Accueil > Industrie > Paris-Saclay Cancer Cluster, l’ambition d’un Kendall Square français Paris-Saclay Cancer Cluster, l’ambition d’un Kendall Square français Lancé par Gustave Roussy, l'Inserm, l'Institut polytechnique de Paris, l'Université Paris-Saclay et Sanofi, le Paris-Saclay Cancer Cluster (PSCC) a pour objectif de devenir un oncocluster de dimension internationale. Éric Vivier, son président, et Benjamin Garel, son directeur général, nous présentent la feuille de route de ce nouveau lieu dédié au cancer. Par Coralie Baumard. Publié le 31 janvier 2023 à 23h47 - Mis à jour le 31 janvier 2023 à 16h20 Ressources En décembre 2022, le PSCC a été le premier lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) Biocluster. Quel est le montant actuel de votre dotation ? Éric Vivier, président de l’association Paris-Saclay Cancer Cluster Éric Vivier : La copie n’est pas totalement finalisée, l’État a annoncé que nous étions à ce stade le seul lauréat de l’AMI avec un montant compris entre 80 et 100 millions d’euros. Nous serons le seul biocluster dédié au cancer en France. Nous sommes entrés en discussion avec les services de l’État, afin d’expliciter nos besoins. Pour réussir, nous avons besoin d’un investissement fort, à la hauteur des enjeux. La barre haute des 100 millions initialement prévus dans l’AMI est clé pour réussir l’amorçage d’un projet de cette ampleur. En effet, notre exemple et source d’inspiration est Kendall Square, massivement soutenu par l’État du Massachusetts. À la fin des années 1970, Kendall Square, une friche industrielle de 6 km², encadrée au Sud par l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) et au Nord par Harvard, va devenir la Mecque de la biotech. Vont s’y construire 2 millions de m² de bureaux et de laboratoires pour accueillir des projets académiques débutants, des entreprises et des Big Pharma et devenir le cœur du réacteur de la pharma mondiale. Dans les années 1990, l’investissement pour ce projet a été près de dix fois supérieur à 100 millions, nous avons donc les arguments pour plaider notre cause auprès des services de l’État. Notre deuxième source de revenus vient aujourd’hui de Sanofi, avec un montant aux alentours de 150 millions d’euros attribué sous diverses formes. Nous espérons donc, avec les 100 millions de l’État, disposer d’environ 250 millions pour lancer la machine. Cet amorçage sera à compléter avec d’autres financements, notamment issus d’acteurs privés. “Notre ambition est véritablement de regrouper tous les acteurs de l’écosystème de l’oncologie industrielle en France” Éric Vivier, Président de l’association Paris-Saclay Cancer Cluster Le PSCC est constitué sous forme d’association, combien compte-t-elle de membres ? É V : En plus de nos cinq membres fondateurs, nous avons quatre partenaires clés : Medicen, Unicancer, l’institut Curie et l’AP-HP. De très nombreux acteurs se trouvent également dans la constellation du PSCC : organismes de recherche, universités, hôpitaux, start-up, scale-up, industriels, investisseurs en capital, associations de patients, collectivités et acteurs du territoire. L’objectif en 2023 sera d’en attirer de nouveaux, qu’il s’agisse de projets encore peu structurés nés dans un institut de recherche comme l’Inserm et ayant une vocation industrielle, de sociétés déjà créées ou de sociétés matures. Notre ambition est véritablement de regrouper tous les acteurs de l’écosystème de l’oncologie industrielle en France et de travailler en synergie au niveau européen et mondial. Quel est votre calendrier d’installation ? Benjamin Garel, directeur général de l’association Paris Saclay Cancer Cluster Benjamin Garel : Une partie de l’offre scientifique et d’expertise du PSCC va démarrer fin 2023, sans attendre que les locaux soient disponibles, et va s’enrichir progressivement. Par ailleurs, l’objectif est que l’offre immobilière sur le site du cluster soit en adéquation avec le besoin des entreprises afin de devenir le cœur du réacteur. D’ici 2030, ce sont 100 000 m² de laboratoires et de bureaux qui vont être construits à Villejuif, au pied de Gustave Roussy. Dès la mi-2024, 7500 m² sortiront de terre ; à la mi-2025, il y aura près de 40 000 m² d’espaces mixtes labos/bureaux disponibles. Gustave Roussy est le troisième hôpital dans le monde en matière d’oncologie, le premier au niveau européen, mais il est aujourd’hui difficile d’accès. Nous allons profiter de l’arrivée de deux lignes de métro en décembre 2024 et en 2025 qui permettront de le désenclaver. Cela permettra, par exemple, de rallier l’Institut Curie ou l’hôpital Saint-Louis en 25 minutes. Nous pensons que ce cluster sera un réel avantage compétitif pour les entreprises, en réunissant grands groupes, start-up et chercheurs sur un même site et en encourageant la porosité entre acteurs privés ainsi qu’entre académiques et entreprises. Qu’est-ce qui va distinguer le PSCC d’autres accélérateurs comme PariSanté Campus ou Futur4care ? É V : Le premier point est l’aire thérapeutique, nous nous intéressons exclusivement à l’oncologie. Notre mission est de faire en sorte qu’il y ait plus de médicaments, dispositifs médicaux et solutions diagnostiques développés en France pour les personnes atteintes de cancers, qu’il s’agisse de cancers pédiatriques ou de l’adulte, de tumeurs solides ou de cancers hématologiques, de cancers rares ou touchant un grand nombre de patients. Le deuxième point est que nous offrons un programme intégré complet. Un projet naît d’une découverte, le plus souvent académique, brevetée ou non, et de l’ambition de ses porteurs d’être transformé en une solution industrielle. Force est de constater que ces porteurs de projets ont besoin d’aide. Créer une société est un métier en soi, faire en sorte que les résultats de la recherche fondamentale soient transformés en objets industriels en est un autre. Et, cela n’a pas grand-chose à voir avec celui de chercheur dans un institut de recherche : il faut donc les accompagner. Nous ne parlons pas simplement d’aide en termes d’expertise, mais aussi d’accès à des échantillons provenant de patients, à des analyses avec des technologies révolutionnaires comme le spatial transcriptomics mais aussi, bien sûr, à des essais cliniques ainsi que d’un accès favorisé au capital-risque et au montage d’entreprise. “Le PSCC va contribuer à enrichir l’offre scientifique disponible pour les porteurs de projets industriels via un ensemble de quinze plateformes précliniques et cliniques portées par nos partenaires académiques” Benjamin Garel, Directeur général de l’association Paris-Saclay Cancer Cluster Quelle est la feuille de route du PSCC pour 2023 ? B G : 2023 va être l’année du lancement opérationnel de la structure. Sa mise en place se poursuivra jusqu’à l’été, une équipe entre 10 et 20 personnes va être recrutée. L’offre va être constituée progressivement mais nous souhaitons recueillir rapidement les premières candidatures. Grâce à nos liens avec l’Inserm, Gustave Roussy, l’Université Paris-Saclay, l’Institut Polytechnique de Paris, Curie et l’AP-HP, nous allons faciliter l’accès à des experts dans de nombreuses disciplines et technologies. C’est un besoin fort exprimé par les start-up. Par ailleurs, le PSCC va contribuer à enrichir l’offre scientifique disponible pour les porteurs de projets industriels via un ensemble de quinze plateformes précliniques et cliniques portées par nos partenaires académiques dont les premières seront disponibles fin 2023. Le rôle du PSCC va être notamment d’accompagner ces plateformes pour s’assurer d’un haut niveau de qualité en adéquation avec les enjeux des industriels. Au-delà de l’accès aux experts et à l’offre scientifique, nous serons également en mesure de contribuer au financement de plusieurs projets d’ici la fin de l’année. Quels vont être les objectifs de ces quinze plateformes ? B G : Ces plateformes se veulent complémentaires à l’offre existante et s’appuient sur des expertises académiques pour accélérer et rendre plus robuste les développements, depuis les phases précliniques jusqu’aux premières phases cliniques. Une première plateforme, hébergée au démarrage par Gustave Roussy, sera consacrée au single cell et au spatial transcriptomics pour faire des analyses d’échantillons. Nous aurons trois plateformes de manipulation sur cellule humaine car les résultats sur modèles animaux ne sont pas toujours satisfaisants. Nous aurons une offre en drug discovery, notamment sur les thérapies cellulaires opérée par l’Institut Curie et l’ingénierie d’anticorps opérée à Marseille. Nous aurons également une offre dédiée aux dispositifs médicaux, portée d’une part par l’AP-HP et d’autre part par l’hôpital Marie Lannelongue. Enfin, nous allons renforcer les équipes des hôpitaux pour accélérer les essais cliniques de phase 1 et 2. L’objectif du PSSC est de permettre d’aller le plus vite possible sur des essais cliniques positifs dès les phases précoces de développement. Au-delà de ces plateformes, l’équipe du PSCC orientera les porteurs de projets vers les offres existantes dans l’écosystème en fonction de leurs besoins, que ce soit vers des plateformes académiques ou des acteurs privés comme des contract research organization. Vous avez également un projet sur les données patients, en quoi consiste-t-il ? B G : Nous voulons rendre interopérables et requêtables les bases de données de nombreux hôpitaux, au bénéfice de la recherche et du développement de nouvelles approches thérapeutiques ou diagnostiques contre le cancer. Nous prévoyons d’investir en deux ans environ 30 millions d’euros. L’objectif est de pouvoir requêter des dossiers pour faire de la recherche parasynthétique, d’alimenter, par exemple, des moteurs d’intelligence artificielle… Les travaux se lancent avec Unicancer et vont mobiliser plusieurs CLCC français, mais également l’AP-HP et au moins un ESPIC. Les discussions sont en cours avec Foch. Nous allons financer des équipes dédiées dans chaque hôpital pour travailler sur la structuration et l’interopérabilité des données. Nous nous sommes fixés pour objectif de rendre possible à moyen terme des requêtes interopérables sur 70 champs structurels, via un point d’entrée unique. Medexprim fait parler les données En décembre 2022, vous avez annoncé la composition de votre conseil stratégique, quel sera son rôle ? É V: Le côté unique de notre conseil stratégique (SAB) tient à sa composition plutôt qu’à sa mission. Celles et ceux qui nous ont rejoints sont tous des leaders dans leurs domaines et ont tous participé à la transformation des résultats de la recherche en produit industriel dans différentes branches de l’oncologie. Sur les neuf membres, il y a cinq femmes et quatre hommes, c’est une volonté très importante du PSCC de participer à l’égalité femmes-hommes. La mission du SAB est de nous accompagner dans nos orientations stratégiques afin d’être sûrs que l’on soit dans le bon tempo mondial et possiblement en très bonne position, voire en pole-position, sur certains sujets comme l’organisation des réseaux de données en santé dans le domaine de l’oncologie. Et également, de nous informer sur les grandes tendances de l’oncologie mondiale, afin d’être le plus pointu possible dans notre sélection des projets. Il a aussi pour mission de participer au rayonnement du PSCC. Sa composition est-elle un moyen d’affirmer votre ancrage international ? É V : C’est un point majeur. Le rayonnement du PSCC ne sera pas seulement français, il prend sa dimension dans une optique européenne et internationale. Notre ambition est que l’on puisse, dans quelques années, parler du PSCC comme on parle aujourd’hui de Kendall Square. Nous avons pris le parti que les membres du SAB soient uniquement des collègues étrangers, non parce qu’il n’y a pas les talents en France, mais pour matérialiser cette dimension internationale. Éric Vivier Depuis février 2022 : Président de l’association Paris-Saclay Cancer Cluster Depuis 2018 : Directeur scientifique et Vice-Président Senior d’Innate Pharma 2016 : Cofondateur de Marseille Immunopôle 2008 à 2017 : Directeur du Centre d’immunologie de Marseille-Luminy 1999 : Cofondateur d’Innate Pharma Benjamin Garel Depuis avril 2022 : Directeur général de l’association Paris-Saclay Cancer Cluster 2018-2021 : Directeur du Centre hospitalier universitaire de la Martinique 2016-2018 : Directeur des opérations de l’AP-HP 2010-2016 : Directeur qualité du CHU de Grenoble Coralie Baumard cancerGustave RoussyIndustrieRecherchestart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Le projet de plateforme européenne “d’imagerie contre le cancer” est lancé Paris Saclay Cancer Cluster est le premier lauréat de l'AMI Biocluster Dossier gratuit TENDANCES 2023 : Tensions sur la bioproduction