Accueil > Services bancaires > Sophie Guibaud : “Fiat Republic permet aux banques de couvrir le marché des flux fiat-crypto” Sophie Guibaud : “Fiat Republic permet aux banques de couvrir le marché des flux fiat-crypto” La société britannique Fiat Republic propose une plateforme de Banking-as-a-Service spécialisée pour les sociétés crypto, souvent délaissées par les banques traditionnelles, et revendique une trentaine de clients. Sa cofondatrice, Sophie Guibaud, explique comment Fiat Republic dresse un pont entre les banques et le Web3. Par Aude Fredouelle. Publié le 23 octobre 2024 à 18h15 - Mis à jour le 23 octobre 2024 à 18h15 Ressources Quel est le positionnement de Fiat Republic, qui se présente comme le spécialiste du Banking-as-a-Service faisant la liaison entre le Web3 et les banques traditionnelles ? Fiat Republic a été créée en 2021 et officiellement lancée en mars 2022. La société part du constat qu’un segment entier du marché, celui des cryptoactifs, n’est actuellement pas desservi par les banques. L’objectif est donc de proposer une solution d’agrégation sous forme de middleware, connectant plusieurs banques pour fournir des comptes bancaires aux clients des acteurs crypto et orchestrer les flux, le tout via une API unique. Nous souhaitions obtenir des licences très qualitatives, et nous avons donc demandé celles d’EME (établissement de monnaie électronique) à la fois au Royaume-Uni et aux Pays-Bas [respectivement en 2022 et 2023, Ndlr]. Grâce à ces licences, nous avons pu approcher des banques, nos prestataires de services, et les convaincre d’accepter les flux crypto. Nous permettons donc aux banques de servir le marché crypto et de générer des revenus, tout en assumant nous-mêmes la responsabilité liée à notre licence. Pour les acteurs crypto, étant donné que nous avons plusieurs partenaires bancaires, une seule intégration suffit pour plusieurs devises. Et si une banque change sa politique et décide de ne plus collaborer avec les sociétés crypto, nous avons d’autres partenaires pour éviter toute interruption de service. Par ailleurs, comme nous ne nous consacrons qu’à des cas d’usage crypto, nous répondons à leurs problèmes spécifiques. Enfin, nous leur permettons d’être conformes avec le règlement européen MiCA (Markets in crypto-assets). Que propose concrètement la plateforme de Fiat Republic ? Les banques nous donnent accès à des comptes bancaires et créent des IBAN virtuels par API. Cela permet à nos clients d’avoir des IBAN individuels pour chaque utilisateur final, ce qui leur évite des problèmes de réconciliation. Concrètement, nous permettons donc à nos clients, des sociétés crypto [comme l’application française d’agrégation patrimoniale et d’investissement crypto Finary, en France, Ndlr], de collecter les fonds en monnaie fiat de leurs clients en leur offrant la possibilité de réaliser des virements depuis leur compte bancaire vers l’IBAN Fiat Republic – ce qui évite par ailleurs les problèmes liés aux paiements cartes comme les rétrofacturations, les plafonds, etc. Ainsi, les plateformes collectent instantanément la devise fiat, puis s’adressent ensuite à leurs fournisseurs de liquidité pour acheter les crypto et les transférer sur les wallets crypto. Dans le sens contraire, quand le client final vend ses crypto, nos banques partenaires renvoient le montant en monnaie fiat sur son compte bancaire. Notre plateforme prend en charge les devises suivantes : euro, livre sterling, dollar américain, dollar australien, ainsi que les couronnes danoise et suédoise. Nous recherchons de nouveaux partenaires afin d’intégrer de plus en plus de devises pertinentes pour nos clients. Outre l’offre de base, vous avez lancé deux outils complémentaires. Quels sont-ils ? D’abord, nous avons créé une plateforme de surveillance des transactions baptisée Oxygen, car nos clients doivent faire du “fiat transaction monitoring”, pour être sûr que les transactions sont légitimes. Cette brique, qui permet de mettre en place des règles automatisées, est souvent utilisée par nos plus petits clients, ceux qui n’ont pas encore de solution interne, pour se lancer rapidement. Ensuite, nous proposons le service Eagle Net, notre plateforme de transferts internes qui permet d’effectuer des paiements entre deux comptes Fiat Republic, quel que soit le montant, en temps réel, et à tout moment. Par exemple, cela permet à nos clients – des plateforme d’échanges de cryptoactifs ou des plateformes d’investissement (comme Finary par exemple) – d’envoyer et de recevoir des montants en monnaie fiat chez un fournisseur de liquidité crypto, en dehors des heures de transferts et sans les limites des virements SEPA ou Faster payment. Nous avons ainsi annoncé en juin 2023 un partenariat avec Bitstamp, basé au Luxembourg, qui joue le rôle de fournisseur de liquidité pour certains de nos clients. Combien de clients revendiquez-vous et qui sont-ils ? Nous comptons plus de 30 clients, de toutes tailles, qu’il s’agisse de plateformes d’échanges, de wallets crypto ou d’acteurs de la DeFi. Parmi eux, environ 30 % sont de nouvelles plateformes, un tiers sont relativement développées, et le dernier tiers correspond à des acteurs “tier 1”. De gros clients quittent désormais d’autres fournisseurs pour adopter nos services, attirés par notre focus sur les cryptoactifs et le nombre de devises que nous proposons. Parmi eux, je peux citer la solution de paiement crypto estonienne Swapin, la solution crypto suisse pour les institutionnels Scrypt, la plateforme proptech d’investissement immobilier Propchain et l’agrégateur patrimonial Finary. Tous nos clients doivent avoir un enregistrement PSAN/VASP en Europe ou au Royaume-Uni, et certains disposent de licences d’EME. De notre côté, nous ne couvrons pas du tout les transactions crypto et nous ne gérons que le “first party payment” – c’est-à-dire que nous permettons à un client de s’envoyer de l’argent à lui-même. Le “third party payment” nécessiterait un “monitoring” beaucoup plus complexe. Comment la DeFi réinvente l’infrastructure financière Qui sont vos banques partenaires ? Certaines sont-elles françaises ? Nous ne dévoilons pas publiquement le nom de nos banques partenaires, mais il n’y a pas de banque française à ce jour. Quels revenus enregistrez-vous ? Nous avons géré plus de 120 millions de dollars de transactions depuis notre création et nous avons achevé l’exercice 2023 avec un ARR [revenu récurrent annuel, Ndlr] de plus d’un million de dollars. Nous sommes près de 40 collaborateurs. Comment êtes-vous financés ? Depuis notre création, nous avons levé 10,5 millions de dollars, dont 7 millions de dollars en décembre 2023 [auprès de Kraken Ventures, Fabric Ventures, Arc, Inovo ventures et des investisseurs historiques tels que Speedinvest, Credo Ventures et Seedcamp, Ndlr]. Quels sont vos projets de développement produit ? Nous voulons désormais ajouter davantage de devises et intégrer de nouveaux partenaires bancaires. Par exemple, nous comptons un partenaire pour le dollar américain et nous souhaitons en recruter d’autres. Nous allons aussi lancer des solutions pour aider à se conformer à MiCA. Quels sont vos principaux concurrents ? Clear Junction propose une plateforme concurrente. En France, la banque Delubac sert les sociétés crypto, mais ne propose pas d’API similaire à la nôtre. Beaucoup de Français se tournent vers Olky, au Luxembourg, mais leur offre produits est moins complète. Coinhouse travaille avec Société Générale et Treezor, mais l’offre de Treezor est plutôt une offre fullstack de néobanque avec des cartes plutôt qu’une offre de flux de paiement. Enfin, BCB Group propose des solutions couvrant à la fois les flux en monnaie fiat mais aussi en cryptoactifs. Aude Fredouelle banking-as-a-servicecryptoactif Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind