Accueil > Industrie > Stratégie > Pierre Leurent (Voluntis) : “Notre ambition est d’atteindre 50 M€ de chiffre d’affaires à l’horizon 2021” Pierre Leurent (Voluntis) : “Notre ambition est d’atteindre 50 M€ de chiffre d’affaires à l’horizon 2021” En 2018, la société française a multiplié les avancées. Autour de ses produits, Voluntis a obtenu le remboursement d’Insulia aux États-Unis et signé des partenariats pour la prise en charge de son logiciel thérapeutique outre-atlantique et de recherche avec Roche notamment. Voluntis a également franchi une nouvelle étape dans son développement avec son entrée en Bourse en avril. Son dirigeant et fondateur Pierre Leurent détaille à mind Health sa stratégie. Par Aurélie Dureuil. Publié le 07 septembre 2018 à 12h10 - Mis à jour le 10 mai 2021 à 12h31 Ressources Voluntis a connu un début d’année riche en annonces. Pouvez-vous présenter la société aujourd’hui ? Voluntis est un acteur pionnier des thérapies digitales. Nous développons des logiciels ayant le statut de dispositif médical. Nous sommes focalisés sur deux aires thérapeutiques : le diabète et l’oncologie. La société est implantée en Europe et aux États-Unis. Les effectifs de 120 personnes sont répartis entre l’Île-de-France (100 personnes) et Boston (20 personnes). Nous sommes en phase de croissance. Voluntis s’est introduit en Bourse au printemps. Quels sont les objectifs ? Nous sommes devenus la première société au monde dans les thérapies digitales à être cotée. Nous avons levé un peu plus de 30 millions d’euros (produit brut, ndlr) pour accélérer notre développement. Depuis notre création et avant notre introduction en Bourse, le total de nos levées de fonds en capital-risque s’élève à 43,5 M€. Nous avons ainsi accueilli au capital des investisseurs européens et nord-américains. Pour des raisons juridiques, l’opération n’était pas dirigée vers les États-unis. L’objectif de cette augmentation de capital est d’apporter un support au déploiement de nos solutions en Amérique du Nord et en Europe, tout en poursuivant le développement de notre portefeuille produits. Quels sont vos objectifs de chiffre d’affaires ? En 2017, notre chiffre d’affaires s’est établi à 7,3 millions d’euros. Notre ambition est d’atteindre 50 M€ à l’horizon 2021, majoritairement aux États-Unis. Cette croissance sera principalement liée au déploiement de nos solutions dans le diabète et l’oncologie. Cette croissance s’accompagne de recrutements. Quelles sont vos ambitions ? Les effectifs américains sont amenés à doubler dans l’année qui vient. Et nous allons continuer à accroître nos effectifs en Europe. Nous sommes dans une phase d’investissements commerciaux. Nous développons notre approche auprès des assureurs santé et des fournisseurs de soins en Amérique du Nord et également en Europe. Nous recherchons des profils marketing et médicaux pour accompagner ce déploiement. Mais nous recrutons aussi des profils techniques notamment pour l’Europe où nous avons la plupart de nos opérations industrielles. Dans le diabète, votre logiciel compagnon Insulia a obtenu de nouvelles approbations réglementaires fin 2017. Quelles sont les perspectives ? Parmi nos deux aires thérapeutiques prioritaires, le diabète est la plus avancée. Pour nos solutions dans ce domaine, nous avons conduit plusieurs essais cliniques randomisés multicentriques et obtenu les homologations réglementaires. La solution Insulia (pour les patients traités avec les insulines basales, ndlr) est régulée en tant que dispositif médical de classe IIb en Europe et de classe II aux États-Unis. Au Canada, la solution a été approuvée en début d’année. Nous sommes en phase de commercialisation dans le cadre d’une stratégie de remboursement. Dans ce cadre, vous avez signé un contrat avec l’assureur américain WellDyneRx. Où en êtes vous sur les différents marchés ? Aux États-Unis, il existe des centaines d’acteurs susceptibles de prendre en charge ce type d’innovations. Notre objectif est donc d’étendre les accords avec les assureurs. Au cours des prochains trimestres et semestres, nous communiquerons sur les avancées de nos accords avec les payeurs. Nous nouons également des partenariats pour nous aider à diffuser ces innovations à grande échelle, notamment avec l’industrie pharmaceutique. Nous travaillons par exemple avec Sanofi dans le diabète (Voluntis a signé un partenariat en 2011 avec le laboratoire français autour de Diabeo qui a obtenu le marquage CE en 2013 et Insulia a été intégré à la plateforme Onduo en 2017, ndlr). En France, nous capitalisons sur les nouveaux dispositifs mis en place sur la télémédecine pour créer un cadre de remboursement. Depuis le début de l’année, nous faisons partie des premiers acteurs à être agréés dans le programme Etapes (Expérimentation de la télémédecine pour l’amélioration des parcours de santé, ndlr). En oncologie, nous ambitionnons d’obtenir une première homologation réglementaire aux États-Unis l’année prochaine. Pierre Leurent Dirigeant et fondateur de Voluntis Vous avez fait plusieurs annonces avec Roche et AstraZeneca dans l’oncologie depuis le début de l’année. Pouvez-vous détailler votre positionnement ? Nous sommes en phase de développement clinique. Nous ambitionnons d’obtenir une première homologation réglementaire aux États-Unis l’année prochaine, suivie de la commercialisation. Notre positionnement vise à accompagner les patients dans la gestion des traitements notamment pour faciliter l’autogestion des symptômes et le suivi à distance par les équipes soignantes. Nos solutions intègrent des algorithmes qui fournissent au patient une aide à la décision immédiate, en matière de conduite à tenir lorsque surviennent des effets secondaires. Il s’agit d’un appui au quotidien pour les patients tout en leur permettant d’être davantage en contact avec leur équipe soignante. Dans l’oncologie, la réactivité de la prise en charge est très importante, par exemple pour ajuster les traitements. Les partenariats industriels que nous avons établis à date portent sur deux contextes différents. Avec Roche, nous travaillons sur l’accompagnement des patients traités avec des produits déjà sur le marché. Avec AstraZeneca, nous accompagnons les patients qui utilisent des médicaments en phase de développement clinique. Ce sont des produits en phase II ou III qui présentent un profil de toxicité spécifique. Notre ambition est d’obtenir l’an prochain l’homologation de notre plateforme technologique multi-indication aux États-Unis (plateforme Theraxium Oncology pour la gestion des symptômes lancée fin juillet, ndlr). Vous avez annoncé cet été une nouvelle étape de votre collaboration avec AstraZeneca. Pouvez-vous détailler ce projet ? Avec AstraZeneca, nous travaillons depuis 2015 afin de développer et évaluer une thérapie digitale accompagnant la combinaison de traitements Cediranib + Olaparib (eCO) dans le cancer de l’ovaire. Les premiers résultats, communiqués l’année dernière, ont été très encourageants et nous conduisent à poursuivre à plus large échelle le plan d’évaluation clinique. Ainsi, la solution digitale eCO va être évaluée dans le cadre du programme de phase III GY005, conduit par AstraZeneca et promue par le National Cancer Institute, centre de référence en oncologie aux États-Unis. Pour ces différentes solutions, quels sont aujourd’hui les enjeux technologiques ? Nous capitalisons sur l’émergence des technologies mobiles et des objets connectés. La collecte des données devient de plus en plus aisée, tandis que les dispositifs médicaux deviennent de plus en plus communicants. Nous travaillons également sur la cybersécurité pour laquelle nous mettons en place des équipes dédiées. Nous avons aussi des travaux qui sont amenés à se développer sur l’intelligence artificielle notamment afin de prédire davantage l’évolution des parcours de soins. En France, les discussions portent souvent sur les méthodes d’évaluation de ces nouvelles solutions. Quelle est votre approche ? Nous avons des produits qui peuvent changer de version très régulièrement, et plusieurs fois dans une année, ce qui représente des cycles de vie inédits pour l’industrie de la santé. Cela appelle à revoir la façon dont on peut gérer de façon plus fluide et dynamique leurs processus de mise sur le marché et demain avoir des remboursements plus adaptatifs fondés davantage sur la performance en vie réelle. Aux États-Unis, la FDA travaille très activement sur un plan d’actions digital qui vise à adapter l’évaluation à ces nouvelles technologies. Le Pre-Cert Program est à cet égard une initiative très emblématique. L’Agence n’exclut pas non plus la mise en place d’un guichet spécial sur les thérapies digitales. En France, nous pouvons nous réjouir du soutien politique appuyé exprimé par le gouvernement pour accélérer le virage numérique du système de santé. Nous attendons dans les prochains mois les conclusions des missions e-santé et des précisions sur la façon d’organiser la future gouvernance sur ces sujets. Pierre leurent 2017 : Membre fondateur de l’Alliance pour les thérapies digitales Depuis 2001 : P-DG fondateur de Voluntis 1998 : Responsable produit chez HealthCenter Internet Services 1998 : Diplômé de l’École Centrale de Paris Aurélie Dureuil DiabèteDispositif médicaloncologieStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Diabète : Approbation de la FDA et marquage CE pour Voluntis Insulia de Voluntis intégré à la plateforme d’Onduo Roche et Voluntis renforcent leur collaboration dans l'accompagnement des patients Voluntis s'apprête à entrer en Bourse Voluntis accède au remboursement d'Insulia aux États-Unis Voluntis lève 27,4 M€ lors de son introduction en Bourse Voluntis signe un partenariat avec l'Américain Monarch Medical Technologies Oncologie : Voluntis et AstraZeneca annoncent une étude clinique de phase III