Accueil > Parcours de soins > Des nouvelles de l’ASCO Des nouvelles de l’ASCO Du 31 mai au 4 juin dernier se tenait à Chicago l’Assemblée générale de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology ). L’occasion de faire le point sur les dernières avancées de la recherche contre le cancer, qui fait la part belle à l’IA pour mieux personnaliser les soins, se penche vers les déterminants socio-économiques permettant une bonne adhésion aux traitements et tourne les yeux vers de nouvelles pistes thérapeutiques, les ADC notamment. Par Romain Bonfillon. Publié le 12 juin 2024 à 11h17 - Mis à jour le 12 juin 2024 à 11h17 Ressources Du rôle croissant de l’IA L’IA au service d’une prise en charge mieux adaptée des cancers du sein triple négatif Le traitement standard des cancers du sein triple négatif a évolué ces trois dernières années. La majorité des patientes recevaient il y a peu de temps encore une chimiothérapie avant la chirurgie. Désormais, les patientes se voient le plus souvent administrer une combinaison de chimiothérapie et d’immunothérapie néoadjuvante (destinée à augmenter ou stimuler les effets positifs de la chimio) qui se révèle dans plus de 70% des cas particulièrement efficace (réponse histologique complète qui correspond à la disparition de la maladie dans le sein et/ou les ganglions). Cependant, l’association chimio-immunothérapie peut, chez certaines patientes, générer de fortes toxicités. Prédire la réponse à ce traitement néoadjuvant avant de l’initier peut permettre d’épargner ce traitement aux patientes pour lesquelles il n’est pas adapté. L’intelligence artificielle (IA) peut y aider. Le Dr Toulsie Ramtohul, radiologue à l’Institut Curie, a conçu, grâce à l’IA, un modèle prédictif basé sur les IRM de près de 200 patientes. L’hétérogénéité des tumeurs étant corrélée à la résistance au traitement. Une analyse avec IA des données IRM peut donc permettre de prédire de façon très précoce la réponse au traitement néoadjuvant (cf. le lien vers l’étude). L’IA à la base de la biopsie virtuelle pour prédire qui est éligible à l’immunothérapie La précédente étude menée par l’Institut Curie met en jeu la puissance prédictive des algorithmes d’IA et fait écho à une autre étude, de l’Institut Gustave Roussy cette fois-ci, dédiée à ce que l’on appelle la “biopsie virtuelle”. L’IA peut permettre de faire une cartographie de la réponse à l’immunothérapie des lésions tumorales. Aujourd’hui, il n’existe pas de marqueur fiable permettant de prédire quel patient répondra favorablement à ce traitement. Dans ce contexte, des médecins-chercheurs de Gustave Roussy, emmenés par le Dr Roger Sun, oncologue radiothérapeute, viennent de montrer chez des patients atteints de cancer du poumon métastatique, que la signature radiomique CD8, identifiée par imagerie couplée à l’intelligence artificielle, serait un facteur prédictif de la sensibilité de la tumeur à l’immunothérapie. Cette “biopsie virtuelle” pourrait ainsi permettre de mieux sélectionner les patients éligibles à ce traitement (cf le lien vers l’étude). L’influence des déterminants sociaux-économiques Une étude, présentée par le docteur Antonio Di Meglio, oncologue médical à Gustave Roussy, aura particulièrement marqué la communauté scientifique. Elle établit un lien statistique entre cancer du sein et symptômes dépressifs, ces derniers étant liés à un risque de mortalité accru. Les chercheurs ont donc voulu identifier les déterminants de la dépression au cours d’un cancer du sein. Parmi ces facteurs de risque, l’âge et un indice de masse corporelle élevé (surpoids ou obésité) sont de nature à favoriser les troubles dépressifs, de même que le niveau socio-économique. Ces facteurs socio-économiques sont également déterminants dans l’adhésion à un dispositif de télésurveillance. C’est ce qu’a montré une étude, la première du genre, présentée par la Dr Maria Alice Franzoi, oncologue à Gustave Roussy. Ces travaux ont été menés dans 42 hôpitaux français et belges, sur près de 2 000 patients atteints de cancer. “L’analyse des données montre l’impact négatif des déterminants sociaux de santé sur l’adhésion à la télésurveillance. Les patients ayant fait part de difficultés concernant la compréhension de leur plan de traitement présentent un taux d’adhésion à la télésurveillance réduit de 10 %, et de 5 % quand ils font état d’une faible culture numérique”, détaille la Dr Maria Alice Franzoi. Ainsi, les patients pour qui la télésurveillance présenterait les bénéfices les plus importants sont ceux chez qui l’on observe l’adhésion la plus faible à ce dispositif. “Le dépistage en amont des déterminants de santé négatifs chez les patients atteints de cancer permettrait de leur proposer des parcours adaptés, et ainsi renforcer leur adhésion à ces technologies de suivi”, conclut la Dr Maria Alice Franzoi Les molécules les plus prometteuses L’importance de l’immunothérapie continue à se démontrer, notamment avec une étude sur le durvalumab (nom commercial Imfinzi, des laboratoires AstraZeneca) dans les formes localement avancées de CBPC (cancer bronchique à petites cellules). L’étude de phase III ADRIATIC a pu montrer que l’ajout de cette immunothérapie après les traitements habituels (chimiothérapie et radiothérapie) améliore la survie globale de 10% trois ans après le diagnostic. Pour le coordonnateur de l’essai, le Dr David R. Spigel, directeur scientifique de l’Institut Sarah Cannon (à Nashville aux Etats-Unis) “les résultats d’ADRIATIC représentent une percée dans le CBPC et le durvalumab devrait devenir un nouveau standard de traitement”. Dans le cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) métastatique, une autre étude, accueillie en session plénière par une standing ovation, aura marqué l’édition 2024 du congrès de l’ASCO. Les résultats de l’essai de phase III LAURA sur l’osimertinib (nom commercial Tagrisso, des laboratoires AstraZeneca) ont montré une amélioration de 84% de la durée de vie des patients sans progression de la maladie (39,1 mois versus 5,6 mois pour le placebo). Cet inhibiteur de tyrosine kinase cible en particulier les tumeurs présentant un type particulier de mutation du récepteur EGF, qui concerne environ 10 % à 25 % des patients aux États-Unis et en Europe, 30 % à 40 % en Asie. Les résultats complets de cet essai clinique ont été publiés dans le New England Journal of Medicine. Notons également les résultats très positifs d’une étude présentée par la biotech française Nanobiotix, sur le cancer de la tête et du cou. Cette étude de phase I a montré l’efficacité et le rôle amplificateur du NBTXR3 pour améliorer le taux de réponse et surmonter la résistance aux anticorps anti PD-1 avec un taux de 48 % de réponse globale chez les patients naïfs (26,2 mois de médiane de survie globale). L’ambition de Nanobiotix est d’apporter une solution thérapeutique, dans tous les cancers aujourd’hui traités avec la radiothérapie, soit près de 60% des tumeurs solides avec ou non un recours à de l’immunothérapie. L’émergence d’une nouvelle arme : les ADC Combiner l’efficacité de la chimiothérapie à un anticorps dirigé spécifiquement contre une cible, qui peut se trouver exprimée à la surface des cellules tumorales : c’est l’intérêt des “conjugués anticorps-médicaments” (antibody drug conjugate ou ADC) qui ont l’avantage de ne pas altérer les cellules saines de l’organisme. Ces ADC, que certains chercheurs qualifient de “missiles biologiques”, sont par exemple au cœur de l’essai ICARUS-Lung01 mené à l’Institut Gustave Roussy sur des patients atteints de CBNPC. Dans cet essai, une centaine de patients atteints de cancers métastasés en situation d’impasse thérapeutique après trois lignes de traitement (chimiothérapie et/ou immunothérapie ou thérapie ciblée) ont reçu une perfusion d’un anticorps conjugué médicament anti-trop2. Un taux de réponse prometteur de l’ordre de 26 % a été mis en évidence, permettant aux patients d’atteindre une survie de plusieurs mois. R&D en oncologie : moins de nouveaux essais, mais des traitements plus ciblés Romain Bonfillon cancerEssais cliniquesimmunologieIntelligence ArtificielleMédicamentoncologieRechercheusa Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind