Accueil > Industrie > OSO et W.INN, “illustration parfaite” d’un Tiers lieu d’expérimentation OSO et W.INN, “illustration parfaite” d’un Tiers lieu d’expérimentation Baptisé W.INN (pour We Innovate), le Centre d’innovation du CHU de Brest fait partie des 10 premiers lauréats de l’appel à projets (AAP) “Tiers-lieux d'expérimentation". L’une des start-up qu’il accompagne, a également bénéficié de cette aubaine. Adrien Bussard, responsable innovation de W.INN et Philippe Roguedas, COO de OSO, évoquent pour mind Health, ce que permet l’obtention de ce nouveau label. Par Romain Bonfillon. Publié le 11 juillet 2023 à 22h51 - Mis à jour le 25 mai 2024 à 11h05 Ressources Philippe Roguedas, COO d’OSO “Une porte qui claque, de l’eau qui bout sur une gazinière, des enfants qui crient : les yeux fermés et en prêtant l’oreille, nous sommes capables depuis notre canapé de comprendre tout ce qui se passe dans notre environnement et d’agir en conséquence”, fait remarquer Philippe Roguedas, COO (Chief Operating Officer) de OSO. Sur la base de ce constat, la start-up brestoise a eu l’idée en 2018 de développer un système d’ “oreille augmentée”. Le boîtier, qui peut s’installer dans n’importe quelle pièce est capable, grâce à l’analyse du son, “de repérer des bruits comme celui de la chute, du gémissement, du vomissement, de l’étouffement”, poursuit Philippe Roguedas. Ce système, qui peut transmettre en temps réel des alertes au personnel soignant, a été en particulier pensé pour les chambres d’EHPAD. L’alerte générée précise la nature du bruit entendu et permet au soignant de réécouter un segment du son capté, afin qu’il comprenne l’urgence et l’ampleur du besoin. Genèse de la collaboration avec W.INN Pour construire ses algorithmes de reconnaissance sonore, OSO s’est appuyé sur le CHU de Brest, depuis quasiment les tout débuts de la start-up. Dès 2019, le boîtier est déployé dans des chambres des EHPAD du CHU et a d’abord été utilisé la nuit pour soulager le personnel paramédical. “Les paramédicaux me disaient souvent qu’ils étaient en alerte constante”, se rappelle Adrien Bussard, responsable de l’innovation au CHU de Brest. “Les sons peuvent devenir source de stress, à cause de cette hypervigilance auditive qui leur est demandée”, poursuit-il. Aussi, parce que la première expérimentation a convaincu les soignants de l’hôpital, le CHU a décidé d’étendre l’expérience 24h/24 et de réaliser une mesure d’impact. “Les retours des soignants ont été déterminants pour l’amplification de cette expérimentation”, reconnaît Philippe Roguedas. Ainsi est né le projet ARI (Aide Résident Intelligent) 24, qui a été subventionné dans le cadre de l’AAP Tiers-lieux d’expérimentation et qui sera mis en œuvre pendant les deux prochaines années. “Notre collaboration avec OSO illustre de manière parfaite notre accompagnement et ce que nous voulons mettre en place avec nos différentes start-up” Adrien Bussard, responsable du centre d’innovations W.INN Ce que permet le label “Tiers lieu d’expérimentation” Pour W.INN, la labellisation comme Tiers-lieu d’expérimentation va permettre, outre des moyens de fonctionnement supplémentaires (cf. encadré) d’avancer plus rapidement sur le projet ARI 24, mené avec OSO. “Notre collaboration avec OSO illustre de manière parfaite notre accompagnement et ce que nous voulons mettre en place avec nos différentes start-up”, estime Adrien Bussard. Pour la start-up, le démarrage dans les prochaines semaines de ce projet représente un changement d’ampleur, tant en termes de chambres équipées (250 à terme, contre 150 actuellement) qu’en volume de données à analyser. “C’est une aide très appréciable, confirme Philippe Roguedas. En multipliant les échanges avec les soignants et les utilisateurs, nous allons aller plus vite sur la compréhension des cas d’usage. Les soignants nous apportent des idées de services nouveaux auxquels nous n’aurions pas forcément pensé seuls. Nous développons donc des briques à leur demande. Par exemple, des machines comme les pousse-seringues sont utilisées dans les chambres et vont bipper lorsqu’elles sont en bout de course. Nous avons appris à reconnaître ces bips pour permettre au soignant de passer au bon moment dans la chambre.” Dans le même souci de préserver la tranquillité du résident, OSO a travaillé sur la reconnaissance du sommeil. Une brique supplémentaire à été ajoutée à la solution, bientôt enrichie par la reconnaissance de l’apnée du sommeil. 2023 : année stratégique La commercialisation de la solution OSO (qui n’entre pas dans la catégorie des dispositifs médicaux et n’a donc pas eu à passer sous les fourches caudines du marquage CE médical) a commencé en 2021. L’année 2022 a vu s’amorcer une phase d’accélération pour ce dispositif qui continue à progresser. “C’est la beauté de la solution que nous proposons que de s’améliorer constamment. Nous continuons à munir notre boîtier de nouvelles capacités de reconnaissance.” Aujourd’hui déployée dans environ un millier de chambres à travers le territoire national, le solution OSO “voit son carnet de commandes grossir de manière très significative”. “Pour nous, 2023 est très clairement l’année de l’accélération commerciale”, confie Philippe Roguedas. Signe de cette stratégie offensive, la start-up brestoise a annoncé en avril une levée de fonds de 10 M€ et compte bien capitaliser sur sa participation au nouveau Tiers-lieu d’expérimentation. “Au-delà de la mise en place de notre étude d’impact 24h/24, nous avons gagné très clairement une visibilité supplémentaire au travers de W.INN. Cela nous a permis d’attirer le regard d’autres soignants, d’autres services et d’autres hôpitaux”, souligne Philippe Roguedas. W.INN à la manœuvre Adrien Bussard, responsable du centre d’innovations W.INN Née en mars 2020, W.INN est aujourd’hui la structure qui porte les innovations nées dans et autour du CHU de Brest .”À mon arrivée, se souvient Adrien Bussard, on m’a demandé de rendre l’innovation accessible à tous, à savoir les personnels paramédicaux, les médecins, les administratifs, mais aussi les patients, étudiants, start-up, PME qui souhaitent porter des projets d’innovation. Si l’idée vient d’un hospitalier, je vais chercher la bonne start-up capable de supporter le développement de l’innovation. Si à l’inverse l’idée de la start-up, je cherche le bon service pour expérimenter la solution au sein du centre hospitalier”, résume-t-il. À date, W.INN accompagne 44 projets et autant de start-up. Les missions de W.INN ne s’arrêtent pas à cette mise en relation et comprennent également le business development, la recherche de financements, la contractualisation, la communication, la gestion de la propriété intellectuelle. 2 millions d’euros pour accélérer l’innovation Contrairement à d’autres lieux comme Coworkhit (également en Bretagne, centré sur le handicap et également lauréat de la première vague de l’AAP Tiers-lieux d’expérimentation), W.INN ne s’intéresse pas à une thématique spécifique. “J’ai fait ce choix pour pouvoir accueillir sans a priori les projets”, explique Adrien Bussard qui reconnaît que, même sans thématique prédéfinie, son tiers-lieu possède des domaines d’excellence. “Nous sommes le 2e CHU en France, en termes de chambres dédiées au médico-social (EHPAD). Cette coloration est forte. En termes d’expérimentation, cela signifie que nous sommes le deuxième CHU à pouvoir apporter le plus dans ce domaine.” À noter que le CHU de Brest n’alloue pas de budget spécifique à ce centre d’innovations, à l’exception du salaire d’Adrien Bussard, qu’il prend en charge. Le budget de W.INN se construit donc grâce à des fonds publics (il a perçu 140 000 € cette année, dont 100 000 € de la région Bretagne), le reste étant cherché au travers d’AAP publics et privés. À cet égard, les 2 M€ que va percevoir W.INN pour l’AAP Tiers-lieux constituent une véritable aubaine. Une partie des fonds, 1 M€, explique Adrien Bussard, va être allouée au fonctionnement de W.INN. “Ils vont nous permettre de recruter 3 personnes mais aussi de participer à des salons, de nous équiper de matériel pour construire certains événements, etc. L’autre partie, va être dédiée aux projets”, précise-t-il. Lors du dépôt de candidature à l’AAP, W.INN avait déposé 6 projets, 2 ont été retenus : ARI24 (mené avec OSO) et DENEO Kid (mené avec la start-up rennaise DENEO). Pour accompagner chacun de ces projets, W.INN touchera 450 000 € de subventions. “Le fait d’avoir été labellisé Tiers-lieux d’expérimentation facilite déjà notre recherche de financements, publics ou privés, confie Adrien Bussard. Cela signifie que le ministère nous fait confiance.” Tiers-lieux d’expérimentation : principes et perspectives Lancé en février 2022, l’appel à projets (AAP) Tiers- lieux d’expérimentation s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’accélération Santé numérique (SASN) qui vise à faire de la France “un leader en santé numérique”. Comme l’a expliqué à mind Health le coordinateur de la SASN, David Sainati, “l’enjeu est de créer des terrains d’expérimentation c’est-à-dire des structures qui soient actives, en consortium, pour pouvoir faire émerger des solutions, coconcevoir avec des professionnels et les patients, dans des conditions de vie réelle. Ici, précise-t-il, on ne parle donc pas d’incubateur, il s’agit vraiment de structures de soins qui accompagnent l’innovation en leur sein, avec du temps de professionnels dédié.” Le programme est doté de 63 M€ et s’étend sur quatre ans (2023-2026). Entre 2022 et 2024, 30 tiers-lieux d’expérimentation seront sélectionnés selon trois vagues successives (la vague 2 a été lancée le 15 mars 2023) et 100 expérimentations de solutions sont visées d’ici 2026. “Typiquement, conclut Adrien Bussard, ce que souhaite la Caisse des dépôts et le gouvernement est que tous les tiers-lieux soient reliés entre eux, pour avoir une sorte de maillage clair qui permette d’avoir un retour d’expérience sur toutes les solutions expérimentées.” Les 10 premiers lauréats de l’AAP Tiers-lieux d’expérimentation (vague 1) Romain Bonfillon EHPADHôpitalInnovationPartenariatstart-upTélésurveillance Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire OSO-AI s'associe à l’AP-HP et Sorbonne Université Étude de cas Données synthétiques : comment valider la robustesse et la confidentialité des avatars ?