Accueil > Parcours de soins > Florian Scotté (Gustave Roussy) : Sur le numérique, “un projet phare concerne l’évaluation des vulnérabilités et fragilités du patient” Florian Scotté (Gustave Roussy) : Sur le numérique, “un projet phare concerne l’évaluation des vulnérabilités et fragilités du patient” Créé en mars 2020, le département interdisciplinaire d'organisation des parcours patients (DIOPP) du centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy est dirigé par le docteur Florian Scotté. Il a pour objectifs d’harmoniser et fluidifier le parcours de soins. Le dirigeant détaille pour mind Health les projets en cours notamment autour du numérique. Par Aurélie Dureuil. Publié le 07 septembre 2020 à 14h20 - Mis à jour le 22 février 2021 à 16h14 Ressources Le département interdisciplinaire d’organisation des parcours patients (DIOPP) a été créé en mars 2020. Quelles en sont les activités ? Ce département vise à organiser les parcours qu’ils soient médicaux, chirurgicaux, pendant la maladie de l’avant à l’après-traitement. Il compte plus de 300 personnes. Il s’agit du groupement de trois départements : les soins aigus, les soins ambulatoires et les soins de support. Le premier concerne la réanimation et les soins continus. Le second, les soins ambulatoires, couvre l’accueil et tout le plateau de consultation avec les sites de Chevilly Larue et de Villejuif ainsi que la coordination des soins externes. Enfin, pour les soins de support, cela regroupe l’équipe mobile de nutrition, les lits d’hospitalisation de nutrition et de soins de support, les lits de soins de suite, l’équipe de soins palliatifs, l’équipe d’évaluation et traitement de la douleur, la psycho-oncologie et les activités transversales comme la diététique, la kinésithérapie, le travail social pour l’accompagnement des patients… Des activités complémentaires telles que la sophrologie ou l’activité physique adaptée sont également intégrées à ce département et bientôt regroupées au sein d’un centre dédié aux soins de support et au “mieux vivre” des patients. Quels sont les missions ? Quand un patient présente une maladie cancéreuse, il va suivre un parcours complexe nécessitant une vision globale de sa situation. L’évaluation puis la décision du traitement marque le début de la prise en charge de sa maladie. Il va éventuellement se faire opérer, ce qui va nécessiter son hospitalisation. Le patient peut aussi bénéficier d’une molécule en essai précoce. Il peut également être suivi au domicile… Ce département a un sens pour une vision de la globalité de la prise en charge. L’idée est que le DIOPP ne soit pas uniquement un département ressource mais qu’il soit un véritable département avec une action conjointe aux départements thérapeutiques du cancer. Dans la prise en charge de maladies cancéreuses, il y a la quantité de vie et à part égale la qualité de vie. Notre mission est de proposer l’accompagnement le mieux adapté pour que ces deux paramètres soient pris en compte. Quels sont vos axes de travail ? Nous travaillons sur la coordination de ces différents services en liens avec les autres départements et les comités par type de pathologie du cancer. Il faut faire en sorte d’avoir un langage commun pour une prise en charge globale du patient et de ses proches et fluidifier ce parcours pour anticiper et éviter les incidents et accidents. Nous avons aussi un axe de recherche pour lequel il faut pouvoir évaluer tout ce qui est fait. Dans les soins de support, nous travaillons sur le développement d’un “wellness center” qui devrait être mis en place en 2021. Il s’agira d’un centre de médecine intégrative afin de permettre aux patients d’accéder sans reste à charge à une évaluation nutritionnelle et psychologique mais également à de l’acupuncture, du yoga, des ateliers culinaires, des accompagnements socio-esthétiques… Ce travail sera évalué pour mieux comprendre l’impact de ces accompagnements et obtenir des niveaux de preuves afin d’envisager de créer des parcours individualisés pour le patient suivant ses besoins. Comment utilisez-vous le numérique dans ces missions ? Le numérique intervient à plusieurs niveaux. Un projet phare concerne l’évaluation des vulnérabilités et fragilités du patient dès l’entrée dans la maladie. La méthode de suivi par auto-questionnaire, surveillé par des infirmières de coordination, permettra d’évaluer et d’orienter le patient au plus près de sa situation en cas de complication. Dès l’entrée dans la maladie et au moment du démarrage du traitement, une évaluation globale initiale des risques est réalisée. On peut alors intégrer un programme de suivi à domicile avec une plateforme de type Capri (télésuivi des patients sous thérapie orale, ndlr) qui permet au patient de renseigner sa tolérance au traitement de sa maladie avec un suivi humain permettant le partage d’information. En fonction d’alertes, le patient est orienté par un infirmier de coordination vers le praticien de veille, le praticien hospitalier, les urgences et éventuellement vers une hospitalisation. L’idée est d’être le plus exhaustif possible sur l’intégration des patients sur la plateforme de suivi. Favoriser son auto-évaluation lui permet de retrouver ce sentiment d’être acteur de sa vie, de le responsabiliser tout en assurant sa sécurité par un suivi professionnel. La plateforme de suivi a démontré son efficacité avec les premiers résultats de l’étude Capri dans le cadre de traitements oraux. Grâce à l’intelligence artificielle et le machine learning nous allons développer l’automatisation d’un certain nombre d’actions, afin d’autonomiser le patient dans le cadre de sa maladie. Le projet Capri pourra être en lien avec l’hôpital de jour d’administration des traitements anticancéreux. Nous voulons proposer le même programme et la même évaluation pour les patients sous immunothérapie, traitement injectable, radiothérapie… Nous travaillons également avec le département de pharmacie afin d’identifier un certain nombre d’interactions. Un travail conjoint avec l’équipe onco-pharmacologie permettra également de définir des fenêtres thérapeutiques pour obtenir la personnalisation des traitements à la juste dose tolérée et efficace. Des programmes de recherche sont en cours afin de comprendre pour mieux soigner. Vous avez noué un partenariat avec Owkin. Quelles est votre stratégie de collaboration avec les start-up ? Avec Owkin, nous avons socle commun. Nous avons beaucoup de demandes de start-up et cela nécessite une homogénéité des actions. Nous pouvons travailler avec un grand nombre de start-up mais si les projets sont isolés, s’il n’y a pas d’interface, d’interopérabilité, on sera très content du projet mais sans pouvoir l’implémenter. Il faut une vision globale et homogène de ce qu’on veut faire pour avoir une même plateforme d’accueil des patients, de suivi… Nous travaillons en lien avec les équipes informatique, de recherche, de la direction générale pour trouver les bons compromis. Comment travaillez-vous sur l’intelligence artificielle ? L’intelligence artificielle va être développée sur l’UPP (unité de prévention personnalisée des cancers, ndlr). Et nous regardons aussi l’après cancer, toute la phase de gestion de retour à la vie, la prévention. Nous allons aussi travailler sur l’incubation de projets avec des écoles pour essayer des solutions. On a vu depuis mars 2020 le déploiement important de la télémédecine. Qu’en est-il à Gustave Roussy ? La période liée à la COVID-19 a été un bon incubateur. Il y avait déjà des téléconsultations et grâce aux équipe de Mikael Azoulay (directeur de la transformation numérique et des SI de Gustave Roussy, ndlr), un développement large du parc informatique a permis de déployer la téléconsultation et maintenir un suivi des patients. On a en effet dû réduire la présence physique à Gustave Roussy tout en assurant le suivi des consultations et des traitements. Au sein du DIOPP, la plateforme de suivi à distance a permis de développer la visio, le partage de prescription, les bilans complémentaires… Nous avons développé le système Capri-Covid afin d’assurer un télésuivi de nos patients atteints de la COVID-19. Pendant la période initiale de la pandémie, il était possible d’avoir un forfait de télésuivi par les infirmiers, ce qui nous a permis de valoriser cette activité. Il faudra réfléchir à avoir des téléconsultations faites par des médecins mais également développer le télésuivi. Il faut démontrer l’impact et l’intérêt sur la prise en charge des patients pour le financement de ces solutions. La recherche médico-économique fait partie des pans qui vont être explorés. Florian Scotté Mars 2020 : Chef du département interdisciplinaire d’organisation des parcours patients (DIOPP) de Gustave Roussy Septembre 2017 : Chef de service Soins de support au département Oncologie médicale et soins de support de l’Hôpital Foch de Suresnes Aurélie Dureuil Application mobileHôpitalIntelligence ArtificielleoncologieParcours de soins Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Thomas Clozel (Owkin) : “Nous voulons devenir la plateforme de drug development et de commercialisation de référence" Télésuivi : Gustave Roussy devrait généraliser le dispositif Capri aux patients sous thérapie orale Owkin et l'Institut Bergonié entament une série de projets d'IA sur le sarcome et l'immuno-oncologie Le numérique parmi les attributions du nouveau département interdisciplinaire dédié au parcours patient de Gustave Roussy Signature d’un partenariat stratégique entre Owkin et Gustave-Roussy