Accueil > Financement > Open banking et crédit : de premiers acteurs généralisent leurs scores DSP2 Open banking et crédit : de premiers acteurs généralisent leurs scores DSP2 L’accès aux comptes bancaires dans le cadre de la DSP2 permet aux acteurs du crédit de simplifier leurs parcours, de diminuer leurs coûts d’analyse et d’améliorer les scores. De plus en plus d’acteurs y recourent, pour du crédit à la consommation, du paiement en plusieurs fois ou du crédit aux entreprises. mind Fintech fait le point. Par Aude Fredouelle. Publié le 24 mars 2021 à 10h15 - Mis à jour le 24 mars 2021 à 16h46 Ressources La seconde directive européenne sur les services de paiement (DSP2), en proposant à des acteurs tiers d’accéder aux données de transactions bancaires avec l’accord du client, a ouvert des opportunités de transformation profonde des parcours d’octroi de crédit. Les acteurs du crédit peuvent en effet désormais demander aux prospects l’accès à leur historique de transactions bancaires pour les analyser et déterminer un score de crédit. En novembre 2019, mind Fintech faisait le point sur les premières initiatives francophones en la matière, encore très marginales. Depuis, de nombreux acteurs se sont penchés sur la question et les parcours DSP2 en production se multiplient. Quels acteurs se positionnent sur les parcours de crédit DSP2 ? Plusieurs acteurs se positionnent sur ces nouvelles chaînes de valeur. D’abord, les plateformes d’open banking, agréées au sens de la DSP2, qui permettent de donner accès aux transactions bancaires. Parmi elles, Budget Insight, Oxlin (du groupe Linxo), Bridge (de Bankin’) et Tink (voir encadré). Ensuite, les sociétés ayant développé des parcours DSP2 et des algorithmes d’analyse des données et de scoring, en direct ou en marque blanche, sont de plus en plus nombreuses. Algoan, filiale BtoB créée en 2018 de la plateforme de crédit à la consommation pour les étudiants Yelloan, a développé des solutions de scoring en marque blanche pour de l’octroi de crédit à la consommation, le rachat de crédit, l’aide au recouvrement et le paiement en plusieurs fois. La société propose aussi son expertise front (chatbot, formulaire…). Parmi ses clients : Cofidis, Oney, Carrefour Banque (pour l’octroi de la carte Pass, et bientôt pour l’octroi de crédits conso), Alma, Premista (rachat de crédit)… Fydem, ex-Fintel, a développé un score de crédit DSP2 et le propose en marque blanche à des établissements financiers et e-commerçants. Le spécialiste historique Experian avait également annoncé fin 2019 le lancement d’une offre “open banking” conjointe avec Bridge, de Bankin’. Damien Prevosto, consultant EMEA chez Experian, indiquait alors qu’un “projet de construction d’une plateforme pour une filiale crédit d’une grande banque française” était en cours. Il s’agit en fait d’ALD Automotive, filiale de Société Générale dédiée au leasing automobile. Depuis décembre 2020, elle propose un parcours DSP2 permettant de souscrire un contrat en ligne en une dizaine de minutes. Le duo Bankin’/Experian, qui a travaillé ensemble sur la catégorisation des transactions pour le score de crédit (car la catégorisation dédiée aux outils de gestion du budget n’est pas adaptée) n’a pas encore signé d’autres clients mais Ludovic des Garets, directeur France, Benelux et Afrique du Nord d’Experian, indique recevoir “beaucoup de demandes de captives de constructeurs automobiles”. D’autres acteurs couvrent à la fois le scoring et le parcours DSP2, mais aussi le financement en lui-même. C’est le cas de Younited Credit, qui a généralisé les parcours DSP2 sur ses propres sites en France, en Espagne et au Portugal et propose aussi sa solution en marque blanche à des e-commerçants (credit-as-a-payment) mais aussi à des établissements financiers, comme HSBC (credit-as-a-service). Quelques acteurs traditionnels du crédit à la consommation développent aussi leurs propres parcours et scores DSP2. C’est le cas de Franfinance, filiale du groupe Société Générale dédiée au crédit à la consommation, qui passe par l’agrégateur Fiduceo. Le parcours, déployé mi-2019, est uniquement proposé aux prospects qui se voient refuser un crédit via le parcours classique. La filiale de crédit à la consommation de La Banque Postale, qui a annoncé en janvier 2021 le lancement d’une plateforme ouverte baptisée LBPCF Business Solution pour proposer des crédits en marque blanche, proposera elle aussi d’ici le printemps des parcours DSP2. “Nous sommes déjà capables de scorer en temps réel plus de 5 millions de personnes identifiées par La Banque Postale Consumer Finance, explique Franck Oniga, président du directoire de LBP Consumer Finance. Avec le parcours DSP2, l’enjeu est d’augmenter nos scores d’acceptation pour les prospects sur lesquels nous n’avons pas encore d’informations.” Enfin, des start-up ont aussi lancé, ealman direct, des solutions de financement basées sur des scores DSP2 élaborés en interne. Dans le domaine des micro-crédits, la start-up Finfrog, intermédiaire en financement participatif lancé en juillet 2016, propose des micro-prêts de 100 à 600 euros sur des durées de 3 à 6 mois et recourt depuis 2017 à un score DSP2. L’agrégation est obligatoire, alors qu’elle est optionnelle chez la quasi-totalité des acteurs. Mansa propose de son côté des crédits pour les indépendants, et Silvr finance les campagnes d’acquisition en ligne des e-commerçants. October, plateforme de financement pour les PME, a aussi introduit ce type de parcours il y a un an environ. Le crédit, levier de croissance pour les plateformes d’open banking L’intérêt des acteurs du crédit pour les parcours DSP2 a fait de ce segment une cible privilégiée pour les plateformes d’open banking. “Le crédit est un cas d’usage prioritaire pour nous car le secteur a tout à gagner de la DSP2, ce qui n’est pas le cas du PFM. Pour l’octroi de crédit, la réauthentification tous les 90 jours n’est pas un problème, puisqu’il s’agit d’une récupération d’informations ponctuelles”, estime Bruno van Haetsdaele, CEO de Linxo. La plateforme est utilisée par Younited Credit et travaille aussi sur le sujet avec son propriétaire, le groupe Crédit Agricole. Budget Insight, qui couvre la France, la Belgique et le Luxembourg et commence à se déployer en Italie, a été retenu par plusieurs clients d’Algoan comme Carrefour Banque, mais aussi par Finfrog, Alma, Lydia (pour le crédit instantané avec Banque Casino)… Nicolas Ribeaut, directeur commercial, recense dix projets sur le crédit, dont certains en phases de tests et de PoC. “Nous travaillons aussi avec des courtiers qui veulent récupérer les pièces justificatives puis les transmettre aux banques pour les financements. Ils deviennent un relais d’évangélisation”. Tink, de son côté, est exploité par Klarna dans les pays nordiques et Bridge (Bankin’) est notamment utilisé par Mansa, Silvr, LBPCF Business Solution, ALD Automotive et October. Mais les algorithmes de catégorisation des plateformes d’open banking, développés pour des usages de PFM (Personal Finance Management), ne sont pas adaptés à des calculs de scores de crédit. Elles sont donc utilisées par les acteurs du crédit pour récupérer les données brutes. Puis, Younited, Algoan, Franfinance, Fydem ou Finfrog ont conçu leurs propres modèles de catégorisation et d’analyse de données. “Nous considérons qu’il s’agit d’un actif cœur et que nous possédons le savoir-faire pour le développer en interne”, explique par exemple Franck Oniga, président du directoire de LBP Consumer Finance. Les plateformes d’open banking souhaitent cependant se positionner davantage sur ces sujets, au moins en développant une catégorisation adaptée aux analyses pour l’octroi de crédit. Le duo Bridge/Experian a ainsi développé ensemble une catégorisation pour le leasing, pour le client ALD Automotive. “On s’attend à une généralisation de l’open banking pour l’octroi de crédit, donc nous pensons qu’être capable d’analyser et catégoriser les données pour le crédit devra faire partie de notre offre pour être concurrentiel, détaille Bruno van Haetsdaele, de Linxo. Nous avons commencé à travailler sur le sujet. Par contre, nous n’avons pas prévu de travailler sur le scoring, qui est un métier très spécialisé.” Chez Budget Insight, “nous menons des tests en interne pour aider nos clients à mieux appréhender et exploiter la donnée dans le domaine du crédit. Nous ne serons jamais un pur PFM ni un spécialiste du score du crédit, mais nous voulons rendre les données plus lisibles pour nos clients”, renchérit Nicolas Ribeaut. Même stratégie chez Tink : “nous proposons des KPIs, c’est-à-dire des des données spécifiques aux acteurs du crédit, comme la présence de rejets sur les prélèvements automatiques ou l’existence d’autres crédits, mais nous n’avons pas vocation à proposer de solutions de scoring, avance Jérôme Albus, directeur régional. D’ici le deuxième trimestre 2021, nous proposerons la vérification des revenus dans plus de la moitié des pays européens, dont la France. Avant la fin de l’année, nous étendrons aussi les KPIs pour les acteurs du crédit à la moitié des pays européens.” Tink a racheté en juillet 2020 Instantor, qui propose justement 300 KPIs de ce type en Suède. Score DSP2 : quels avantages ? La possibilité d’accéder aux données bancaires des prospects rebat les cartes pour les acteurs du crédit à la consommation, qui avaient pour habitude de demander les trois derniers relevés bancaires et de les faire analyser par des agents (parfois aidés par des techniques de reconnaissance de caractères). “Cela nous permet d’obtenir des informations à jour et exactes, explique Ludovic des Garets, d’Experian. Pour un pays sans bureau de crédit comme la France, c’est une mine d’informations précieuse.” Grâce à ce procédé, les acteurs s’assurent en effet de la fiabilité des informations bancaires. “Nous observons une grosse différence entre le déclaratif et les données exactes des comptes bancaires, explique François Gutierrez, chief revenue officer d’Algoan. Nous avons par ailleurs observé que les charges déclarées étaient sous-estimées de plus de 20 % pour 44 % des demandes de prêts en ligne, pour une mensualité omise moyenne de 600 euros environ.” La connexion au compte bancaire, dans le cadre de la DSP2, donne accès à au moins trois mois d’historique, mais parfois à plus. “La force des banques, c’est la profondeur de leur historique, résume Joseph Trojman, directeur marketing et datascience chez Franfinance. Pour les autres acteurs, le procédé DSP2 permet, quand on a un historique de trois mois, d’obtenir des scores très adaptés pour des crédits de maturité de 18 à 24 mois.” Autre avantage : l’open banking donne souvent aussi accès aux comptes d’épargne (même si cela n’est pas prévu par la DSP2). “En moyenne, nous accédons à trois comptes par client”, ajoute ainsi Joseph Trojman. Selon les acteurs spécialisés, le score DSP2 permet donc de parvenir à des scores de crédit plus fiables. Algoan revendique un score de Gini autour de 72 %, variable selon la clientèle ciblée. Un score de Gini à 100 % signifie que l’on a bien accepté toutes les demandes de crédit des clients qui auraient remboursé et que l’on a refusé les demandes de ceux qui n’auraient pas remboursé. Chez Younited Credit, “à iso-méthode, on augmente de 50 à 100 % le score de Gini en utilisant les données DSP2 plutôt que les données traditionnelles”, assure Geoffroy Guigou, COO, qui évoque un Gini systématiquement supérieur à 60 %. “On peut gagner entre 15 et 25 points de fiabilité dans le score d’octroi quand on introduit des données bancaires”, renchérit Joseph Trojman, de Franfinance. Le score DSP2 peut aussi permettre de démocratiser le crédit auprès de populations habituellement mal servies. “Le score socio-démographique défavorise les jeunes, par exemple, contrairement au score open banking qui se focalise sur le reste à vivre, qui regarde s’il y a déjà un crédit ou non…”, analyse François Gutierrez, d’Algoan. Selon lui, “sur une situation à iso-risque, on octroie environ 20 à 40 % plus de crédits avec un score DSP2”. Les parcours DSP2 permettent aussi d’améliorer l’expérience utilisateur. D’abord, en accélérant la décision d’octroi. “Cela permet d’accorder un crédit en quelques minutes, au lieu de plusieurs jours”, explique François Gutierrez. Chez Finfrog, la rapidité de la réponse est au coeur de l’offre. “Nous avons la capacité de scorer en instantané et nous sommes passés au virement SEPA Instantané, se félicite Riadh Alimi, CEO. Depuis trois mois, nous testons le procédé de crédit instantané en bêta”. Les connecteurs vont se multiplier sur les parcours Le connecteur DSP2 ne sera probablement pas le seul sur des parcours de financement de plus en plus ouverts. “Dans notre parcours, nous attachons des connecteurs pour demander une connexion à France Connect pour la partie imposition, la reconnaissance de la pièce d’identité via Ubble ou Ariadnext… égrène François Gutierrez, d’Algoan. Nous pourrons aussi nous connecter à des fournisseurs pour les justificatifs de domicile.” Chez Franfinance, les parcours évolueront aussi en ce sens. “L’objectif est de demander, à terme, l’identité numérique, l’accès au compte bancaire et à l’opérateur téléphonique, et de monter le dossier à partir de ces informations”, explique Joseph Trojman. Les plateformes d’open banking commencent aussi à s’enrichir. “Nous proposons de récupérer divers documents et pièces justificatives, par exemple pour les déclarations d’impôts via un connecteur Impots.gouv, utilisé par Algoan, mais aussi en récupérant les métadonnées sur des sites officiels pour le KYC, les justificatifs de domicile auprès d’opérateurs télécoms…”, décrit Nicolas Ribeaut, de Budget Insight. Aux États-Unis, la plateforme open banking Plaid développe aussi de plus en plus de connecteurs additionnels. En février, elle a lancé Deposit Switch, qui permet aux utilisateurs de transférer rapidement tous leurs versements de salaire sur le compte de leur nouvelle banque, en se connectant à la plateforme de paie de leur société. Et en mars, elle a dévoilé Plaid Income, un produit permettant de vérifier le salaire d’un utilisateur et son employeur en lui demandant de donner accès au site de la société (comme Uber par exemple) ou à la solution de paie. Plaid propose une vérification du salaire pour plus de 250 000 grandes entreprises et 80 % des sociétés du Fortune 100. Ce produit cible les acteurs proposant des crédits mais aussi, par exemple, la location d’appartements ou de voitures ou le conseil financier. Côté distributeur, cette méthode diminue aussi les coûts d’analyse. Geoffroy Guigou, de Younited, évoque 80 à 100 % de réduction puisque dans certains cas, l’analyse devient totalement automatisée. “C’est aussi bien plus fiable que l’analyse des relevés bancaires avec des technologies de reconnaissance de caractères, en termes de qualité de traitement et de rapidité, ainsi que de fiabilité”, ajoute-t-il. Et chez LPBCF Business Solution (La Banque Postale Consumer Finance), Franck Oniga estime que le parcours DSP2 permet de gagner 25 à 30 % de temps d’analyse des demandes de crédit. Du point de vue du client, le parcours DSP2 permet d’améliorer la qualité de l’expérience et la simplicité du parcours : la connexion du compte bancaire évite au client de devoir envoyer ses trois derniers relevés bancaires pour réaliser sa demande. Et lorsqu’il est demandé tôt dans le parcours, le partage du compte bancaire peut aussi permettre la pré-complétion de certains champs du formulaire et aider à vérifier l’identité du client. Adoption en hausse Pour assurer une transition en douceur, la quasi-totalité des acteurs proposant des parcours DSP2 ont fait le choix de donner une alternative aux clients, s’ils préfèrent tout de même uploader leurs derniers relevés bancaires. Chez Younited Credit, qui recourt à l’accès aux données bancaires depuis début 2018 et l’a complètement généralisé, Geoffroy Guigou revendique des taux d’adoption entre 60 % (en France) et 90 % (en Espagne). “Sur des petits montants, nous imposons même le partage de données par DSP2”, dévoile le COO. Selon les pays, le module est placé à des moments différents du parcours. “En France, nous le demandons après la pré-acceptation, au moment de donner les justificatifs. Mais en Espagne, pays plus avancé en termes de digitalisation du crédit, la proposition DSP2 arrive tout de suite dans le parcours, après avoir donné son mail. Dans ce cas, 40 % des utilisateurs acceptent directement d’agréger les comptes et d’autres préfèrent revenir sur le parcours classique et le font plus tard.” L’Allemagne et l’Italie suivront, mais “la partie DSP2 est moins nécessaire puisqu’il y a des fichiers positifs dans ces pays.” Chez Franfinance, qui propose le mécanisme en rattrapage, en cas de refus d’octroi via le parcours traditionnel (une proportion qui atteint souvent 75 à 80% sur le marché du crédit conso), “20 % des clients acceptaient de donner accès à leurs comptes au début, et la proportion a atteint 30 % environ grâce à l’évangélisation de plusieurs acteurs sur le marché”, se réjouit Joseph Trojman, qui souligne que la moyenne d’âge des clients de Franfinance est plus élevée que celle de certaines fintech, avec une population moins appétente à ce type de mécanisme. “Cela nous a permis de rattraper certains dossiers qui n’auraient pas été acceptés autrement.” Désormais, Franfinance veut généraliser l’option à tous ses clients qui entrent dans le parcours, de manière optionnelle. “Cela permettra d’automatiser l’entrée d’un certain nombre d’informations dans le dossier et de ne plus demander les relevés bancaires, prévoit le directeur marketing. Ainsi, la constitution du dossier et sa vérification seront accélérées et les analystes pourront se concentrer sur les dossiers les plus compliqués”. Le déploiement débutera en avril pour une généralisation en septembre 2021. Tous les acteurs s’accordent en tout cas pour dire que les taux d’adoption augmentent. Algoan a publié le 11 mars dernier un baromètre qui porte sur les demandes de crédit effectuées auprès de différents prêteurs (clients de la start-up), et qui révèle que le taux d’adoption du score DSP2 est passé de 38 % en mars 2020 à 61 % en février 2021. “Selon les cas d’usage, les taux oscillent entre 30 et 60 % environ, explique François Gutierrez. Par exemple, ils sont plus élevés sur de l’octroi de crédit, moins élevés pour l’aide au recouvrement.” Chez Finfrog, chez qui l’agrégation de compte bancaire est obligatoire pour demander un micro-crédit, “plus de la moitié des clients adhèrent au procédé et le chiffre est en progression constante”, assure Riadh Alimi. Et durant son PoC, LBPCF Business Solutions a observé que la moitié des prospects acceptaient d’agréger leur compte principal. Du côté du crédit aux entreprises, où les parcours DSP2 sont encore extrêmement rares, le CEO de la plateforme October, Olivier Goy, évoque un taux d’adoption de 10 à 20 % en France au début, “qui augmente fortement”. Vers des scores 100 % DSP2 Le score calculé à partir des données bancaires n’est souvent qu’un élément parmi d’autres utilisé par les acteurs pour octroyer ou non le crédit. Chez Franfinance, par exemple, l’octroi sera basé à la foi sur le score DSP2 et les règles usuelles d’analyse. LPBCF Business Solution “croisera plusieurs scores : celui d’analyse des données bancaires, qui aura un poids majeur, et ensuite les scores liés aux CSP et aux indicateurs de risque que l’on observe par ailleurs”, explique Franck Oniga. Mais certains acteurs s’appuient désormais uniquement sur le score de crédit DSP2. Chez Finfrog, “l’essentiel du score de solvabilité est basé sur l’analyse des relevés bancaires, assure Riadh Alimi. Cela suffit pour prédire la capacité du client à rembourser”. Il est simplement couplé aux vérifications KYC. Younited Credit a mis en production depuis février 2021 des modèles de scores 100 % basés sur l’analyse des comptes bancaires. “Au début, le scoring DSP2 permettait de donner des règles d’écart, pour détecter des notifications de rejet et donner une vision plus large des revenus, et il était aussi un facilitateur de complétude du dossier, raconte Geoffroy Guigou. Aujourd’hui, nous commençons à nous baser uniquement sur ce score pour octroyer ou non nos crédits à des prospects.” Le déploiement de ce score 100 % DSP2 a commencé en Espagne et vaut pour l’instant pour la pré-acceptation du crédit. “Mais il n’y aura bientôt plus de pré-acceptation : la décision vaudra immédiatement pour acceptation définitive, dévoile le COO. Nous le lancerons au deuxième semestre en Espagne et l’objectif est de le déployer à terme dans tous nos pays.” En moyenne, Younited accorde des prêts pour des montants de 10 000 euros, pour une maturité de 48 mois, mais ils peuvent monter jusqu’à 50 000 euros. Au-delà du score de crédit, le PFM Younited Credit voit plus loin que l’analyse des données bancaires pour le crédit. La société a lancé en bêta un nouvel axe, qui sera étendu cet été à tous les visiteurs de son site : un algorithme de coaching financier qui identifie des opportunités d’économies. “Nous ne nous contenterons pas de donner un financement aux clients qui partageront leurs données bancaires lors d’une demande de crédit, explique Geoffroy Guigou. Nous leur proposerons aussi un diagnostic et des recommandations sur la gestion de leurs finances : passer à la banque en ligne, changer de fournisseur d’énergie, optimiser les dépenses mobiles, changer d’assurance emprunteur…” Younited pourra ainsi se rémunérer en tant qu’apporteur d’affaires. Le spécialiste du crédit à la consommation espère réussir là où les PFM, comme Linxo et Bankin’, ont bien du mal à se développer. “La différence avec ces PFM, c’est que les utilisateurs qui viennent sur nos sites ont besoin d’argent, explique le COO. Il ne s’agit pas d’une clientèle d’early adopters aisés qui n’ont pas besoin de faire des économies.” Autre élément différenciant : “la puissance des algorithmes de recommandation et de catégorisation, développés en interne et extrêmement fins puisqu’ils sont utilisés pour du scoring de crédit.” Younited est en train de monter un réseau de partenaires, à commencer par Meilleurtaux et Fortuneo pour la banque en ligne. Cas d’usage : le BNPL s’intéresse aussi au scoring DSP2 Si le crédit à la consommation a été le premier cas d’usage expérimenté des parcours DSP2, les acteurs commencent à investir le créneau du “Buy Now Pay Later” : le paiement en plusieurs fois (considéré comme un crédit à la consommation par la réglementation à partir de 90 jours). Reste à savoir si les parcours de paiement fractionné courts, pour lesquels les acteurs historiques réclament peu d’informations et pas de justificatifs, pourront être enrichis d’un module DSP2 sans que cela n’impacte le taux de conversion. Pour les paiements fractionnés plus longs, Younited a en tout cas fait du score DSP2 l’un des axes de développement de son activité BtoB : le “credit-as-a-payment”, étalé sur 6 à 48 mois. “Nous visons des paniers moyens supérieurs à 300 euros pour lesquels le paiement fractionné de courte durée a peu d’intérêt pour le client”, décrit Geoffroy Guigou. La société a noué des partenariats avec Microsoft, le DNVB Tediber ou encore des revendeurs Apple comme LDLC.com, avec des parcours qui ne laissent parfois que le choix de l’accès aux comptes via DSP2, comme chez Microsoft et Tediber. “Certains partenaires qui ont voulu maintenir un parcours alternatif vont d’ailleurs finalement passer sur du 100 % DSP2.” La solution peut aussi être déployée en point de vente : “dans ce cas, le client reçoit un SMS et finalise sur son mobile le parcours avec authentification vidéo, via Ubble, et partage des comptes via DSP2.” Selon Geoffroy Guigou, la solution augmente de 10 à 20 points le taux d’acceptation des financements et divise le coût de la fraude par 2 à 4, “ce qui permet de proposer des coûts plus compétitifs au client”. Quant aux taux de conversion, ils seraient augmentés de 10 à 30 points. Algoan travaille aussi sur le sujet avec des spécialistes du paiement en plusieurs fois. “Nous travaillons sur des solutions de BNPL avec Cofidis et Alma, qui vont utiliser notre outil de credit decisioning”, indique ainsi François Gutierrez. Fydem, qui commercialisait sa solution de credit scoring auprès de courtiers ou de sociétés de leasing, a même pivoté vers le BNPL : “ces acteurs n’étaient pas assez matures et ont eu une grosse baisse d’activité en 2020, donc ils ont ralenti leurs investissements”, raconte Jonathan Dahan, CEO. La société s’est donc rapprochée d’établissements de crédit pour les aider à proposer aux e-commerçants une solution de paiement en plus de 4 fois, sur des paniers élevés. La société sera bientôt en tests avec deux e-commerçants. “Nous visons deux établissements bancaires signés en France en 2021 et un autre à l’étranger, et cinq e-commerçants de premier plan utilisateurs de la solution”, explique le CEO. La société conserve toutefois ses clients existants, parmi lesquels Melhortaxa, leader du courtage en crédit immobilier au Brésil et Mercedes Benz Financial Services, mais a cessé de vendre la solution de scoring crédit DSP2 en tant que telle. Recouvrement et crédit immobilier Algoan s’attaque aussi à d’autres cas d’usage, parmi lesquels le recouvrement pour le client Premista : “sur un tableau de bord, nous indiquons si la personne a d’autres crédits, son salaire, son reste à vivre, souligne François Gutierrez… Un agent de recouvrement aurait besoin d’au moins une demi-journée pour récupérer ces informations dans les fiches de paye et calculer le reste à vivre, sans compter la différence entre les données fournies par le client en déclaratif et les vraies données.” La société indique aussi travailler sur le crédit immobilier avec deux prospects, “mais le coût du risque est plus important et le crédit immobilier plus complexe, donc la solution sera adaptée et une partie demeurera gérée par le conseiller.” Et dans le crédit à la consommation, Algoan imagine aussi de nouveaux cas d’usage : “Au lieu de demander au prospect combien il veut emprunter et de lui donner une réponse positive ou négative, nous pourrions calculer sa capacité d’emprunt en fonction de l’analyse de son compte bancaire, pour qu’il réalise son achat en fonction de cette capacité, décrit François Gutierrez. Ce n’est pas encore en production, mais l’un de nos clients a signé pour le tester.” Crédit aux entreprises Les scores DSP2 se développent aussi sur le créneau des professionnels. D’abord, auprès des indépendants, pour lesquels l’analyse se rapproche beaucoup de celles des particuliers. Mansa, créée en 2020, propose ainsi des crédits aux freelances et promet une réponse définitive en moins de 48 heures. La société vient d’ailleurs de lever 6 millions d’euros en equity et 12 millions d’euros de dette pour financer les crédits, et revendique 2 millions d’euros de prêts accordés en 2020 et un objectif de 15 à 20 millions pour 2021. Elle gère toute la chaîne du crédit, depuis le scoring et l’octroi jusqu’au recouvrement, avec des montants moyens de 3 500 euros. La société demande l’accès aux différents comptes bancaires des clients, qui en connectent en moyenne 2,7. “En onboardant tous nos clients en visio, quasi-100 % d’entre eux acceptent d’agréger leurs comptes”, se félicite Ali Rami, CEO. Par contre, Mansa estime que son score ne fonctionne qu’à partir de six mois d’historique bancaire (contrairement à Younited ou Algoan, par exemple, qui peuvent se contenter de 3 mois). “Dans les 30 % de cas où nous n’avons que trois mois d’historique, nous demandons en plus les six derniers relevés bancaires, que nous analysons avec des technologies d’OCR [reconnaissance optique de caractères, ndlr]”, ajoute le CEO. Mansa revendique un taux de défaut inférieur à 3 % et un taux de conversion de 40 % des utilisateurs qui arrivent sur la page du site. Outre les données DSP2, Mansa est en PoC avec plusieurs plateformes dédiées aux freelances, pour pouvoir récupérer les données d’activité. C’est aussi le modèle adopté par Silvr, lancée en mars 2020 et qui finance les campagnes d’acquisition en ligne des e-commerçants grâce à leurs données bancaires dans le cadre de la DSP2 mais aussi leurs analyses d’audience (via Google Analytics), données de vente (via le connecteur du CMS comme Prestashop ou Shopify), les données de campagnes (via les régies publicitaires comme Google Ads), et les comptes des PSP (prestataire de services de paiement). Sur le segment du crédit aux PME, la plateforme October s’est aussi lancée dans les scores DSP2 en demandant à accéder aux comptes de l’entreprise. “L’information est plus récente que celle des comptes sociaux, de résultat ou les bilans, et elle nous donne de la visibilité sur les entrées et sorties, commente Olivier Goy, CEO. Par ailleurs, les PME sont multibancarisées, donc les banques prennent habituellement des décisions de crédit sur une vision partielle des comptes de l’entreprise. Par exemple, elles ne peuvent pas détecter une conciliation bancaire en cours car ce n’est pas inscrit dans un fichier central, alors qu’on peut le voir dans les relevés de comptes.” October propose l’accès via DSP2 ou l’upload de relevés bancaires, lus via des technologies d’OCR, mais “plus sources d’erreurs et de fraudes”. Le CEO indique même que la société “va commencer, pour des petites entreprises, à ne baser ses analyses que sur les comptes bancaires, plus pertinents que les liasses fiscales dans ce cas de figure.” October va aussi travailler en direct avec des banques ou néobanques pour obtenir un historique plus long que celui de l’API DSP2. Comme Younited Credit sur le volet du crédit à la consommation, October fait de son module DSP2 un argument pour la commercialisation d’October Connect, solution de credit-as-a-service pour les banques lancée en novembre 2020. “Le parcours DSP2 et nos modules anti-fraude les intéressent d’autant plus qu’avec la crise, les montants prêtés ont explosé et les cas de fraude également”, note le CEO, qui révèle que plusieurs banques traditionnelles ont déjà signé avec October. MindFintech N193 TableauDSP2 Aude Fredouelle crédit en ligneDSP2open bankingPFM Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind