Accueil > Industrie > Alexis Génin (Institut du cerveau) : “Nous inaugurerons notre troisième site d’incubation en novembre” Alexis Génin (Institut du cerveau) : “Nous inaugurerons notre troisième site d’incubation en novembre” L’Institut du cerveau et de la moelle épinière ou ICM devient à compter du 10 mars l’Institut du cerveau. Il annonce à cette occasion l’ouverture d’un nouvel incubateur, sept ans après l’iPEPS et deux ans après l’installation à Station F. Son directeur des applications de la recherche Alexis Génin, qui a créé l’iPEPS, détaille pour mind Health cette extension de l’activité d’incubation de l’institut, en faveur des technologies médicales et de l’intelligence artificielle. Par . Publié le 10 mars 2020 à 11h11 - Mis à jour le 31 juillet 2023 à 17h02 Ressources Vous annoncez l’ouverture d’un nouvel incubateur. Est-ce le bâtiment de 1 500 m2 acquis en janvier 2019, à proximité de La Pitié-Salpêtrière ? Tout à fait. Cette acquisition se situe exactement à mi-chemin entre Station F et l’Institut du cerveau, rue du Chevaleret dans le 13e arrondissement de Paris. Les locataires de ce bâtiment l’ont quitté en juillet. Puis nous avons sélectionné le projet architectural, lancé les permis, et les travaux ont commencé début janvier 2020. Nous inaugurerons le lieu en novembre et réfléchissons déjà à ses agrandissements. Quel nom portera-t-il ? Nos trois sites seront désormais regroupés sous le même nom : iPEPS-The Healthtech hub. Le campus Institut du cerveau en constitue le pôle biotech, Station F le pôle digital et le site de la rue du Chevaleret le pôle technologies médicales et intelligence artificielle (IA). Pourquoi cette répartition ? Elle résulte à la fois d’une construction chronologique et de la volonté de créer des noyaux de compétences bien identifiés. Nous avons pu observer que les besoins des jeunes entreprises de ces trois secteurs sont très différents : dans le champ du digital appliqué à la santé par exemple, ces sociétés doivent être rapidement en lien étroit avec le monde médical et bénéficier de capacités de développement et d’intégration avec d’autres partenaires du digital dans un environnement stimulant. Rapidement aussi, il leur faut du soutien en particulier réglementaire et orienté patient. Nous avons eu besoin en même temps de structurer les pôles de compétences et des offres d’accompagnement dédiées, et de prévoir de l’espace pour la croissance des projets. Cela signifie-t-il que vous avez revu votre stratégie d’accompagnement des start-up ? Nous avons très significativement enrichi notre offre. Ce qui nous différencie de beaucoup d’incubateurs d’entreprises, c’est l’imprégnation sectorielle forte et notre connaissance des pathologies. À nos développeurs, nous savons très rapidement dire quel type d’ensemble d’expériences précliniques sont nécessaires puis les orienter vers une bonne indication clinique. Pour le digital, notre structure de living lab a en outre la capacité de mettre en regard une solution technologique avec un besoin clinique et de faire se codévelopper une solution avec les malades et le corps médical. C’est encore plus criant dans le domaine des technologies médicales : il y a eu dans le secteur une tendance à faire piloter les développements par des ingénieurs, brillants mais dont les solutions ont rencontré des succès mitigés sur le marché parce que la correspondance avec le besoin réel de l’utilisateur n’avait pas été faite. Nous avons donc décidé de renforcer très significativement cet accompagnement, via une démarche structurée avec des malades, ou avec des neurologues. C’est le premier élément de notre offre et cela commence par l’imprégnation des projets sur le terrain avec une approche de design thinking. Nous offrons également la capacité à effectuer des prototypages rapides : nous avons investi dans un laboratoire de prototypage et avons créé et renforcé des liens avec des accélérateurs et des structures professionnelles pour produire de premières séries, petites et moyennes, de produits prêts à entrer en clinique. Vous évoquiez aussi le besoin d’un soutien réglementaire. En effet. Le deuxième élément de notre offre, qui représente souvent un point de blocage pour les développeurs, est l’aspect réglementaire du passage vers la clinique : un grand nombre d’entreprises craignent d’affronter cette étape réglementaire et l’anticipent insuffisamment. Or, nous savons le faire : nous avons créé une unité de soutien réglementaire, avec des experts de l’industrie, pour préparer le chemin réglementaire du produit, qu’il soit médicament ou technologie médicale, réfléchir à son positionnement, au type de pathologie, et piloter tout ce qui va de la soumission à la réalisation des premiers essais cliniques. Il s’agit d’un élément fortement différenciant mis à disposition de toutes les start-up. Enfin, vous avez développé une offre à destination des chercheurs. Nous avons développé une offre d’accompagnement qui permet aux chercheurs de l’Institut de réfléchir plus activement à la création d’une start-up : un soutien pendant six mois, le financement de formations à l’entrepreneuriat, la mise à disposition d’un réseau de mentors et d’espaces de laboratoire pour réfléchir aux projets et tester les idées, et la mobilisation d’étudiants d’écoles de commerce pour commencer à réfléchir au business plan. Il y avait une demande de la part de cette communauté. Certains chercheurs réfléchissent aussi à ce que va devenir leurs “postdocs” ; des outils peuvent les y aider. Quel effectif est ainsi mis à disposition ? L’équipe d’ingénieurs de la cellule réglementaire compte cinq à six personnes, le living lab et l’atelier de prototypage quatre personnes. Les designers viennent quant à eux grâce à un partenariat avec une école réputée, à raison d’un pool d’une dizaine d’élèves chaque année. Fin 2017, vous aviez le projet de “rassembler les compétences de plusieurs start-up pour constituer des offres intégrées, offrir des solutions médicales complètes autour de quatre à cinq sujets, dont l’un sur les essais cliniques”. Quel en est le bilan ? Nous avons partiellement réussi. Avec Bioserenity, Ad Scientiam et quelques autres start-up, nous avons constitué une offre pour l’accompagnement des essais cliniques, une sorte de boîte à outils permettant de démarrer un essai clinique, mise en place avec le soutien de la Région Île-de-France. Nous coprésentons aussi régulièrement des offres de recherche à la grande industrie, qui incluent le savoir-faire en termes de recherche et de clinique de l’Institut du cerveau et les solutions techniques développées par les start-up. Autre exemple : l’unité réglementaire va s’appuyer, pour la pharmacovigilance dans les essais cliniques, sur des outils développés par l’une de nos start-up. Le bémol est que, sur 30 start-up actuellement hébergées, six ou sept sont aujourd’hui actives. De la porosité se crée, ce qui est un excellent signe, mais nous sommes impatients de la voir se développer plus encore. Derrière cette idée, la notion clé est de créer des interactions. Là, les résultats sont globalement bons : un mentorat s’est naturellement mis en place entre “anciens” et “nouveaux”, ainsi qu’un partage de compétences, par mutualisation de recrutements par exemple. C’est un marqueur que nous trouvons extrêmement fort car il montre que les individus se sentent en confiance dans cet environnement et ont envie de travailler ensemble. Comment distinguez-vous le digital des technologies médicales et de l’IA ? Les liens entre eux sont effectivement étroits. Dans notre organisation, le digital en santé, tel que regroupé sur le campus de Station F, s’entend au sens des outils de prévention et d’amélioration du parcours de soins. On peut penser à des solutions pour la gestion de la douleur comme celle développée par Healthy Mind par exemple. Pour les technologies médicales à application hospitalière, si on pense par exemple à la technologie d’ultra-sons thérapeutiques de Carthera, c’est le nouveau site qui va devenir campus de référence. Une start-up actuellement incubée au sein de l’iPEPS pourrait-elle donc déménager rue du Chevaleret ? C’est tout à fait possible. Nous sommes par ailleurs déjà en train de recevoir des candidatures. Il est donc possible que nous démarrions avec un taux d’occupation important. Le site web de l’iPEPS devrait être remis à jour fin mars et présentera le nouveau site, avec la possibilité de candidater. De combien de postes de travail est doté ce nouvel incubateur ? De 150 postes de travail en phase 1, avec une grande proportion d’espaces privatifs. Nous avons vu le besoin d’une offre premium dans Paris intra-muros, avec un lieu où tout est intégré en termes de qualité de vie et d’outils de travail. Nous avons créé une grande agora, de multiples lieux de rencontre et la capacité à travailler en équipe dans des espaces très sécurisés. Des partenaires vous ont-ils suivi sur ce projet ? Nous allons pouvoir faire des annonces dans les prochaines semaines. Combien a coûté l’opération ? Le budget est proche de 15 millions d’euros sur l’ensemble de l’opération. Nous sommes pour cela soutenus par la Région Île-de-France et la Ville de Paris. Cette actualité est l’occasion de faire le point sur l’activité de l’iPEPS, créé en 2012, et sur l’activité HealthTech que l’Institut du cerveau pilote à Station F depuis depuis juin 2017. Combien de start-up ont été hébergées ? Un total de 58 start-up ont été hébergées, dont 30 le sont actuellement : 12 au sein de l’iPEPS et 18 à Station F. Elles ont levé plus de 250 M€ (plus de 120 M€ à fin 2017, ndlr) et créé plus de 600 emplois. L’Institut détient parallèlement un portefeuille de plus de 50 brevets. Le chiffre le plus marquant pour moi est surtout le nombre de produits déjà sur le marché : celui de MedDay ou ceux de Bioserenity, de MindMaze, d’Ad Scientiam, de Healthy Mind… Quelle est la proportion de start-up sur le digital ? Une proportion importante d’acteurs “purs digitaux” se présente à nous. Puis vient le secteur medtech et, à peu près au même niveau, la biotech avec le médicament. Outre la neurologie, dans quels domaines thérapeutiques travaillent principalement les start-up incubées ? Nous avons une expertise sectorielle initiale en neurosciences. Pourtant, dans le domaine du digital ou des technologies médicales, les entreprises abordent généralement plusieurs verticales médicales en même temps, ce qui nous a conduit à élargir notre accompagnement. Dans ces deux secteurs, nous regardons surtout, en amont, le potentiel de la technologie et sa diffusabilité. Nous avons par exemple commencé à travailler avec WeFight sur Station F quand l’entreprise ne ciblait que l’oncologie. Mais son agent conversationnel est maintenant aussi développé dans la dépression, en collaboration avec nos chercheurs. Bien sûr, le mot-clé “cerveau” revient pour nous parce que c’est dans ce domaine que nous apportons l’offre la plus complète. Mais ce qui nous importe avant tout est la technologie et la capacité à s’intégrer dans une offre de soins. Combien d’appel à projets ont été effectués ? Nous organisons en moyenne trois comités de sélection par an depuis 2013 et recevons environ 120 candidatures par an depuis trois-quatre ans. À un niveau très “méta”, nous constatons clairement que l’attractivité de la France augmente : nous recevons de plus en plus de candidatures étrangères. Plusieurs start-up venant de Boston par exemple et, l’année dernière, une entreprise de San Francisco. Nous notons aussi une plus grande maturité des projets dans le digital par rapport aux tout premiers projets reçus il y a quelques années. Quel budget est affecté à l’iPEPS ? 1,5 M€ par an sur un budget annuel d’environ 70 M€ pour l’Institut du cerveau. Entre autres partenariats, vous avez initié en octobre 2018 avec Pfizer le Pfizer Healthcare Hub. Où en est sa deuxième édition ? Cinq lauréats ont été sélectionnés la semaine du 24 février. Nous communiquerons davantage sur ce sujet dans quelques semaines. En mai 2019, un lien était envisagé entre l’iPEPS et l’incubateur de l’Hôtel-Dieu géré par l’américain BioLabs et le groupe immobilier Novaxia. Nous sommes en effet un partenaire actif de l’incubateur de l’Hôtel-Dieu, soit 8 000 m2 opérés principalement par BioLabs en lien étroit avec l’Institut du cerveau. La partie du projet consacrée à la recherche en neurosciences sera faite avec l’Institut du cerveau, qui offrira un accès privilégié à ses plateformes et animera une partie des événements. ALEXIS GÉNIN Depuis 2010 : directeur des applications de la recherche à l’Institut du cerveau 2006-2010 : a participé au démarrage d’Inserm-Transfert, la filiale privée de l’Inserm en charge de la valorisation et de l’investissement dans les start-ups 2003-2006 : en charge du développement des activités internationales de C.B.S, une PME du secteur du diagnostic Titulaire d’un doctorat en neurosciences IncubateursPublic/PrivéRecherchestart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Confidentiels L'ICM agrandit son incubateur Neurallys, incubée à l'iPEPS, lève 750 000 € pour finaliser le prototype de son implant connecté L’Hôtel-Dieu (AP-HP) va accueillir un incubateur “biotech/medtech” Wefight boucle un premier tour de table à 1,8 M€ Olivia Bussod (Pfizer) : " Nous pouvons accompagner jusqu’à six start-up" pour la 2e édition du Pfizer Healthcare Hub