Edouard Coudurier (Groupe Le Télégramme) : “Nous souhaitons faire des acquisitions dans de nouvelles activités médias”

Que représente le groupe Télégramme ?

Nos activités reposent sur trois piliers : les médias, l’emploi et l’événementiel. Le groupe rassemble environ 1 000 personnes, dont 550 dans les activités médias, 400 au sein du groupe Hellowork, notre activité liée au recrutement, à l’emploi et à la formation, et 50 pour l’événementiel. Nous avons réalisé 142 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020 contre 151 millions en 2019. L’arrêt de l’activité événementielle du fait de la crise sanitaire a pesé mais la baisse a été contenue. Le résultat net consolidé était de l’ordre de 9 millions d’euros en 2020 pour un EBITDA de 17 millions d’euros, contre 10 millions d’euros en 2019. Les finances sont saines. En 2021, le groupe Le Télégramme devrait atteindre environ 160 millions d’euros.

Quelles sont vos ambitions dans le secteur de l’emploi avec Hellowork ?

C’est une activité de diversification historique et très importante pour le groupe puisqu’elle est en forte croissance. Le Télégramme a développé très tôt, au début des années 2000, RegionsJob pour une diversification dans les offres d’emploi. Pendant longtemps, notre stratégie s’appuyait sur le journal et sur une échelle régionale, en Bretagne. On s’est rendu compte qu’il fallait être présent sur une échelle beaucoup plus grande, au minimum au niveau national. Le groupe RegionsJob est devenu Hellowork en 2018 et nous avons accéléré les opérations de croissance externe à l’échelle nationale. Désormais, Hellowork édite de nombreux sites de mise en relation autour de l’emploi et de la vie professionnelle (ParisJob, RegionsJob, Cadreo, Jobijoba, Maformation…), pour les actifs, les entreprises, les cabinets de recrutement et les écoles de formation. L’activité est en forte croissance chaque année ; elle a généré environ 50 millions d’euros de revenus en 2020 et tire à la hausse tous les résultats financiers du groupe.

Le groupe est aussi présent dans plusieurs activités événementielles. Jusqu’où un groupe média peut-il aller sur ce volet ?

Nous avons en effet acquis ou créé plusieurs types d’événements autour du sport en extérieur depuis 20 ans, notamment la mer, avec la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, etc. via OC Sport Pen Duick, et autour de la musique, notamment Les Francofolies via notre filiale C2G. Si on met de côté la crise sanitaire, qui constitue un aléa exceptionnel, le bilan est très positif : l’activité événementielle s’intègre parfaitement dans l’activité média du groupe. Nous avons récemment annoncé le lancement d’une nouvelle grande course autour du monde en solitaire en trimaran Ultime (les catégories de trimarans les plus grands, ndlr). C’est une épreuve attendue depuis très longtemps, qui réunira les meilleurs skippers (notamment Thomas Coville, François Gabart et Armel Le Cléac’h, ndlr) et qui aura un très écho. Elle aura lieu tous les quatre ans avec une première édition fin 2023. Le secteur événementiel est en phase de consolidation et nous voulons avoir un rôle à jouer. Nous avons à la fois les capacités d’investissement pour réaliser de nouvelles acquisitions sur ce type d’activité, le savoir-faire et une approche à long terme, ce qui peut permettre de construire des relations et des projets sains avec les fondateurs que nous intégrons au projet de développement.

Quelle est la place de l’activité média dans le groupe ?

Le journal Le Télégramme occupe une place centrale, à la fois sur le papier et le numérique, et nous continuons à développer cette activité. Le titre rassemble environ 220 journalistes – c’est essentiel pour produire des contenus de qualité – et nous venons d’investir 20 millions d’euros dans une double rotative, qui est en cours d’installation. C’est un outil ultra-moderne acquis auprès de la société allemande manroland Goss qui nous offrira des gains importants en qualité et en rapidité d’impression (le tirage du Télégramme est d’environ 180 000 exemplaires par jour, ndlr). Elle sera totalement installée d’ici juin 2022. La baisse de la diffusion papier perdure mais est elle contenue par la hausse des abonnements en ligne.

A lui seul, Le Télégramme a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 85 millions d’euros en 2020 contre un peu plus de 88 millions en 2019, pour un résultat net d’1,2 million d’euros. 80 % des revenus proviennent des ventes et des abonnements. La part de la publicité est passée de 36 % à 20 % en 10 ans. Les revenus publicitaires sont en hausse en 2021 mais ils n’ont pas encore retrouvé le niveau de 2019 ; il faut généralement deux à trois ans pour revenir au niveau d’avant-crise.

L’enjeu pour les médias passe aussi par leur transformation numérique et le développement de l’abonnement numérique. Où en est Le Télégramme ?

Nous investissons sur le papier et dans les diversifications, mais nous ne faisons pas l’impasse sur le numérique. C’est même un enjeu essentiel pour nous et sur lequel nous sommes particulièrement actif, pour développer nos audiences en ligne et nos revenus issus du lecteur. Le Télégramme compte aujourd’hui environ 15 000 abonnés en ligne – pour 140 000 abonnés papier -, avec une croissance de 30 à 40 % par an. Nous visons 30 000 abonnés numériques à moyen terme. Et nous sommes ambitieux puisque nous souhaitons faire des acquisitions dans de nouvelles activités médias.

Quels sont les secteurs médias dans lesquels vous voulez investir ?

Nous investissons sans cesse ; l’intégralité de nos bénéfices est réinvestie chaque année et nous avons des capacités financières supplémentaires et nous conduisons déjà de nombreux projets développement internes. Nous cherchons à compléter ce travail par une croissance externe dans le domaine des médias d’information, dans le BtoB ou sur des cibles à la croisée des technologies et de l’information ou du sport. L’opération pourra représenter entre plusieurs millions et plusieurs dizaines de millions d’euros, selon l’envergure du projet.