Dr Florian Reinaud, co-fondateur de Concilio : “Notre plateforme est particulièrement adaptée au marché italien”

Pendant la première vague de la crise du Covid-19, le système hospitalier italien a été particulièrement malmené. Est-ce ce constat qui vous a donné l’idée de vous implanter en Italie ?

La crise Covid a mis en lumière un certain nombre de limites en Italie. La classe politique et les citoyens ont réalisé que la télémédecine devait faire partie des grands outils de la mise à niveau de leur système de santé. Pour la première fois, les Italiens qui étaient probablement encore plus frileux que les Français vis-à-vis de la télémédecine ont commencé à la tester, à l’apprécier et à comprendre quelle était sa place. En Italie, il y a une médecine de très grande qualité, que ce soit dans le public ou le privé, mais les listes d’attente pour le public sont souvent très longues. La population italienne a donc l’habitude de recourir au privé pour réduire le délai d’attente et accepte un reste-à-charge parfois important. Notre offre de services est aussi particulièrement adaptée à ce marché puisqu’il existe une totale liberté de choix du professionnel de santé. Aux Pays-Bas ou en Grande-Bretagne, par exemple, vous devez nécessairement passer par votre médecin traitant si vous souhaitez consulter un spécialiste, et c’est lui qui vous le désigne. Notre plateforme d’accompagnement est pour l’instant proposée uniquement aux entreprises, mais nous songeons à l’ouvrir aux particuliers car, contrairement à la France où il n’est pas entré dans les mœurs que les particuliers payent pour avoir accès à des soins non remboursés, c’est beaucoup moins le cas en Italie.

“Nous sommes sur un marché potentiel de plusieurs milliards d’euros”

Avez-vous fait une estimation du marché potentiel que représentait l’Italie en matière d’accompagnement santé ?

Nous sommes sur un marché potentiel de plusieurs milliards d’euros, mais c’est un marché qui est naissant, donc je n’ai pas de chiffres précis. Contrairement à la France, il n’y a pas en Italie d’obligation pour un employeur de proposer une mutuelle ou une complémentaire santé à ses salariés. Une minorité de personnes y ont donc souscrit. En France, les mutuelles ont été poussées à proposer un tas de services inclus dans leurs contrats de santé, qui ne sont pas toujours très utilisés, même s’ils ont le mérite d’exister. Par ce biais-là, on a galvaudé la notion du service accessible via la complémentaire santé. Ce n’est pas le cas en Italie, où l’on estime que ces services sont véritablement nouveaux, utiles aux salariés et à leur famille et différenciants pour l’image de marque de l’entreprise.

Quelle influence a eu la crise du Covid-19 sur l’activité de Concilio et quels sont vos projets pour les prochains mois ?

Notre activité s’est fortement développée ces derniers mois. La demande est là, on a passé des paliers sur l’usage de la télémédecine et des plateformes digitales. En parallèle, passé le choc de la première et de la deuxième vague, les entreprises commencent vraiment à relever les challenges que représentent les nouvelles organisations de travail et à voir comment reconstruire ou développer leur marque employeur. Concernant l’avenir, commencer un développement commercial dans un nouveau pays est un défi majeur et il y aura des étapes de financement dans les 12 mois à venir. En parallèle, nous travaillons sur l’opérationnel et le business, pour continuer à fournir un service apprécié de nos utilisateurs et clients. À ce stade, nous nous concentrons donc sur le marché italien, mais Concilio s’implantera sûrement dans d’autres pays dans les 12 prochains mois, probablement en Europe du Sud.