COVID-19 : Hyperactifs, les GAFAM sont impliqués dans 71 initiatives

Depuis le premier signalement en Chine en décembre 2019, la maladie à coronavirus COVID-19 s’est étendue au reste du globe. Les acteurs de la santé ont eux été en première ligne tant pour la prise en charge des malades de la COVID-19 que pour la continuité des soins pour les autres patients, tant pour la poursuite des activités comme les essais cliniques que la production de médicaments que pour la recherche de traitements et vaccins contre cette nouvelle maladie. Présents depuis plusieurs années dans le domaine de la santé, les géants de la tech américains, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (GAFAM) ont participé à la réponse à la pandémie de COVID-19.

mind Health a voulu cerner leur implication réelle. Nous avons ainsi recensé 71 de leurs initiatives et actions, du 30 janvier au 18 mai 2020 participant à la lutte contre la crise liée au nouveau coronavirus (consultez la liste complète ici). Un recensement qui s’est concentré sur les initiatives ou actions initiées par ces grandes entreprises ou auxquelles ils ont participé, uniquement dans le domaine de la santé. Ces initiatives ont essentiellement quatre finalités : fluidifier les parcours de soin (42 % d’entre elles), contribuer à la recherche scientifique (30 %), lutter contre les fake news (15 %) et apporter un soutien à la localisation des foyers d’infection, l’épidémiologie ou le déconfinement (15 %).

Une évolution des sujets d’implication au fil de la crise

Dans un premier temps, les actions ont porté sur la lutte contre le fake news. Entre fin janvier et début mars, on recense six premières initiatives sur ce thème : Google a très tôt relayé l’alerte de l’OMS sur ses services et Facebook a annoncé le retrait des fausses informations sur le virus. Amazon, Google et Facebook ont rencontré l’OMS mi-février et Apple a publié mi-mars une note aux développeurs d’applications pour les aider à évaluer la crédibilité d’une information de santé.

En France, le gouvernement a réuni fin février les représentants d’acteurs des réseaux sociaux et des moteurs de recherche dont ceux de Facebook, Google et Microsoft afin de travailler sur des mesures pour “mettre en avant” des “sources d’informations fiables”. 

Ils se sont ensuite davantage concentrés sur les parcours de soin (13 initiatives en mars, 15 en avril) et la recherche (12 initiatives en mars, 8 en avril). Avec le début du déconfinement dans plusieurs pays, ils ont commencé à se positionner sur ces questions. À l’exemple de Google et Apple qui ont proposé début avril une API commune pour les applications de traçage, afin d’identifier les personnes ayant été exposées à de patients diagnostiqués du COVID-19 pour les informer, les tester et le cas échéant les isoler.

Une différenciation par spécialité

Le positionnement des acteurs pendant la crise liée au COVID-19 témoigne également de leurs spécialités. Certains ont alors affiché une préférence pour un sujet précis. 12 des 20 initiatives de Microsoft (60 %) portent par exemple sur l’amélioration du parcours de soins. La société a par exemple mis à disposition des équipes de santé et de recherche son service de cloud Azure et sa messagerie Teams. Intervenant lors du World medical innovation forum le 11 mai 2020, Peter Lee, corporate vice president de Microsoft research and incubation, est revenu sur l’utilisation de leur Healthcare Bot : “Une des choses que nous avons constaté pendant la crise : les chabots interactifs utilisant de l’intelligence artificielle ont réellement pris de l’importance. Quand nous avons travaillé avec le CDC et Providence Health sur l’auto-évaluation. Nous avons ensuite été surpris de voir maintenant environ 1 500 hôpitaux et cliniques dans le monde l’adopter. Au départ, il était considéré comme une source d’information mais il a permis le triage intelligent par exemple vers une téléconsultation ou une conversation téléphonique avec un clinicien ou pour gérer le processus d’accueil des patients”. Le groupe a annoncé une collaboration avec le CDC pour répondre aux questions sur le COVID-19 fin mars. Peter Lee a par ailleurs détaillé l’évolution de la solution : “Lorsque des dizaines de millions de personnes l’utilsent, vous avez suffisament de télémétrie pour comprendre les très petites différences dans les choix des mots. Et donc ces boucles de rétroaction finissent par être assez importantes”. Il a par ailleurs noté une autre tendance pour la prise en charge des patients pendant la crise sanitaire : “l’orchestration des plateformes” afin de gérer “les workflows spécifiques au COVID-19” et ainsi “guider le parcours du patient à travers ces processus”.

C’est aussi sur le parcours de soin qu’Apple a concentré ses efforts (quatre initiatives sur sept). Depuis mars, son assistant vocal peut par exemple répondre à des questions sur le coronavirus. En avril, son président Tim Cook a annoncé la création de 20 millions de masques via sa supply chain. 

Amazon se montre, lui, plus présent dans le domaine de la recherche (11 des 28 initiatives) tandis qu’il se fait discret dans la lutte contre les fake news. Le 20 mars, il a par exemple lancé AWS Diagnostic Development pour aider à la mise sur le marché de solutions de diagnostic avec un investissement de 20 M$ sous forme de crédits promotionnels AWS et apporter un support techniques des équipes de recherche pour aider à “exploiter pleinement le potentiel du cloud pour relever ce défi”. 

Des actions seuls ou en collaboration

Avec 23 initiatives, Google est le GAFAM le plus impliqué, devant Amazon et Microsoft. Huit initiatives ou actions ont réuni plus d’un GAFAM. Le 22 mars, le consortium public-privé COVID-19 High Performance Computing (HPC) a ainsi réunit Amazon, Facebook, Microsoft et Google, ainsi que d’autres acteurs numériques, aux côtés des instances gouvernementales américaines, des industriels et des académiques pour fournir des ressources de calcul haute performance pour la recherche. La collaboration entre Google et Apple sur les applications de traçage a notamment été commenté par Karen DeSalvo, Chief health officer de Google Health lors du World Medical innovation forum : “Nous avons fait ce partenariat avec Apple pendant la pandémie, bien que concurrent. Nous savions qu’en utilisant une même API interopérable, nous pourrions atteindre beaucoup plus de personnes dans le monde. Et cela fournirait une meilleure information pour la santé publique.

Une grande part de mise à disposition de ressources 

Au-delà de la finalité poursuivie, nous avons regardé, lorsque c’était possible, les moyens mobilisés par les GAFAM. Dans plus d’un tiers des cas (26 initiatives sur 71), ils ont mis à disposition une solution d’hébergement ou de la puissance de calculs, via Amazon Web Service, Microsoft Azure ou Google Cloud. Dans 25 cas sur 71, ils ont mis à disposition un outil ou une expertise technique. Le 18 avril, Microsoft a par exemple lancé un chatbot pour le recrutement de donneurs de plasma sanguin aux États-Unis dans le cadre de la CoVIg-19 Plasma Alliance. Et le 8 avril, la maison mère de Google Alphabet a partagé en open source des travaux de sa filiale Deepmind sur la prédiction des structures de protéines associées au SARS-CoV-2.

Tous les GAFAM ont également adapté au moins une fois l’un de leurs services. Amazon et Apple ont par exemple mis à jour leurs assistants virtuels pour qu’Alexa et Siri répondent aux questions liées au coronavirus. Interrogée sur ce point lors du Wolrd medical innovation forum, Amanda Goltz, principal, business development, Alexa Health & Wellness chez Amazon a décrit le travail de son équipe afin dans un premier temps d’identifier “où nous pouvions être le plus utile pendant la crise”. Outre la capacité d’Alexa de répondre aux questions sur le COVID-19, elle a ainsi détaillé les travaux actuels avec les hôpitaux pour répondre aux besoins des patients tout en réduisant le nombre d’entrées dans les chambres. Un appareil est placé au chevet du patient tandis que l’équipe médicale dispose d’un autre appareil. “Cela permet de répondre à la demande du patient ou de vérifier une alarme sans avoir à utiliser d’équipement de protection individuelle et réduire les risques pour le personnel tout en gardant l’aspect personnel qui permet de voir et entendre le patient”. Elle cite par ailleurs un don de 5 M$ d’appareils pour les hôpitaux. 

Le 1er avril, Facebook a lancé sur son réseau social Community Help, une fonctionnalité permettant d’offrir ou de demander de l’aide autour de soi dans le cadre de la crise. 

À eux deux, Facebook et Google ont mis à disposition à six reprises des données propriétaires afin d’aider la recherche et aider le gouvernement américain localiser les smartphones pour lutter contre le coronavirus. 

Dans le domaine de la santé, Google, Microsoft, Amazon et Apple ont également annoncé des financements ou des dons, compris entre 2,5 et 20 millions de dollars en fonction des initiatives.