Le Groupe Le Monde commercialise son CMS auprès du Temps

Le groupe Le Monde a annoncé mercredi 22 septembre avoir trouvé un accord commercial avec Le Temps, l’un des principaux médias suisse, pour la mise à disposition de son outil de production et de publication de contenus (CMS). Baptisé Sirius, il a une application à la fois pour le papier et le numérique. Il est utilisé par Le Monde depuis 2014 et plus récemment par L’Obs, Télérama et Courrier international, autres publications du groupe. 

Le Temps, qui a été cédé fin 2020 par le groupe Ringier à la fondation Aventinus, souhaitait mettre en place un nouvel outil plus moderne. L’accord a été signé au début de l’été et l’implémentation devrait être achevée “entre la fin d’année et le début d’année prochaine”, affirme Sacha Morard, directeur technique et des systèmes d’informations du groupe Le Monde. Au sein de son équipe de 75 développeurs et product owners, 20 personnes sont aujourd’hui dédiées à plein temps au CMS, pour les titres du groupe et pour les clients externes.  

Un levier de nouveaux revenus

À l’image du Washington Post – dont le CMS est utilisé en France par Le Parisien et Libération -, le Groupe Le Monde a l’ambition depuis plusieurs années de commercialiser son infrastructure technique à d’autres éditeurs médias. Ce levier est considéré comme un axe de développement majeur pour le groupe, avec des ambitions en France et à l’international, comme nous l’indiquait au printemps Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde. 

Cette ambition se heurtait jusque-là à la réticence des éditeurs candidats à un nouveau CMS du fait de son envergure, qui peut le rendre complexe et onéreux pour les structures modestes. Après avoir hésité entre les deux outils, L’Opinion a ainsi opté début 2021 pour celui de la société américaine Brightspot.

Sirius est en effet positionné sur une gamme “premium” ; il est destiné à des médias d’une certaine taille. Le CMS a malgré tout été en partie revu et amélioré pour le rendre plus flexible en fonction des besoins de chaque média utilisateur. Techniquement, il s’agit d’un CMS “headless”, c’est-à-dire un outil de production et de publication de contenus qui n’est pas accompagné d’un site web, de façon à ce que le client puisse conserver son propre site web. 

Il est commercialisé via un coût d’installation auquel s’ajoutent des licences d’utilisation, en mode SaaS, avec serveurs et infogérance gérés par le groupe Le Monde. Celui-ci réalise la formation initiale pour la prise en main de l’outil et assure ensuite sa maintenance évolutive et corrective sur le plan technique. La contractualisation proposée par Le Monde porte sur plusieurs années, déterminée selon la taille et le besoin du média client, avec un tarif de plusieurs centaines de milliers d’euros minimum par an. 

Deux briques techniques complémentaires au CMS

Le groupe compte s’appuyer sur ce premier client pour convaincre le secteur, en France et en Europe, et ainsi accélérer la commercialisation de toute son infrastructure technique : le CMS mais aussi deux briques techniques qui l’accompagnent et qui sont vendues en supplément.

En plus de ses fonctions de CMS, Sirius comprend en effet un premier module, baptisé Capping, qui permet à l’éditeur d’identifier, contrôler et paramétrer les connexions des utilisateurs sur son site, de façon à pouvoir limiter les partages de compte réalisés par ses abonnés. Un outil intéressant pour les médias d’informations qui veulent optimiser la souscription d’abonnements. Ce module est utilisé en France par L’Équipe depuis le printemps, moment de la segmentation de son offre d’abonnement numérique.

Un deuxième module, baptisé Forcecast, accompagne Sirius. Il permet à l’éditeur de collecter sur son site web et ses applications des données propriétaires (first party) avec et sans cookie, et de les organiser. Ce module est prioritairement destiné à des fins éditoriales et de marketing éditorial, mais peut correspondre à des usages plus commerciaux. Le Temps a souscrit à ce module en même temps que le CMS.