Accueil > Services bancaires > Paiements > Paylib affiche un bilan positif à l’aube de sa disparition au profit d’EPI Paylib affiche un bilan positif à l’aube de sa disparition au profit d’EPI Même si Paylib a vocation à s’effacer au profit de la future marque de l’initiative paneuropéenne EPI, la solution de paiement interbancaire française poursuit son développement. Après des premières années compliquées et l’échec d’un moyen de paiement en ligne, les volumes décollent grâce au peer-to-peer et au paiement mobile en magasin. Par Aude Fredouelle. Publié le 14 mars 2023 à 14h31 - Mis à jour le 26 avril 2023 à 11h56 Ressources Les points clés Paylib entre amis, lancé en 2018, revendique 30 millions d’inscrits, contre 15 millions en 2020. L’application vitrine Paylib ne remporte pas l’adhésion, avec des notes de 3,2 sur 5 sur Android et 3 sur iOS. Paylib bénéficie d’une belle notoriété. Selon une étude de Bain & Company, 49 % des Français connaissent la marque, en deçà de PayPal et Apple Pay, mais devant Lyf Pay, Lydia et Samsung Pay. Fin novembre 2020, le Crédit Mutuel, le CIC et la BRED rejoignaient Paylib entre amis, permettant au service de couvrir 95 % des Français majeurs. De quoi donner un nouveau souffle à la solution de paiement interbancaire, qui a misé sur le peer-to-peer (P2P) pour entrer dans le quotidien des Français, après y avoir échoué avec sa solution de paiement en ligne lancée en 2013. Celle-ci, qui était encore proposée par plus de 4 000 sites marchands début 2021, a finalement été complètement arrêtée courant 2022. Depuis son lancement en 2018, Paylib entre amis est donc le moteur de croissance de la solution de paiement interbancaire. Paylib revendique 30 millions d’inscrits à son service de paiement entre particuliers, contre 15 millions en 2020. “Cela représente plus de 95 % des 52 millions de majeurs français”, souligne la société. Pour autant, tous ne sont pas actifs : début 2023, la solution P2P est utilisée chaque mois par 9 millions de personnes. 1,5 milliard d’euros ont été échangés en 2022, en hausse de 150 %. Et sur le seul mois de décembre 2022, 240 millions d’euros ont même été échangés. En proposant un service permettant de réaliser des virements instantanés de compte à compte via le numéro de téléphone, sans avoir à connaître l’IBAN, Paylib entre amis séduit. Bémol : chaque banque intègre la solution comme elle le souhaite, sans qu’une expérience unifiée n’ait été créée. Plusieurs d’entre elles proposent ainsi Paylib entre amis comme une simple alternative au virement classique, dans l’onglet dédié. “En termes d’UX, il n’y a pas de comparaison possible avec un Lydia, et cela freine l’exploration de services enrichis autour du paiement en cantonnant Paylib à une alternative au virement”, regrette un expert du paiement. Le P2P est donc resté une solution de virement simplifié, sans se doter de services à valeurs ajoutée complémentaires. Paylib a pourtant tout de même récemment déployé sur son application un service de dépenses de groupe permettant de calculer les remboursements et de les effectuer via Paylib. “Nous avons fait un soft launch à l’été 2022 avec de premières fonctionnalités simples puis nous avons finalisé le produit progressivement. Aujourd’hui, il traite les devises, les parts de dépenses…”, indique Vincent Duval, CEO de Paylib, à mind Fintech. Il n’est pas déployé actuellement par les banques mais “pourrait l’être” à l’avenir. Autre piste de croissance : le paiement CtoB. “Depuis le Covid, nous avons ouvert le paiement aux professionnels via le numéro de téléphone. Pour l’instant, cela ne représente que quelques pourcents des transactions, mais l’usage commence à s’installer”, ajoute le dirigeant. Le paiement mobile en magasin suit la croissance du marché En parallèle, Paylib propose aussi une solution de paiement mobile en magasin, depuis 2016. Mais celle-ci n’est pas proposée par tous les membres. Le groupe BPCE a cessé de l’offrir à ses clients à l’été 2020, considérant que la solution ne pouvait pas égaler la fluidité de l’expérience de Google Pay et Samsung Pay. La Banque Postale ne la met pas non plus à disposition. Paylib ne communique pas sur le nombre d’utilisateurs de la solution, ni sur les volumes “tant que ce service ne peut pas être offert sur iOS du fait de la restriction d’Apple pour l’accès à l’antenne iOS”, argue la société. Elle indique toutefois que la croissance annuelle des volumes est “globalement de +150 %, en ligne avec la croissance globale du paiement mobile en magasin”. Selon la Banque de France, le paiement mobile en magasin représentait au premier semestre 2021 4,9 % des volumes de transactions en magasin. En 2022, le taux devrait avoisiner les 7 à 8 %. “La projection nous amène sur un taux de plus de 50 % d’ici 2 à 3 ans”, croit-on chez Paylib. La fréquence d’utilisation du paiement en magasin est plus élevée que pour le P2P, souligne aussi Vincent Duval. “L’usage de Paylib entre amis est moins fréquent, car les circonstances d’usage sont plus rares, de 1 à 3 fois par mois en moyenne. Avec Paylib en magasin, la fréquence monte à 8 transactions par mois en moyenne. Cela révèle un usage hybride avec la carte bancaire puisque la fréquence moyenne des paiements cartes est environ du double par mois.” Aujourd’hui, les volumes de transactions en P2P et via le paiement en magasin sont équilibrés, assure le CEO. “Mais lorsque nous pourrons le proposer sur iOS, je m’attends à une accélération au-delà du facteur 2. Car au-delà d’être sur deux plateformes, le côté universel de la proposition devrait dynamiser l’adoption.” Apple devrait en effet être contraint d’ouvrir son composant NFC aux concurrents. “C’est le calendrier de la commission européenne. Le Digital Market Act, qui impose l’ouverture des composants essentiels comme les composants NFC aux “gatekeepers” comme Apple, ont été ratifiés l’été dernier et sont entrés en vigueur en janvier 2023. La Commission doit désormais désigner formellement les “gatekeepers”. On peut s’attendre à ce que d’ici 2024, Apple doive ouvrir son antenne NFC, nous laissant le champ libre pour proposer du paiement mobile”. L’application Paylib, une vitrine mal comprise par les clients L’application Paylib, elle, n’est pas très populaire. “Elle accompagne plutôt les clients dans leurs premiers pas et n’a pas vocation à porter l’usage dans le temps. Nous déployons Paylib dans les applications des banques, donc quand les utilisateurs nous découvrent via Paylib, nous leur expliquons qu’ils peuvent l’utiliser dans l’application de la banque.” Environ un quart des recrutements se font via l’application Paylib. “En termes d’usages, la proportion est encore plus en faveur des banques, car on explique au client qu’il peut retrouver le service dans son application bancaire, ce qui profite aux applications bancaires.” L’application Paylib ne remporte en tout cas pas l’adhésion, avec des notes de 3,2 sur 5 sur Android et 3 sur iOS. La plupart des commentaires indiquent en effet que l’application les renvoie directement sur leur application bancaire et questionnent donc son utilité. Cette stratégie, déterminée par les banques désireuses de garder leurs clients dans leur giron, a desservi le développement de Paylib, s’accordent à dire les experts du secteur. “Lorsque l’on compare Paylib avec ce que d’autres pays européens ont mis en place, comme Vipps en Norvège et Bizum en Espagne, on se dit que ce n’est probablement pas le modèle qui permettait de devenir rapidement une solution de paiement du quotidien des Français”, explique l’un deux à mind Fintech. Son erreur : avoir voulu encapsuler Paylib au sein de chaque application bancaire sans le laisser exister seul, ce qui appauvrit l’expérience client. Paylib a installé sa marque Paylib a beaucoup investi ces dernières années pour faire connaître sa marque, à coup de campagnes publicitaires destinées au grand public, à la télévision notamment. Pari réussi : selon l’étude de Bain & Company sur les comportements clients dans le Banque de détail en France datant de janvier 2023, Paylib bénéficie désormais d’une belle notoriété. 49% des sondés connaissent la marque – en deçà tout de même de PayPal et Apple Pay, mais devant Lyf Pay (34 %), Lydia (21 %) et Samsung Pay (10 %). 9,9 % des sondés assurent avoir déjà utilisé la solution, soit la même proportion que pour Apple Pay et là aussi devant Lydia (6,9 %), Lyf Pay (3,3 %) et Samsung Pay (2,2 %). Selon le sondage mené par Bain Retail Banking, 49 % des Français connaissent Paylib et 9,9 % l’ont déjà utilisée Une marque qui va disparaître au profit d’EPI La marque Paylib, enfin installée, va pourtant disparaître. Elle a vocation à laisser la place à EPI, la solution paneuropéenne dont la plupart des banques françaises (BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Crédit Mutuel, La Banque Postale, Société Générale) sont membres, et qui lancera son wallet et sa solution P2P d’ici la fin de l’année. EPI a d’ailleurs fait un choix différent de Paylib : la future marque disposera d’une application forte et indépendante. Elle devrait aussi être intégrée au sein des banques (notamment à la demande des banques françaises), mais avec des spécifications similaires, cette fois. Reste à savoir comment la migration des clients Paylib vers EPI sera effectuée et ce qu’il adviendra de la vingtaine de collaborateurs de Paylib, qui travaillent sur l’accompagnement de l’usage, la cybersécurité ou encore l’amélioration de l’expérience utilisateur. Alors que la solution arrive au terme de son parcours, le bilan semble plutôt positif. Si Paylib n’est pas parvenu dès ses débuts à s’imposer dans le quotidien des Français, faute d’une expérience unifiée, d’une application indépendante et d’une marque forte, elle a finalement développé sa notoriété et ses volumes avec le P2P. En migrant vers EPI, la solution apportera sa base de clients à l’initiative européenne, qui bénéficiera d’une capacité d’investissement et d’innovation renforcée. Aude Fredouelle application mobileinstant paymentpaiement en lignepaiement en magasinpaiement entre particuliers Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Les acteurs non bancaires veulent peser sur le paiement instantané