Accueil > Industrie > Dans l’usine Novo Nordisk de Chartres, l’innovation lab accompagne l’intégration des nouvelles technologies Dans l’usine Novo Nordisk de Chartres, l’innovation lab accompagne l’intégration des nouvelles technologies Né d'une initiative portée par quelques salariés, l'innovation lab a vu le jour en septembre 2018 sur le site de production de Novo Nordisk à Chartres. Acculturation, formation, tests des équipements présents..., il s'inscrit dans une démarche d'accompagnement de la transformation numérique de la production pharmaceutique. Retour pour mind Health sur la mise en place de cet espace dédié et de son animation. Par Aurélie Dureuil. Publié le 05 octobre 2020 à 11h22 - Mis à jour le 24 novembre 2020 à 11h17 Ressources Cobots (robots collaboratifs), exosquelettes, lunettes de réalité virtuelle ou augmentée, imprimantes 3D, capteurs pour la maintenance préventive… les nouvelles technologies trouvent des applications dans les sites de production pharmaceutique à différents niveaux. Pourtant avant de les implémenter, ces technologies doivent répondre à des usages bien sûr mais aussi remporter l’adhésion des utilisateurs. Au sein de l’usine de Chartres, Novo Nordisk s’est doté d’un innovation lab pour accompagner cette transformation numérique. “L’idée est venue de deux personnes rejointes rapidement par une 3e. Nous voulions que les salariés voient les nouvelles technologies mais aussi partagent leurs idées. L’innovation lab a été bâti comme une mini start-up au sein du site de Chartres”, confie Jérôme Weisz, spécialiste innovation de l’usine Novo Nordisk Chartres. Il ajoute : “nous avons ensuite lancé un appel à candidatures sur la base du volontariat. Cela fonctionnait comme un club avec des réunions informelles à l’heure du déjeuner pour définir ce que nous allions faire en fonction des disponibilités de chacun”. Une veille a également été mise en place pour s’inspirer de ce qui se faisait dans d’autres sites industriels de différents secteurs. “Nous sommes allés voir ce qui se faisait, ce que nous pouvions dupliquer. Nous avons par exemple visité l’usine SKF à Tours, une usine Schneider en Normandie mais aussi un incubateur de start-up à Chartres”, se remémore Arnaud Dudermel, directeur des relations externes du site, qui insiste sur l’importance de l’interface avec l’extérieur. Six mois après les premières discussions, l’innovation lab a été doté d’un local et a vu le jour en septembre 2018. Des équipes pour animer l’innovation lab Le lieu a été voulu différent du reste de l’usine. “Tous nos bureaux sont standardisés. À l’inverse, l’innovation lab est complètement ouvert. L’objectif est que les gens pensent sans barrière, viennent avec l’esprit ouvert et déconnecté du travail quotidien”, indique Jérôme Weisz. Au sein du lab, des équipements sont à disposition pour être manipulés, testés. S’y trouvent des imprimantes 3D, des cobots, un exosquelette, des lunettes de réalité virtuelle et augmentée, liste Arnaud Dudermel . S’il ne donne pas de chiffres, il souligne que le budget consacré à l’innovation lab concerne les équipements mais surtout “un gros investissement en temps des équipes pour l’animer et des collaborateurs qui prennent du temps pour venir”. Les salariés s’inscrivent pour accéder à l’espace sécurisé pour utiliser les équipements. Ingénieure innovation, Camille Ventrou a rejoint Novo Nordisk en début d’année 2020 pour “participer au développement de l’innovation lab et promouvoir l’innovation sur le terrain”. Elle a notamment en charge l’animation du lieu. “Chaque jeudi, nous proposons des sessions innovation. Elles regroupent 15 à 20 volontaires qui viennent partager une initiative, un besoin… Il vont pouvoir discuter du sujet et trouver ensemble des solutions. Nous organisons également des sessions de formation sur les équipements. Enfin, je me rends disponible pour des prises de contact en direct pour une question, une visite du lab”, détaille-t-elle. Pour faire connaître l’innovation lab auprès des salariés dans les huit départements que comptent l’usine, une première réunion organisée début 2019 a permis une présentation aux managers. “Il fallait qu’ils libèrent leurs équipes pour aller à l’innovation lab. Nous devions nous faire connaitre et établir ce réseau interne”, pointe Jérôme Weisz. Les directeurs de départements ont aussi permis d’identifier dans leurs équipes ceux qui allaient devenir les 14 “ambassadeurs” afin de “collecter les besoins, les problématiques et partager avec les autres membres du réseau”, détaille Jérôme Weisz. En 2020, un évènement Innovation discovery était prévu. Accessible à tous les collaborateurs. La crise sanitaire n’a pas permis d’organiser la journée sur le site. L’Innovation discovery s’est donc déroulé sur une période de 15 jours via six stands virtuels auxquels les salariés pouvaient se connecter par Teams au cours de créneau de 30 minutes pour découvrir une technologie. Accéder aux technologies pour des tests ou des formations “Nous utilisons des technologies qui n’ont pas encore été validées par le corporate. Afin de garantir la sécurité, nous avons notre propre réseau informatique”, précise Jérôme Weisz. En effet, l’innovation lab s’inscrit en avance de la transformation numérique du site de production qui compte une douzaine de lignes différentes pour la production de cartouches d’insuline et les opérations de fill & finish. “Nous produisons pour 7 à 8 millions patients par an à travers le monde”, précise Arnaud Dudermel. Au sein de l’innovation lab, les 1 200 salariés de l’usine de Chartres peuvent ainsi accéder aux nouvelles technologies, pour des futurs projets à leur poste de travail mais aussi pour résoudre des problèmes quotidiens. Jérôme Weisz cite l’exemple de l’impression 3D. “Après l’achat d’une première imprimante, des collaborateurs ont été formés pour accompagner les autres. Des techniciens, des ingénieurs font régulièrement des demandes pour imprimer de petites pièces pour améliorer leur quotidien. Nous avions la queue pour y accéder. Nous en avons acheté deux supplémentaires”, renchérit Arnaud Dudermel. Autre exemple de l’implication de l’innovation lab dans la transformation du site : un projet au sein du département inspection. “Dès le départ, nous avons collaboré avec les futurs utilisateurs qui allaient travailler avec le nouvel objet : pour définir le besoin, la manière de travailler… Nous avions commencé à proposer un exosquelette mais nous nous sommes aperçus que cela ne correspondait pas. Finalement, un robot a été installé et a été bien accepté par les collaborateurs car il n’a pas été imposé mais a été le fruit d’un projet commun”, détaille Jérôme Weisz. Un élément pour l’engagement des salariés face à l’intégration des nouvelles technologies L’engagement des collaborateurs est un élément clé autour de l’innovation lab, confirme Mathilde Bourges, responsable communication, leadership development et innovation chez Novo Nordisk. “Il y a des inquiétudes potentielles face à la technologie. Nous devons leur montrer que finalement c’est assez simple pour être implémenté, que cela répond à leur besoin avec de nouvelles idées et de nouvelles technologies”, observe-t-elle. La responsable distingue plusieurs axes : l’état d’esprit et la stratégie avec “le comité de direction pour donner une vision, la ligne directrice” ; l’environnement pour “accompagner la transformation” ; les compétences avec quelques personnes expertes et un partage ; et enfin la technologie, avec des solutions disponibles pour “comprendre ce qu’on peut en faire, les adapter aux besoins…” Pour faire connaître les technologies, Novo Nordisk s’appuie également sur l’écosystème. “Aujourd’hui, nous travaillons beaucoup pour continuer de nourrir et accélérer la transformation numérique en s’appuyant sur les bonnes pratiques de la pharma et aussi en allant voir ce qui est appliqué dans d’autres industries, dans le monde académique, dans les incubateurs de start-up…”, souligne Arnaud Dudermel. Il cite également le cluster Polepharma, dont les travaux sur l’excellence opérationnelle couvrent la question de l’industrie 4.0 et qui prépare la nouvelle édition de sa conférence Industrie du futur (le 5 novembre à Rouen). Du côté académique, Novo Nordisk travaille avec l’IMT de Tours, l’IUT de Chartres et l’antenne chartraine de Polytech. Les étudiants sont ainsi intervenus pour “montrer la facilité d’utilisation de certaines technologies comme l’impression 3D”, témoigne Arnaud Dudermel. Une initiative française déclinée à l’international Initié par l’usine de Chartres, l’innovation lab a depuis été décliné dans d’autres sites du laboratoire danois. “Beaucoup se sont inspirés”, indique Jérôme Weisz. Les équipes de Novo Nordisk entendent maintenant s’appuyer sur la dynamique d’acculturation et des équipes pour implémenter les nouvelles technologies qui s’inscrivent dans la stratégie corporate. Jérôme Weisz cite l’implémentation de cobots à différents endroits du site, des transpalettes autonomes (AGV) mais également des bras robots sur les lignes de production et notamment pour la zone stérile. Des tests sont en cours pour l’utilisation de lunettes connectées pour la formation et l’assistance technique : “le technicien appelle l’expert en maintenance qui peut l’assister à distance. Le technicien a alors les procédures sous les yeux. Pour la formation, le corporate développe et envoie les programmes sur nos lunettes, notamment pour simuler une entrée en zone aseptique”, détaille Jérôme Weisz. Le futur bâtiment dédié aux stylos injecteurs qui représente un investissement de 80 M€ annoncé en 2016 et devrait entrer en service en 2021 devrait intégrer des nouvelles technologies, avec un laboratoire d’analyse plus digital, la facilitation de la libération des lots via une meilleure communication entre les différentes systèmes d’information… liste Jérôme Weisz. Chiffres-clés 1 200 salariés 12 lignes de production, remplissage et conditionnement Septembre 2018 création de l’innovation lab 14 ambassadeurs 15 à 20 personnes par sessions de formation et de partage Environ 40 “fidèles” venant régulièrement, les autres participants venant en fonction des sujets et intérêts 3 imprimantes 3 D, 3 cobots, 1 scanner 3D, 7 paires de lunettes de réalité virtuelle/augmentée, 1 exosquelette Aurélie Dureuil IndustrieInnovationLaboratoiresProductionRéalité augmentéeréalité virtuelle Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Étienne Tichit (Novo Nordisk) : Pour la promotion médicale, “la plateforme multicanal sera en place d’ici la fin de l’année en France“