Si le plafond du sans contact pourrait être relevé en France, le GIE CB reste prudent

Le plafond du paiement sans contact pourrait être relevé de 30 à 50 euros, selon les informations d’Europe 1. Une décision qui devrait être prise dès la semaine prochaine par les banques, selon la radio nationale, et “plus largement par la place”, complète Andréa Toucinho, directrice des études et de la prospective chez Partelya Consulting. L’experte mentionne ainsi “le GIE Cartes Bancaires et les autres acteurs du secteur de la monétique”. L’avalisation de cette mesure dépendra surtout “de tests techniques, si ceux-ci démontrent qu’il est possible d’augmenter le seuil maximal de transaction sans mettre à mal le fonctionnement du paiement”, souligne Andréa Toucinho. 

Une passage de seuil en quelques semaines

Le sujet était sur la table depuis plusieurs semaines : les premières demandes sont venues directement des utilisateurs, parfois via les réseaux sociaux (lire notre article paru le 19 mars : Face au COVID-19, le recours du paiement sans contact paraît limité). Si le paiement par carte en mode sans contact est jugé plus hygiénique par temps de pandémie, la France a d’abord adopté une posture relativement conservatrice sur la question. Mais le 25 mars, l’Autorité Bancaire Européenne a appelé à un relèvement du plafond. Le lendemain, Mastercard annonçait faciliter l’augmentation des paiements par carte en mode sans contact dans 29 pays d’Europe et d’Asie centrale. Et puis le Royaume-Uni, l’Irlande, les Pays-Bas, le Portugal ou la Belgique ont passé le cap. 

En France, le sénateur Joël Guerriau a posé une question au gouvernement sur le sujet, fin mars. Contacté par mind Fintech le 9 avril, le GIE Cartes Bancaires tient à souligner que “la décision n’a pas été encore prise”, mais aussi qu’il a “toujours souligné qu’une telle opération nécessitait une industrialisation informatique lourde et délicate”, qui ne saurait se faire “dans la précipitation”. CB explique tout de même travailler avec “ses banques membres, les industriels et les commerçants à la sécurisation du process”. Il n’est pas capable, “à ce stade”, de dire en combien de temps le déploiement serait réalisé sur le terrain, mais précise qu’il ne prendra pas “2 à 3 ans [comme lors du passage du seuil de 20 à 30 euros]. On comptera plutôt en semaines.”  

Effet d’accélérateur

En réalité, ce que ce potentiel revirement souligne, selon Andréa Toucinho, “c’est l’effet d’accélérateur de cette crise”. Selon Les Echos, le projet d’évolution du seuil de paiement était déjà prévu. “Simplement, les acteurs du secteur n’avaient pas prévu de le mettre en place aussi rapidement.” Il reste donc à voir si le changement de seuil sera acté dans le courant de la semaine du 13 avril pour la France.

Ce qui est certain, c’est que l’influence de la crise du coronavirus est déjà visible sur les usages du paiement au sens large dans certains marchés. “Au Portugal, par exemple, qui est très attachée au paiement en espèces, on constate une explosion des usages mobiles et des achats en ligne.” Une étude bihebdomadaire de la Société de services interbancaires SIBS démontrent effectivement que, de 29% avant la crise, les achats en ligne ont bondi à 51% des transactions effectuées la semaine du 16 au 22 mars, et à 55% la semaine suivante.

Ce qu’il reste à savoir, c’est si ces évolutions retomberont une fois la crise passée, ou si elles s’inscriront dans la durée. “Aux acteurs de la monétique de se servir du contexte pour faire de la pédagogie sur leurs outils numériques”, conclut Andréa Toucinho.