Les salaires progressent malgré la crise

Comme chaque année, la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares) a publié en juillet 2022 les statistiques sociales et économiques des branches professionnelles de l’année N-2, 2020. Nous avons récupéré en décembre 2022 les 263 fichiers Excel contenus dans l’archive mise à disposition par la Dares, et grâce un script développé en Python, nous avons construit un tableau de plus de 16 000 lignes listant les différentes caractéristiques des branches ayant 5 000 salariés ou plus, hors branches agricoles.

Méthodologie

Selon leur importance, nous avons sélectionné 14 secteurs qui couvrent 93 conventions collectives de branches : 

• Métallurgie (qui regroupait encore à ce moment 64 conventions collectives locales)
• Commerce de gros et viande
• Finance
• BTP
• Services à la personne
• Transports routiers
• Immobilier 
• Industries chimiques
• Industries pharmaceutiques
• Industries textiles 
• Entreprises de propreté
• Prévention et sécurité
• Organismes de formation 

Afin d’établir les caractéristiques moyennes des secteurs étudiés, nous avons pris en compte les effectifs des salariés des conventions collectives sélectionnées dans chaque secteur pour calculer les moyennes pondérées. “Les données chronologiques sont susceptibles de présenter des ruptures consécutivement à des changements de champ, de contour de branche etc. Elles doivent donc, dans les cas d’évolutions très fortes, être interprétées avec prudence”, prévient également la Dares.

Les salaires progressent malgré la crise

Si le salaire moyen des salariés couverts par les conventions collectives progresse de 4,06 % par rapport à 2019, les disparités entre les branches sont fortes. Ainsi, la rémunération atteinte dans le secteur du commerce de gros a chuté de près de 300 euros en un an (-16 %), tandis que celles du BTP et de la propreté ont elles très légèrement augmenté en 2020. Malgré la crise, les salaires de la métallurgie gagnent également 60 euros par mois pour s’établir à 3 153 euros par mois en moyenne. Les salaires des travailleurs de la chimie progressent eux de près de 200 euros par mois et même de 370 euros dans les industries textiles (plus de 17 % d’augmentation).

A noter également : la hausse de 25 % du nombre de PSE en 2020 ainsi que l’augmentation du nombre de ruptures conventionnelles collectives du fait de la crise.

Une pyramide des âges à repenser

La question des âges au travail devient un sujet central avec la probable future entrée en vigueur de la réforme des retraites qui va être présentée ce mardi 10 janvier par le gouvernement. Portant l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ou 65 ans, elle va mettre un peu plus au centre la question de l’emploi des seniors alors que leur taux d’emploi est l’un des plus faibles de l’UE. S’ils constituaient en 2020 plus de 28,6 % de la population active (8,38 millions de plus de 55 ans sur 29,3 millions de Français âgés de 15 à 64 ans), les salariés seniors ne représentaient que 13,3 % des salariés du commerce de gros et 18,6 % des travailleurs de la métallurgie, contre au mieux que 24,1 % des salariés pour le secteur de la propreté. Cette différence s’explique par les départs à la retraite avant la réforme (le taux d’activité n’étant en 2020 que de 57,1 %) les invalidités et la difficulté des seniors à retrouver du travail lorsqu’ils sont au chômage : ils restent trois fois plus longtemps inscrits à Pôle Emploi que l’ensemble des actifs. Mais les entreprises concernées, comme Derichebourg Multiservices, si elles ne nient pas l’apport des seniors, citent d’abord comme priorité le renouvellement des effectifs.

Antoine Piel, Aymeric Marolleau