Accueil > Parcours de soins > Gestion de la data > Philippe Mayer (AP-HM) : “Les investissements dans le numérique sont bien trop faibles au regard de nos besoins” Philippe Mayer (AP-HM) : “Les investissements dans le numérique sont bien trop faibles au regard de nos besoins” L’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille regroupe quatre établissements et compte 3 400 lits. Y travaillent 2 000 médecins et 13 000 personnels non médicaux. À la tête de sa direction des services numériques depuis 2013, Philippe Mayer détaille pour mind Health les grands projets qui émaillent “la voie de modernité sur laquelle s’engage” l’AP-HM. Par . Publié le 03 décembre 2018 à 16h13 - Mis à jour le 03 décembre 2018 à 16h13 Ressources Comment la direction des services numériques (DSN) de l’AP-HM est-elle organisée ? La DSN est centralisée, en un seul lieu : l’hôpital de la Conception. Nous utilisons trois datacenters – deux en continuité, sur ce même site, et un datacenter de réplication sur La Timone – soit à peu près 550 à 600 serveurs. Notre organisation est certifiée ISO 9001 et se base, plutôt que sur un modèle hiérarchique, sur des groupes de compétences, avec une vision très à plat de l’ensemble. Cette organisation se veut très pragmatique dans les échanges et permet des prises de décision rapides. Elle est très simple, réactive et mobile, justement pour être en capacité de répondre à des brusques changements et nous en avons régulièrement. Nous essayons donc d’avoir cette “plasticité” à la fois dans le pilotage des projets et dans la relation avec les utilisateurs. Pour autant, le fait d’être certifié nous oblige à suivre un certain nombre de procédures, à évoluer dans un cadre très structuré. Combien de personnes emploie la DSN ? En septembre 2013, 123 personnes y travaillaient. Aujourd’hui, nous employons environ 85-86 personnes. Nous sommes en phase de recrutement, non pour revenir à ce chiffre mais pour obtenir un juste équilibre entre notre charge et les profils nécessaires pour conduire les projets de transformation numérique de l’AP-HM. Mais les métiers de l’informatique sont fortement sollicités, les offres d’emploi sont nombreuses et même un centre hospitalo-universitaire comme l’AP-HM n’a pas forcément les bons arguments pour amener à lui des compétences. Il existe un déphasage entre ce que peut proposer une entreprise privée et un hôpital public, sans forcément s’aligner sur des salaires parfois indécents mais en proposant une rémunération qui reflèterait tout de même la réalité des compétences. C’est un problème auquel nous devons trouver des réponses adaptées. Chacun des quatre hôpitaux de l’AP-HM mène-t-il ses propres projets digitaux ? Non, tous les projets, quelle que soit leur dimension, leur nature, et qui touchent au numérique, sont des projets qui passent par les fourches caudines de la DSN. Il n’existe pas d’indépendance des directeurs d’établissements se disant “je vais faire ceci ou cela”. Tout est centralisé et heureusement. Où en est le dossier patient informatisé (DPI) ? Deux grands projets ont été lancés en 2013 : le DPI effectivement et la refonte complète de l’infrastructure pour garantir la capacité de l’AP-HM à accueillir de nouveaux outils et à s’inscrire dans une démarche de transformation numérique. Le DPI couvre à ce jour un dossier patient commun, des dossiers de spécialités, le dossier de soin, un module de gestion des rendez-vous, un autre de gestion des blocs opératoires, et nous allons entrer en phase de pré-production sur la partie prescription de médicaments. Début décembre, la prescription démarrera ainsi dans le service de réanimation de l’hôpital Nord. La généralisation débutera dès janvier 2019. D’autres projets se lèveront en 2019 dans le DPI : un module de psychiatrie, la gestion des mouvements, un serveur de résultats de laboratoires, la gestion des urgences… Nous voulons rendre le système d’information homogène et le plus simple possible pour nos utilisateurs. Il doit être facilitant et créateur de valeur. Quels autres projets digitaux mène l’AP-HM ? Nous avons mis en place depuis la fin 2017 le portail patient My AP-HM, qui permet à ce dernier de demander des rendez-vous, de recevoir et de consulter ses comptes-rendus, de télécharger et d’intégrer à son dossier ceux de son médecin de ville ou d’un laboratoire d’analyses. Ce dossier n’est consultable que par le patient lui-même. Dans une prochaine étape, au premier trimestre 2019, il va pouvoir aussi réaliser sa pré-admission à distance et éviter ainsi le temps d’attente au bureau des entrées. À ce jour, 1 700 personnes ont créé leur espace numérique. En complément, nous adressons lettres de liaison, résultats de radiologie, de laboratoires, via notre messagerie sécurisée de santé (MSS). Nous avons créé des modules intelligents pour que les praticiens de l’hôpital puissent créer leur boîte aux lettres et être référencé automatiquement au niveau du répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS). C’est ouvert depuis un mois et demi. Et bientôt, nous enverrons nos comptes-rendus dans le dossier médical partagé (DMP). La communication avec la ville au sens large, à la fois avec nos autres confrères des établissemenghts hospitaliers, mais aussi avec la médecine de ville et le patient, est indispensable à des fins d’optimisation de la prise en charge. En parallèle, nous avons travaillé sur beaucoup d’autres sujets administratifs, liés à la paye, à la finance, etc. Sur la partie technique, nous avons opéré une refonte globale, à la fois sur le stockage, la sauvegarde, la sécurisation de l’architecture technique. Le réseau et la couverture wifi sont des sujets qu’il nous faut porter en 2019. Avec quels prestataires travaillez-vous ? Le DPI a été déployé avec la société française Axigate qui fait partie depuis un an du groupe Welcoop. Pour le portail patient, nous avons travaillé avec les Hospices civils de Lyon qui proposaient une solution. La MSS a été développée en interne. Enfin, sur la partie connectivité au DMP et interopérabilité, nous travaillons avec la société marseillaise Enovacom. Quel est le montant des investissements de l’AP-HM dans le numérique ? Il est bien trop faible au regard de nos besoins. L’AP-HM est certifiée mais aussi agréée hébergeur de données de santé ? Nous possédons trois agréments hébergement de données de santé : pour deux dossiers de spécialité, dont l’un pour le Pacs (Picture archiving and communication system), ainsi qu’un agrément générique. L’AP-HM est par ailleurs le seul établissement en France à être aujourd’hui certifié ISO 27001. L’AP-HM est l’établissement support du groupement hospitalier de territoire (GHT) des Bouches-du-Rhône, soit 13 établissements. Où en est la convergence des systèmes d’information ? Le GHT couvre un territoire allant de La Ciotat à Arles. Notre schéma directeur a été validé en septembre 2018 par le comité stratégique. Tous les sujets ne sont pas couverts car il nous manque encore des éléments d’information sur le projet médical. Nous avons déjà commencé à porter des sujets de façon commune, des projets de dématérialisation liés à la partie financière et à la partie ressources humaines par exemple. Nous finalisons aussi des travaux autour du serveur de rapprochement d’identité : l’AP-HM porte le projet du serveur de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour le compte du GHT puis nous dupliquerons la solution et le mode opératoire aux autres établissements du GHT. Si nous comprenons bien qu’à terme il faudra un dossier patient unique, donc un même éditeur, ce n’est pas le chemin pris dans un premier temps. Nous allons d’abord mettre en place un outil permettant le partage de l’information, avec une solution de type viewer d’information : nous allons chercher dans les différents systèmes les comptes-rendus opératoires, lettres de liaison, toute l’information médicale qui sera utile au praticien. Nous ne souhaitions pas déstabiliser les établissements dans leur culture. Le projet devrait démarrer début 2019. Philippe Mayer Depuis septembre 2013 : directeur des services numériques de l’AP-HM 2002-2013 : responsable informatique puis directeur du système d’information du CHU de Nice 1997-2001 : responsable informatique au CH d’Avignon analyses médicalesDonnées de santéGHThébergeursHôpitalmessagerie sécuriséeRendez-vous Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind