La course au cloud souverain est lancée

Alors que le gouvernement incite les acteurs publics, Health Data Hub en tête, à privilégier les solutions souveraines, plusieurs acteurs se positionnent déjà. Qui arrivera le premier sur le marché du cloud souverain ?

Signaux

Pourquoi c’est important ?

Encouragé par le gouvernement, le développement des entrepôts de données de santé hospitaliers se heurte à une difficulté : l’offre cloud est aujourd’hui essentiellement portée par des acteurs américains, ce qui soulève la question de la souveraineté. Les autorités ont toutefois prévu un agrément labellisant les “Hébergeurs de données de santé”. Les premiers agréments ont été décernés en 2009. Selon les chiffres actualisés au printemps dernier, 205 sociétés sont certifiées pour l’hébergement des données de santé.

La liste des sociétés certifiées pour l’hébergement des données de santé

Par ailleurs, le gouvernement défend l’idée d’un “cloud de confiance” qui, à défaut d’être souverain (= porté par des acteurs 100% français ou européens), offrirait plus de garanties aux utilisateurs français. C’est l’Anssi qui est chargé de délivrer le label “cloud de confiance”. Il nécessite de répondre aux exigences du visa de sécurité SecNumCloud, qui prévoit de nombreuses dispositions sur la protection aux lois extraterritoriales. Ainsi, le prestataire doit stocker et traiter les données du commanditaire au sein de l’Union européenne, il doit lister les risques résiduels liés à l’existence de lois extra-européennes ayant pour objectif la collecte de données ou métadonnées des commanditaires sans leur consentement préalable…

Mais les fournisseurs de solutions cloud américains n’ont pas dit leur dernier mot. Ainsi, Google Cloud a signé en septembre 2022 un partenariat de 5 ans avec le groupe pharmaceutique Servier.

Perspective 2023

L’année 2023 devrait être celle de l’éclosion de Numspot, la solution conjointe à Docaposte, Dassault Systèmes, Bouygues Telecom et la Banque des Territoires. Numspot devra auparavant obtenir la qualification “HDS” et le feu vert de l’Anssi pour prétendre au label “cloud de confiance” et ainsi damer le pion à ses deux principaux concurrents : les consortiums Bleu (Capgemini, Orange et Microsoft) et S3NS (Google et Thalès) qui ne devraient pas être opérationnels avant 2024.

Il sera également intéressant de suivre les actions de Docaposte, qui multiplie les initiatives en santé. En 2022, Docaposte a racheté la solution “easy-consent”, développée par Calimed Santé et la start-up Heva. Spécialisée dans l’analyse des données de santé issues de bases telles que le Système National des Données de Santé (SNDS), cette dernière permet à Docaposte de renforcer sa position dans l’analyse de données à des fins de recherche. Docaposte a également constitué un pôle “data et IA”. Ce nouveau pôle, pensé pour mutualiser des savoir-faire dans 4 domaines de l’IA (machine learning, le deep learning, le traitement du langage naturel et la computer vision). Il rassemblera plus de 400 experts (data analysts, data scientists, data engineers…) et sera coordonné par Guillaume Leboucher, fondateur et PDG d’Openvalue. Récemment, Docaposte s’est associé au programme d’accompagnement déployé par PariSanté Campus et a annoncé les arrivées de Dominique Pon, qui était auparavant responsable ministériel au numérique en santé, et Guillaume Poupard, l’ancien directeur général de l’Anssi.