Accueil > Investissement > Structures d'investissement > Bozena Adamczyk (Truffle Capital) : “Notre deuxième fonds fintech vise un objectif hard cap de plus de 200 millions d’euros” Bozena Adamczyk (Truffle Capital) : “Notre deuxième fonds fintech vise un objectif hard cap de plus de 200 millions d’euros” Truffle Capital continue à creuser son sillon dans le secteur fintech. La société d’investissement dévoile un deuxième fonds tourné vers des acteurs parvenus à un stade de maturité plus avancé. Bozena Adamczyk, partner chez Truffle Capital, détaille la stratégie et les ambitions d’un investisseur pionnier en France. Par Antoine Duroyon. Publié le 06 décembre 2023 à 15h19 - Mis à jour le 08 décembre 2023 à 18h11 Ressources Quels sont votre parcours et vos missions chez Truffle Capital ? Je suis arrivée chez Truffle Capital il y a trois ans et demi et j’ai été nommée associée en juin 2022. Au cours de ma carrière, j’ai été directrice financière dans une start-up (Izicap) et j’ai également côtoyé l’univers des scale-up (Tripadvisor) et du conseil (BDO, Deloitte) en Pologne et en France. Chez Truffle Capital, je suis en charge des investissements fintech et de l’accompagnement des start-up, notamment pour les problématiques liées à la finance et à la data. À côté du segment BioMedTech, une équipe s’est spécialisée en fintech. Aujourd’hui elle est majoritairement constituée de profils internationaux aux compétences complémentaires. Nous regardons tous les sous-segments : paiement, insurtech, crédit, cybersécurité, financement des PME, etc. Nous accompagnons aussi des sociétés technologiques qui s’adressent aux acteurs financiers, comme Zaion dans la relation client et Kovrr dans la cybersécurité. En ce qui me concerne, j’étudie plus particulièrement les dossiers autour du paiement et nous avons recruté dernièrement un nouveau directeur d’investissement, Alexis Le Portz, pour accélérer sur le Web 3. Comment se structure la démarche d’investissement ? Il y a neuf ans, Truffle Capital a débuté son activité dans la fintech par de l’incubation. Cette approche a donné naissance à six sociétés et à de belles réussites dans la fintech française : MONI, dans le transfert d’argent, Credit.fr dans le crowdlending ou encore Smile&Pay dans l’encaissement pour les commerçants. En 2019, nous avons déployé un premier fonds institutionnel de 140 millions d’euros, avec un ticket moyen de 3 à 5 millions d’euros. En 2022, nous avons investi dans des sociétés plus matures, notamment dans la plateforme d’open banking Bridge où nous avons injecté 10 millions d’euros. Cela correspond d’ailleurs plus à notre thèse d’investissement actuelle. Nous avons arrêté d’investir via ce fonds en juillet 2023 après avoir utilisé 60 % de ses capacités dans 16 entreprises. Le solde doit permettre d’accompagner le développement des participations. Et vous lancez désormais un deuxième fonds… Effectivement, le fonds successeur a été lancé en juillet 2023 avec un premier closing et un premier investissement. Labellisé dans le cadre de l’initiative Tibi 2 [lancée en 2019, celle-ci a pour but d’accroître la capacité de financement des entreprises technologiques, en mobilisant l’épargne des investisseurs institutionnels, Ndlr], Truffle Capital Fintech vise un objectif hard cap de plus de 200 millions d’euros. Il s’agit toujours d’un fonds dédié aux fintech, avec une thèse d’investissement similaire au fonds précédent. Le ticket moyen tourne autour de 7 à 10 millions d’euros, avec une position de lead. Nous cherchons en priorité des acteurs BtoB, qui dégagent au moins 5 millions d’euros d’ARR [revenu récurrent annuel, Ndlr] et présentent de solides “unit economics”. Dans le contexte actuel, nous sommes particulièrement attentifs à l’efficacité du capital. Quel est votre prisme géographique ? Nous investissons essentiellement en Europe et le premier fonds a été investi à 60 % en France. Truffle Capital est le fonds qui a été retenu pour le programme Fintech Investor Network and Ecosystem (FINE), financé par l’Union européenne et coordonné par le pôle de compétitivité Finance Innovation, qui vise à promouvoir la collaboration entre investisseurs dans les écosystèmes fintech européens. Ce programme a débuté en septembre 2023 et doit favoriser l’inclusion et l’égalité entre start-up, notamment dans des régions moins intégrées comme l’Europe de l’Est. Quel regard portez-vous sur les perspectives du secteur fintech en Europe ? Notre dernière étude Fintech 100 montre que le chiffre d’affaires des entreprises du secteur a augmenté en moyenne de 80 % en 2022. Il y a encore un potentiel de croissance important, avec des sociétés saines et des niveaux de valorisation intéressants. Pour de bons dossiers, nous observons un multiple de cinq fois l’ARR, ce qui correspond à notre “sweet spot”. Comme en 2023, les aspects qualitatifs vont rester cruciaux en 2024. Mais il y a de la place pour investir avec des fonds américains et chinois qui sont moins présents, des fonds alternatifs non spécialisés qui ont disparu et des acteurs du corporate venture en retrait. À mon sens, il faut distinguer deux types de dossiers. D’une part, il y a des sociétés qui répondent parfaitement aux critères des investisseurs et pour lesquelles nous ne voyons pas de changement dans les pactes d’actionnaires, en termes de liquidation préférentielle ou d’anti-dilution, par exemple. D’autre part, il y a des sociétés qui ont besoin de se refinancer, avec de nouvelles conditions plus strictes. Dans tous les cas, notre objectif est de garder le management motivé. Comment se déroulent les premières sorties ? Ces sorties viennent principalement de notre incubateur. À ce stade, nous avons récupéré 47 millions d’euros pour 20 millions investis [Credit.fr a été vendu à Tikehau Capital pour un multiple de 2,4 en 2017, Kang a été cédé à adviqo pour un multiple de 2 en 2020, Ndlr]. En 2024, nous devrions comptabiliser deux ou trois sorties supplémentaires. Quels sont les segments que vous regardez avec intérêt aujourd’hui ? L’univers du Web3, avec une attention forte sur la blockchain, l’IA générative, les solutions d’investissement dans le non coté ou encore l’open banking qui va être relancé grâce à la DSP3. Nous envisageons également des opportunités de build-up dans le paiement, notamment avec l'entrée de sociétés américaines sur le marché européen et l'implication d'acteurs du private equity. Tous les mois, mind Fintech vous propose un entretien avec un investisseur actif dans le secteur fintech. Lire tous les entretiens Antoine Duroyon capital-risque Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Truffle Capital finance Levenue, un acteur du RBF prêt à se lancer en France Truffle Capital nomme un nouveau directeur d’investissement fintech Le groupe de courtage Kereis acquiert Particeep