Après avoir agité le monde bancaire avec les fintech, la technologie s’est attaquée au chantier de la régulation. Depuis 2008, les exigences règlementaires envers les établissements financiers sont plus fortes et représentent une charge de travail et des coûts conséquents. Les regtech, dont le rôle est d’assister les entreprises dans ces tâches, connaissent actuellement une explosion de leur activité.
Une compliance de plus en plus exigeante
Cette intensification est notamment due au durcissement d’un cadre règlementaire déjà lourd (dont TRACFIN depuis 2009) et qui ne cesse d’évoluer. L’année 2018 est très représentative du poids que ces règlementations incarnent : implémentation de MiFID II / MIFIR et DSP2 en janvier puis du RGPD en mai.
Ces technologies de régulation aident les établissements de services financiers sur un grand nombre de problématiques : le reporting avec la collecte et l’analyse automatique des données puis leur transmission à l’organe règlementaire référent ; l’AML/KYC via un contrôle de l’identité au travers de plusieurs étapes (scan de documents/OCR, consultation de listes restrictives, …) ; la gestion du risque (opérationnel, portefeuille, …) ; le monitoring ; l’analyse quantitative ou encore la gestion des taxes.
Un levier technologique considérable
Les regtech sont capables d’intervenir sur autant de sujets car elles sont portées par une sphère technologique en pleine ébullition. On note la généralisation et les importants progrès des intelligences artificielles (et du big data) qui deviennent de plus en plus autonomes et permettent de traiter des quantités immenses de données provenant de sources variées.
Parmi ces évolutions technologiques, l’émergence de la blockchain est un élément essentiel dans le progrès des regtech et particulièrement dans le domaine financier. Par définition, cette technologie permet de certifier et d’échanger des données entre différents acteurs sans avoir à les authentifier à chaque fois, tout en offrant une traçabilité des transactions. Ces caractéristiques en font une technologie disruptive pour le secteur financier, mais aussi un composant évident et indispensable pour les regtech de demain, comme l’illustre le nombre grandissant d’acteurs qui l’intègrent dans leur offre.
Le paysage contemporain des regtech européennes
Dans un marché favorable, caractérisé par une demande croissante et une offre toujours plus performante, les initiatives entrepreneuriales se multiplient. Le paysage regtech européen s’est extrêmement densifié ces dernières années : aujourd’hui les start-up du secteur se développent partout en Europe, bien que le Royaume-Uni – qui en est historiquement le berceau – en héberge encore la moitié.
Au sein de Largillière Finance, nous avons notamment pu constater la récente maturité de certaines regtech qui rencontrent aujourd’hui des problématiques capitalistiques de type M&A (levées de fonds, croissance externe, rapprochements stratégiques…).
Les institutions financières commencent à internaliser la fonction en absorbant certaines sociétés et la tendance va se poursuivre. La place et l’utilité des regtech ne sont donc plus à prouver. Parallèlement, de nombreux acteurs qui n’ont pas de base technologique assez solide vont disparaître. En conclusion, le secteur n’a pas fini de progresser et de gagner en autonomie dans la gestion de la compliance des services financiers, toutefois il faut s’attendre à voir son paysage profondément changer dans les années à venir.