Accueil > Services bancaires > Agicap veut défier les spécialistes de la gestion des dépenses Agicap veut défier les spécialistes de la gestion des dépenses Pour devenir une plateforme tout-en-un de gestion de trésorerie pour les PME et ETI, Agicap ajoute un module de gestion des cartes professionnelles à son logiciel, gratuit sous conditions. Objectif : attirer des prospects avec ce produit d’appel, dans un contexte économique où les entreprises regardent à la dépense. Par Caroline Soutarson. Publié le 26 septembre 2023 à 8h00 - Mis à jour le 25 septembre 2023 à 10h20 Ressources En cette rentrée, le spécialiste lyonnais de la gestion de trésorerie Agicap dévoile un nouveau produit : une solution de gestion des dépenses professionnelles gratuite sous conditions. “En permettant de gérer l’ensemble des dépenses (prestataires, logiciels, collaborateurs, etc.), notre nouveau module a trois bénéfices pour les entreprises : la réduction des dépenses grâce à des budgets mieux contrôlés, l’amélioration de la productivité sous-jacente avec une division par deux du temps de récupération des justificatifs de dépenses, et sa gratuité”, affirme Clément Mauguet, cofondateur et directeur général d’Agicap. La gratuité pour se différencier C’est sur ce dernier point qu’Agicap compte bien se différencier des forces déjà en présence telles que Spendesk, Mooncard, Expensya (rachetée par le fournisseur de solutions d’automatisation des comptes fournisseurs Medius en juin 2023), Navan (ex-TripActions), Payhawk, Soldo, Pleo, Yokoy, Pliant… Une liste de concurrents pléthorique pour Agicap, qui adresse les marchés français, allemand, espagnol, italien, britannique et le Benelux. “La gratuité est le point différenciant avec la concurrence des acteurs de la gestion des dépenses. Avec Agicap, l’entreprise économise sur la livraison des cartes, qui peut coûter plusieurs dizaines d’euros, sur l’accès à la plateforme, qui peut s’élever à plusieurs centaines d’euros, et enfin, sur le montant de trésorerie minimal à laisser sur un compte demandé par la plupart des acteurs. C’est un coût d’opportunité puisque cette trésorerie pourrait être placée sur des comptes à terme aujourd’hui rémunérés entre 3 % et 4 %. C’est pourquoi nous autorisons les entreprises à ne déposer que ce qu’elles dépensent”, énumère Clément Mauguet. La gratuité permettra notamment à Agicap de compenser un produit qui n’est pas encore aux standards des spécialistes du marché. “À ce stade, il nous manque des briques sur les notes de frais”, concède le directeur général. La gratuité des cartes physiques est toutefois conditionnée à un minimum de dépenses de 5 000 euros mensuelles, toutes cartes confondues. “Dans le cas inverse, chaque carte physique sera facturée 10 euros par mois”, indique la société. Agicap a recours à la technologie de la plateforme de Banking-as-a-Service Swan, “en marque blanche, pour les cartes virtuelles et physiques ainsi que pour le wallet”. Ce partenaire, avec lequel la start-up travaillait déjà pour ses services de paiement in-app, délivre par conséquent des cartes Mastercard. Finance embarquée : comment Swan opère son développement international “Nous nous basons sur un modèle de rémunération différent des autres produits [qui reposent sur l’abonnement, Ndlr] en prélevant l’interchange”, justifie le dirigeant. Clément Mauguet précise que sa base de plus de 7 000 clients “compte trois quarts de PME et un quart d’ETI, avec des chiffres d’affaires allant de 5 millions d’euros à un milliard. Notre client type réalise entre 20 et 30 millions d’euros de chiffre d’affaires et est présent sur deux, voire trois marchés, détaille-t-il. Plus de 100 clients utilisent déjà notre solution de gestion des dépenses”. Et ces premiers utilisateurs ont tous un montant de dépenses mensuelles supérieur à 5 000 euros, condition de gratuité de la nouvelle offre. Un produit d’appel Derrière ce produit, une stratégie commerciale rodée. “Notre module de gestion des dépenses est un produit d’appel qui arrive à point nommé pour les entreprises en recherche d’économies”, assure le directeur général. Le produit sera mis à disposition des clients existants, sans surcoût, mais “l’objectif est de faire de la prospection, autant avec des entreprises déjà clientes de ce genre de service qu’avec celles qui n’y ont pas recours”, affirme à mind Fintech Clément Mauguet. Comme tout produit d’appel, le module de gestion des dépenses professionnelles vise à convertir les utilisateurs, à terme, vers les trois modules payants d’Agicap : gestion de trésorerie, traitement des retards de paiement client (CashCollect) et gestion et paiement des factures fournisseurs (Cash Payment). Tous les clients d’Agicap ont recours au logiciel historique de gestion de trésorerie et un tiers aux deux autres services, déployés il y a un an. L’objectif pour 2024 est de convertir plus de la moitié de la base clients à CashCollect et Cash Payment. Comment Agicap déploie sa solution de gestion de trésorerie en Europe Un robo-advisor du placement de trésorerie pour 2024 Pour compléter les solutions existantes et devenir le one-stop-shop de la gestion de trésorerie, Agicap ajoutera en 2024 un service d’aide au placement de trésorerie. “Un bon nombre d’entreprises de notre base de clients ne place pas ou pas assez sa trésorerie par manque de visibilité. Notre outil montrera quel montant pourrait être placé sans mettre à mal l’activité et aidera à son optimisation à court et moyen terme via la proposition d’une combinaison de placements”, expose Clément Mauguet. Soit une sorte de robo-advisor pour la trésorerie d’entreprise. Dynamiser la croissance de nouveaux clients Le nouveau produit sera l’occasion de donner un coup d’accélérateur sur le nombre d’entreprises clientes d’Agicap, dont le taux de croissance a ralenti sur les 12 derniers mois (voir graphique). Pour Clément Mauguet, le contexte économique, défavorable pour bien des fintech, n’est pas à l’origine de ce ralentissement. “Nous traitons un sujet plutôt critique, sur lequel il est difficile de faire une croix. Soit l’environnement économique est favorable et les entreprises ont un besoin de maîtrise de la croissance, soit il est défavorable et elles ont un besoin d’hyper-contrôle de la trésorerie pour obtenir un financement au bon moment.” La fintech a tout de même réduit ses dépenses. “Hier, nous investissions en marketing, en événementiel, en recrutement… Maintenant, il y a plus d’arbitrages”, reconnaît Clément Mauguet. La société peut notamment s’appuyer sur sa levée en equity de 100 millions de dollars réalisée en mai 2021, dont elle n’a pas encore épuisé les fonds. “Dès les premiers signaux faibles, nous avons essayé de rapidement réduire la voilure”, ajoute le cofondateur qui souligne que la société n’est actuellement pas à la recherche de capitaux frais. Agicap se valorise à 500 millions de dollars 100 collaborateurs en moins Agicap s’est ainsi séparé d’une centaine de ses 600 collaborateurs depuis juillet 2022. “Nous sommes retombés à environ 550 collaborateurs. Nous avons coupé un peu dans toutes les équipes, une moitié côté tech et l’autre moitié dans le reste des départements, et nous avons réduit la vitesse d’augmentation des effectifs”, confie Clément Mauguet. La société continue néanmoins de recruter certains profils, dans tous ses marchés. “Nous recrutons des commerciaux et CSM (customer success managers, Ndlr). Un profil produit, tech, est rentabilisé en deux ou trois ans tandis qu’un commercial l’est en un trimestre seulement”, selon les calculs du dirigeant. La société dispose de cinq bureaux, en France, Allemagne, Espagne, Italie et Angleterre et revendique des clients dans 11 pays. “Plus de 7 000 PME et ETI sont clientes d’Agicap, dont 3 500 en France, 2 000 en Allemagne, 800 en Italie, 500 en Espagne, 500 au Royaume-Uni et 300 au Benelux”, détaille Clément Mauguet. En comparaison avec les données en date de juillet 2022, les marchés français, espagnol et le Benelux semblent stagner, en termes de nombre de clients, tandis que le Royaume Uni (+80 %), l’Italie (+38 %) et l’Allemagne (+33 %) sont en augmentation. En termes de revenus toutefois, “la France en représente 60 % grâce à une stratégie de cross-selling, explique Clément Mauguet. Et 60 % des nouveaux revenus proviennent de l’étranger”. Caroline Soutarson gestion de trésorerie Besoin d’informations complémentaires ? 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