Accueil > Parcours de soins > Comment Directosanté a fait évoluer son offre de téléconsultation vers le suivi ambulatoire en oncologie Comment Directosanté a fait évoluer son offre de téléconsultation vers le suivi ambulatoire en oncologie La start-up Directosanté créée en 2015 autour de la téléconsultation entre médecin et patient se connaissant a fait évoluer son modèle vers une solution complète de télésuivi en oncologie. Retour sur ce repositionnement avec son CEO et fondateur Typhaine Servant et le Dr François Dewaele, utilisateur de la solution Oncoscope. Par Aurélie Dureuil. Publié le 06 décembre 2019 à 15h22 - Mis à jour le 24 novembre 2020 à 14h19 Ressources “Le concept initial, nommé Directodoc, reposait sur le premier outil de téléconsultation entre un patient et un médecin se connaissant. C’était avant le remboursement de la téléconsultation. Le modèle économique n’était pas le bon”, confie Typhaine Servant, CEO et fondateur de Directosanté. Avant la création de la start-up en 2015, cet ingénieur de l’École nationale des Ponts et Chaussées a passé 12 ans au sein du laboratoire pharmaceutique Novartis. Sa rencontre avec une clinique l’incite à changer de modèle. “Avec l’évolution de l’ambulatoire, la diminution des durées de séjours, le besoin de rassurer les patients et les professionnels de santé et de garder un lien entre les patients et l’équipe soignante, nous avons décidé d’adapter notre idée au suivi des patients hospitalisés”, explique Typhaine Servant. La société abandonne le marché de ville pour se concentrer sur celui des établissements de soins. Dans un premier temps, Directosanté développe un modèle sur la chirurgie ambulatoire. “Une exigence de la Haute Autorité de santé impose de contacter le patient avant qu’il entre et après la chirurgie pour s’assurer de l’absence de complications”, rappelle Typhaine Servant. La solution consiste à automatiser les appels de la veille et du lendemain de l’acte. “Au lieu qu’un infirmier passe des heures chaque jour à passer ces appels, notre solution envoie des SMS avec des conseils et une demande de confirmation en amont, puis pour interroger le patient s’il a de la fièvre, des douleurs ou des saignements en aval. Les informations sont remontées à l’infirmier qui peut se concentrer sur les 10 à 15 % de patients ayant besoin d’un rappel”, indique le dirigeant de Directosanté. Partir d’une application existante en oncologie La rencontre avec l’hépatogastroentérologue François Dewaele de la clinique Confluent à Nantes, passée dans le giron de Vivalto santé en novembre 2019, pousse alors Typhaine Servant à développer une solution spécifique à l’oncologie. “Nous avions déjà développé une application pour les patients en amont d’une chimiothérapie. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de patients, de plus en plus de traitements et le même nombre de lits d’hospitalisation de jour. Il s’agissait de faire gagner du temps aux patients, aux praticiens et à la pharmacie hospitalière”, selon François Dewaele. Il détaille : “dans certains centres, le patient doit venir la veille pour valider la chimiothérapie qui est ensuite préparée par la pharmacie hospitalière. Puis le patient revient le lendemain pour son traitement. Ou, pour ne pas le fatiguer, le centre prévalide la chimiothérapie sans avoir vu le patient. Le jour du traitement, il peut ne pas être possible de le lui administrer ou il faut changer le dosage, jeter la préparation et le patient s’est déplacé pour rien”. L’application initiale, nommée Chimioscope, reposait sur un questionnaire permettant de valider la cure ou d’appeler le patient pour évaluer si son état impliquait des contre-indications pour la chimiothérapie. “Entre 30 à 40 % des patients l’utilisaient finalement, car l’application nécessite de pouvoir être téléchargée, que les mises à jour soient effectuées, que le patient ne perde pas ses identifiants…”, observe François Dewaele. Développement de la solution Oncoscope La solution Oncoscope développée par Directosanté repose sur un questionnaire couplé à la possibilité d’une téléconsultation. “La gestion du questionnaire est plus simple, car il s’agit d’un SMS avec un lien automatisé”, témoigne François Dewaele. Typhaine Servant détaille : “généralement à J-2 de la cure, un SMS est envoyé pour le rappel du rendez-vous et des consignes simples comme effectuer le bilan sanguin. À J-1 en milieu de matinée, un lien vers le questionnaire est envoyé par SMS. Le médecin accède aux réponses et peut alors proposer de poursuivre en téléconsultation. Notre outil génère un SMS avec un lien pour ouvrir la visio sur n’importe quel navigateur. En intercure, un questionnaire est également envoyé pour vérifier qu’il n’y a pas de dégradation de la situation, détecter des effets secondaires évitables…” Dans le service du Dr Dewaele, “plus de 90 % des patients” utilisent la solution, indique le praticien qui réserve un créneau de 16 à 17 heures tous les jours pour les téléconsultations. Il note plusieurs bénéfices. D’abord, sur l’organisation du service. “La téléconsultation permet de voir le patient et évaluer son état de fatigue, et d’annuler la chimiothérapie si nécessaire. Et ainsi, libérer le lit pour convoquer un autre patient, signale François Dewaele. Et le temps que je passais avant au téléphone est aujourd’hui rémunéré dans le cadre de la téléconsultation.” Intégration dans les services hospitaliers Pour déployer la solution dans un service, Directosanté propose de créer une “passerelle” entre son outil et le système d’information (SI) de l’établissement ce qui permet d’aller chercher les informations automatiquement (liste des patients avec une cure prévue et ceux ayant eu une cure la veille). “Nous générons des fiches contact, généralement en PDF, qui peuvent être redéposées dans le dossier du patient”, indique le dirigeant. Les professionnels de santé accèdent à une plateforme avec la liste des patients suivis et le statut permettant de visualiser par exemple s’ils ont répondu ou non au questionnaire. La société a choisi OVH Healthcare pour l’hébergement des données de santé. “Les questionnaires sont adaptables aux différentes thérapies, aux besoins des établissements…”, détaille encore Typhaine Servant qui souligne que l’installation s’accompagne d’une formation des équipes de soins, d’environ 30 minutes. “En trois semaines, les premiers patients peuvent être contactés”, précise-t-il. Quatre établissements utilisateurs Contrairement à sa solution pour la chirurgie ambulatoire pour laquelle Directosanté offre la possibilité d’effectuer deux mois de test au prix de 500 euros hors taxes, puis une facturation d’un euro par patient, pour la solution Oncoscope, la start-up affiche un modèle économique sans phase pilote, “car le travail avec les soignants doit être fait préalablement au démarrage”. Les tarifs sont de 2 euros par patient pour le suivi pré et intercure et de 2,6 euros par patient avec le module de téléconsultation. Aujourd’hui, Directosanté revendique 15 établissements utilisateurs de sa solution sur la chirurgie ambulatoire dont quatre ayant également déployé Oncoscope et 1 500 patients suivis en oncologie. Directosanté devrait enregistrer un chiffre d’affaires supérieur à 250 000 euros en 2019. Et Typhaine Servant vise 40 établissements clients fin 2020. Il indique par ailleurs des recrutements en cours pour passer de cinq salariés actuellement à 15, “principalement des postes de business development et de développement informatique”. La société a également bouclé début décembre sa 2e levée de fonds. directosanté en chiffres Création en 2015 Cinq salariés ; des recrutements en cours pour en atteindre 15 CA prévisionnel 2019 : 250 000 euros Deux solutions : pour la chirurgie ambulatoire et pour l’oncologie 15 établissements utilisateurs ; objectif de 40 fin 2020 Deux tours de financements : 250 000 euros en 2017 et 600 000 euros en décembre 2019 Aurélie Dureuil ambulatoireHôpitaloncologieParcours de soinsstart-uptéléconsultationTélémédecine Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind