Accueil > Financement et politiques publiques > Organisation métier > Nouvelle Aquitaine : Krypton, le projet d’e-service autour de l’imagerie médicale, “avance par briques” Nouvelle Aquitaine : Krypton, le projet d’e-service autour de l’imagerie médicale, “avance par briques” L’agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine annonçait en 2016 qu’elle comptait déployer deux nouveaux services dans le cadre de sa politique régionale d’e-santé : le partage sécurisé de données d’imagerie médicale et un serveur garantissant l’identité du patient. C’est le projet Krypton. Trois ans plus tard, mind Health a rencontré les acteurs du projet pour avoir un retour de sa mise en œuvre. Par . Publié le 03 février 2019 à 21h33 - Mis à jour le 03 février 2019 à 21h33 Ressources Derrière la référence à la vision laser de Superman, le projet Krypton en Nouvelle Aquitaine s’intègre dans le socle d’e-services que les autorités régionales de santé (ARS) développent pour moderniser le système de santé. Cela fait 3 ans que le Grades (Groupement Régional d’appui au développement de la e-santé) GIP ESEA Nouvelle-Aquitaine travaille dessus. Le cœur du programme est un système d’échange et de partage des données d’imagerie médicale entre professionnels de santé de la région. Or, la Nouvelle-Aquitaine représente 5,9 millions de personnes, 664 établissements de santé potentiels, 18 000 médecins généralistes et spécialistes confondus, et autour de 7 537 masseurs kinésithérapeutes. Plus précisément sur l’imagerie, l’ARS recensait au 1er janvier 2015, 149 médecins “radiodiagnostic” publics et 584 libéraux et 2 791 manipulateurs en électroradiologie médicale. Face à ce défi de grande ampleur, le GIP a fait appel à la société Carestream – qui a déjà déployé ce type de plateformes auprès d’autres régions comme les Midi-Pyrénées ou le Centre- Val de Loire. La société s’attèle depuis à activer une plateforme mettant à la disposition des patients et professionnels de santé des comptes rendus, images et échanges entre professionnels. “Lorsqu’un patient ira voir un professionnel pour une radio, scanner, IRM ou de la médecine nucléaire, le dossier régional constitué lui sera accessible ainsi qu’aux prochains médecins ou kiné qui le suivront”, détaille Cristina Bertini, ingénieure imagerie du GIP ESEA Nouvelle-Aquitaine. Carestream assure également des services “support” de stockage et archivage des données d’imagerie médicale. Ce dispositif sera quasiment gratuit pour les hôpitaux à l’exception des frais de mise en service “à hauteur de 2 850 euros HT pour l’adhésion”, assure Christian Ducron, consultant SI de Carestream. Le GIP mise en outre sur un service original : la dosimétrie pour assurer le suivi des doses de rayons X reçus par le patient à chaque examen. “Il existe des niveaux de référence diagnostics selon le type d’examen», explique Cristina Bertini, faisant référence aux obligations légales issues de la directive européenne Euratom 2013/59 imposant de justifier les examens, d’optimiser et de tracer les doses. L’accès à l’historique des examens sera lui aussi gratuit car financé par l’ARS. En service payant, Carestream développe une gestion plus fine avec déclenchement d’alertes en cas de dépassement de doses et recensement de ce que font les médecins. Le coût variera en fonction de la volumétrie “entre 15 et 20 centimes par examen” estime Christian Ducron. Enfin, l’idée est de déployer un service permettant aux médecins d’enregistrer leur demande d’examens en ligne. Le patient pourra alors la communiquer au cabinet de radiologie ou à l’hôpital dans lequel il souhaite réaliser son examen. En retour, le médecin prescripteur de l’examen pourra récupérer facilement les images et le compte-rendu.”On attend des décisions ministérielles sur le sujet donc nous ne l’envisageons que dans un second temps”, précise Cristina Bertini. La difficulté du numéro unique pour chaque patient Pour mettre en œuvre cette plateforme, deux conditions ont posé difficulté : la première, s’assurer du respect du consentement du patient : “Le professionnel de santé doit avoir des raisons légitimes d’accéder à ces données sinon n’importe quel radiologue de la région pourrait voir une IRM d’Alain Juppé”, développe Cristian Ducron. Pour sécuriser l’accès à la plateforme, le professionnel de santé devra donc se créer un compte avec un numéro professionnel CPS et obtenir un code du patient. Seconde difficulté bien plus problématique : créer un numéro unique à chaque patient. “Aujourd’hui, quand vous allez dans un cabinet de radiologie, celui-ci vous donne un identifiant. A l’hôpital, on vous en attribue un autre. Si vous avez besoin ensuite de consulter un spécialiste, celui-ci va se retrouver avec deux numéros. Il faut donc un service de rapprochement d’identité (SRI) pour parvenir à créer un dossier unique, explique Christina Bertini. Cela consiste à comparer notamment les nom prénom et date de naissance puis créer une “super” identité rapprochée pour s’assurer qu’on a bien affecté tous les examens à la même personne”. Cette charge incombe aux régions car elle n’a pas encore été résolue à l’échelle nationale. “Cela ne pouvait pas être le numéro de sécurité sociale puisque si on a des enfants mineurs, ces derniers sont rattachés à ce numéro. La Cnil n’a validé l’application du Numéro d’inscription au répertoire (NIR) qu’en 2017 donc il faut compter 10 ans pour que tous les hôpitaux les intègrent. Et cela ne résout pas le problème pour les étrangers”, estime Christian Ducron. “Et ce n’est pas parce qu’il y aura une identité nationale qu’elle sera applicable rapidement au niveau régional”, ajoute Cristina Bertini. Contrairement aux autres régions qui ont dû revenir sur leurs pas au moment du lancement de leur système de partage et d’échange, le GIP Nouvelle Aquitaine a traité le rapprochement d’identité en simultané. Elle a fait appel à l’industriel Maincare, déjà retenu pour ce type de services aux Antilles et Centre-Val de Loire. Mais c’est une lourde responsabilité qui pèse sur le reste du dispositif selon Cristina Bertini: “Tant qu’il n’y a pas ce rapprochement, nous n’arrivons pas à démarrer l’ensemble des usages. Nous avançons par briques”. Entre 3 à 5 ans pour la mise en place du système auprès de 400 établissements Les industriels précisent : “ce rapprochement d’identité n’est requis que pour l’accès aux antériorités du dossier du patient, les autres services peuvent fonctionner sans”, déclare Christian Caron. Une dizaine de structures utilisent déjà une partie des services disponibles. Le centre hospitalier de Nord deux-Sèvres, par exemple, a déjà mis en place une communauté de partage entre radiologues du public et du privé. Lorsqu’il manque des radiologues à l’hôpital, ceux du privé peuvent interpréter les examens à distance. Maincare annonce être en phase pilote : “nous allons connecter le CHU de Bordeaux, le CHU de Limoges, le GHT de la Vienne (CHU Poitiers) et l’Institut Bergonié pour vérifier la validité de la solution. Cette phase devrait prendre fin en mars prochain”, évalue Vincent Guillerme, direcetur des ventes au Développement des Ventes Echange & Partage. “C’est normal que ce projet prenne du temps, nous sommes à l’échelle d’une région importante”, ajoute-t-il. “Le planning de raccordement de l’ensemble des établissements de la région s’échelonnera probablement sur 3 à 5 ans”, déclare-t-il. En janvier 2018, l’ARS Nouvelle-Aquitaine espérait une mise en œuvre de ces services en juin 2018. Aujourd’hui, selon Cristina Bertini, le GIP ESEA prévoit une mise en place de l’ensemble des sous services d’échanges des patients et un “historique dosimétrique” d’ici l’été 2019. En fonction de la mise en œuvre du SRI, elle espère une efficience du système complet d’ici la fin de l’année pour que les adhérents proposent ce service aux patients et à leurs correspondants professionnels en santé au plus vite. Si tout se passe bien, le GIP ajoutera la dépose de demande d’examen en 2020. En attendant, la campagne de communication s’active. L’ARS va organiser des réunions dans les départements. Les cibles ? “Nous commencerons par les radiologues et la médecine nucléaire mais nous visons tous les professionnels de santé qui travaillent sur des images”, répond Nicolas Beneytou, responsable communication du GIP ESEA Nouvelle-Aquitaine, “une dizaine de structures ont déjà adhéré au projet”. Chiffres clés 400 établissements ciblés par le projet Krypton 5 ans maximum annoncés par Maincare pour le raccordement SRI de l’ensemble des établissements de la région 2019, mise en service du dispositif Krypton en 2 étapes : à l’été pour les sous services ne dépendant pas du SRI et décembre pour le reste sauf celui de demande d’examen en ligne. 2020 : Mise en place de la demande d’examen en ligne AdministrationéditeurImagerie médicalePlateformes Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind