Accueil > Marques & Agences > Pourquoi le marché programmatique s’ouvre aux curated deals Pourquoi le marché programmatique s’ouvre aux curated deals De plus en plus de plateformes de vente programmatique ouvrent leur outil de curation à des fournisseurs de données, réseaux d’éditeurs, ou agences pour qu’ils proposent leurs propres “curated deals” personnalisés en fonction des objectifs des annonceurs. mind Media décrypte cette tendance et les risques qui y sont associés. Par Paul Roy. Publié le 02 juin 2022 à 15h26 - Mis à jour le 05 juillet 2022 à 15h26 Ressources Les trois points à retenir : Selon les données d’Adomik, les curated deals représentent aujourd’hui 1,5 % du marché programmatique français, et cette part augmente au détriment des private auctions. Les SSP ouvrent leurs outils de curations à des tiers (fournisseurs de données, agences, éditeurs…) pour qu’ils fournissent aux annonceurs du reach selon des critères de qualité. La répartition de la valeur entre les différents intermédiaires peut apparaitre opaque pour les éditeurs. L’évolution du programmatique, avec différents chemins d’accès sur des terminaux et environnements variés, a considérablement complexifié l’achat d’espaces publicitaires. Les acheteurs sont de plus en plus en recherche d’inventaires sûrs, qualifiés et permettant une optimisation rapide des campagnes. Depuis quelques années déjà, en partie pour répondre à cette attente, les SSP mettent à disposition des sélections d’inventaires chez différents éditeurs, des “packages” rassemblées sous le même code de deal programmatique. La société d’analyse des revenus programmatiques Adomik, qui scrute les données de revenus et d’impressions des principales SSP, estime à 1,5 % la part des curated deals sur le total du marché programmatique français – un chiffre qui reste approximatif, cette information étant compliqué à collecter du côté des SSP. “Mais on est sans doute sur le type de transaction qui augmente le plus vite : cette part était de seulement 1 % sur la fin de l’année 2021”, indique Jean-François Bernard, chief product officer d’Adomik. Selon la société, cette augmentation se fait au détriment des private auction. Au Royaume-Uni, pays souvent innovant en matière de mode de commercialisation programmatique, cette part est de 3 %. L’ouverture des outils de curation à des fournisseur de données tiers La curation de deals spécifiques pour des inventaires qualifiés, réalisée par les SSP, n’est pas un concept nouveau sur le marché programmatique. “Le vrai changement, c’est l’ouverture de la plateforme de curation à des tiers”, constate Marine Desoutter, head of product marketing de Smart. En effet, les plateformes de vente publicitaire comme Xandr ou Smart mettent ainsi un siège de “curator” sur le marché programmatique à disposition d’autres acteurs pour qu’ils y ajoutent leur connaissance des audiences ou des contexte afin de proposer des curated deals personnalisés. Pourquoi le marché publicitaire utilise de plus en plus le programmatique garanti Dans le cas de Smart, il s’agit de data provider (Sirdata, Qwarry, Captify…) cherchant à proposer des deals programmatique média avec une surcouche de data ; des éditeurs qui veulent développer l’extension d’audience ; ou encore des agences, cherchant à sélectionner des deals ou sécuriser des données. La société revendique une quarantaine de clients parmi ces acteurs, ce qui représente aujourd’hui 10 % des investissements sur la plateforme. Une dizaine de partenaires supplémentaires sont en cours d’intégration. Cela implique également une transformation du modèle classique de vente de data sur le marché programmatique pour les fournisseurs de données. “Aujourd’hui, 70 % de notre vente data se fait en curation, et 100 % dans le cas des données contextuelles”, explique Margarita Zlatkova, head of programmatic advertising de Weborama. “Dans de nombreux cas, nous avons vu que les curateurs déplacent une offre existante basée sur les ordres d’insertion (que leur équipe commerciale a exécutée à partir d’un DSP) vers une offre basée sur le programmatique (que leur équipe exécute via un curated deal)”, ajoute James Bird (Xandr). Automatiser à grande échelle les deals programmatiques Côté achat, l’avantage est identifié : atteindre un certain reach, tout en répondant à des critères de qualité, sur des campagnes de branding comme sur de la performance. “L’effet d’échelle est très important car chaque typologie d’acheteurs à des critères de qualité très particuliers (qui sont atteignables seulement via des deals classiques, ndlr). Ce type de deals permet de choisir des inventaires soit parce qu’ils sont très qualifiés, soit parce qu’ils permettent de répondre à des métriques particulières (visibilité à 60 % minimum par exemple)”, explique Margarita Zlatkova, head of programmatic de Weborama chez qui l’offre de curation représente aujourd’hui 1 % de son volume d’impressions. Les revenus programmatiques des éditeurs médias français en hausse de 37 % au premier semestre 2021 “Les curated deals sont accessibles via n’importe quel siège DSP, en plus de permettre de travailler de manière personnalisée dans des environnements sélectionnés sur des problématiques spécifiques à l’annonceur (first party data, besoin de récurrence…). Cela permet d’aller à l’efficacité de manière automatique”, ajoute Kaoutar Benazzi, chief programmatic officer d’Havas Media, qui teste pour le moment ce mode d’achat avec quelques annonceurs. Le premier avantage, soulignent nos interlocuteurs, est en effet le gain de temps (pouvant aller jusqu’à 40 % selon Weborama) et de coûts opérationnels par rapport à des deals contractés pour chaque éditeur. Pour les éditeurs, l’intérêt est avant tout d’accéder à certains budgets qui n’étaient pas accessibles via des deals classiques faute de volumes d’inventaires suffisants. Enfin, ce type de dispositif permet d’accéder à des inventaires difficilement ciblables à grande échelle, notamment sur les nouveaux environnements. “Sur le marché américain par exemple, Xandr utilise la curation comme un outil pour faciliter l’accès des annonceurs à un large catalogue d’inventaires TV connectée auquel ils auraient autrement du mal à accéder, car ils devraient contacter chaque acteur individuellement”, indique James Bird, product manager de Xandr. Un potentiel manque de transparence sur la distribution de valeur Pour les éditeurs, l’intérêt est avant tout d’accéder à certains budgets qui n’étaient pas accessibles via des deals classiques faute de volumes d’inventaires suffisants, sur une certaine typologie d’audience par exemple. “Ces curateurs de deals aident à augmenter la valeur de l’inventaire non-adressable d’un éditeur dans l’open exchange. Cela agit bien sûr comme un complément aux propres offres des éditeurs qui monétisent leur inventaire non-adressable par le biais de deals ou campagnes directes. L’impact global est une meilleure monétisation pour l’éditeur”, explique James Bird (Xandr). Mais le point de vigilence pour les éditeurs pourrait se situer dans la répartition de la valeur, les curated deals impliquant un nouvel intermédiaire. Fin avril, Adomik observait ainsi un CPM 15 % inférieur sur les curated deals par rapport à des private auctions classiques – ce qui reste un incrément non-négligeable en comparaison aux CPM sur l’open auction. On vous explique : comment fonctionne l’analyse sémantique pour le ciblage contextuel “Les agences investissent sur les curated deals des budgets auparavant dédiés aux private auction, et on peut supposer que ces 15 % sont perdus chez l’éditeur. Il y a donc potentiellement une complexification et un coût supplémentaire, mais les régies ont tendance à y aller”, constate Jean-François Bernard (Adomik). L’éditeur n’est en effet pas souvent en capacité de savoir comment est répartie la valeur sur ce type de transaction. “L’outil de curation offre une grande souplesse, ce qui est positif pour le marché : cela permet à tous les acteurs qui vendent de la donnée de l’activer. Mais cela ouvre aussi de nouvelles trappes”, abonde Erwan Le Page, directeur général de Mediasquare. Malgré une envisageable dégradation de la valeur des inventaires à plus long terme, la majorité des régies optinent aujourd’hui à ce type de transactions, qui peuvent leur donner accès à de nouveaux budgets, comme le souligne Adomik. “Cela reste une bonne manière de générer de la valeur quand on a de l’inventaire non consenti, qu’on mise beaucoup sur le contextuel”, explique Jean-François Bernard (Adomik). Une tendance qui pourrait donc aller en s’accélérant, la politiques Big techs et la réglementation rendant les utilisateurs de moins en moins trackables, et beaucoup d’éditeurs misant sur le contextuel pour valoriser leurs inventaires. Paul Roy AdtechDeals IDDonnées personnellesPublicité programmatiqueSSP Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Au Royaume-Uni, la CMA ouvre une enquête sur Google pour abus de position dominante Header bidding : Google veut mieux intégrer Prebid dans Google Ad Manager Analyses Jusqu’où la publicité TV segmentée peut-elle s’ouvrir à l’achat programmatique ? Publicité en ligne : pourquoi l’Autorité de la concurrence française inflige une amende de 220 millions d’euros à Google 366 et M Publicité s'équipent d'un adserver dédié pour monétiser leur trafic sans consentement : leurs stratégies et les objectifs Dossiers Google et identifiants alternatifs (1/2) : mieux comprendre l'annonce de Google pour l’après-cookie tiers Dossiers Pourquoi le marché publicitaire utilise de plus en plus le programmatique garanti essentiels Nos synthèses et chiffres sur les principales thématiques du marché L’essentiel sur les identifiants publicitaires La transformation du marché publicitaire en 2024 2023 : le marché publicitaire doit se préparer à la fin du tracking utilisateur Comment l’intelligence artificielle générative bouleverse les médias Les enjeux réglementaires des médias en 2023 Intégrer la transition écologique dans les performances des médias et de la publicité Les enjeux réglementaires de la publicité en ligne en 2023 2023 : la transformation du marché publicitaire analyses Les articles d'approfondissement réalisés par la rédaction Le rapport des États généraux de l’information veut concilier économie des médias, indépendance et qualité de l’information Dmitry Shevelenko (Perplexity) : “Nous encourageons les éditeurs français à rejoindre notre programme de partenariats médias” ENQUÊTE - La régie publicitaire du Monde a réduit ses effectifs de 8 % INFO MIND MEDIA - Le CESP va lancer sa certification Retail Data Trust Agence79 officialise la consolidation du budget média numérique de Carrefour Publicis et Omnicom, champions de la croissance au premier semestre 2024 INFO MIND MEDIA - Une levée de fonds d’environ 750 000 euros en vue pour le nouveau média The Big Whale Google reconnu coupable de monopole dans la recherche en ligne : ce qu'il faut retenir 24 lobbys enjoignent Bruxelles d’harmoniser le RGPD Outbrain acquiert Teads sur une valorisation d’1 milliard de dollars : les détails de l’opération data Les baromètres, panoramas et chiffres sur l'évolution du marché IA générative : quels éditeurs français bloquent les robots d’OpenAI et Google, lesquels ont adopté le protocole TDMRep ? Le panorama des sociétés spécialisées dans les technologies de l’e-retail media La liste des outils utilisés par les équipes éditoriales, marketing et techniques des éditeurs français Digital Ad Trust : quels sites ont été labellisés, pour quelles vagues et sur quel périmètre ? Panorama des offres AVOD alternatives Le détail des aides à la presse, année par année Ads.txt : la liste des relations établies entre les éditeurs français et les vendeurs et revendeurs programmatiques Les indicateurs financiers des grands groupes de communication Les levées de fonds des start-up des médias, du marketing et de la culture en France Les principales solutions de paywall dynamique