Accueil > Services bancaires > Banque au quotidien > Nickel se tourne vers l’Europe pour tirer sa croissance Nickel se tourne vers l’Europe pour tirer sa croissance Nickel s’est lancée dans quatre pays depuis 2020 mais enregistre encore la quasi-totalité de ses revenus en France. La néobanque de BNP Paribas, qui revendique 3,7 millions de clients dont 3,6 millions en France, veut désormais accélérer son développement en dehors de ses frontières domestiques. Par Aude Fredouelle. Publié le 07 février 2024 à 16h54 - Mis à jour le 06 mars 2024 à 11h37 Ressources Nickel représente incontestablement la “success story” des néobanques BtoC françaises. La société lancée en 2014, rachetée par BNP Paribas en 2017 et rentable depuis 2018, fait en effet figure d’exception aux côtés de ses consoeurs créées dans l’Hexagone. Certaines sont déjà fermées, à l’image de Morning, C-Zam (Carrefour), l’Allemande passée sous le giron de BPCE Fidor, Pumpkin et Aumax pour moi (Crédit Mutuel Arkéa) et des néobanques pour ados Vybe et Xaalys. D’autres sont en passe de l’être, notamment Orange Bank et Ma French Bank (La Banque Postale). En 2023, Nickel a enregistré un produit net bancaire (PNB) de 163 millions d’euros (contre 121,8 millions en 2022) pour un résultat net de 36 millions d’euros (contre 542 000 euros en 2023, année marquée par de lourds investissements à l’étranger). 5,5 millions de clients en Europe d’ici fin 2025 Nickel doit cependant encore remporter le défi de l’international. La néobanque s’est lancée en Espagne mi-2020, au Portugal et en Belgique en 2022, puis en Allemagne septembre 2023. Elle avait même prévu de se déployer dans deux pays de plus à horizon 2023. Ces projets ont été contrariés par la crise du Covid-19, assurent aujourd’hui les dirigeants. En juillet 2020, à l’occasion de son implantation en Espagne, Nickel assurait viser 700 000 comptes ouverts d’ici 2024. Le pari est encore loin d’être tenu, puisque la néobanque n’y compte actuellement qu’un peu plus de 100 000 clients – et quelques dizaines de milliers dans les autres pays, ouverts plus récemment. Sur un peu plus de 3,7 millions de clients, 3,6 millions sont des comptes français (contre 2,9 millions fin 2022). Nickel dégage aussi la quasi-totalité de son PNB dans l’Hexagone (120,5 millions d’euros en 2022 sur un total de 121,8 millions, l’Espagne ayant généré 1,3 million d’euros de PNB). Les banques en ligne et néobanques ont doublé le nombre de leurs clients en France depuis 2018 Reste que le cap, désormais, est fixé vers l’international. “La suite sera résolument européenne, c’est à cette échelle que l’on veut construire la suite de l’entreprise”, assure Marie Degrand-Guillaud, directrice générale déléguée. D’ici fin 2025, Nickel vise une base de 5,5 millions de clients, dans laquelle “la part des clients internationaux va augmenter” (mais les dirigeants ne précisent pas d’objectif plus précis). En septembre 2022, la société indiquait cibler “d’ici 5 ans 300 000 ouvertures de comptes en Belgique et 450 000 au Portugal”. 15 % des comptes ouverts par Nickel actuellement le sont à l’étranger. “C’est pour nous un gros relais de croissance”, renchérit la directrice générale déléguée. Quant à explorer de nouvelles géographies, l’heure est à la prudence. “Nous étudions différents marchés pour trouver des partenaires de distribution et nous prendrons les décisions au fil de l’eau dans les deux prochaines années”, glisse Marie Degrand-Guillaud. Devenir le premier réseau de distribution de comptes courants d’Europe Nickel duplique à l’étranger son modèle de distribution bâti en France. Dans chaque pays, la société a noué des partenariats avec des réseaux de distribution locaux, comme avec la confédération des buralistes dans l’Hexagone (un partenariat exclusif renouvelé pour dix années supplémentaires). “En France, nous sommes devenus le premier réseau de comptes courants avec 7 500 points de vente, contre 4 000 fin 2018, se félicite Thomas Courtois, président de la société. Au Portugal, nous arrivons second [avec la Chambre de Commerce et d’Industrie, Ndlr], en Espagne troisième [avec les réseaux de la loterie nationale et des buralistes, Ndlr] et en Belgique quatrième [avec le réseau des libraires presse, Ndlr].” L’objectif de Nickel à horizon 2025 : “devenir le premier réseau de distribution de comptes courants en Europe”. Aujourd’hui, la société en compte 10 500 au total. Elle espère dépasser les caisses d’épargne allemandes, qui en dénombrent un peu plus de 12 000. La néobanque propose des Iban locaux dans chaque pays et a recruté des équipes sur place – 140 personnes sur les 800 collaborateurs de Nickel, dont une soixantaine en Espagne. Les crédits courts et l’assurance habitation lancées en France En France, Nickel se targue de statistiques qu’envieraient les autres challengers et banques : deux tiers de ses clients l’utilisent comme compte principal. “Ils y logent leurs revenus et effectuent leurs dépenses par ce biais”, précise Thomas Courtois. Par comparaison, BoursoBank évoque plutôt une proportion de 50 %. Et 20 % des clients détiennent une carte premium (Nickel Chrome à 30 euros par an, ou Nickel Metal à 80 euros par an) ou MyNickel (carte personnalisée à 10 euros), et la totalité des clients s’acquittent d’une cotisation (25 euros par an en France, un tarif qui a augmenté en janvier 2024 pour la première fois depuis 2014). La société facture ensuite des services ponctuels (dépôt d’espèces, alimentation par carte bancaire, retraits, paiements à l’international, dépôt de chèques…). “En moyenne, nous facturons environ 65 euros par an par client Nickel”, révèle Thomas Courtois. Selon Marie Degrand-Guillaud, un tiers de la base de clients sont des profils “en difficulté avec la banque”, un tiers choisissent Nickel pour payer moins cher, et un tiers l’utilisent en compte secondaire, pour des achats en ligne ou à l’étranger, par exemple. Comment les banques en ligne se battent pour atteindre l’équilibre De nouveaux produits, testés en pilote fin 2023, voient officiellement le jour dans l’Hexagone début 2024 et auront vocation à être déployés par la suite dans les autres marchés. “La logique n’est pas de développer la rentabilité, contrairement à ce que peuvent mettre en place certains nouveaux entrants pour monétiser leur base de clients acquis, puisque nous sommes déjà rentables, assure Thomas Courtois. C’est une stratégie guidée par les besoins des clients, pour les fidéliser et renforcer l’attractivité de l’offre.” Nickel a donc mis sur le marché un produit de crédit “coup de pouce” allant jusqu’à 1000 euros et étalé jusqu’à 90 jours (régulé, donc, comme du paiement fractionné), passant par Floa, avec une réponse instantanée et le déblocage des fonds en 24 heures. Depuis son lancement, fin 2023, le financement moyen observé est de 329 euros. La néobanque annonce aussi le lancement d’une assurance habitation avec Cardif et Lemonade. L’assureur, filiale de BNP Paribas, et l’insurtech américaine ont dévoilé début 2023 un produit co-brandé et co-assuré. “L’assurance est au même prix que pour le reste du marché, mais l’objectif est d’apporter l’une des offres les plus simples et compétitives à nos clients qui sont assez peu touchés par les stratégies d’acquisition de ces acteurs innovants”, souligne Marie Degrand-Guillaud. Un produit d’épargne devrait aussi voir le jour en 2024. Aude Fredouelle banque de détailchallengernéobanque Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Hello Bank! a acquis 463 000 nouveaux clients en 2023 Applis mobiles bancaires : les challengers perdent progressivement leur avance Nickel augmente ses tarifs