Accueil > Industrie > [Étude exclusive mind Health] Sanofi a mené près de 200 essais cliniques incluant au moins une technologie numérique [Étude exclusive mind Health] Sanofi a mené près de 200 essais cliniques incluant au moins une technologie numérique Quels industriels de la santé se sont le plus emparés des technologies numériques dans leurs essais cliniques ? Selon le deuxième volet de notre étude réalisée à partir des données de ClinicalTrials, Sanofi et Eli Lilly sont ceux qui ont mené le plus d’études incluant une technologie d’analyse, connectée, de télémédecine, de pilotage des essais ou ayant trait aux DTx. Ils représentent même 65 % de celles de Sonova et 42 % de ceux de Philips. Par Sara Chaouki avec Aymeric Marolleau. Publié le 19 septembre 2022 à 9h05 - Mis à jour le 21 octobre 2022 à 17h38 Ressources Cet article est le premier d’un dossier en quatre parties consacré à l’analyse de la base ClinicalTrials.1- Quelles technologies innovantes ont été les plus adoptées dans les essais cliniques depuis 2000, et pour quels objectifs médicaux ?2- Quels industriels se sont le plus emparés des technologies dans leurs essais cliniques ?3- Quelles GAFAM prennent part aux essais cliniques incluant du numérique ?4- Quels acteurs français incluent le plus le numérique dans les essais cliniques ? Au 1er juillet 2022, 325 029 essais cliniques étaient déclarés sur ClinicalTrials.gov par leurs promoteurs respectifs, dont 44 680 incluent au moins une technologie numérique, soit 13,7 % du total (voir méthodologie). Plus de 1 940 industriels différents à travers le monde ont déclaré sur ClinicalTrials.gov au moins un essai clinique mettant en œuvre un outil numérique. Ce sont l’américain Eli Lilly & Co. (28,32 milliards de dollars de CA en 2021) et le français Sanofi (37,76 milliards de dollars) qui arrivent en tête avec 184 essais chacun. Ils devancent le laboratoire qui a réalisé le plus grand chiffre d’affaire en 2021, Johnson & Johnson (93,78 milliards de dollars), avec 141 essais, et Novartis (133 essais), qui est devenu le laboratoire pharmaceutique le plus rentable en 2021, avec 24,02 milliards de dollars de revenu net pour 52,88 milliards de dollars de CA. Pfizer (74 essais) et Roche (72) arrivent respectivement aux dixième et 11ème position. L’année dernière, notre méthodologie et notre mode de calcul, révisés depuis (voir méthodologie), avaient donné la part belle à GSK, Boehringer et Pfizer, qui apparaissent davantage en retrait cette année. Pour affiner l’analyse, nous avons comparé, pour chaque acteur de notre panel, le nombre de leurs essais dits innovants avec le nombre total de leurs essais cliniques recensés dans ClinicalTrials. C’est ainsi la société suisse Sonova, spécialisée dans le domaine de l’audition et des systèmes de communication sans fil, qui se hisse en tête avec 65 % d’essais incluant au moins une technologie numérique : 44 de ses 66 essais entrent dans cette catégorie, en mobilisant particulièrement des algorithmes de traitement du signal sonore. Elle est suivie de Philips, avec 42 % (37 études sur 88), qui a eu majoritairement recours aux technologies d’analyse, et de Biotronik, spécialiste des dispositifs médicaux destinés aux patients atteints de maladies cardiovasculaires, avec 35 % (29 sur 83). Parmi les plus grands laboratoires pharmaceutiques, deux grandes catégories d’acteurs se distinguent : d’un côté Eli Lilly (11 %, avec 184 essais dits innovants sur 1 667 recensés au total), Sanofi (10 %), Johnson & Johnson (9 %) et Abbott (7 %), qui ont une part d’essais dits innovants supérieure à 5 %, et de l’autre GlaxoSmithKline, Roche et Astrazeneca (4 %), Pfizer et Merck & Co. (3 %) et Boehringer Ingelheim (2 %) qui ont une part inférieure à 5 %. Les technologies d’analyse et de télémédecine sont les plus adoptées par les industriels Parmi les cinq grandes familles de technologies que nous avons étudiées (analyse, connectées, télémédecine, pilotage des essais et DTx), lesquelles ont le plus retenu l’intérêt des industriels de notre panel ? Selon notre analyse, leurs choix se démarquent peu des tendances globales observées dans l’ensemble de la base ClinicalTrials, dans la première partie de notre étude, avec une prédominance des technologies d’analyse et de la télémédecine. Le recours aux technologies d’analyse (logiciels, algorithmes, intelligence artificielle, “patient reported outcome measures”, etc.) est particulièrement marqué chez certains laboratoires, comme Eli lilly, puisqu’elles représentent 51 % de ses essais innovants, Medtronic (67 %), Novartis (58 %) et Pfizer (77 %). La télémédecine est le deuxième groupe de technologies le plus utilisé par les industriels, - notamment grâce au “real-time” - nommé dans 685 essais -, au self-monitoring (481 essais) et au telemonitoring (41), soit le fait de transmettre en temps réel les données des patients aux professionnels de santé. Les industriels intègrent également des accessoires de réalité virtuelle, citée dans 62 essais et de réalité augmentée, qui l’est dans 6 essais. Sanofi est le laboratoire qui semble avoir le plus intégré ces technologies de décentralisation, puisqu’elles apparaissent dans 59 % de ses essais dits innovants, suivi par Johnson & Johnson, avec 33 %, et Astrazeneca, avec 30,3 %. Les industriels ont lancé 2 020 essais cliniques incluant au moins une technologie connectée, dont un quart, soit 514, cite le glucomètre en continu. On retrouve cet outil, qui permet de mesurer en temps réel le taux de glycémie chez les patients atteints de diabète, dans les essais de plusieurs grands groupes, dont ceux du danois Novo Nordisk (38 essais), de Medtronic Diabetes (32) et de Sanofi (30). Nommé dans 512 essais, le smartphone est la deuxième technologie connectée la plus déployée par les industriels, dont 244 font la mention du système d’exploitation mobile Android, contre 114 pour l’iPhone, alimenté par le système iOS. La famille des technologies de pilotage des essais arrive en quatrième position, avec 648 essais, particulièrement grâce à l’eCRF (electronic case report form), un outil de saisie électronique des données patients, inclus dans 472 essais d’industriels, dont Sanofi Pasteur (33), GlaxoSmithKline (27), Astrazeneca (34) ou encore Novartis avec 19 essais. Seulement 93 essais font la mention de l’e-consent, que la FDA définit par “l’utilisation de systèmes et processus électroniques (textes, graphiques, audio, vidéo, dispositifs de reconnaissance biologique et lecteurs de cartes) afin de transmettre au patient l’information concernant l’étude et recueillir son consentement éclairé.” Dans un rapport sur l’impact du Covid19 sur l’industrie des essais cliniques, publié par Medidata le 8 septembre dernier, “63 % des répondants (plus de 400 responsables d’essais cliniques du Royaume-Uni, d’Allemagne, de France et de Suisse, Ndlr) déclarent que leurs organisations utilisent l’e-consent depuis un à deux ans et 32 % depuis moins d’un an (...). Son utilisation s‘est particulièrement développée pendant la pandémie, compte tenu des mesures de confinement et de distanciation sociale. Par ailleurs, l’outil présente d’autres avantages : 44 % des personnes interrogées affirment qu’il améliore la conformité réglementaire, 43 % la rétention des patients, la qualité de la vie et l’expérience du patient.” Les thérapies numériques (DTx) sont encore peu utilisées dans les études lancées par les big pharma, puisqu’elles n’ont été mentionnées que dans cinq essais du britannique GlaxoSmithKline, deux de Novartis, un seul chez Bausch et Bayer. Les industriels comptent pour un quart des essais référencés dans ClinicalTrials Au moment de la déclaration, le promoteur principal est tenu de déclarer son statut parmi quatre groupes prédéfinis par le site : “Autres” (particuliers, organismes publics, universités…), “Industriels” (dont les laboratoires pharmaceutiques), “U.S. Fed” (qui désigne les agences fédérales des États-Unis : Agency for Healthcare Research and Quality, US Department of Veterans Affairs, VA office of Research and Development, etc.) et “NIH” (National Institute of Health, l’autorité de santé américaine). Pour chacun, nous avons comparé le nombre total d’essais déclarés dans ClinicalTrials avec le nombre de ceux incluant au moins une technologie numérique. Il ressort ainsi que les industriels peuvent encore mieux faire, puisque la part des industriels dans les essais dits innovants (13,7 %) est environ deux fois moins grande que leur part dans l’ensemble des essais (27 %). À l’inverse, la catégorie “Autres” a une part plus importante parmi les essais innovants (83,4 %) que dans l’ensemble des études (69,6 %). Dans quels pays les industriels mènent-t-ils leurs essais incluant du numérique ? Notre étude des données de ClinicalTrials.gov montre que les industriels s’appuient principalement sur les États-Unis pour leurs essais impliquant de nouvelles technologies, puisqu’ils ont choisi ce pays pour 3 245 des 5 132 essais qu’ils ont lancés, soit 63 %. Viennent ensuite l’Allemagne, avec 17 %, et le Canada, avec 15 %. La France arrive à la cinquième position, avec 14 %, juste derrière le Royaume-Uni (15 %). Un essai clinique peut bien sûr être mené dans plusieurs pays différents, d’où une somme supérieure à 100 %. Méthodologie Pour mener cette étude, nous nous sommes appuyés pour la deuxième année consécutive sur la base de données du site ClinicalTrials.gov, où sont archivés les essais cliniques conduits aux États-Unis et dans 220 pays dans le monde. Afin d’étudier encore plus précisément la montée en puissance de l’utilisation du numérique par le biais des technologies d’analyse, de télémédecine et de pilotage des essais, des technologies connectées et des thérapies numériques (DTx), nous avons affiné notre méthodologie et enrichi la liste de mots clés recherchés, c’est pourquoi certains chiffres varient par rapport à l’an dernier. Nous avons commencé par sélectionner uniquement les essais cliniques interventionnels (les essais observationnels ne sont pas inclus dans l’étude), pour ensuite rechercher dans l’ensemble des informations associées à chaque essais (titre de l’étude, résumé, etc.) les mots clés listés ci-dessous. Ces mots clés ne sont peut-être pas toujours aussi exhaustifs que nous l’aurions souhaité, et certains termes peuvent être communs à des essais cliniques qui n’incluent pas de numérique. Mots clés recherchés dans les études : Technologies d’analyse : artificial intelligence, Machine learning, deep learning, reinforcement learning, supervised learning, unsupervised learning, federated learning, algorithm, computational, software, blockchain, digital biomarker, electronic health record - EHR, big data, real world data - RWD, real world evidence - RWE, in silico, data-driver, patient reported outcome measures - PROMs, patient reported experience measures - PREMs, synthetic data, digital twin, virtual trial, IT system, cloud system - platform - based - computing - server - solution - enabled. Technologies connectées : connected device, smart device, smart watch, activity watch, mobile device, mobile technology, mobile app, quantified self, bluetooth, IoT, smartphone, IOS, Android, continuous glucose monitor, heart rate monitor, activity tracker, digital sensor, wearable device, wearable tracker, wearable ecg, wearable blood pressure monitor, wearable biosensor, pulse oximeter. DTx : digital therapeutics, DTx, digital therapy, neurotherapeutics, vrx, vr therapeutics. Technologies de télémédecine : telehealth, telenursing, telepsychiatry, teletherapy, telemedicine, teleconsultation, virtual consultation, telecare, telerehabilitation, telemonitoring, self monitoring, remote monitoring, virtual health, virtual care, virtual trial, remote site monitoring, remote patient monitoring, remote health monitoring, real time data, real-time, Patient generated health data - PGHD, teleradiology, remote care, distanced care, virtual care.Technologies de pilotage des essais : clinical trial management system - CTMS, electronic case report form - eCRF, electronic clinical outcome assessment - eCOA, e-consent, decentralized trial. Afin d’établir les classements des industriels et non-industriels, nous nous sommes fondés uniquement sur le nombre d’essais cliniques à dimension numérique où ils sont promoteurs principaux. Certains d’entre eux participent également à des essais cliniques en tant que collaborateurs, mais cette dimension est précisée uniquement en commentaire et n’a pas été inclue dans les classements. Certains industriels ont plusieurs filiales qui mettent en œuvre des essais cliniques. Nous avons affecté les résultats des filiales à la société mère afin d’établir les classements. Vous pouvez consulter la liste des filiales prises en compte pour chaque groupe dans ce tableau. Sara Chaouki avec Aymeric Marolleau Essais cliniquesLaboratoiresMédicamentR&DRechercheSanofiThérapie digitale Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Dossier [Étude exclusive mind Health] Les technologies connectées seront bientôt aussi importantes que la télémédecine dans les essais cliniques Dossier [Étude exclusive mind Health] Quels industriels se sont le plus emparés des technologies numériques dans leurs essais cliniques ? Dossier [Étude exclusive mind Health] Quels acteurs français ont le plus adopté le numérique dans leurs essais cliniques ?