Accueil > Médias & Audiovisuel > Rapport des États généraux de l’information : comment se positionnent les organisations professionnelles des médias et de la publicité Rapport des États généraux de l’information : comment se positionnent les organisations professionnelles des médias et de la publicité Le lobbying va commencer après la conclusion des travaux des États généraux de l’information destinés à réformer ou améliorer l’écosystème de l’information. SEPM, Spiil, Geste, UDM, Udecam, Alliance Digitale, FNPS, SNPTV, Sirti, RSF, syndicats de journalistes… mind Media publie les réactions et commentaires des structures représentatives des médias, de l’information et de la publicité. Par Jean-Michel De Marchi. Publié le 02 octobre 2024 à 18h52 - Mis à jour le 10 octobre 2024 à 11h28 Ressources Le comité de pilotage et les groupes de travail des États généraux de l’information (EGI) ont publié mi-septembre un rapport de 352 pages qui conclut huit mois de travaux. Y figurent une centaine de propositions, dont 15 particulièrement mises en avant par le comité de pilotage. Aides à la presse, nouvelle structure interprofessionnelle, pouvoirs renforcés des rédactions, évolution de la réglementation anti-concentration, lutte contre l’omniprésence des plateformes, éducation aux médias… Certaines propositions sont consensuelles au sein du secteur – et même parmi les élus parlementaires -, d’autres sont l’objet de positions opposées. Que ces propositions nécessitent une évolution législative ou réglementaire, ou un “simple” accord interprofessionnel, les différents acteurs qui composent le secteur des médias et de la publicité vont intensifier leur lobbying pour défendre leurs idées et leurs intérêts. En particulier auprès des pouvoirs publics et élus politiques, puisque les premières velléités se dessinent dans la nouvelle législature qui s’est ouverte, et ce malgré les difficultés probables pour trouver des majorités sur certains textes. Des députés centristes préparent une proposition de loi pour créer un centre national de l’information et renforcer les droits voisins Quel bilan les associations représentatives tirent-elles des États généraux de l’information ? Quelles mesures vont-elles soutenir ? Contre lesquelles vont-elles s’opposer ? Quels sont leurs regrets et critiques ? mind Media présente les positions et axes de lobbying de la douzaine d’associations et organes représentatifs du secteur, après les avoir interrogés ou à partir de communiqués publiés. Le SRI (les régies éditeurs), l’Apig (les éditeurs de quotidiens) et le Bureau de la radio (les radios privées) n’ont pas souhaité prendre position publiquement. Le consensus est parfois difficile à trouver au sein de certains organes. Les principaux points de convergence : Plusieurs dispositions phares reçoivent une large approbation dans les organes professionnels, ou ne suscitent pas d’opposition. C’est le cas des propositions faisant du soutien aux modèles économiques des médias une priorité, avec son corollaire, la régulation des pouvoirs des plateformes : renforcement de la concurrence dans la publicité (proposition 12), interopérabilité des outils, transparence et ouverture des algorithmes (proposition 11 du comité), distribution obligatoire et visibilité accrue des contenus des médias d’informations (proposition 13), etc. Le renforcement de l’éducation aux médias et à l’information (proposition 1) et la lutte contre la désinformation (proposition 2) bénéficient également d’un large consensus. Les principales divergences : À l’inverse, parmi les points clés du rapport des EGI qui suscitent des oppositions importantes figurent les propositions de taxation publicitaire (une “contribution obligatoire”) des grandes plateformes (proposition 8), à laquelle l’UDM et Alliance Digitale s’opposent. La création d’une nouvelle responsabilité pour les entreprises, la “responsabilité démocratique” (proposition 7), qui viendrait compléter la RSE pour obliger les annonceurs à communiquer la proportion de leurs investissements réalisés sur les médias – avec l’espoir que cette transparence conduise à un fléchage plus important des budgets publicitaires des annonceurs vers les médias -, suscitent également l’opposition de l’UDM. Notons que les divergences dépassent les lignes traditionnelles entre éditeurs d’informations et vendeurs publicitaires d’un côté, agences et marques de l’autre : l’Udecam soutient en effet les deux propositions mentionnées. SNPTV : “L’importance cruciale de la publicité” Interrogé par mind Media, le Syndicat national de la publicité télévisée (SNPTV) retient les initiatives du rapport visant à une meilleure transparence publicitaire. “Fruit de neuf mois de travaux approfondis, ce rapport met en lumière l’importance cruciale de la publicité dans le financement de l’information, tout en soulignant la nécessité de préserver ces financements pour garantir un espace public informé et diversifié. Le SNPTV partage l’inquiétude exprimée par les membres des EGI face aux risques pesant sur l’information, et la création culturelle, à l’ère des réseaux et de l’intelligence artificielle. Nous saluons les recommandations visant à garantir une transparence accrue dans les pratiques publicitaires, notamment à travers la proposition de soutenir les efforts des annonceurs en créant une responsabilité démocratique. En effet, les initiatives de ce type permettront de renforcer la confiance dans le financement des médias, tout en préservant leur vitalité nécessaire à notre démocratie. Le SNPTV s’engage à collaborer avec l’ensemble des parties prenantes pour promouvoir ces objectifs.” ENQUÊTE – La régie publicitaire du Monde a réduit ses effectifs de 8 % SEPM : “Restaurer et pérenniser le modèle économique de la presse” Le Syndicat des éditeurs de presse magazine (SEPM) a insisté dans un communiqué sur le besoin de rééquilibrer le secteur des médias : “Le SEPM se réjouit de constater que la recherche de solutions pour lutter contre le déséquilibre de plus en plus menaçant entre la presse et les GAFAM tient une place majeure dans la réflexion des États généraux de l’information. Le SEPM sera attentif aux suites données dans les prochains mois aux pistes les plus porteuses développées dans le rapport. Devant ‘l’urgence démocratique’ mise en lumière par ces travaux, toutes les solutions qui visent à restaurer et pérenniser le modèle économique de la presse nous semblent devoir être urgemment étudiées par les pouvoirs publics, dans l’intérêt du débat démocratique et de tous les citoyens de notre pays.” Alliance Digitale : “L’interopérabilité des services d’intermédiation publicitaires est nécessaire” Interrogé par mind Media, Alliance Digitale applaudit la reconnaissance par les EGI de l’importance des enjeux de concurrence au sein du secteur publicitaire. Elle s’oppose par ailleurs à une nouvelle taxation. “Nous saluons le travail qui a été mené et le rapport dont la pertinence et l’utilité pour l’ensemble des parties prenantes ne fait aucun doute. Cette organisation singulière a réussi dans un temps court et malgré des difficultés et un contexte politique incertain à apporter des réponses équilibrées à une multitude d’enjeux. Nous observons dans le rapport qui a été publié la reconnaissance quasi-unanime du modèle publicitaire comme source de revenus viable et prégnante pour les médias et éditeurs. Cette reconnaissance s’inscrit dans la continuité du travail mené par la DGMIC et l’Arcom ces derniers mois, illustrant la position centrale du secteur de la publicité en ligne dans l’écosystème médiatique et sa nécessité pour le financement de la presse et des médias. Alliance Digitale salue en particulier l’importance accordée par les EGI aux enjeux de concurrence sur notre marché. Le comité de pilotage des EGI met ainsi en avant la proposition d’interopérabilité des services d’intermédiation publicitaires : une mesure pertinente et nécessaire, portée par l’Alliance Digitale et également soutenue par l’intégralité du secteur des médias et de la publicité. Nous regrettons néanmoins que la taxation de la publicité en ligne ait été mise en avant au sein du rapport. Nous craignons que, dans l’hypothèse où cette taxe verrait le jour, elle se répercute directement sur une grande partie de l’écosystème et sur les médias, à l’instar de ce qui a été constaté avec la ‘taxe GAFAM’. Nous serons donc vigilants sur ce point. Alliance Digitale souhaite désormais voir émerger une reprise politique des propositions issues de ce rapport. La prise de position en ce sens de la ministre de la Culture, il y a quelques jours, est une excellente nouvelle. Elle est aussi clé pour les prochains débats au niveau européen, et notamment la révision prochaine du DMA. Nous saluons également le travail mené par les parlementaires du groupe MIMP qui traite également de front le sujet concurrentiel en reprenant la mesure d’interopérabilité.” INFO MIND MEDIA – Publicité en ligne : nouveaux procès intentés par les médias français contre Google, les premières audiences débutent Udecam : “Rendre transparent le fléchage des investissements publicitaires des marques” Interrogée par mind Media au nom de l’association des agences médias françaises, Magali Florens, sa directrice générale, exprime un regard positif sur les propositions des EGI qui visent à réorienter les investissements vers les médias, soutient une transparence plus grande des investissements des annonceurs, mais pointe un calendrier trop flou. “Je suis partagée entre admiration, reconnaissance et frustration. D’abord une vraie admiration pour le boulot formidable abattu par les hommes et les femmes qui ont porté les EGI. Avec seulement trois mois de retard, le comité de pilotage a réussi l’exploit de soutenir 15 recommandations concrètes issues de la centaine des propositions remontées par les groupes de travail. Reconnaissance également, car en avril dernier, l’Udecam, aux côtés de l’ACPM organisait le colloque ‘Information, Démocratie et Publicité’, à La Sorbonne, pour alerter sur l’urgence démocratique d’un rééquilibrage des investissements publicitaires dans les médias d’information, colloque au cours duquel ont été débattues un certain nombre de pistes. Parmi les 15 recommandations du comité de pilotage des EGI, certaines reprennent quelques-unes de ces pistes. En particulier trois propositions retiennent notre attention et pourraient impacter positivement le secteur de la publicité digitale, et ainsi aider à un rééquilibrage. D’abord, créer une ‘responsabilité démocratique’ et rendre transparent le fléchage des investissements publicitaires des marques annonceurs à destination des médias d’informations. Ensuite, imposer une contribution des plateformes digitales pour redistribuer une partie des revenus publicitaires captés par les grands acteurs du numérique. Enfin, promouvoir l’interopérabilité des services d’intermédiation publicitaire. Les EGI proposent d’ailleurs ici d’imposer l’interopérabilité dans le fonctionnement des adtechs, mesure à inscrire au DMA lors de la mise à jour prévue pour mai 2026. Mais je ressens aussi de la frustration, car très peu de ces propositions sont accompagnées de mesures d’application concrètes. Frustration, car à ce stade aucune n’est inscrite dans un calendrier et les seules dates mises en avant nous projettent en 2026. D’ici là, cependant, l’interprofession continuera d’avancer sur les pistes qu’elle a identifiées pour aider les médias d’information à défendre une part d’investissement cohérente avec leur part d’audience.” Anthony Daguet (L’Humanité) : “Il faudrait une taxe sur la publicité en ligne et audiovisuelle en faveur du pluralisme de la presse écrite” UDM : “Une taxe sur les revenus publicitaires des plateformes serait contre-productive” Interrogé par mind Media, l’Union des marques (UDM) préconise un assouplissement de certaines dispositions légales et réglementaires autour de la publicité dans les médias et plus de transparence et d’interopérabilité des plateformes, plutôt qu’un fléchage imposé d’une partie des investissements des marques ou une nouvelle taxation publicitaire. “Le rapport va permettre d’ouvrir des discussions sur les leviers de développement du financement des médias d’information par la publicité, et l’UDM souhaite poursuivre et élargir les discussions déjà entamées avec les agences, les médias et les régies. Nous faisons plusieurs constats : les plateformes présentent une forte audience attractive pour la publicité et pour les contenus des éditeurs qui y sont relayés et dont la présence participe de la diffusion d’une information de qualité. Des questions de partage de la valeur se posent, dont nous voyons les difficultés de mise en œuvre sur les droits voisins. La proposition retenue par le rapport de renforcer la concurrence sur le marché de la publicité en ligne via l’interopérabilité des services d’intermédiation publicitaires faisait partie des leviers que nous avions identifiés pour répondre en partie aux difficultés structurelles des médias d’informations afin d’émerger dans l’univers digital. Par ailleurs, nous pensons que la généralisation de l’identifiant sur lequel nous travaillons avec des partenaires, le Shared Campaign Identifier (SCID), y contribuerait également : il permettrait une plus grande traçabilité et une meilleure transparence de la chaîne de valeur. L’analyse du marché de la publicité doit maintenant être poursuivie pour approfondir la question des facteurs de croissance de la publicité dans les médias d’information sur leurs différents supports et encourager les investissements. En revanche, instaurer une nouvelle taxe sur les revenus publicitaires des plateformes, qui sera in fine répercutée sur les annonceurs, serait contre-productif : elle pèsera sur les budgets et ne répond pas à l’enjeu de la croissance du marché et celui de l’attractivité. D’autres leviers existent. Par exemple, les radios souffrent de l’accumulation des mentions légales en publicité. Et le manque d’indépendance de la mesure d’audience des plateformes peut générer des biais préjudiciables aux équilibres du marché publicitaire. À noter également que sur le digital, près de la moitié (44 %) des investissements des annonceurs est consacrée à l’achat de mots-clés – qui n’est pas comparable au display sur des médias de contenus – et que cette part est d’autant plus importante que de nombreux annonceurs sont contraints d’acheter leur propre marque pour être visible du consommateur qui pourtant la recherche. Concernant la question de la “responsabilité démocratique”, nous sommes évidemment favorables à ce que l’attention soit portée au plus haut niveau chez les annonceurs et leurs agences sur l’importance de la publicité dans le financement des médias d’informations, piliers de notre démocratie. Nous avons d’ailleurs reçu l’Apig à ce sujet lors d’un conseil d’administration et travaillons sur une gouvernance des blocklists pour limiter les effets de bords sur ces médias tout en tenant compte des enjeux de brand safety liés au programmatique, et de brand suitability propres à chaque annonceur. Nous nous inquiétons néanmoins que cette responsabilité démocratique soit envisagée par la voie d’une réglementation supplémentaire, avec cette volonté de fléchage par la contrainte en obligeant les annonceurs à afficher leurs stratégies d’investissements publicitaires. La croissance du digital et des plateformes sont pourtant tirées par leur nombre croissant d’annonceurs, y compris locaux, et ce sont 76 % des annonceurs qui sont exclusivement digitaux, mais ces points ne sont pas abordés. Il est difficile à ce stade d’appréhender les possibles suites législatives et réglementaires sur nos sujets, qui relèvent pour certains d’ailleurs du niveau européen, ou qui ont fait plus largement l’objet d’une consultation du ministère de la Culture. Un certain nombre de points soulevés par le rapport peuvent d’ores et déjà être abordés dans un cadre interprofessionnel : l’Union des marques souhaite poursuivre et élargir les discussions entamées avec les agences, les médias et les régies.” Bérénice Lajouanie (Les Échos et APIG) : “Les blocklists créent une perte de 20 à 40 % d’inventaires en ligne pour les médias d’actualités” Le Geste : “Pour la création d’un outil de gestion collective pour les médias” Dans un communiqué, le Geste, qui représente les éditeurs de contenus et de services en ligne, se dit favorable notamment à la mise en place d’une nouvelle structure tiers de confiance, pour collecter et exploiter les données en provenance des opérateurs numériques. “Nous constatons avec intérêt que le rapport reprend plusieurs de nos contributions, y compris notre bilan des droits voisins, nos recommandations pour aider les éditeurs à mieux protéger et valoriser leurs droits face à l’essor de l’IA générative, ainsi que nos analyses et constats préoccupants sur la dynamique du marché publicitaire. Le Geste réaffirme notamment son soutien et son engagement envers les propositions visant à renforcer la régulation économique du secteur, assurer une répartition plus équitable de la valeur pour les médias, et restaurer un environnement concurrentiel équilibré. Ainsi, dans les prochains mois, et conformément à sa mission, le Geste se concentrera tout particulièrement sur les propositions suivantes. Proposition 7 : Créer une nouvelle responsabilité : la responsabilité démocratique. Proposition 8 : Redistribuer une partie de la richesse captée par les fournisseurs de services numériques en faveur de l’information. Proposition 11 : Instaurer un pluralisme effectif des algorithmes. Proposition 12 : Rendre le marché de l’intermédiation publicitaire en ligne plus concurrentiel pour permettre un partage de la valeur équilibré. Proposition 13 : Instaurer une obligation d’affichage des contenus d’information pour les très grandes plateformes. Nous prenons également bonne note des deux recommandations adressées aux professionnels, auxquelles nous adhérons pleinement : l’une portant sur la mise en place d’une démarche volontaire de labellisation, l’autre sur la création d’un outil de gestion collective pour les médias d’information. Les États généraux de l’information favorisent l’émergence de solutions durables et ambitieuses pour notre secteur, en accélérant les réflexions pour un cadre réglementaire renouvelé et des pratiques sectorielles adaptées aux enjeux actuels et futurs. La profession et les pouvoirs publics doivent désormais s’emparer de ces mesures et les mettre en œuvre dans les meilleurs délais, afin de garantir la pérennité et la vitalité du secteur.” Aides à la presse : combien ont touché les éditeurs en 2023 ? FNPS : “Respecter l’équité entre les différentes familles de presse” Dans un communiqué, la Fédération nationale de la presse spécialisée (FNPS) encourage notamment la création d’un outil de gestion collective pour les médias d’information. “De manière générale, nous nous félicitons des pistes proposées pour promouvoir l’éducation aux médias afin de lutter contre la désinformation. Nous sommes également favorables aux dispositions visant à renforcer la confiance dans l’information et nous considérons que les démarches de labellisation, s’appuyant en premier lieu sur la reconnaissance délivrée par la CPPAP, sont à développer pour mettre en avant des critères de qualité, tout comme la certification JTI le propose. Nous soutenons toutes les propositions visant à garantir un meilleur partage de la valeur générée par l’exploitation des contenus d’information des éditeurs, en particulier par les GAFAM. L’instauration d’une contribution obligatoire sur la publicité digitale est une piste intéressante, mais elle ne doit pas gêner le processus fragile de mise en œuvre du droit voisin. À ce titre, nous encourageons la recommandation formulée par les EGI de créer un outil de gestion collective pour les médias d’information (recommandation 2), dans la mesure où l’efficacité de la défense de nos droits et intérêts vis-à-vis des grands acteurs de la tech repose sur une union la plus large de toutes les formes de presse, et ce d’autant plus que l’IA se développe rapidement. De même, nous soutenons la proposition du groupe parlementaire MIMP de faire de la reconnaissance par la CPPAP la clé de voûte de l’éligibilité aux droits voisins pour mettre un terme aux manœuvres dilatoires des redevables (sa proposition 14). Par ailleurs, l’incitation des annonceurs à orienter leurs investissements publicitaires vers les médias d’information répond également à cette nécessité de juste contribution de tous les acteurs, privés et publics, au développement de la presse, outil indispensable pour renforcer la connaissance et le savoir et donc la démocratie. Sur la question de la gouvernance des rédactions, la renonciation à la mise en place systématique d’un droit d’agrément du directeur de rédaction répond à notre demande de tenir compte des spécificités propres à l’organisation et aux enjeux des TPE/PME qui composent la très grande majorité des éditeurs de presse. Nous regrettons toutefois que nos propositions d’aménagement de la clause de cession n’aient pas été retenues, faisant peser un risque disproportionné sur la pérennité de ces mêmes entreprises au moment de leur transmission. La FNPS attend désormais que les pouvoirs publics s’emparent de ces propositions et portera une attention toute particulière à ce que les mesures retenues respectent l’équité entre les différentes familles de presse.” Spiil : “Nous approuvons l’encouragement à une fédération entre producteurs d’information” Dans un communiqué publié mercredi 9 octobre, le Spiil – dont Frontline Media, éditeur de mind Media, est membre -, qui rassemble les médias en ligne indépendants, dit accueillir avec intérêt les conclusions des EGI, “tout en relevant quelques points de vigilance et quelques omissions”. “Le Spiil, qui défend de longue date une actualisation de la loi Bichet à l’ère du numérique, accueille avec enthousiasme l’obligation pour les plateformes d’afficher de façon non discriminatoire les contenus informationnels et la proposition de dégroupage des algorithmes (….). L’instauration d’une contribution obligatoire des plateformes sur la publicité numérique constitue une proposition intéressante, à articuler avec les droits voisins, en intégrant la nouvelle dimension de captation de valeur générée par le recours à l’intelligence artificielle (…). Le Spiil approuve également l’encouragement à la fédération entre producteurs d’information pour constituer un front uni face aux plateformes et pour réfléchir ensemble aux enjeux qui bouleversent l’écosystème de l’information. Cet appel au rassemblement est au cœur du projet du Spiil de créer un Centre national de l’information, pour permettre à la profession de se réunir et de porter des propositions communes. Le Spiil se félicite que les parlementaires aient repris cette proposition dans leur livre blanc.” L’association applaudit également “l’ambition des États généraux d’ériger l’éducation aux médias et à l’information au rang de priorité”. En revanche, le Spiil se dit “plus réservé sur la proposition du livre blanc des parlementaires consistant à octroyer une reconnaissance d’organe de presse aux créateurs de contenus”. L’association observe par ailleurs “que le sujet de la concentration verticale, poussée par la prise de contrôle de titres par des groupes dont l’activité principale se situe hors du champ de la presse, n’a été que marginalement abordé” et “regrette que les EGI ne se soient pas penchés sur l’architecture générale des aides à la presse, pour sortir d’une vision en silo qui n’est plus adaptée à la convergence entre canaux de diffusion”. L’idée d’un Conseil national de la presse avance timidement Le Sirti : “Nous alertons sur le risque de faire évoluer les seuils anti-concentration” Le Syndicat des radios indépendantes (Sirti) a salué dans un communiqué deux des quinze mesures proposées par le comité de pilotage, mais critique la perspective d’une refonte du cadre anti-concentration. “Le Sirti se félicite de la proposition qui vise à consolider le modèle des médias en redistribuant une partie de la richesse captée par les fournisseurs de services numériques en faveur de l’information. La création d’une contribution obligatoire des plateformes numériques sur la publicité numérique est un premier pas indispensable à l’équilibre économique des médias, rendant les conditions de concurrence plus équitables. Dans le même esprit, le Sirti soutient la proposition de mise en place d’une ‘responsabilité démocratique’ s’ajoutant aux obligations RSE et instaurant une transparence pour les entreprises et l’État sur le montant de leurs investissements publicitaires dans les médias d’information, par rapport à ceux sur les plateformes. Tous les acteurs doivent en effet être comptables de leur soutien en faveur de l’écosystème médiatique et/ou des plateformes, et prendre conscience de l’impact de leurs propres décisions sur les médias, et in fine la qualité de l’information. Si ces propositions vont dans le bon sens, le Sirti alerte sur le risque de faire évoluer les seuils anti-concentration en mettant en place un seuil unique sur les enjeux d’information. Si ceux-ci sont essentiels, il ne s’agit pas de la seule mission des médias. De plus, ces seuils sont le fruit d’équilibres pour garantir le pluralisme des médias dans les territoires et protéger notamment les médias indépendants. Le Sirti renouvelle donc les réserves déjà formulées auprès de l’Arcom concernant la suggestion d’une évolution des règles relatives à la concentration dans le secteur. Si des évolutions doivent avoir lieu, elles doivent aller dans le sens du renforcement du plafond anti-concentration qui garantit le pluralisme de notre média, en retranscrivant notamment dans le DAB+ les règles actuelles en FM. Le Sirti regrette enfin que le statut des médias locaux et leurs particularités ne soient pas pris en compte dans les différentes propositions formulées par les États généraux de l’information.” RSF : “Le droit d’agrément est une condition sine qua non à une indépendance réelle des rédactions” Interrogé par mind Media, Reporters sans frontières (RSF) porte un regard globalement positif, mais affiche quelques désaccords, notamment sur l’absence au sein du rapport du droit d’agrément par les rédactions. “Les propositions retenues par le comité de pilotage des EGI esquissent un modèle français, ambitieux et innovant, pour rendre effectif le droit à l’information fiable. RSF se félicite que nombre de ses propositions (10 d’entre elles) figurent dans le rapport final, à commencer par la certification de l’information fiable et la protection du secret des sources. Celui-ci traduit la vision et les solutions portées par Christophe Deloire à RSF et au sein des États généraux, articulant régulation et autorégulation, contexte national et sujets européens. Bien entendu, le document fait des impasses, manque parfois de concret et témoigne de frilosités ici ou là. La force du rapport des EGI réside principalement dans sa capacité à couvrir les nombreux sujets et enjeux qu’ils s’étaient fixés. D’abord concernant la promotion d’une information fiable : RSF salue ici la volonté du comité de pilotage de donner une large place à la protection et à la promotion d’une information fiable dans l’espace médiatique français et sur les plateformes en ligne. Cela passe notamment par une neutralisation de la ‘désinformation par une sensibilisation préventive à grande échelle’ (proposition 2), ainsi que par l’instauration d’une ‘obligation d’affichage des contenus d’information pour les très grandes plateformes’ (proposition 13). Dans cette perspective, la Journalism Trust Initiative (JTI), initiative déployée par RSF pour favoriser le journalisme de qualité, faire de sa pratique un réel avantage concurrentiel et, de ce fait, lutter contre la désinformation, est largement recommandée, notamment aux professionnels de l’information par le comité de pilotage (proposition 1), et les membres des groupes de travail des EGI. La proposition de taxer les plateformes pour une redistribution de richesses, captées grâce à la publicité, en faveur des producteurs d’information (recommandation 8) va aussi dans ce sens. Nous saluons aussi le travail fait sur la protection du secret des sources : RSF note la volonté des EGI de ‘renforcer la protection du secret des sources et légiférer contre les procédures-bâillons’ (proposition 5). Nous saluons également le souhait du comité de pilotage de garantir le pluralisme des médias dans le cadre des opérations de concentration (proposition 9). Le rapport comporte cependant des points faibles et RSF a quelques déceptions. La première, la plus importante, est l’absence, ou plutôt le rejet assumé du droit d’agrément des rédactions à la nomination de leur directeur, condition sine qua non à une indépendance réelle des rédactions. En ce sens, l’organisation salue la proposition 8 du groupe de travail ‘L’État et la régulation’ de ‘mettre en place une gouvernance spécifique des médias pour garantir l’indépendance des journalistes avec un droit de veto pour le choix du directeur des rédactions supérieures à une taille critique’. Par ailleurs, RSF affirme son désaccord avec l’éventuel regroupement de la défense et de la lutte contre la désinformation sous l’autorité d’un même commissaire européen, en contradiction avec ses recommandations (proposition 15).” Intersyndicale SNJ – CFDT Journalistes – SNJ-CGT : “Nous revendiquons la conditionnalité des aides à la presse” Les trois principaux syndicats de journalistes, SNJ, CFDT Journalistes et SNJ-CGT, ont adouci leurs critiques après la publication du rapport des EGI. Mais dans un communiqué commun, ils avertissent les éditeurs de médias sur la nécessité de prendre en compte les droits sociaux et professionnels des journalistes et des rédactions. “Si nous avons parfois contesté l’organisation et le fonctionnement de ces EGI, nos syndicats ont malgré tout choisi d’y contribuer et d’y défendre leurs revendications. Globalement, si nombre de ces recommandations vont plutôt dans le bon sens, d’autres manquent de clarté ou d’ambition : sans doute le résultat d’un compromis visant à satisfaire les patrons de presse. Nous déplorons que le volet social soit très léger, même si le rapport souligne (enfin) la paupérisation de la profession que nous dénonçons depuis des années. Nous appuyons notamment le souhait de revoir la loi de 1986 sur les concentrations, de renforcer celle de 2010 sur la protection du secret des sources, et de compléter la loi Bloche de 2016 en vue de faire de la déontologie journalistique un sujet central dans les entreprises de presse, s’attaquer aux procédures-baillons, faire de l’éducation aux médias une priorité, avec le budget adéquat, et réguler – y compris financièrement – le pouvoir des plateformes et lutter contre les manipulations en ligne. Dans l’ensemble, on reste heureusement assez loin des revendications malvenues de certaines fédérations patronales qui visaient à remettre en cause plusieurs fondements du statut des journalistes. Nous regrettons néanmoins qu’une mesure réclamée par de nombreux acteurs de l’information, à savoir l’instauration d’un droit d’agrément/de veto pour les rédactions, n’ait pas été retenue par le comité de pilotage des EGI, au profit d’une formule moins contraignante. Pourquoi réserver aux seules entreprises prenant le statut de société à mission d’information un droit d’expression des journalistes sur la nomination du ou de la responsable de la rédaction ainsi qu’une obligation de nombre minimal de cartes de presse ? Nous revendiquons pour toutes les entreprises la conditionnalité de l’ensemble des aides à la presse, ainsi qu’un arsenal juridique à la disposition des équipes rédactionnelles à même d’assurer l’indépendance des journalistes dans leur travail quotidien. Attention également aux fausses bonnes idées comme la labellisation des médias, qui s’opère aujourd’hui sans prendre sérieusement en compte les conditions de travail dans les rédactions. Concernant la protection des représentants des journalistes, trop souvent visés par des représailles ou discriminations, les recommandations présentées ne semblent pas abouties et doivent être débattues avec l’ensemble de la profession, à commencer par les organisations syndicales représentatives. Mais surtout, ces recommandations ne proposent pas de mesures fortes pour lutter contre la précarité et la paupérisation subies par des milliers de journalistes, notamment ceux rémunérés à la pige. Un éventuel allègement de cotisations sociales pour les CDI signés dans les entreprises de presse n’est pas la solution, et n’éviterait pas les effets d’aubaine. L’information en France a besoin d’un plan d’urgence à la hauteur de ce fléau. Cette précarité abîme nos conditions de travail et de vie. Si on veut protéger l’information, il faut garantir la sécurité matérielle et physique de ceux qui assurent sa production. À l’issue de la restitution de ses travaux, le comité de pilotage des EGI en appelle à un nouveau pacte social dans les médias. Chiche ! Reste que pour cela, il faut être deux.” _______Mise à jour du jeudi 10 octobre : nous avons ajouté la réaction du Spiil publiée mercredi 9 octobre. Jean-Michel De Marchi Achat médiaAdtechFinancementLobbyingModèles économiquesPolitiquePresse magazinePublicité programmatiqueRéglementationRelations agences-annonceursRHSites d'actualitéStratégies annonceurs Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Aides à la presse : combien ont touché les éditeurs en 2023 ? 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