Accueil > Industrie > Padoa ou la nouvelle façon de gérer la santé au travail Padoa ou la nouvelle façon de gérer la santé au travail La start-up française est un éditeur de logiciels dédiés à la santé au travail. Avec sa plateforme, elle propose de faciliter la gestion des services de santé au travail. Cinq ans après sa création, elle vient de lever 80 M€ et entend poursuivre sa croissance sur le marché français. Les raisons d’un succès avec Cédric Mathorel, cofondateur et président de padoa. Par Sandrine Cochard. Publié le 22 février 2022 à 21h30 - Mis à jour le 23 janvier 2023 à 15h13 Ressources La genèse Padoa a été créée en décembre 2016 au sein de Kamet, le “start-up studio” du groupe Axa, avec la volonté de repenser la santé au travail. “Notre constat est qu’il n’existait pas d’outil à la hauteur de la complexité des enjeux de la santé au travail, qui nécessite la collaboration de 3 acteurs : les services de santé au travail, les entreprises et les salariés. Notre choix a été de cibler les services de santé au travail car ce sont les mieux placés pour avoir un fort impact en matière de prévention. Nous avons fait le pari de les accompagner en leur apportant un outil complet et innovant”, explique aujourd’hui, Cédric Mathorel, Cofondateur et Président de padoa. Avec sa plateforme, padoa propose de faciliter la gestion des services de santé au travail (convocation aux consultations, prévention des risques professionnels…) entre l’entreprise et le salarié. La start-up poursuit 3 objectifs, détaillés par Cédric Mathorel : simplifier les échanges, notamment dans leur aspect réglementaire et administratif, afin de permettre aux intervenants de se concentrer sur la prévention, recréer de la proximité entre les intervenants : “nous voulons éviter que la santé au travail soit faite dans un service dont c’est le métier et qu’elle soit subie par l’employé ou l’employeur. Cette plateforme permet à chacun d’intervenir et positionne l’entreprise et le salarié comme des acteurs de la santé au travail. La prévention ne s’impose pas aux entreprises et aux salariés, c’est une démarche qu’ils doivent s’approprier.” tirer parti des données échangées entre ces acteurs pour que les Services de Prévention et de Santé au Travail puissent les analyser et les valoriser. Les fondateurs et les effectifs Cédric Mathorel, co-fondateur et président de padoa depuis 2017 Padoa a été créée en décembre 2016 par 4 cofondateurs (Frédéric de Mesmay, Nicolas Telle, Lionel Cassier, Julie Prévôt-Leygonie), rejoints six mois plus tard par Cédric Mathorel. Ingénieur de formation, le CEO de padoa a fait ses armes dans le monde de l’assurance mais aussi celui des start-up. “J’ai commencé à travailler dans le conseil puis j’ai rejoint dès 2000 mes premières start-up en tant que membre de l’équipe, mais pas en tant que fondateur. La première était un comparateur en ligne d’assurances (Assurland). La seconde était Prima solution, un outil logiciel à destination des sociétés d’assurance.” Après une expérience chez ebay, Cédric Mathorel rejoint Axa où il gère l’activité d’assurance directe du groupe en France et à l’étranger (Europe et Asie). Il travaille ensuite chez Axa France avant de revenir à l’entrepreneuriat. “Avec Kamet, j’ai eu l’opportunité de rejoindre le projet padoa à l’été 2017, alors que le premier financement était en train d’être bouclé.” La société compte alors une équipe de 9-10 personnes dont les 4 co-fondateurs d’origine, des salariés et des prestataires externes. La technologie Padoa fournit à ses clients, les services de santé au travail, un logiciel en SaaS hébergé dans le cloud Azure. Ceux-ci peuvent ensuite déployer auprès de leur propre clientèle d’entreprises des outils numériques qui ne nécessitent pas d’installation. “Il s’agit d’un portail et d’applications auxquels on accède directement et de manière sécurisée sur internet”, précise Cédric Mathorel. Une rupture alors que les acteurs historiques des logiciels de santé au travail fonctionnaient sur un modèle traditionnel de logiciels propriétaires, vendant une licence et la maintenance associée. Padoa réalise en interne le développement de sa plateforme, l’infogérance et le suivi de son infrastructure, via une équipe d’ingénierie de 10 personnes qui suit en permanence son bon fonctionnement selon différents indicateurs de performances, de sécurité, de bugs… La start-up s’appuie également sur des partenaires techniques (hébergement physique chez Azure, audit de sécurité/pentests réalisé par des sociétés spécialisées). Les start-up françaises de la e-santé ont levé 929,4 M€ en 2021 Service et positionnement Concrètement, l’outil de padoa donne accès au médecin du travail à toutes les informations connues du salariés qu’il ausculte : ce qu’il a déclaré, ce que son employeur a déclaré sur le métier/poste de travail du salarié, ce que l’infirmière qui avait vu le salarié a observé, ce que les médecins précédents avaient observé, ce que le préventeur a dit sur l’entreprise, les données observées sur d’autres salariés de la même entreprise ou dans d’autres entreprises similaires, les risques associés au métier ou au secteur du salarié et les moyens de prévention à mettre en place etc. “Nous avons changé les règles sur 3 aspects”, souligne Cédric Mathorel. “Premièrement, nous sommes passés d’une logique de progiciel uniquement destiné aux experts des centres de santé au travail (médecins, infirmières, préventeurs) à une logique de plateforme numérique ouverte où l’on fait intervenir tout le monde.” Ensuite, padoa fait valoir son investissement humain. “Sur les 140 collaborateurs que compte padoa aujourd’hui, une centaine travaillent sur le produit. C’est sans commune mesure avec une équipe produit dans une autre entreprise sur le marché.” Enfin, le modèle même du SaaS permet à padoa d’investir dans la durée. “Il n’y a pas cette notion d’obsolescence programmée, avec des effets de seuil lorsqu’il faut migrer de version. Nous investissons en permanence dans notre outil pour le faire évoluer en continu. Nous réalisons des mises à jour chaque semaine, ce qui est beaucoup plus confortable pour nos utilisateurs.” L’autre particularité du modèle de padoa réside dans la gestion de la donnée. La start-up est capable de récupérer toutes les données des logiciels utilisés précédemment par les services de santé au travail et de les réinjecter dans son propre outil, avec tous les paramétrages et les configurations pour s’adapter aux spécificités de tel ou tel service. À ce titre, padoa est labellisé ISO 27001 et agréé Hébergeur de données de santé (HDS). Autant de services qui font que la plateforme propose deux grands usages : une partie collaborative entre les services de santé au travail, les entreprises et les employés; et une partie “outil métier” dédié aux salariés des services de santé au travail, pour organiser et valoriser leur expertise. L’espace entreprise de la plateforme padoa Marché, clients et chiffre d’affaires Aujourd’hui, padoa travaille avec 25 services de santé au travail de toutes tailles. À travers eux, sa solution est utilisée par plus de 2 millions de salariés répartis dans 200 000 entreprises. “Nous avons quelques clients dans les services autonomes et le service public, mais le coeur de notre stratégie ce sont les services inter-entreprises”, précise Cédric Mathorel. Padoa leur facture un abonnement annuel d’environ 9 euros par salarié. Padoa compte également parmi ses clients de grandes entreprises qui ont leur propre service de santé au travail, comme Axa, Saint-Gobain ou Météo-France. Mais l’essentiel de son chiffre d’affaires provient de contrats souscrits par les services de prévention et de santé au travail inter-entreprises. Ce sont eux qui suivent la santé au travail de 15 millions de salariés en France. Un marché qui devrait encore croître avec l’intégration prochaine des travailleurs indépendants et des salariés du particulier employeur. “Si on compte large, on estime qu’à terme, 28 millions d’actifs seront suivis. C’est un marché très profond. Depuis notre création il y a cinq ans, nous n’avons pas eu besoin d’aller chercher de la croissance ailleurs que sur le marché français.” En 2021, la start-up a enregistré un chiffre d’affaires de près de 15 millions d’euros. Catherine Boule (Karista): “En santé digitale, les projets doivent avoir au moins un rayonnement européen pour se valoriser très cher” Modèle économique et financement Padoa a annoncé une levée de 80 M€, le 2 février 2022. Un nouveau tour mené par Five Arrows Growth Capital (FAGC), le véhicule d’investissement du groupe Rothschild & Co dédié aux PME européennes en forte croissance. Jusqu’alors, padoa avait financé sa croissance sur les fonds apportés par l’actionnaire majoritaire et historique, Kamet Ventures. Ce dernier a été l’unique investisseur de padoa depuis sa création, avec deux levées : une première de 5 M€ à l’été 2017 puis une levée de 20 M€ fin 2018. “Notre stratégie de départ était d’aller chercher la profitabilité progressivement, en maîtrisant nos capacités à financer notre croissance”, souligne Cédric Mathorel. Mais avec sa dernière levée qui voit FAGC rejoindre Kamet au capital de padoa, la start-up entend lever son niveau d’investissement, quitte à décaler un peu son seuil de profitabilité. “Avec ce nouveau tour de financement, on est à deux tiers de fonds propres et un tiers de dette”, détaille le CEO, dont la stratégie est de profiter de cette levée pour accélérer sur trois enjeux : continuer d’investir sur la plateforme, accroître son avance technologique, maintenir le niveau de qualité du service client et recruter. “Nous sommes 140 aujourd’hui, nous pensons être 200 fin 2022.” Les prochaines étapes Ces prochaines années, la start-up souhaite investir deux grands axes : étudier les opportunités à l’international, en Europe notamment, pour attaquer de nouveaux marchés, permettre aux services de santé au travail d’aller plus loin dans la prévention, via de nouvelles fonctionnalités pour permettre une plus grande valorisation de leurs données. “Beaucoup de données circulent sur la santé au travail : l’état de santé du salarié, ce qui se passe dans les entreprises, le risque associé à ces activités et les moyens de prévention qui sont mis en œuvre. Ces différents types de données sont issues de différentes sources d’information : déclaratif du salarié, déclaratif de l’employeur, évaluations et avis des médecins du travail ou des experts du service de santé au travail, risques liés à une profession ou à un secteur et les solutions de prévention à mettre en place… Le défi est de réussir à faire communiquer ces données pour leur donner du sens, note Cédric Mathorel. Nous pouvons générer des alertes et faire des suggestions à partir de ces données. Et le professionnel de santé va pouvoir poser son propre diagnostic et mettre en place ses propres recommandations.” Et ainsi participer à un meilleur suivi et une meilleure prévention des salariés. Les grandes dates de padoa décembre 2016 : création de padoa, née dans le “start-up studio” Kamet. 2017 : 1er Service de Santé au Travail Interentreprises client de padoa. 30 000 salariés sont suivis par la plateforme. 2018 : Levée de fonds de 20M€ auprès des investisseurs historiques. 230 000 salariés suivis. 2021 : 2 millions de salariés suivis 2022 : Entrée de Five Arrows Growth Capital (Rothschild & co)au capital de padoa, au côté de l’investisseurhistorique Kamet, dans le cadre d’une transaction de 80M€. Sandrine Cochard FinancementsIncubateursLogicielsanté au travailstart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind