Si les mythes et scandales jalonnent l’histoire des “cryptos”, mind a cherché à comprendre quelle était la réalité des paiements en cryptoactifs aujourd’hui. Souvent mentionnés pour les paiements internationaux, les remittances (transferts d’argent des migrants) ou encore la trésorerie d’entreprise, les cryptoactifs présentent des bénéfices parfois difficiles à établir.

De quoi parle-t-on ?

Bien que les cryptoactifs ne remplissent que partiellement les trois fonctions économiques d’une monnaie (intermédiaire des échanges, unité de compte, réserve de valeur), raison pour laquelle nous évitons d’employer le terme de cryptomonnaie, l’ambition d’en faire un moyen de paiement répandu persiste. Avec, in fine, l’idéal de s’affranchir, grâce à la décentralisation, d’un système intermédié par les banques commerciales et circonvenu par les banques centrales.

Pourquoi c’est important ?

Les enjeux du paiement en cryptoactifs sont nombreux : accélérer et simplifier les mouvements d’argent, améliorer la transparence et l’inclusion financière ou encore ouvrir de nouvelles opportunités aux commerçants. L’un des cas d’usage fréquemment mis en avant est celui d’une optimisation des paiements, en particulier à l’international, tant pour les particuliers que pour les entreprises. Les cryptoactifs servent ainsi de vecteur pour des paiements inter-entreprises, des remittances (transferts d’argent des migrants), des micro-paiements ou encore des paiements de machine à machine. Toutefois, des limites demeurent.

Si les acteurs des paiements en cryptoactifs promettent une plus grande inclusion financière et une transparence sur les coûts, notamment pour répondre aux besoins de populations non bancarisées, Tonantzin Carmona, chercheuse à la Brookings Institution, estime que les cryptoactifs répondent mal à l’enjeu de l’accès au paiement en raison de leur volatilité et de la difficulté à faire passer à l’échelle des réseaux décentralisés. Quant à l’usage des stablecoins à des fins de paiement, ils “ne présentent pas de caractéristiques ou de capacités qui réduisent de manière significative les obstacles spécifiques à l’inclusion financière dans les scénarios étudiés”, écrit le Forum économique mondial dans un livre blanc paru en novembre 2021. 

Un bilan décevant au Salvador

Au Salvador, pays d’Amérique centrale qui décidé d’adopter en juin 2021 le bitcoin comme monnaie officielle, le bilan est plutôt décevant. Plus de deux ans après ce pivot, les dernières statistiques de la banque centrale salvadorienne soulignent que seulement 1,1 % des remittances ont transité par des portefeuilles de cryptomonnaie entre janvier et septembre 2023 (contre 36,5% via les établissements bancaires et 59,7% via les autres sociétés de transfert de fonds).

Des stablecoins soumis au MiCA en Europe

C’est finalement aux Etats-Unis que l’acceptation de paiements en cryptoactifs est vue comme un avantage compétitif de la part d’un nombre croissant d’enseignes de distribution. Selon une étude publiée en 2022 par Deloitte, en partenariat avec PayPal, 64 % des commerçants sondés indiquent que leurs clients expriment un intérêt significatif pour les paiements en cryptoactifs. 

Près des trois quarts des professionnels prévoient d’accepter les paiements en cryptoactifs ou en stablecoins d’ici deux ans, essentiellement pour des motifs d’amélioration de l’expérience utilisateur, de croissance de la base client et d’image de marque. Il faudra observer si cette tendance se confirme, alors que des marques comme Farfetch, Razer, Ferrari, Expedia, Microsoft, Dell, Tesla ou encore Rakuten figurent par les commerçants qui acceptent les paiements en cryptoactifs. En Europe, les stablecoins et leurs émetteurs seront soumis au règlement MiCA à compter du 30 juin 2024.

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