Accueil > Industrie > Isabelle Vitali (Sanofi France) : “Toute la problématique de l’innovation est de mesurer le retour sur investissement” Isabelle Vitali (Sanofi France) : “Toute la problématique de l’innovation est de mesurer le retour sur investissement” Arrivée à la tête de l’activité Innovation et business excellence de Sanofi France fin 2016, Isabelle Vitali a franchi une première étape avec l’ouverture du lab 39Bis en décembre 2017. Elle détaille aujourd’hui pour mind Health, les avancées des programmes du laboratoire autour de ses cinq axes stratégiques. Par La rédaction. Publié le 15 mai 2018 à 11h57 - Mis à jour le 12 mars 2024 à 12h31 Ressources Comment est organisée l’équipe Innovation et business excellence de Sanofi France ? Au sein de cette direction, nous avons volontairement mis en place une petite structure dédiée à l’innovation ouverte en e-santé. Je suis partisane des équipes restreintes pour se mettre en mode collaboratif avec des acteurs à la fois internes et externes. De quel budget disposez-vous ? Le budget s’inscrit dans cette direction innovation et est discuté avec toutes les entités des domaines de santé de Sanofi. Tout ce que nous faisons doit servir l’entreprise. Nous parlons de valeur économique pour les différents projets qui concernent lces entités. Cette stratégie est poussée par Guillaume Leroy (président de Sanofi France, ndlr). Et l’ensemble des directions des entités de Sanofi France sont parties prenantes des sujets que nous adressons. Il s’agit de mettre en place une culture de l’innovation. En juin 2017, vous aviez présenté cinq “besoins essentiels” identifiés, avec des projets autour de ces sujets. Où en êtes-vous ? Nous poursuivons les travaux sur ces cinq axes : le bon usage des médicaments, les maladies rares, la vaccination, le rôle du pharmacien d’officine et les infections cutanées. Deux projets supplémentaires ont été amenés par des collaborateurs. Le premier, s’inscrit dans le cadre de “Cancer & travail : agir ensemble”, une initiative portée par une collaboratrice qui a été atteinte d’un cancer. L’objectif est de proposer à tous les collaborateurs de Sanofi en France, touchés directement par le cancer ou indirectement, un accompagnement personnalisé pour faire face au défi du cancer au travail. Dans le cadre de ce projet d’entreprise, un intranet dédié sera prochainement déployé et le développement d’une solution de connectivité pour les collaborateurs est à l’étude. Le deuxième projet concerne les DROM-TOM. Il y a un enjeu d’amélioration de la relation client. Nous travaillons sur une solution de “bouton connecté”, qui a pour objectif de simplifier des actions complexes et chronophages. Enfin, nous travaillons sur une quarantaine de projets en fonction des demandes. Sur le bon usage du médicament, vous aviez un projet en cours avec Orange et avec Kap Code ? Nous développons un agent conversationnel pour le bon usage de médicaments complexes. Il est quasi fonctionnel. Nous réfléchissons à l’intégrer sur les logiciels de prescription et sommes en discussions sur l’intégration dans d’autres outils souvent utilisés par les médecins quand ils cherchent des informations sur le médicament. Nous allons entrer en phase de test avec une quinzaine de médecins au mois de juin. L’objectif est de tester la fonctionnalité et l’usage. Si le test est positif, nous passerons à un test beaucoup plus large pour évaluer la valeur médicale en particulier. Ce projet a débuté en septembre 2017 et nous visons une arrivée sur le marché au plus tard mi-2019. Nous collaborons avec Orange car c’est un groupe français, à dimension internationale, qui s’intéresse à la santé à travers son entité Orange Healthcare, hébergeurde données de santé. Sur ce sujet de bot, ils ont une expertise en intelligence artificielle venant du domaine de la finance, secteur très réglementé. Comment progressent vos travaux dans le domaine des maladies rares ? Nous travaillons sur un thème précis : la réduction du temps d’errance diagnostique dans les maladies rares. Nous avons mené une approche de design thinking avec des associations de patients, des acteurs de la filière de soins, des spécialistes de l’expérience digitale et des start-up. Maintenant, avec Orange, nous avons deux solutions en cours de réflexion sur le parcours patient avant d’être orienté vers un centre d’expertise. Nous avons analysé les points de pénibilité, des difficultés et ainsi pu voir comment le numérique peut contribuer à les résoudre. Comme pour tous nos projets, nous avons de nombreuses étapes de “go/no go”. Nous allons prendre une décision pour choisir entre ces deux projets. Vous aviez également un serious game en développement avec Schloolab dans ce domaine des maladies rares. Qu’en est-il ? Ce jeu interactif, Socrates, a été testé sur plus de 3 000 médecins généralistes. Les résultats sont très satisfaisants, plus de 30 % des médecins ont fait des retours. Ce sont des études de cas autour de la description du patient, en fonction de son profil et des signes cliniques. Nous préparons un deuxième serious game qui sera lancé à plus large échelle. Nos équipes travaillent sur d’autres maladies et l’intégration de plus d’études de cas. En décembre 2017, vous aviez présenté le projet VIC (Vaccination in company) avec iRevolution. Quels sont les résultats ? Le test que nous avons mis en place dans l’un de nos sites a bien fonctionné. Nous avons eu plus de 80 % de vaccination par rapport à l’année précédente. Nous avons mené une étude qualité sur l’appétence en général qui était positive. En revanche, le business model n’a pas suivi. Nous avons abandonné ce projet et reprenons les réflexions. Le rôle du pharmacien d’officine faisait également partie des cinq axes stratégiques. Quels sont les projets en cours ? Nous avons travaillé avec les syndicats de pharmacie, le conseil de l’Ordre national des pharmaciens, l’association nationale des étudiants en pharmacie et des pharmaciens d’officine. Plus de 100 idées ont émergé, réparties en six axes : valoriser les activités de conseil personnalisé, outils et services d’aide à l’observance, intégration du pharmacien dans la chaîne de soins, aménagement et théâtralisation de l’officine, relation patient personnalisée et formation des équipes officinales. Sur chacun d’eux, nous avons défini le principe de solutions puis étudié leur business model. Trois solutions ont été retenues. La première, nommée Arbre conseil, est un outil développé par nos équipes. Il s’agit d’un algorithme d’identification de suivi pour les patients atteints de maladies chroniques. Nous sommes dans la phase d’identification de la structure pour nous accompagner pour un premier projet dans le diabète. L’objectif est de réaliser un PoC et un test d’ici à la fin de l’année. Le deuxième projet concerne l’utilisation de la réalité virtuelle en accompagnement de formation des équipes officinales. Enfin, le dernier émane des jeunes pharmaciens et concerne la création d’une communauté des acteurs participant à la prise en charge du patient (pharmacien, médecin généraliste, sage-femme, kinésithérapeute…). Le dernier axe tourne autour du diagnostic. Comment avancez-vous ? Nous sommes en train de réfléchir avec la structure JOGL. Pour le moment, nous n’avons pas encore pris de décisions. Pour tous ces projets, quels sont les objectifs de retour sur investissement ? C’est toute la problématique de l’innovation. Il faut arriver à mesurer le retour sur investissement. Si le modèle économique, si la fonctionnalité ne correspondent pas, nous pouvons être amenés à mettre fin à des projets. Nous ne voulons pas faire des gadgets, nous réfléchissons donc au déploiement des solutions. Nous regardons d’abord la valeur médicale, parfois organisationnelle et dans tous les cas la valeur économique. Nous avons mis en place une démarche de codéveloppement avec un process strict et de très nombreuses phases de “go/no go”. Vous avez ouvert en décembre 2017 votre lab 39Bis. Quel premier bilan tirez-vous ? Nous structurons l’offre en trois piliers : amplifier les visions avec des expositions, les méthodes et les projets. Au départ nous avons tâtonné, notamment pour proposer des sessions auxquelles les collaborateurs puissent assister. Aujourd’hui, nous avons des sessions comme “les 39 minutes” les mardis et jeudis en fin de journée et une session le mercredi matin sur les nouvelles méthodes de travail. Depuis décembre, en moyenne plus de 500 collaborateurs par mois ont assisté à des sessions. n Isabelle Vitali Novembre 2016 : directeur Innovation et business excellence de Sanofi France Août 2014 : directrice Innovation et alliance de Roche France 2007 : directrice des opérations Oncologie Hématologie puis directrice marketing Nouvelles aires thérapeutiques de Roche Pharmaceuticals 1995 : responsable formation puis responsable marketing d’Iosartran et directrice ventes marketing, business unit Cardiologie/Rhumatologie de Merck Sharp & Dohme La rédaction InnovationLaboratoiresStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind