Accueil > Industrie > RDS, télémonitorer les patients après une chirurgie RDS, télémonitorer les patients après une chirurgie START-UP A LA LOUPE - Treize mois après le dépôt de son dossier technique, RDS vient d’obtenir son marquage CE MDR de classe IIa. À l'occasion de cette annonce, mind Health est revenu avec son CEO Elie Lobel sur la stratégie de commercialisation de la start-up et ses nouvelles perspectives. Par Coralie Baumard. Publié le 05 mars 2024 à 18h09 - Mis à jour le 13 mars 2024 à 11h04 Ressources La genèse : de Palo Alto à Strasbourg RDS a développé MultiSense, une solution de télémonitorage permettant d’assurer le suivi post-opératoire de patients à risque de complications, alliant un patch connecté à une plateforme de traitement de données. Elie Lobel, CEO de RDS “Le projet RDS a débuté aux États-Unis, à l’initiative de Sam Eletr, un serial entrepreneur franco-américain. Une équipe de R&D franco-américaine a développé un premier prototype. À l’occasion d’un déplacement à Strasbourg, Sam Eletr a rencontré le professeur Jacques Marescaux à l’IRCAD. Ce dernier a été enthousiasmé par le projet, qui s’intégrait parfaitement dans l’optimisation du parcours des patients post chirurgicaux, et l’a incité à le poursuivre à Strasbourg afin qu’ils travaillent ensemble. L’écosystème de Strasbourg est assez exceptionnel entre l’IRCAD et l’IHU, la proximité avec l’Allemagne et la Suisse, cela avait du sens d’un point de vue entrepreneurial et industriel. La décision a été prise fin 2019 d’entamer la phase 2 du projet à Strasbourg, c’est-à-dire de passer d’un prototype à un produit“ raconte Elie Lobel, le CEO de RDS, à mind Health. Michel Ronc (l’actuel Directeur général délégué de RDS, ndlr) est impliqué dans le projet, à la demande du Pr Jacques Marescaux, afin de faciliter son transfert à Strasbourg. Elie Lobel, alors directeur général d’Orange Healthcare, est contacté pour prendre les rênes du projet et occuper le poste de CEO. RDS SAS est créée au premier trimestre 2020. L’année 2021 a été consacrée à l’industrialisation du prototype, puis l’entreprise s’est concentrée sur les essais cliniques et la documentation pour le marquage CE avant de déposer son dossier technique en décembre 2022. Le 5 mars 2024, RDS a annoncé avoir obtenu son marquage CE en classe IIa selon la réglementation (UE) 2017/745. La technologie Remplacer un moniteur hospitalier par patch d’une trentaine de grammes, c’est le défi relevé par RDS. MultiSense, sa solution de monitorage, est composée d’un patch intégrant cinq capteurs miniaturisés (sonde piézométrique, capteur PPG, capteur ECG, accéléromètre, capteur de température), d’un adhésif breveté et d’une batterie avec une autonomie de cinq jours. Les capteurs permettent de surveiller en temps réel et avec un niveau de qualité équivalent à un moniteur hospitalier, six paramètres physiologiques : la fréquence cardiaque, le rythme respiratoire, la saturation en oxygène, la température cutanée, le niveau d’activité et la posture des patients. Le kit de télémonitoring de RDS Le kit de télémonitoring reçu par le patient contient également un smartphone MultiSense, les données brutes recueillies par le patch sont envoyées via le Bluetooth sur le smartphone. Ce dernier les transmet ensuite sur la plateforme sécurisée accessible aux professionnels de santé qui leur permet de surveiller les données de monitorage du patient et de recevoir des alertes quand les paramètres commencent à devenir instables. Conforme au RGPD, la plateforme est hébergée par un prestataire HDS. MultiSense est protégé par plus de vingt brevets et a fait l’objet de six études cliniques. La start-up a été lauréate du prix i-Lab en 2020, du Grand Prix de l’Académie des Technologies en 2022 et du prix i-Nov en 2023. RDS travaille sur une seconde version de son patch afin d’intégrer de nouveaux paramètres physiologiques. “Dans le cadre de nos travaux de R&D, nous travaillons en particulier sur la pression artérielle, la température corporelle (la première version de la solution a été validée pour la température cutanée), et la détection des épisodes de fibrillation auriculaire. D’autres projets sont par ailleurs en cours pour intégrer des scores prédictifs d’évaluation des risques, et améliorer encore davantage le profil environnemental de la solution”, décrit le CEO de RDS. Optimiser les durées de séjour des patients en chirurgie La solution est proposée à la location aux hôpitaux sous la forme d’un modèle combinant abonnement et paiement à l’usage, elle leur coûterait quelques centaines d’euros par patient. Un montant rentabilisé dès la première journée d’hospitalisation “économisée” selon le CEO de RDS. “Nos modélisations montrent qu’en déployant notre solution dans un service de chirurgie, nous pouvons augmenter sa capacité de 5 à 10%. Nous travaillons avec des services de chirurgie très réputés où il y a des listes d’attente, ils ont donc tout de suite la capacité à accueillir des patients supplémentaires et à augmenter le périmètre constant de l’activité chirurgicale”, explique Elie Lobel. La solution de RDS est adaptée aux chirurgies où les enjeux de surveillance des paramètres paramètres cardiaques et respiratoires sont particulièrement importants (chirurgie cardiaque, digestive, thoracique). “En France cela représente près d’un million de patients par an mais tous les patients ne peuvent pas bénéficier d’une sortie anticipée. Les chirurgiens avec lesquels nous travaillons estiment que le potentiel du marché français pour notre solution est aux alentours de 500 000 à 600 000 patients. En Europe ou aux États-Unis, cela pourrait concerner près de 4 à 5 millions de patients”, estime Elie Lobel. La start-up met également en avant le bénéfice environnemental de sa solution. “Réduire les durées d’hospitalisation, c’est réduire l’impact environnemental du séjour du patient à l’hôpital. Or, chaque journée à l’hôpital implique une consommation énergétique et une production de déchets importantes”, affirme le CEO de RDS. La start-up a également intégré cet impact environnemental dans la conception de sa solution. Cette dernière est renvoyée par le patient et reconditionnée avant d’être réutilisée. Ce processus de reconditionnement a été validée dans le cadre du marquage CE. Des perspectives de développement des deux côtés du Rhin “L’objectif en 2024 est d’équiper un millier de patients avec la solution sur dix ou douze premiers projets. Nous voulons que 2024 soit l’année des premiers déploiements opérationnels. Nous ne cherchons pas à mener trop de projets de front dès 2024 car nous souhaitons roder la solution en situation réelle avant de monter en puissance”, indique Elie Lobel. La solution va être déployée dans le cadre de différents projets d’innovation, notamment celui du CHU d’Amiens-Picardie sur la chirurgie digestive labellisé recherche hospitalo-universitaire (RHU). MultiSense a également été retenue par le projet de tiers-lieu d’expérimentation Onco-Atlantique, porté par les Centres de Lutte contre le Cancer de Angers, Nantes et Bordeaux (ICO et Institut Bergonié) et le Centre Hospitalier de Mont de Marsan (GHT des Landes). La solution permettra d’optimiser la prise en charge des patients de chirurgie oncologique. “Nous travaillons également avec l’Hôpital Universitaire de Bruxelles ainsi qu’avec Santélys, un prestataire de soins à domicile, sur un projet de retour à domicile des patients. Nous avons également signé un contrat avec un hôpital de la région Rhône-Alpes. Nous discutons actuellement de manière soutenue avec une trentaine d’hôpitaux”, détaille le CEO de RDS. RDS cible en priorité la France et l’Allemagne pour déployer sa solution. “Sur les dix à douze projets que nous envisageons en 2024, j’imagine mener huit à neuf projets en France et deux à trois en Allemagne. Certains centres hospitaliers allemands sont très intéressés par la solution. En novembre, nous avons intégré à l’équipe une business developper germanophone pour se concentrer sur ce marché significatif. L’enjeu de la réduction des durées d’hospitalisation est majeur en Allemagne car traditionnellement elles sont relativement longues”, précise Elie Lobel. La start-up, qui compte des membres allemands au sein de son comité scientifique, entend bien tirer parti de sa proximité géographique pour renforcer ses liens avec le marché allemand. Le financement Les ambitions de RDS ne se limitent pas au marché européen. La start-up souhaite se lancer aux États-Unis et brigue l’autorisation de la Food and Drug Administration dès 2025. Pour réaliser ces objectifs, la start-up prépare une série A qu’elle espère boucler avant l’été 2024. “Capital Grand Est et MACSF, qui sont entrés au capital de RDS lors de la levée d’amorçage, se sont déjà engagés à investir au moins un million d’euros chacun. Nous recherchons deux ou trois investisseurs susceptibles de les rejoindre afin de mener une opération de 6 à 7 millions d’euros”, déclare Elie Lobel. Depuis sa création en 2020, le montant total des fonds levés par la start-up s’élève à 14 millions d’euros. Cette série A a également pour objectif de renforcer les équipes commerciales et marketing de la start-up ainsi que celles gérant les opérations industrielles. “RDS compte aujourd’hui une vingtaine de personnes, le gros de l’équipe étant à Strasbourg, même si nous avons également quelques consultants aux États-Unis. Plus nous aurons de clients, plus nous devrons produire des patchs et les recycler, nous devons monter en puissance en termes industriel”, souligne le CEO de RDS. Compte tenu de son business plan actuel, la start-up prévoit une rentabilité à horizon 2027. Les chiffres clés de RDS Fondée en 2020 14 M€ levés 14 salariés au 1er mars 2024, l’équipe s’appuie aussi sur une dizaine de consultants externes Plus de 20 brevets déposés 6 paramètres physiologiques suivis Un objectif de 1000 patients suivis en 2024 Engagée dans 3 projets de recherche européens (eCAP, DARE, 5G-OR) Coralie Baumard chirurgieHôpitalstart-upTélésurveillance Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind