Accueil > Industrie > Stratégie > Previa Medical, prévenir les urgences à l’hôpital avec l’IA Previa Medical, prévenir les urgences à l’hôpital avec l’IA La start-up Previa Medical est spécialisée dans le développement d’outils de médecine prédictive. Sélectionnée pour figurer dans l’Espace Innovation du Fonds FHF au salon SantExpo 2024, elle réalise en ce moment une étude prospective pour tester la robustesse de sa solution sur la septicémie, une affection répandue en milieu hospitalier. Par Clarisse Treilles. Publié le 21 mai 2024 à 22h17 - Mis à jour le 21 mai 2024 à 15h36 Ressources La genèse Quentin François, cofondateur et CEO de Previa Medical Previa Medical transforme des données existantes en informations utiles pour les hôpitaux. La start-up lyonnaise conçoit des solutions basées sur l’IA pour détecter et prévenir les urgences, anticiper les soins, fluidifier l’organisation des soignants et la rotation des lits. Quentin François (CEO) et Barthélémy Arribe (CTO) sont à l’origine de ce projet innovant. Ingénieur de formation, Quentin François s’est forgé une expérience dans les systèmes d’information hospitaliers. “J’ai travaillé pendant plus de quinze ans à l’implémentation de dossiers patients informatisés dans différents pays (Royaume-Uni, Etats-Unis, Inde, Espagne et France). Mon rôle était de transformer le dossier papier en dossier numérisé.” Constatant que les données hospitalières étaient très peu exploitées, Quentin François a travaillé en Suisse à un projet prototype de détection précoce de la septicémie. De cette découverte est né le concept de Previa Medical : “La meilleure façon pour nous de valoriser ces données était de faire de la prévention. Notre mantra est le suivant : prévoir et prévenir les urgences vitales en milieu hospitalier.” La technologie Previa Medical récupère toutes les informations présentes dans les dossiers patients informatisés (antécédents, résultats de laboratoires, médicaments, etc.), puis les traite pour générer des biomarqueurs numériques qui détectent des risques d’urgence vitale pour les patients. Septicémie : les premiers déploiements La septicémie est la première aire thérapeutique ciblée. Cette affection est responsable d’un décès sur cinq dans le monde d’après l’Organisation mondiale de la santé et de près de 50 000 décès par an en France, selon Quentin François. En plus de sa gravité sanitaire, cette affection représente des coûts hospitaliers “astronomiques”. La marge de manœuvre est donc grande : “Cette complication, pour laquelle il existe un traitement, constitue un bon terrain pour tester notre outil de prévention. Plus les septis [terme anglo-saxon et international pour septicémie, ndlr] sont détectés tôt, plus les chances de survie des patients augmentent.” La solution SEPSI-SCORE est certifiée Dispositif Médical classe I depuis 2021, mais la start-up s’est engagée à réviser cette certification d’ici la fin de l’année, pour classer ce DM en IIa sous le nouveau règlement. Avec ces modifications, la start-up souhaite certifier la plateforme de prévention dans son entièreté, pour y inclure d’autres aires thérapeutiques à l’avenir. Les études en cours Previa Medical a mis au point ce biomarqueur numérique il y a trois ans avec le CH de Valenciennes. Une étude rétrospective est en peer review (évaluation par les pairs) et devrait paraître en fin d’année. Elle vise à démontrer la performance prédictive du score à 85% jusqu’à 48 heures avant les premiers symptômes, en testant la solution sur 45 000 dossiers supervisés par un infectiologue. Ce biomarqueur numérique analyse les signes vitaux non invasifs, tels que les résultats de laboratoire et les antécédents des patients. Les lits sont monitorés : chaque fois qu’un score dépasse un certain seuil de risque, une alerte est générée et envoyée au personnel. Les scores sont actualisés toutes les heures, précise Quentin François. Une étude prospective sera aussi bientôt lancée. “Cette grande étude prospective est réalisée avec des établissements hospitaliers, notamment le CH de Valenciennes, le CHU d’Orléans, le CHU d’Angers et les HCL (Lyon). Nous espérons inclure les premiers patients en septembre. Son objectif sera de démontrer que l’utilisation du score en vie réelle permet de réduire le taux de mortalité de 20%, ainsi que la durée du séjour” indique Quentin François. La victoire de Previa Medical au grand défi IA en santé organisé par Bpifrance en 2022 permettra de financer cette étude à hauteur de 60% (sur un montant total initial de 600 000 euros). Insuffisances rénales aiguës : le prochain défi Le prochain projet de Previal Medical est de détecter précocement les insuffisances rénales aiguës. “Ce score permettra de réduire le taux de dialysés en sortie d’établissement hospitalier. Il utilise 95% des paramètres d’entrée déjà utilisés pour détecter le sepsis. Cependant, la temporalité change : on passe d’une alerte toutes les heures pour monitorer la septicémie à une alerte une fois par jour pour prévenir les insuffisances rénales aiguës” détaille Quentin François. Un projet autour de cette aire thérapeutique devrait voir le jour en 2025. La méthode sera similaire : une étude rétrospective suivie d’une étude prospective pour démontrer les bénéfices médico-économiques. Lorsque ces projets seront sur de bons rails, l’équipe de Previa Medical souhaite se pencher sur deux autres scénarios d’urgences : la détresse respiratoire et l’arrêt cardiaque. Une voie semée d’embûches Pour mettre en œuvre sa stratégie, Quentin François a identifié les deux principaux obstacles techniques et organisationnels. Pour que les données puissent naviguer, il faut d’abord créer des entrepôts de données de santé en temps réel. “La mise en place d’EDS en temps réel est une condition presque obligatoire pour pouvoir implémenter notre solution. Un EDS, s’il n’est pas capable de collecter et de traiter les données en temps réel, n’est pas en mesure d’activer les biomarqueurs numériques qui sont créés. Or, un modèle d’IA doit pouvoir être activable à la demande, afin qu’il puisse être utilisé”. Il s’agit pour Quentin François d‘une “difficulté passagère” plutôt que le signal d’une incapacité irréversible des établissements à déployer leurs ressources. Il cite des entreprises qui font déjà le pont avec les SIH, à l’instar de Lifen, Enovacom ou encore Arkhn. Outre les problématiques techniques, “la deuxième difficulté qui se dresse sur notre chemin est organisationnelle : on constate une certaine inertie dans les services. L’outil que nous développons chez Previa Medical permet de générer des alertes, un type d’information qui n’existait pas avant. Or, le processus de gestion de cette alerte n’est pas prédéfini dans les établissements, il va falloir le créer. Nous réfléchissons à la question, ce sujet fait partie de notre étude prospective” déclare le CEO. Le marché La start-up lyonnaise veut discuter l’an prochain avec des établissements américains et déployer ses solutions en Suisse et en Allemagne d’ici deux ans. “Nous sommes pour le moment dans une phase de création, de démonstration et d’investissement. Nous avons eu la chance d’avoir reçu de l’aide de l’Etat et d’être suivis par un fonds d’investissement en Seed. Aujourd’hui, nous aimerions trouver des distributeurs pour avancer sur la partie commerciale dès 2025” note Quentin François. La concurrence pour l’heure se fait rare. En Europe, la start-up suédoise AlgoDx propose une solution de détection précoce de la septicémie. Elle a commencé à intégrer sa solution à un système de documentation et d’aide à la prise de décision clinique de Philips à Stockholm. Sur le même créneau, aux États-Unis, la start-up Prenosis a obtenu en avril l’autorisation FDA De Novo pour son outil d’évaluation du risque de septicémie, basé sur l’intelligence artificielle. La société a signé dans la foulée un accord de collaboration avec Roche Diagnostics. Ce qu’il faut retenir : Date de création : 2020Fondateurs : Quentin François et Barthélémy ArribeLevée de fonds : Previa Medical a levé 2,1 M€ en février 2023 lors de son premier tour de table d’amorçage. Ce financement est notamment porté par Kreaxi, M2care, Veymont Participations, CCI Capital Croissance et Bpifrance, sous forme de fonds propres et prêts. Effectifs : Une dizaine d’employésAires thérapeutiques : Septicémie, insuffisances rénales aiguës, détresse respiratoire et arrêt cardiaque. Clarisse Treilles Dispositif médicalDonnées de santéHôpitalIntelligence Artificiellestart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind