Qui est Virtual Minds, nouvel arrivant sur le marché français de la TV programmatique ?

Dans un contexte difficile pour l’adtech, le développement de nouveaux acteurs sur le marché français n’est pas anodin. Début novembre, c’est l’entreprise allemande Virtual Minds qui a annoncé son implantation. Elle a sollicité Michel Juvillier, figure expérimentée du secteur adtech  (fondateur de Societies.media, ancien de Improve Digital, Libération), comme représentant (en contrat externe) de sa marque en France.

De l’adserving à l’activation et du display à la vidéo

La société, peu connue en France et dont l’actionnaire majoritaire est le groupe audiovisuel allemand ProSiebenSat.1 depuis 2015, a été créée il y a une vingtaine d’années et proposait originellement une brique technologique d’adserving pour les éditeurs. Virtual Minds a ensuite investi dans le fournisseur de SSP YieldLab, qu’il a ensuite complètement racheté, avant de développer sa propre DSP (Active Agent) en vue de proposer une stack programmatique complète – à l’image de ce qu’Equativ (ex-Smart) a réalisé sur le marché français puis international. Pour parachever cette stratégie, Virtual Minds a acquis la DMP the Adex, un type de technologie en vogue à l’époque mais qui perd peu à peu de son intérêt dans un contexte de moins en moins propice aux cookies tiers. 

En 2019, la DSP de Virtual Minds a été choisie comme brique d’activation par la coentreprise D-Force, créée par deux des principaux groupes audiovisuels sur le marché allemand, ProSiebenSat et RTL, et destinée à donner accès à l’ensemble leur inventaire vidéo et TV segmentée. Ce qui a participé au changement de modèle de l’entreprise, originellement positionnée sur la monétisation display. “Aujourd’hui, nous réalisons 60 % de notre chiffre d’affaires sur les inventaires vidéo et TV”, explique Thomas Peruzzi, porte-parole du comité exécutif de la société. 

Virtual Minds compte aujourd’hui environ 250 employés, et revendique être implanté chez 8 éditeurs du top 10 allemand et autrichien. “Nous sommes focalisés sur le marché germanophone, mais pas seulement, avec des clients en Pologne et dans les pays scandinaves”, indique Thomas Peruzzi.

Apporter une solution innovante pour la publicité TV traditionnelle

Sur le marché français, à rebours de beaucoup d’acteurs adtechs qui revendiquent un positionnement sur la TV connectée, Virtual Minds veut s’insérer avec une solution technologique destinée aux régies publicitaires pour l’optimisation de la commercialisation de leurs inventaires TV en linéaire, Media Manager, lancée en 2022 sur le marché germanophone. 

La solution repose pour le moment sur une brique d’optimisation en temps réel des coupures publicitaires en TV linéaire, en fonction des contraintes de diffusion fixées par les annonceurs et les régies elles-mêmes (exemple : “une publicité pour une voiture ne doit pas être affichée après une publicité de machine à laver”), et en conservant une logique de rendement en fonction des prix de marché pour chaque annonce. “C’est aujourd’hui quelque chose qui est fait à la main par les régies publicitaires, et que nous avons automatisé pour que notre algorithme puisse tirer le meilleur de 90 secondes de coupures publicitaires : doit-il s’agir de trois formats de 30 secondes, ou de trois de 20 puis de deux de 10 seconde par exemple”, illustre Thomas Peruzzi, ajoutant que la solution est en relation étroite avec les outils de réservation et de diffusion des encarts publicitaires. Dans le futur, la société veut en faire une solution de TV “holistique”, qui permettra “une planification, une livraison, une mesure et une facturation convergente de tous les inventaires vidéo”.

Pour le moment, Virtual Minds reste très prudent sur ses ambitions sur le marché français, et n’a pas recruté de personne à plein temps (cette option est envisagée dans le futur), bien qu’elle ait multiplié les prises de parole dans des événements regroupant le secteur publicitaire français (notamment le Forum d’Alliance Digitale et le mind Media Day, organisé par le groupe mind, propriétaire de mind media). “La première raison au développement en France était la présence d’acteurs domestiques forts et innovants, comme c’est le cas en Allemagne”, explique Thomas Peruzzi. En Allemagne et en Autriche, la solution Media Manager est aujourd’hui utilisée par une poignée de régies audiovisuelles privées. La société affirme que des discussions sont en cours avec plusieurs acteurs français, sans pour autant confirmer que des contrats ont été signés.