Accueil > Parcours de soins > Sobriété médicamenteuse, un besoin partagé Sobriété médicamenteuse, un besoin partagé Près de la moitié des plus de 65 ans sont polymédiqués et prennent au moins cinq molécules par jour, selon les chiffres de la Cnam. Pour atténuer la survenue de complications, la sobriété médicamenteuse, la prévention et l’innovation sont des pistes explorées par les professionnels de santé, venus débattre le 11 juin dernier au Forum de l’Association Bon Usage du Médicament (ABUM). Par Clarisse Treilles. Publié le 13 juin 2024 à 17h00 - Mis à jour le 19 juin 2024 à 14h49 Ressources Pour réduire les risques iatrogènes, la déprescription figure parmi les concepts les plus débattus lors de ce forum de l’ABUM. Inspiré du modèle canadien, comme le rappelle Sophie Sophie Kelley Causeret, responsable du département des produits de santé de la Cnam, la déprescription est encouragée au travers des récentes conventions médicales avec les médecins et pharmaciens, visant notamment les bilans partagés de médication pour les patients polymédiqués. Ils consistent à “répertorier l’ensemble des traitements pris par le patient”, explique Sophie Kelley Causeret. Une fois ces bilans réalisés, des préconisations sont envoyées au médecin traitant. “L’objectif est de diminuer d’au moins de 4 lignes les ordonnances pour les patients polymédiqués”, précise-t-elle. Les pharmaciens pourront recevoir 400 euros pour la tenue d’au moins un bilan dans l’année. “Ce forfait d’amorçage va permettre aux pharmacies d’installer le processus” a déclaré Philippe Besset, de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). “Nous [les pharmaciens] avons pris pour habitude de lire la pathologie du patient au travers de la prescription. Le médecin, quant à lui, a toutes les informations.” Balance bénéfice-risque La déprescription est “une priorité de santé publique”, qui concerne des patients parfois même “hyper polymédiqués”, insiste Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de France Assos Santé. Il encourage les institutions à se doter “d’indicateurs de qualité” pour mesurer la balance “bénéfices/risques” des médicaments prescrits. La sobriété médicamenteuse est aussi prônée par l’industrie du médicament, représentée par le Leem, qui en a fait un sujet central de son plan de communication. Thomas Borel, directeur des affaires scientifiques & RSE du Leem, souligne, au-delà du diagnostic et de la prescription, “la complexité d’assurer le suivi de la prise en charge par les professionnels de santé”. Quelle place pour l’innovation ? Fariba Kabirian, directrice médicale France de Clariane, estime que l’innovation a un rôle à jouer dans cette prise en charge sur le long terme : “Quand on peut utiliser l’innovation pour diminuer l’anxiété, des troubles du comportement et que les médicaments prescrits n’ont pas apporté de bénéfices escomptés, c’est important qu’on soit capable d’introduire une autre notion et d’introduire des thérapies non médicamenteuses.” La conciliation médicamenteuse est un sujet prisé du monde des start-up, qui usent de l’IA pour aider à une meilleure prescription et la personnalisation des traitements, à l’instar de Posos, Synapse Medicine et ExactCure, récemment acquise par Quantum Genomics. Ainsi, ExactCure développe par exemple un jumeau numérique du patient, qui biomodélise l’effet des médicaments dans le corps en fonction des caractéristiques personnelles d’un individu. Iatrogénie et conciliation médicamenteuse, une course de fond pour l’innovation Un parcours plus intégré Paul Frappé, président du Collège de la Médecine Générale, constate que, sur le terrain, la réflexion du médecin “dépasse la simple analyse des interactions. Quand on regarde un logiciel d’aide à la prescription, il y a des alertes et des pop-up dès la deuxième ligne.” Estimant que les recommandations scientifiques fonctionnent “en silo”, il préfère une “information intégrée” faisant apparaître des recommandations sur différentes pathologies. Ce parcours inclut aussi les infirmiers, rappelle John Pinte, président du syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (SNIIL), témoins des “stocks dans les placards à pharmacie des patients”. “Ils sont parfois mieux équipés que les pharmacies” ironise-t-il, regrettant que “certaines compétences dans la profession infirmière ne soient pas exploitées”. Clarisse Treilles GériatrieInnovationmédecinMédicamentPharmaciepharmacovigilancePrévention Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind