immobilier…) [bien que la détection n’implique pour l’instant pas de recommandation d’épargne généralisée, ndlr]. Afin de proposer de l’agrégation de comptes, nous travaillons avec Budget Insight, mais nous portons les deux autorisations DSP2 d’agrégateur de comptes et d’initiateur de paiement. Nous sommes agréés comme établissement de paiement, ce qui constitue un facteur de confiance pour nos clients, prospects et partenaires. Mais l’agrégation n’est pas notre cœur de métier. Notre valeur ajoutée est dans l’épargne. La liste des sociétés autorisées DSP2 Vous avez lancé plusieurs nouveaux produits d’assurance vie en 2021. Comment voyez-vous l’application se développer par la suite ? Nous nous concentrons sur trois axes : l’amélioration de fonctionnalités dans l’application (faciliter l’aperçu de l’épargne, des performances, switcher entre les différentes poches d’épargne), l’élargissement de la gamme avec du private equity (qui est jusque-là réservé aux plus fortunés alors que c’est un bon facteur de diversification), des cryptoactifs (très médiatisés mais aussi très volatiles et qui ne correspondent qu’à une certaine catégorie d’investisseurs aux profils de risque élevés), de l’investissement en infrastructures, et le développement à l’international, car le rapport des individus à l’épargne s’applique à l’ensemble de l’Europe continentale. Bien que les démarches soient lourdes pour devenir établissement de paiement, nos agréments ont l’avantage d’être passeportables [Cashbee est agréé courtier d’assurance ou de réassurance (COA) et courtier en opérations de banque et en services de paiement (COBSP), ndlr]. Et les acteurs avec lesquels nous sommes en partenariat nous permettront de proposer la brique d’épargne à l’international, le risque sera ainsi plus maîtrisé. De plus, si le Livret A est une spécificité française [et donc un concurrent majeur au produit de base de Cashbee, ndlr], il n’existe pas ailleurs en Europe de produit garanti par le gouvernement qui rémunère positivement un montant d’épargne. Par ailleurs, plusieurs banques facturent les dépôts à partir d’une certaine somme déposée (N26 au-delà de 50 000 euros, Lombard Odier à partir d’un million) en raison du taux de rémunération des dépôts négatif de la Banque centrale européenne [-0,5 % depuis septembre 2019, négatif depuis juin 2014, ndlr]. Le taux du Livret A devrait être rehaussé début 2022. Le taux de 0,6 % proposé aujourd’hui par My Money Bank va-t-il augmenter mécaniquement pour se situer au-dessus ? Bien que My Money Bank garde un œil sur la concurrence, il n’y a pas de mécanisme automatique en marche. La masse de dépôts en France est telle que le taux du Livret A est pertinent mais ne peut être la seule référence. Les comptes courants sont non rémunérés, les livrets d’épargne proposés par les grandes banques sont peu rémunérés et le Livret A impose un montant limite par personne. Quel est votre business model ? Nous nous faisons rémunérer par My Money Bank à hauteur des dépôts que nous apportons via le Livret Cashbee. Dans le cadre d’un partenariat, la commission est partagée. [Cashbee récupère également une partie des frais de gestion des contrats d’assurance vie, ndlr]. Quels sont vos indicateurs de performance clés ? Aujourd’hui, nous avons un effectif de 15 collaborateurs dont 9 tech. Nous comptabilisons 5 000 clients de notre Livret (contre seulement quelques centaines fin 2020, 4 000 fin septembre 2021) et 110 millions d’euros d’épargne (contre 2 millions fin 2019 et 27 millions fin 2020). Le montant d’épargne moyen est de 19 000 euros (contre 7 000 en 2019 et 12 500 en 2020). Nous sommes devenus meilleurs en acquisition payante (sur LinkedIn et Google) ainsi qu’en affiliation : le parrainage est la source de la moitié de l’acquisition. Le taux de transformation vers les produits de long terme se rapproche des 10 % aujourd’hui. Caroline Soutarson assurance vieépargnegestion de trésoreriepartenariat Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Lydia propose de l’épargne via Cashbee Cashbee étoffe son offre avec de l'assurance vie L’application d’épargne Cashbee lève 1,1 million d’euros