Accueil > Services bancaires > [Info mind Fintech] Eric Lassus, cofondateur de Treezor, prend le destin de Kard en main [Info mind Fintech] Eric Lassus, cofondateur de Treezor, prend le destin de Kard en main En liquidation judiciaire, la néobanque pour adolescents Kard a été cédée à un duo de repreneurs composé d’Eric Lassus (ancien CEO de Treezor) et de Julien Delamorte (fondateur de Handsome). Leur projet de constitution d’un pôle fintech a été préféré au plan de reprise du fichier client porté par Pixpay. Par Antoine Duroyon. Publié le 07 octobre 2024 à 13h32 - Mis à jour le 07 octobre 2024 à 16h29 Ressources En liquidation judiciaire depuis le 20 août 2024, la néobanque pour adolescents Kard a trouvé une porte de sortie. Le tribunal de commerce de Créteil a statué le 2 octobre sur les deux offres de reprise qui lui avaient été soumises dans le cadre d’un plan de cession. Eric Lassus, cofondateur et ancien CEO de la plateforme de Banking-as-a-Service (BaaS) Treezor, a remporté l’appel d’offres, en partenariat avec Julien Delamorte, fondateur et CEO de Handsome, une fintech à l’origine de la Voice Card, une carte de paiement pour les personnes déficientes visuelles. Le duo a triomphé de Pixpay, un rival de Kard emmené par son cofondateur Benoît Grassin (et CEO jusqu’en octobre 2024). Créée en 2018 par Scott Gordon et Amine Bounjou (qui détiennent encore un peu plus de 20 % du capital), la néobanque rencontre d’importantes difficultés depuis 2023 en raison du resserrement des conditions de financement pour les start-up, alors que les contraintes de remboursement se sont intensifiées avec la fin de périodes de différé d’amortissement. Au total, l’entreprise lève 15,3 millions d’euros entre 2019 et 2024 à travers des augmentations de capital et l’émission d’obligations convertibles. Fin 2023, son endettement s’élève à 5 millions d’euros, dont 2 millions d’euros de dettes bancaires et 3 millions d’euros d’emprunts obligataires convertibles. 100 000 utilisateurs en France Une procédure de conciliation ouverte en 2023 lui permet de sécuriser une levée de fonds de 3 millions d’euros. Une seconde opération du même type, réalisée un an plus tard, conduit à un rééchelonnement du passif bancaire, obligataire, social et fiscal. Les pressions exercées sur la néobanque, dont le modèle repose sur des abonnements mensuels sans engagement (2,99 ou 5,99 euros par mois), se font trop fortes. Puis la procédure de redressement judiciaire, engagée en juillet 2024, ne permet plus de disposer des dépôts effectués par les parents sur les comptes de leurs enfants. Sans revenus, la néobanque ne peut plus régler ses charges courantes ni les salaires. Avec 100 000 utilisateurs en France, répartis entre 65 000 enfants et 35 000 parents, Kard n’a pas réussi à atteindre une taille critique suffisante. Si le chiffre d’affaires est en constante augmentation depuis la création de la société, pour atteindre 1,36 million d’euros en 2023 (après environ 501 000 euros en 2022 et 182 000 euros en 2021), certaines charges n’ont pas pu être maîtrisées à temps. En particulier, la masse salariale, pour 18 salariés à fin 2023, totalise 2,3 millions d’euros l’an dernier, soit 170 % du chiffre d’affaires. Le segment des néobanques pour ados a vu plusieurs de ses représentantes sombrer au cours des dernières années, dont Xaalys et Vybe, alors que les banques traditionnelles (Société Générale avec Banxup, BoursoBank avec Freedom, Ma French Bank avec WeStart) ou les challengers (Revolut avec Revolut >18) ont déployé des offres spécifiques. Le tribunal est amené à se prononcer sur deux offres aux contours très différents. La première, portée par Pixpay, s’apparente avant tout à une reprise des clients qui seront basculés sur l’offre Pixpay à des conditions tarifaires comparables. La néobanque, reprise par l’entreprise britannique GoHenry en 2022, cherche à se consolider par cette opération. Elle s’engage à signer un chèque de 80 000 euros et à reprendre 2 salariés, dont 1 CDD, sur 15 au total. Pixpay, qui s’appuie sur le BaaS Treezor, prévoit de rompre le contrat avec la plateforme de BaaS Okali. Un prix de cession de 100 000 euros La seconde, présentée par la holding ERL Invest d’Eric Lassus (Handsome, Tifo, Finense, Heptalytics) avec un apport minoritaire de Julien Delamorte, est mieux-disante sur tous les plans : un prix de cession de 100 000 euros, 11 salariés repris et une poursuite du contrat avec Okali au travers d’une société nouvellement créée (Kardly). Le projet, tel qu’il est décrit, “s’inscrit dans le cadre d’un projet industriel global par intégration de la société Kard au sein d’une nouvelle société holding, qui sera amené à jouer un rôle actif et stratégique en agrégeant non seulement la partie fintech mais également d’autres expertises comme le marketing et le juridique. Cette synergie permettra de libérer les sociétés opérationnelles des contraintes administratives habituelles et s’attacher au développement de leurs activités”. Les offres se distinguent également par les engagements de financement. Si Eric Lassus et Julien Delamorte prévoient un apport immédiat sur fonds propres à hauteur de 350 000 euros, suivi d’une levée de fonds de 1,1 million d’euros à réaliser début 2025, Pixpay prévoit d’apporter sur ses fonds propres 1,3 million d’euros au quatrième trimestre 2024 puis 900 000 euros au cours de l’année 2025. Dans un climat social qualifié de “tendu” par l’administrateur judiciaire, les salariés se prononcent contre les deux offres présentées même s’ils privilégient celle de Pixpay. Dans ses observations, l’administrateur judiciaire rappelle que la pérennité de l’activité dans le cadre du projet de reprise d’ERL Invest dépendra de la réussite d’une levée de fonds à venir. Une perspective qui ne posera pas de difficultés, selon Eric Lassus. Au bout du compte, le tribunal considère l’offre d’Eric Lassus et Julien Delamorte ”la plus pertinente et la mieux adaptée”. Les deux partenaires tablent sur une atteinte du point mort en 2026 et un chiffre d’affaires multiplié par dix à cette échéance. Antoine Duroyon acquisitionnéobanque Besoin d’informations complémentaires ? 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