Accueil > Adtechs & Martechs > Accusation de monopole publicitaire : ce que le gouvernement américain reproche à Google Accusation de monopole publicitaire : ce que le gouvernement américain reproche à Google Presque trois ans après avoir pointé sa domination dans le search, l’autorité fédérale aux Etats-Unis cible des pratiques d’acquisition, de manipulation des enchères et d’exclusion de la concurrence dans le marché de la publicité en ligne. Par Paul Roy. Publié le 25 janvier 2023 à 17h34 - Mis à jour le 25 janvier 2023 à 18h28 Ressources Le ministère de la justice (DOJ), ainsi que les procureurs généraux de six états ont déposé une plainte au tribunal fédéral de Virginie, mardi 24 janvier, afin de poursuivre Google pour monopole sur le marché de la publicité en ligne (lire le document de 149 pages) . Cette action en justice fait suite aux enquêtes menées par le DOJ et plusieurs procureurs d’Etat depuis plusieurs mois. C’est la deuxième plainte fédérale majeure contre Google après celle de 2020, lorsque le DOJ avait poursuivi le groupe pour monopole sur le marché du search – le procès étant prévu pour septembre 2023. Il s’agit aussi du litige concurrentiel le plus significatif pour l’industrie numérique depuis l’action contre Microsoft entamée par le DOJ dans les années 1990 au sujet de l’installation par défaut de son navigateur Internet Explorer dans les terminaux utilisant son système d’exploitation Windows. Manipulation des enchères et acquisitions en série “La plainte d’aujourd’hui allègue que Google a utilisé des comportements anticoncurrentiels d’exclusion et des comportements illégaux pour éliminer ou réduire considérablement toute menace à sa domination sur les technologies de la publicité numérique”, affirme le procureur général Merrick B. Garland. Concrètement, il est reproché à Google d’avoir acquis systématiquement des sociétés sur le marché de la publicité en ligne pour asseoir sa domination – en particulier dans le cas des rachats des sociétés adtechs DoubleClick en 2008 et Admob en 2009. Le DOJ avance que le groupe a forcé l’adoption de ses outils notamment en conditionnant l’accès à son adexchange à l’utilisation de son adserver. Une accusation persistante des deux côtés de l’Atlantique sur différentes affaires ces dernières années. Google accusé de truquer le marché publicitaire en ligne : de nouveaux éléments mettent en cause son système d’enchères programmatiques Le groupe est également accusé de distorsion et de manipulation sur le système d’enchères programmatiques, en ayant favorisé son adexchange et entravé la compétition dans ce domaine, au détriment des éditeurs et des annonceurs. La plainte du DOJ évoque sur ce point un dispositif – non révélé par les plaintes précédentes – baptisé “projet Poirot”, qui a consisté à diminuer la part d’investissements publicitaires transitant de sa DSP vers d’autres ad exchanges que le sien afin d’affaiblir ses concurrents et la pratique du header bidding. Fait notable, le DOJ indique avoir déposé une plainte en son nom car il estime que le gouvernement fédéral est aussi victime de ces pratiques. Les agences fédérales américaines ont en effet dépensé plus de 100 millions de dollars pour des publicités displays dans des campagnes qui ont nécessairement été touchées par ces manipulations ayant conduit mécaniquement à une hausse des prix. Selon le DOJ, l’ensemble de ces manœuvres auraient permis au groupe de s’accaparer en moyenne 30 % du montant des investissements publicitaires transitant dans ses outils. Une bataille judiciaire en vue Dans un communiqué publié rapidement après la publication de cette plainte, Google s’est défendu des accusations, arguant que le DOJ cherche à “choisir les gagnants et les perdants dans le secteur hautement concurrentiel de l’adtech”. Il reproche notamment à l’autorité de s’être basée sur le contenu de l’enquête du procureur général du Texas, dont une partie des conclusions avaient été rejetées par un juge fédéral. Publicité en ligne : pourquoi l’Autorité de la concurrence française inflige une amende de 220 millions d’euros à Google Le groupe fait ici référence aux soupçons d’accord anticoncurrentiel – baptisé Jedi Blue – avec Facebook et visant à éradiquer la concurrence générée par le header bidding, que le juge avait qualifié d’accord commercial classique. Sur ce point précis, aucune mention n’est faite dans la plainte du DOJ de tels accords avec d’autres acteurs de la publicité en ligne. Cette action signifie qu’un procès va s’ouvrir – la date n’étant pour le moment pas connue -, le processus pouvant être particulièrement long. Et même si un démantèlement de l’activité publicitaire du groupe – ce que le gouvernement souhaite – était envisagé, cela pourrait prendre plusieurs années avant qu’il soit effectif. Un impact potentiel pour Google et l’ensemble de l’industrie Ce type de décision aurait des implications très importantes pour l’industrie publicitaire, tant les outils de Google sont intégrés chez ses acteurs – son adserver est utilisé par 90 % des éditeurs américains, selon le DOJ. Pour le groupe, l’impact direct serait non négligeable, mais il ne concernerait qu’une partie de son chiffre d’affaires. Depuis quelques années, son activité d’outils publicitaires tiers – directement visée par la plainte – pèse de moins en moins par rapport aux investissements dans ses propres environnements (18,4 % de ses revenus publicitaires en 2017 contre 15,1 % en 2021). Il peut toutefois craindre que le DOJ ou d’autres autorités américaines et internationales s’intéressent également à ses activités propriétaires. Sur le plan global, plusieurs enquêtes sont en cours sur l’activité publicitaire de Google. Après avoir longtemps choisi de s'acquitter de lourdes sanctions, la posture du groupe semble aujourd’hui plutôt ouverte à la négociation avec les autorités. Cet été, il a déjà proposé au ministère de la justice américain de scinder certaines de ses activités publicitaires au sein du groupe Alphabet, et à la Commission européenne - avec qui des contentieux sont également en cours - d’ouvrir l’achat publicitaire sur Youtube à d’autres prestataires. En France, pour des accusations similaires à celles formulées par le DOJ, Google a réglé une amende de 220 millions d’euros à l’Autorité de la concurrence en juin 2021. Paul Roy ConcurrenceDuopoleEtats-UnisGAFAMGoogleRéglementation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Publicité display : la Commission européenne clôt son enquête sur "Jedi Blue" Privacy Sandbox : le W3C rejette Topics, la proposition de Google pour le ciblage post-cookies tiers Analyses Dossiers Comment les sociétés spécialisées dans les technologies de l’e-retail media se positionnent Dossiers Google Discover : un algorithme encore mal compris par les éditeurs français La domination de Meta et Google devrait reculer dans la publicité en ligne aux Etats-Unis en 2022 En Allemagne, l'Autorité de la concurrence encadre à son tour Google News Showcase Le marché mondial des jeux vidéo mobiles en baisse pour la première fois en 2022 Analyses Dossiers Privacy Sandbox : ce que nous apprennent les tests de Fledge et Topics Publicité en ligne : la plainte du Texas contre Google en large partie validée Au Royaume-Uni, la CMA ouvre une enquête sur Google pour abus de position dominante Analyses Dossiers Google accusé de truquer le marché publicitaire en ligne : de nouveaux éléments mettent en cause son système d'enchères programmatiques essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 Intégrer la transition écologique dans les performances des médias et de la publicité Les enjeux réglementaires de la publicité en ligne en 2023 2023 : la transformation du marché publicitaire analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction ENQUÊTE - La régie publicitaire du Monde a réduit ses effectifs de 8 % INFO MIND MEDIA - Le CESP va lancer sa certification Retail Data Trust Agence79 officialise la consolidation du budget média numérique de Carrefour Publicis et Omnicom, champions de la croissance au premier semestre 2024 INFO MIND MEDIA - Une levée de fonds d’environ 750 000 euros en vue pour le nouveau média The Big Whale Google reconnu coupable de monopole dans la recherche en ligne : ce qu'il faut retenir 24 lobbys enjoignent Bruxelles d’harmoniser le RGPD Outbrain acquiert Teads sur une valorisation d’1 milliard de dollars : les détails de l’opération Fin des cookies tiers : derrière l’annonce de Google, la méfiance du marché INFO MIND MEDIA - Marketing des abonnements : TBS Group rachète OwnPage data Les baromètres, panoramas et chiffres sur l'évolution du marché IA générative : quels éditeurs français bloquent les robots d’OpenAI et Google, lesquels ont adopté le protocole TDMRep ? 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