Accueil > Investissement > Robinhood mise sur les cryptoactifs avec le rachat de Bitstamp pour 200 millions de dollars Robinhood mise sur les cryptoactifs avec le rachat de Bitstamp pour 200 millions de dollars Le néocourtier américain Robinhood acquiert la plateforme d’échange crypto européenne Bitstamp. Doté d’une cinquantaine de licences, l’exchange offre à Robinhood des opportunités mondiales, ainsi qu’une clientèle BtoB. Par Caroline Soutarson. Publié le 06 juin 2024 à 18h08 - Mis à jour le 06 juin 2024 à 18h16 Ressources Le néocourtier états-unien Robinhood a annoncé le 6 juin avoir trouvé un accord avec Bitstamp pour racheter la plateforme de négociation de cryptoactifs basée au Luxembourg. L’acteur américain en offre pour approximativement 200 millions de dollars, en numéraire, un montant qualifié de “faible” par le CEO du courtier crypto français Coinhouse Nicolas Louvet, dans un post LinkedIn. À titre de comparaison, la société se valorisait à 60 millions de dollars en 2016, selon Reuters. “En 2020, notre chiffre d’affaires s’élevait à 79 millions de dollars, pour un bénéfice avant impôts de 21,5 millions de dollars”, confiait confiait à mind Fintech en 2022 son CEO Europe de l’époque Jean-Baptiste Graftieaux (depuis devenu CEO). La société américaine, qui avait déjà tenté de mettre la main sur un fournisseur de services crypto européen, Ziglu, sans y parvenir, espère finaliser l’opération au premier semestre 2025. Deux entreprises opposées Excepté un intérêt pour les cryptoactifs, les deux entreprises sont assez différentes. Robinhood s’est installée comme une entreprise BtoC, à destination du mass-market (près de 24 millions d’inscrits au premier trimestre 2024), un “Robin des Bois” qui démocratise l’investissement outre-Atlantique. La société a, au fil des années, agrémenté son offre d’une panoplie de services financiers : du compte rémunéré au produit d’épargne retraite, en passant par la carte de crédit et le trading d’options. Fin 2023, dix ans après sa création et deux ans après son IPO au Nasdaq, Robinhood a entamé son expansion géographique de ce côté de l’Atlantique. Le néocourtier propose de l’investissement dans des actions américaines au Royaume-Uni, et en cryptoactifs dans le reste de l’Europe, essentiellement sur le principe de la sollicitation inversée (reverse sollicitation), qui consiste à pouvoir capter des clients intra-UE sans pouvoir les démarcher directement. En attendant Robinhood, les néocourtiers européens affinent leurs stratégies De son côté, Bitstamp est multi-public mais plus particulièrement tourné vers le BtoBtoC, avec des clients comme Revolut et Swissquote. Jean-Baptiste Graftieaux révélait en 2022 à mind Fintech que la “solution en marque blanche pour les institutionnels […] représent[ait] 70 % des revenus de Bitstamp”. Concernant son empreinte géographique, l’exchange né en Slovénie est résolument international. Agréé établissement de paiement au Luxembourg, la société dispose d’une cinquantaine de licences et enregistrements dans le monde, dont 40 licences de transmetteur de fonds (money transmitter licence) aux États-Unis. Elle dispose également d’un enregistrement de prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) en France, ainsi que des licences équivalentes en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas, au Luxembourg et au Royaume-Uni. Toujours en 2022, Jean-Baptiste Graftieaux livrait les chiffres suivants pour Bitstamp : “5 millions d’utilisateurs particuliers en direct, entre 10 et 15 millions de manière indirecte, via notre activité en marque blanche, et 2 000 clients institutionnels. Environ 65 % de notre activité se situe en Europe, 25 % aux États-Unis et 10 % en Asie”. La liste des PSAN agréés et enregistrés auprès de l’AMF Bitstamp a connu un premier rachat en 2018 Créé en 2011, l’exchange avait été racheté à 80 % par une entreprise d’investissement belge NXMH, filiale européenne du Sud-Coréen NXC, en 2018. Le montant de l’opération, entièrement en numéraire, n’avait pas été dévoilé. En mai 2023, le fonds d’investissement américain spécialisé dans les actifs numériques Pantera, entré au capital de Bitstamp en 2014, s’était retiré au profit du géant des paiements transfrontaliers en cryptoactifs Ripple. Deux entreprises complémentaires ? De toute évidence, ce sont ces différences qui ont attiré le géant américain vers l’exchange européen. Dans une interview donné à CNBC, le cofondateur et CEO de Robinhood Vlad Tenev énumère trois raisons à ce rapprochement : “cela accélère nos plans d’expansion à l’international, plus particulièrement sur l’activité crypto”, “amène un exchange dans Robinhood, une idée à laquelle nous réfléchissons depuis longtemps”, et “l’activité aux institutionnels”. Depuis plusieurs années, Robinhood cherche en effet à diversifier ses activités pour moins dépendre des revenus liés aux transactions, directement frappés lors des marchés baissiers. Source : Robinhood – Présentation des résultats du T1 2024 À l’opposé, Bitstamp tente d’attirer une clientèle retail depuis plusieurs années à présent, sans grand succès. Entre 2022 et 2023, le nombre d’utilisateurs particuliers en direct a stagné. L’édition 2024 de l’étude “Web3 et crypto en France et en Europe” de KPMG à confirmé cette tendance, Bitstamp est loin d’être le premier choix pour investir en cryptoactifs en France (voir visuel) – en direct tout du moins puisqu’il fournit des services pour le challenger Revolut. L’Europe semble promettre un espace plus libre pour les activités crypto que les États-Unis à l’heure actuelle, estime Vlad Tenev. “MiCA est en cours de mise en œuvre, il existe donc un cadre réglementaire établi et, malheureusement, l’Europe est un peu en avance à cet égard, mais je ne pense pas que les États-Unis soient trop loin derrière”, affirme-t-il au micro de CNBC. Les législations amènent Robinhood à réaliser des stratégies différenciées. “Nous avons lancé le staking basé sur Solana dans l’Union européenne, mais étant donné l’environnement réglementaire ici [aux États-Unis, Ndlr], nous n’avons pas pu le déployer pour nos clients aux États-Unis.” À noter que Robinhood n’est actuellement régulé en Europe qu’au Royaume-Uni et en Lituanie. Source : KPMG Caroline Soutarson acquisitioncourtagecryptoactifnéocourtierPSANtrading Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Bitpanda renoue avec la rentabilité Scalable Capital a atteint un million de clients Robinhood lance son média pour en faire une source de revenus Robinhood gâte ses clients premiums avec une carte de crédit et une app dédiée Dossier En attendant Robinhood, les néocourtiers européens affinent leurs stratégies