Accueil > Parcours de soins > Gestion de la data > Elie Lobel (Orange Healthcare) : “L’enjeu est de diversifier notre présence et nos sources de revenus” Elie Lobel (Orange Healthcare) : “L’enjeu est de diversifier notre présence et nos sources de revenus” Créé en avril 2016, Orange Healthcare a organisé une offre pour les différents acteurs du domaine de la santé. Après des développements auprès des établissements hospitaliers, la filiale d’Orange enregistre de premières collaborations avec les mutuelles et les industriels de la pharmacie. Elie Lobel, son directeur général, détaille sa stratégie. Par Aurélie Dureuil. Publié le 31 janvier 2018 à 13h03 - Mis à jour le 31 janvier 2018 à 13h03 Ressources Vous êtes arrivé pour prendre la tête d’Orange Healthcare à sa création en avril 2016. Quels étaient les objectifs ? Orange est présent dans le secteur de la santé depuis plus de 10 ans. En 2007, une entité a été constituée autour d’activités de relation publique, de réflexion stratégique et d’analyse de marché. En 2016, quand je suis arrivé, nous avons transformé cette équipe en créant une entité “business” dédiée au développement de l’activité d’Orange dans le domaine de la santé. Nous avons ainsi confirmé la pertinence du positionnement d’Orange Healthcare comme acteur crédible et légitime du système de santé. Pouvez-vous présenter la structure aujourd’hui ? La création d’une vraie business unit en 2016 a permis de structurer l’activité. Avant les équipes exploraient différentes problématiques. Maintenant, nous avons fait le choix de nous concentrer sur le B2B. Avec l’obligation de développer le business pour enregistrer une croissance opérationnelle. Nous avons commencé avec une équipe de 45 collaborateurs, portée aujourd’hui à une soixantaine de personnes. Elle est composé de spécialistes du secteur de la santé : commerciaux, chefs de projets, marketing… Il s’agit d’une petite équipe mais qui s’appuie sur les grandes business unit d’Orange Business Services. Nous concevons les projets en nous appuyant sur les autres business unit et des collaborations externes. Ensuite, nous assurons la coordination du projet. 2016/2017 a été une année de construction de cette équipe. Nous avons également posé les bases de notre positionnement vis-à-vis du marché pour être reconnu comme un fournisseur de technologies. Notre savoir-faire réside dans les solutions technologiques au service du cycle de vie de la donnée de santé. Au printemps 2017, vous vous êtes félicité de la croissance de l’activité. Quelles sont les perspectives pour 2018 ? Nous ne communiquons pas sur le chiffre d’affaires du secteur de la santé. Néanmoins, nous avons enregistré une croissance à deux chiffres en 2017 et elle sera encore plus forte en 2018. Nous avons un objectif de croissance à deux chiffres pour plusieurs années devant nous, indépendamment de la croissance externe. Vous revendiquez un positionnement sur toute la chaine du secteur de la santé. Qui sont vos clients ? Nous travaillons pour diversifier nos sources de revenus. Nous intervenons en France, Europe, Afrique, Moyen-Orient et le reste du monde. Les familles de clients sont les établissements de santé, les grandes institutions de santé, l’industrie pharmaceutique, les fabricants de dispositifs médicaux, les assureurs et mutuelles ainsi que les éditeurs de logiciels métiers. Nous sommes déjà présents à l’international et travaillons avec toutes les familles de clients. Mais, aujourd’hui, une grande partie de notre chiffre d’affaires provient de projet pour des établissements de santé en France. L’enjeu pour Orange Healthcare est de diversifier notre présence et nos sources de revenus. Le rapprochement avec Business & Decision (annoncé en octobre 2017, ndlr) va nous permettre de renforcer nos compétences en data analytics. Quels sont les axes de travail auprès de l’industrie pharmaceutique et des fabricants de dispositifs médicaux ? Avec ces clients, nous travaillons sur le cycle de vie des données de santé. Le premier aspect est d’apporter de nouvelles solutions d’interactions entre les industriels et les prescripteurs pour multiplier les canaux de communication. Avec LivaNova qui fabrique des pacemakers connectés, nous fournissons des systèmes pour capturer les données et les héberger de façon sécurisée sur nos serveurs ainsi que des compétences pour l’analyse des données et la restitution aux médecins qui suivent les patients. Nous avons également une collaboration avec Sanofi. Nous développons des agents conversationnels afin de rendre plus efficiente la communication avec les professionnels de santé. Ce projet vise à fournir de nouvelles solutions pour rendre plus pertinente l’information transmise aux professionnels de santé en push et en pull. L’agent conversationnel va, grâce à l’intelligence sous jacente, fournir la bonne information en temps quasi réel. Par ailleurs, Business & Decision est très présent sur le cycle de vie des données de santé pour les essais cliniques. Un certain nombre d’opportunités commencent à se concrétiser. Dans le domaine de l’assurance et des mutuelles, vous avez signé avec Harmonie Mutuelle en avril 2016. Quels sont les projets en cours ? Nous avons un grand projet en cours avec Harmonie Mutuelle afin de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. Nous déployons une box qui permet de mettre la personne fragile à domicile en lien avec un plateau de téléassistance. Cette équipement est une passerelle pour les objets connectés de la maison afin de suivre un certain nombre de paramètres pour la personne. Aujourd’hui, il est disponible en lien avec le détecteur de fumée du domicile. Si il se met à sonner ou si le niveau de batterie est faible, le plateau de téléassistance est alerté. Nous travaillons avec la start-up Telegrafik pour mettre en place un dispositif de téléassistance renforcé qui pourra prendre en compte les détecteurs de mouvement, d’ouverture de porte… L’algorithme va apprendre à partir des habitudes de vie de la personne pour être capable d’identifier des anomalies comportementales et alors contacter les proches ou le plateau de téléassistance. Nous expérimentons ce dispositif dans plusieurs projets pilotes en France, en particulier dans la région Nouvelle-Aquitaine. Nous attendons les résultats d’ici quelques mois. Vous travaillez également sur le sujet de l’hébergement des données de santé pour les assureurs et mutuelles… Nous portons effectivement un sujet autour de la protection des données de santé. Les assureurs et les mutuelles gèrent beaucoup de données médico-administratives. De plus en plus, ils ont des données complexes, sensibles. On est a un niveau intermédiaire entre les données personnelles et les données de santé. Doivent-ils bénéficier du niveau de protection type RGPD ou type hébergement de données de santé ? Il existe aujourd’hui une zone grise sur la façon dont ces données doivent être protégées. Nous travaillons avec les assureurs et les mutuelles sur l’opportunité de mettre en oeuvre un dispositif d’hébergement de données de santé. Orange Healthcare est positionné comme hébergeur de données de santé. Quelle est l’importance de cette activité ? Auprès des établissements hospitaliers, nous sommes sollicités autour de deux grands sujets : les infrastructures et notre capacité à proposer des solutions d’hébergements des systèmes d’information des GHT, et la digitalisation du parcours de soins des patients. Pour l’hébergement des données de santé, nous travaillons sur des projets d’hébergements hybrides. L’objectif est de permettre aux établissements de santé de gérer de façon raisonnée et progressive l’hébergement de leur système d’information. Il est aujourd’hui étonnant qu’un établissement de santé n’ait pas besoin d’être agréé pour les données de son propre établissement. La mise en place des GHT va résoudre cette incohérence. L’établissement support va être amené à héberger les données des autres établissements. En fonction de l’analyse de criticité, de sensibilité des données, etc., il pourra choisir ce qu’il conserve en interne et ce qui est hébergé en externe. Environ la moitié des GHT prévoient de devenir hébergeur de données de santé tandis que l’autre moitié estime que c’est totalement démesuré. Les premiers projets devraient intervenir en 2018-2019. Investissez-vous dans des capacités supplémentaires d’hébergement des données de santé ? Nous nous appuyons sur les compétences d’Orange Cloud Business, en termes de capacités et de technologies. Cela nous permet de faire croître nos capacités de stockage et de calcul. Avec Orange Cyberdefense, nous avons également des capacités de cybersécurité. D’importants investissements ont été réalisés pour l’infrastructure ces derniers mois. Avec notre compétence dans la santé, nous avons beaucoup travaillé pour rendre notre offre Health Data Solution plus compétitive financièrement. Et l’arrivée de la certification va renforcer notre visibilité de notre offre au niveau international. Autour de la digitalisation du parcours patient, sur quelles thématiques vous positionnez-vous ? Orange est devenu une entreprise de services numériques mais est aussi un opérateur grand public présent dans les poches et au domicile de très nombreux citoyens en France, en Europe et à l’international. A côté de ça, les parcours de soins deviennent de plus en plus complexes. Le passage à l’hôpital devient une étape de plus en plus courte dans le parcours. La digitalisation concerne donc les établissements de santé mais aussi d’autres acteurs. Il y a des enjeux de coordination des acteurs. Nous sommes déjà présents sur tout un ensemble de briques, comme les bornes d’accueil pour les patients et les systèmes de géolocalisation du patient à l’intérieur de l’hôpital. Nous développons actuellement un compagnon ambulatoire. Cette solution s’interface avec le système d’information hospitalier et permet au patient d’être en contact avec les équipes. Cela permet de gérer le parcours du patient avant son arrivée à l’hôpital, pendant son hospitalisation et après. Le projet mené avec Sanoïa et l’hôpital La Pitié Salpétrière à Paris a permis d’identifier 96 % des poussées inflammatoires de la polyarthrite rhumatoïde avec la mise en point d’un algorithme et d’utilisation par les patients de montres connectées. Elie lobel 2016 : Directeur général d’Orange Healthcare. 2009 : Directeur du pôle Projets nationaux d’e-santé de l’Asip Santé. 2007 : Cofondateur et directeur marketing d’e(ye)Brain. 1999 : Directeur projet puis directeur de l’activité e-santé de Medcost/Doctissimo. 1992 : Diplômé de l’Ecole Centrale Paris et l’université Cornell (Etats-Unis). Aurélie Dureuil AssuranceDonnées de santéEssais cliniqueshébergeursHôpitalLaboratoirestéléassistance Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind