Accueil > Industrie > Docaposte poursuit son accélération en acquérant la start-up HEVA Docaposte poursuit son accélération en acquérant la start-up HEVA Après le rachat de la société InAdvans en septembre 2020 et le lancement de sa plateforme d’analyse des données de santé en vie réelle, AGORiA, la filiale du groupe La Poste a dévoilé en avant-première à mind Health les dessous stratégiques de sa dernière acquisition : la start-up HEVA. Spécialisée dans l’analyse des données de santé issues de bases telles que le Système National des Données de Santé (SNDS), cette dernière permet à Docaposte de renforcer sa position dans l’analyse de données à des fins de recherche. Carla Gomes, directrice santé de Docaposte et Hubert Méchin, DG d’InAdvans confient leurs ambitions et objectifs. Par Camille Boivigny. Publié le 04 avril 2022 à 13h23 - Mis à jour le 20 juin 2022 à 17h47 Ressources Quelles étaient les motivations de ce rachat ? Carla Gomes, directrice santé de Docaposte : Au-delà du métier de Docaposte sur la transformation numérique de bout en bout des activités support, en santé nous avons principalement trois axes de développement.Premièrement autour de la connectivité, pour répondre aux enjeux du Ségur par exemple grâce à des solutions logicielles portées par notre filiale icanopée, deuxièmement les solutions de confiance numérique pour contribuer à la fluidification et la sécurisation du parcours de soins, et troisièmement la valorisation des données de santé en s’appuyant sur nos savoir faire en data et IA. L’acquisition d’HEVA s’inscrit dans cette dernière branche de nos activités, pour faire de Docaposte un acteur majeur au plan européen du traitement des données de santé, dans le cadre de notre stratégie d’accélération auprès des industries de santé. De nombreuses start-up œuvrent dans l’analyse des données de santé, pourquoi avoir choisi HEVA ? CG : En termes de fonctionnement, les activités d’InAdvans et d’HEVA sont très complémentaires, que ce soit sur le plan technique ou commercial. Docaposte accélère sur les pôles datascience et data management, en s’étant notamment doté très récemment d’un pôle IA et data qui permet de disposer de plus de 400 experts du domaine. L’acquisition d’HEVA vient nourrir cette chaîne de valeur du traitement des données avec une réelle expertise spécifique dans la santé. De plus, de nombreux projets sont déjà en cours entre InAdvans et ce bureau d’études. Leur complémentarité n’est plus à démontrer. Carla Gomes, directrice santé chez Docaposte Quels sont ces projets en cours ? Hubert Méchin : Avant même d’en envisager le rachat, nous avions identifié HEVA comme un partenaire potentiel pour la gestion de nombre de projets, comme celui qui porte sur les accès précoces, une des activités principales d’InAdvans. Nous apportons la brique dématérialisation pour la gestion de l’ensemble des flux des accès précoces, tandis qu’HEVA travaille sur toute la partie datascience, analyse des données et fournit des rapports aux autorités. Nous avons déjà collaboré sur d’autres études observationnelles en vie réelle. La spécificité de cette start-up sur les données du SNDS -elle traite 50 % du marché des études réalisées sur cette base de données- vient compléter nos assets. Où en est le développement de votre plateforme de données de vie réelle ? HM : Nous la portons et la développons au sein d’un consortium depuis 2 ans. Cette plateforme, Agoria santé, est destinée à faciliter et accélérer les projets de données de santé en vie réelle à visée industrielle. Certains projets concrets ont débuté. Le partage de données sur cette plateforme par des industriels aurait lieu dans un but de recherche et d’appariement au SNDS. L’objectif est de réaliser des études médico-économiques, d’évaluation du médicament en vie réelle durant la phase d’autorisation d’accès précoce mais aussi durant la phase post-accès précoce. AGORIA a-t-elle vocation à devenir un entrepôt de données de santé ? HM : C’est une plateforme technologique, une bulle sécurisée homologuée sur des critères de sécurité qui nous autorisent à traiter les données du SNDS. En revanche, le 31 janvier nous avons déposé un dossier auprès de la Cnil pour obtenir une autorisation de constitution d’EDS. L’instruction est en cours. Si nous obtenons l’accord de la Cnil, nous pourrons commencer à constituer le catalogue de données de la plateforme. Docaposte collabore avec le CHRU de Lille, comptez-vous répondre à l’appel à projets d’EDS hospitaliers ? HM : Nous n’envisageons pas ce type d’EDS. Notre entrepôt sera un entrepôt de données de santé destiné à rassembler plusieurs types de données provenant de plusieurs origines : privée -de l’industrie pharmaceutique-, publique, hospitalière, académique etc. Croiser les données de votre futur catalogue avec celles du SNDS, n’est-ce pas se substituer au HDH ? HM : Nous ne souhaitons en aucun cas nous substituer au HDH. Ce dernier a une vocation institutionnelle, publique, pour rassembler des données de santé. Alors qu’AGORIA santé est une initiative privée, très industrielle. À ma connaissance il n’y a pas de données d’industriels de la pharma dans le futur catalogue du HDH, alors que c’est ce que compte rassembler Docaposte : des données de l’industrie pharmaceutique. C’est donc plutôt une approche très complémentaire plutôt qu’en opposition. InAdvans et HEVA gardent leurs noms respectifs d’origine, sont-elles intégrées à Docaposte ou des filiales ? HM : Lorsque Docaposte intègre une société, c’est une intégration sans désintégration. La société demeure une filiale avec une autonomie suffisante pour conserver l’esprit entrepreneurial et évoluer, dans le cadre de Docaposte. Ce sera le cas d’HEVA, au moins à court terme. Hubert Méchin, directeur général d’InAdvans Frédéric Dufaux confiait en juillet dernier à mind Health un rythme de croissance soutenu, de l’ordre de 8 à 10 %, quelles retombées chiffrées attendez-vous de cette nouvelle acquisition ? CG : En termes de croissance nos objectifs sont très ambitieux. Docaposte a déjà enclenché cette croissance plutôt musclée en passant d’un chiffre d’affaires de l’ordre de 450 M€ en 2017 à 750 M€ en 2021. L’ambition est de dépasser le milliard d’euros très rapidement et d’atteindre 2 Mds € à horizon 2030. La santé étant un de nos quatre marchés stratégiques, notre volonté de croissance est très forte, à la fois interne et externe. Aujourd’hui, l’objectif est de la multiplier par 5 pour atteindre 500 % de croissance dans les 3-4 années à venir. Quinten a décroché un contrat-cadre avec l’EMA (agence européenne du médicament) pour l’appuyer dans sa prise de décision réglementaire, envisagez-vous ce type de traitement de données en France sur les autorisations de mise sur le marché (AMM) par exemple ? HM : L’équivalent français de l’EMA est l’Ansm (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, la HAS (Haute Autorité de Santé) évalue les technologies de santé. Nous n’avons pas de collaboration particulière avec cette dernière. En revanche, nous discutons avec elle des accès précoces, les anciennes ATU (autorisation temporaire d’utilisation, ndlr) qui sont une réelle innovation et invention françaises, afin de pouvoir agir au plus proche de la réalité. La doctrine de la HAS sur les accès précoces repose sur l’appariement au SNDS. C’est pourquoi InAdvans et HEVA s’avèrent complémentaires au sein de Docaposte : la gestion des premières données de santé en vie réelle du médicament ce sont les accès précoces. En quoi les données relatives aux accès précoces, par définition en amont de l’AMM, sont-elles des données de vie réelle ? HM : La vie réelle est l’opposé de l’essai clinique. Or, les premiers patients recevant les médicaments en dehors d’un essai clinique sont ceux traités dans le cadre d’un accès précoce : le médicament ne dispose pas encore de son AMM mais néanmoins c’est considéré par la HAS comme de la vie réelle. La meilleure manière d’adresser ce sujet d’accès précoce intéresse tous les acteurs de l’écosystème : la dématérialisation des accès précoces, l’amélioration de la qualité de ce type de données, la meilleure façon de les chaîner au SNDS etc. Existe-t-il des groupes de travail sur ces données de vie réelle dans le cadre d’accès précoce ? HM : Il en existe un à l’Afcros, ainsi qu’au Leem, qui travaillent d’ailleurs ensemble, de même qu’au sein du HDH auquel nous participons car c’est un réel sujet en ce moment. Qu’en est-il de votre stratégie à l’échelle européenne ? Participez-vous au consortium candidat visant à construire un réseau européen des données de santé ? CG : Stratégiquement, HEVA entend croître au niveau européen et international dans les années à venir, ce qui rejoint la stratégie portée par Docaposte.HM : Nous nous intéressons à ce type de projets européens, mais pour l’instant nous attendons l’autorisation de la Cnil pour constituer notre EDS en France. Une fois obtenue, nous serons en mesure de pouvoir regarder très rapidement ce qui est élaboré à l’échelle européenne. Chiffres-clés de Docaposte pour l’année 2021 6 400 collaborateurs répartis sur près de 70 sites en France et à l’international. Plus de 40 000 entreprises et administrations clientes. 750 M€ de chiffre d’affaires en 2021. Premier opérateur de données de santé en France avec plus de 45 millions de dossiers médicaux. Premier opérateur de données de santé en France avec plus de 45 millions de dossiers médicaux. Carla Gomes Directrice du marché santé de Docaposte (depuis juillet 2021) Directrice des services professionnels chez InterSystems (2017-2021) Directrice des opérations en France et à l’international de Philips HealthCare (2011-2017) Master en management et MBA de l’Essec Business School de Paris Hubert Méchin Directeur général d’InAdvans (depuis janvier 2012) Président de l’Afcros (depuis janvier 2021) Président Europe de MAPI (janvier 2009 – décembre 2010) Fondateur et CEO de Naxis (janvier 1999 – décembre 2004) Stéphanie Combes (HDH) : “La présidence française du Conseil de l’Union européenne est une opportunité pour avancer sur les données de santé” Comment Clinityx a construit un entrepôt de données de santé avec la SFC et la Cnil Camille Boivigny acquisitionbase de donnéesDonnées de santédonnées de vie réelleEuropeIntelligence ArtificielleLaboratoiresPlateformesstart-upStratégie Besoin d’informations complémentaires ? 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