Les start-up françaises des médias, de la publicité et de la culture ont levé 820,3 millions d’euros en 2021

52 start-up françaises des médias, de la publicité et de la culture ont levé des fonds au cours de l’année écoulée, pour un montant total de 820,3 millions d’euros. Contre 518,7 millions levés par 65 start-up en 2020. C’est l’un des constats du baromètre réalisé par mind Media en partenariat avec eCAP PARTNER.

Avec 410 millions d’euros levés en mai auprès, notamment, de Softbank, Eurazeo ou encore Bpifrance, la licorne Contentsquare compte pour la moitié du total des fonds levés par les start-up françaises de ces secteurs en 2021. La plateforme d’optimisation de l’expérience utilisateur, fondée par Jonathan Cherki en 2008, est valorisée 2,3 milliards d’euros depuis sa levée record de mai 2021. Brut (média vidéo) et Singulart (vente d’œuvres d’art en ligne) complètent le podium, avec respectivement 63 et 60 millions d’euros levés.

Contentsquare masque l’accalmie sur le secteur du marketing et de la communication

Alors que sur 2021, le montant levé par l’ensemble des startups françaises est en hausse de 130 % à 9,6 milliards d’euros, les start-up du secteur du marketing et de la communication, n’ont mobilisé que 6 % des financements (contre 10 % en 2020). Mais surtout, les fonds levés par ces dernières (hors la levée de 410 millions d’euros de Contentsquare) sont en baisse de 28 % à 159,8 millions d’euros. Par ailleurs, le montant médian par tour dans le secteur est passé de 3,4 à 2,1 millions d’euros entre 2020 et 2021. “Globalement, c’est une année d’attente pour le secteur. Ce qui est en partie attribuable à la baisse des dépenses des annonceurs, mais aussi au contexte incertain sur les cookies tiers, de moins en moins favorable à l’adtech”, explique Alban Dohin, associate chez eCAP PARTNER. Cette année, la levée la plus notable sur le secteur adtech est celle d’ID5, la solution d’identification post-cookies tiers cofondée par Mathieu Roche. 

La tendance sur le marché français semble aller à l’encontre de celle observée au niveau mondial. La banque d’affaires Luma Partners, souvent dithyrambique quant à la santé du secteur, évoquait ainsi une hausse de 82 % des deals sur le secteur martech et adtech cette année. Pour Gil Doukhan, partenaire spécialisé adtech du fonds d’investissement Iris Capital, il n’y a pas d’opposition entre les deux tendances. “Il y a deux étages. D’une part les sociétés déjà matures qui se sont avérées efficaces sur leurs fondamentaux, et entrent en bourse (DoubleVerify, The Trade Desk, ndlr). Et d’autre part les jeunes pousses, qui commencent à disrupter le marché mais en sont encore au commencement en matière de financement”, détaille-t-il. Il anticipe d’ailleurs un retour des investissements en 2022, portés par les nouvelles tendances à l’oeuvre : rapprochement du marketing et des fintech, bond en avant de la numérisation du retail, et problématiques liées à la fin du tracking utilisateurs.

Quels ont été les investisseurs les plus actifs en 2021 ?

Hors business angels, 48 investisseurs différents ont participé au tour de table d’une start-up des médias, de la publicité et de la culture en 2021. Huit d’entre eux ont participé à plus d’une opération.

Bpifrance s’est montré particulièrement actif, participant à 13 opérations, dont celles de Contentsquare, Singulart et Zaion (relation client).

Sur le secteur marketing et communication, on note une augmentation de la présence de fonds étrangers sur le marché français, de 9 sur 42 à fonds en 2020 à 12 sur 19 fonds en 2021. Une tendance qui se retrouve sur l’ensemble des secteurs analysés par ECAP Partner, selon Alban Dohin. 

Pour Gil Doukhan, cela illustre également un phénomène de fonds sur le secteur adtech et martech : “Pendant longtemps, les fonds d’investissement anglo-saxons n’ont plus investi sur l’adtech. Le marché français et européen a continué d’avancer, et aujourd’hui, ces acteurs reviennent, notamment à cause la pénurie d’ingénieurs spécialisés, trustés par les GAFA aux Etats-Unis”. Le partenaire d’Iris Capital cite l’exemple de Scibids, société adtech française (financée par Iris Capital) qui a ouvert une dizaine de bureaux dans le monde et conserve sa recherche et développement en France, ou de Criteo dont le siège commercial est situé aux Etats-Unis.

Quelles acquisitions en 2021 ?

eCAP PARTNER a recensé 47 entreprises des médias, de la publicité et de la culture acquises en 2021, essentiellement par des acteurs numériques français. La start-up marseillaise Skeepers (ex-Net Reviews) a racheté quatre sociétés : MyFeelBack (collecte de retours d’expériences clients), Advalo (solution de marketing individualisée), Octoly et Hivency (marketing d’influence).

Le holding spécialisé dans la transformation numérique European Digital Group (140 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021, en croissance organique de 50 %), qui s’inspire de Media.Monks et You & Mr Jones, a acquis Follow (agence d’influence) en mai et Axome (agence e-commerce) en octobre. Adress Company (data marketing) s’est emparé en début d’année de deux sociétés spécialisées dans la gestion de bases de données B2B : Data Project et Combbase. 

L’année 2021 aura également été marquée par la concentration du marché des plateformes de marketing d’influence, avec le rachat d’Octoly et Hivency par Skeepers, et l’acquisition de Reech par ADLPerformance, et du marché du social media listening avec le rachat de Linkfluence par Melltwater.