Accueil > Financement et politiques publiques > Comment le programme French Tech Next 40/120 bénéficie aux start-up en santé ? Comment le programme French Tech Next 40/120 bénéficie aux start-up en santé ? 16 start-up qui œuvrent dans le domaine de la healthtech, de la biotech et de la medtech ont intégré le classement French Tech Next 40/120 cette année. La sélection 2023 est plus portée par les innovations de rupture et la souveraineté industrielle, à l'image d'Igyxos et Tissium. Par Clarisse Treilles. Publié le 07 mars 2023 à 22h31 - Mis à jour le 07 mars 2023 à 15h23 Ressources La quatrième promotion de la French Tech Next 40/120 a été dévoilée le 19 février. 16 sociétés issues de la healthtech, de la biotech et de la medtech font partie des entreprises innovantes les plus prometteuses en 2023. Alors que le secteur de la santé concentre une foule d’innovations de rupture, le segment des start-up industrielles continue son ascension dans le classement, s’inscrivant dans le cadre du plan France 2030. Parmi les start-up en santé retenues dans ce programme d’accompagnement, figurent des profils très variés. Alan, Dental Monitoring et Doctolib se distinguent avec leur statut de licorne dans le la liste du Next 40, où ces scale-up sont rejointes par la biotech DNA Script, qui œuvre dans le domaine hautement stratégique de la technologie de synthèse d’ADN. La Mission French Tech, qui orchestre ce dispositif d’accompagnement national depuis quatre ans, a revu ses critères de sélection à la hausse cette année. Le plafond minimal des levées de fonds est fixé à 40 M€ entre 2020 et 2022, au lieu de 20 millions d’euros l’année dernière. Les lauréats cochent ce critère, à commencer par Medadom, qui a levé 40 M€ en série A, TreeFrog Therapeutics, avec près de 78 M€ levés au total, ou encore SparingVision, qui atteint 138 M€ de financement. Les start-up qui n’auraient pas atteint ce montant peuvent aussi être retenues pour leur potentiel d’hyper croissance, si elles ont réalisé un chiffre d’affaires d’au moins 10 millions d’euros lors du dernier exercice et témoignent d’une croissance moyenne d’au moins 25% lors des trois derniers exercices. Par ailleurs, la promotion 2023 intègre aussi pour la première fois des critères sociaux et environnementaux. Concilier croissance et innovation Comment concilier croissance et innovation ? Cela reste une question qui préoccupe les entrepreneurs, contraints de devoir dépenser des sommes importantes dans la R&D. Selon Clara Chappaz, directrice de la Mission French Tech, le Next 40/120 est un programme à travers lequel “l’Etat accompagne les entreprises dont le poids dans l’économie française demain sera encore plus important qu’aujourd’hui, de par les emplois et la valeur qu’elles créent, et leur développement par-delà nos frontières”, a-t-elle déclaré, citée dans un communiqué en date du 20 février. Pour 93% des start-up accompagnées en 2022, le programme Next 40/120 a constitué un atout pour le développement de leur activité, avec un accompagnement quotidien sur des points stratégiques comme le développement international, le financement, le recrutement ou les enjeux réglementaires, selon le rapport de la Mission French Tech. Les start-up suivies ont par exemple accès à un “start-up manager” dédié au sein du réseau d’administrations et de services publics partenaires, qui comprend notamment Business France, l’AFNOR et l’URSSAF. Igyxos, un cas d’école de la biotech Pierre-Henry Longeray, directeur général d’Igyxos Les start-up qui intègrent le classement Next 40/120 déroulent souvent une feuille de route sur plusieurs années, avant de pouvoir commercialiser leurs produits. C’est le cas dans la biotech et dans la medtech, où les temps de R&D sont souvent très longs, à l’image de la start-up Igyxos, qui n’entrevoit pas un développement commercial imminent mais se prépare au démarrage de sa phase clinique en 2023, une étape jugée cruciale pour son CEO, Pierre-Henry Longeray. Marie-Christine Maurel, fondatrice et directrice scientifique d’Igyxos Igyxos développe un anticorps monoclonal dans le traitement de l’infertilité masculine et féminine. La société, créée par Marie-Christine Maurel en 2017, a levé 7,5 millions d’euros en 2019. Depuis, Igyxos avance sur le développement préclinique de son anticorps. “Même si nous n’avons pas fait de levée de fonds récente, celle de 2019 était très significative. Cela a donné la possibilité à l’entreprise d’avancer fortement, car on va rentrer dans une phase clé pour toute société de biotechnologie” souligne Pierre-Henry Longeray. L’année à venir sera traversée par des enjeux technologiques et économiques, puisque la société réfléchit à “la manière de financer la suite de l’aventure”, et particulièrement la deuxième phase de l’étude clinique, prévue pour 2024. Pierre-Henry Longeray voit aussi dans le sujet de l’infertilité adressé par Igyxos une “problématique sociétale”, qui intéresse notamment le champ de la femtech, s’inscrivant par ce biais dans les enjeux sociétaux du classement FT 120. Le dirigeant observe que peu d’acteurs en France et à l’international travaillent sur des innovations de rupture dans le domaine du traitement de l’infertilité. La plupart des initiatives recensées dans ce domaine concernent surtout des activités dans le “digital health ou de diagnostic, de type medtech”, note le dirigeant. Igyxos fait partie du classement FT 120 depuis plusieurs années déjà. C’est d’abord une opportunité en termes de visibilité, constate Pierre-Henry Longeray, pour qui ce statut apporte un “label d’innovation” à l’entreprise. “Le fait de pouvoir être identifié comme une des 120 sociétés reconnues par l’administration française comme innovante est un point très important pour nous.” Il voit aussi le potentiel en termes de réseau auprès de la communauté d’entrepreneurs et de l’administration. “Dans le French Tech 120, le fait d’avoir cet accès direct à l’administration nous permet de bénéficier du réseau, et donc d’avoir accès à des structures plus spécialisées dans le domaine des biotechnologies” évoque Pierre-Henry Longeray. Tissium, un pied dans la production locale Romain Attard, directeur financier de Tissium Cette connexion au réseau de la French Tech est aussi un point clé pour Tissium, comme l’indique Romain Attard, son directeur financier. Cette medtech privée, fondée en 2013, consacre ses efforts à une nouvelle technologie découverte par le MIT, sur la base de polymères utilisés pour la reconstruction et la réparation des tissus, dans les opérations chirurgicales. La nouvelle classe de matériaux synthétiques permettra à Tissium de commercialiser des kits chirurgicaux dans trois verticales thérapeutiques distinctes : la réparation des nerfs périphériques, le traitement de l’hernie ventrale et la chirurgie cardio-vasculaire. Tissium a rejoint le programme FT 120 il y a quatre ans. La société compte aujourd’hui Sofinnova et Bpifrance parmi ses actionnaires et a levé 120 M€ depuis sa création. Le dernier tour de financement de 50 M€ remonte à août 2021 (série C). L’une des particularités de Tissium est de posséder un site de production dans le nord de la France, s’inscrivant ainsi dans le groupe des start-up industrielles, poussées par France 2030. La direction veut démarrer la commercialisation de ses produits dans la réparation des nerfs périphériques et le traitement des hernies aux Etats-Unis dès 2024. Si le marché européen est pour l’heure exclu, la raison est avant tout réglementaire, avance Romain Attard. “La régulation MDR [Medical Device Regulation, ndlr] nécessite la réapprobation de tous les produits, créant un embouteillage pour les acteurs de l’industrie”. Selon Romain Attard, le réseau de la French Tech l’a notamment aidé à récolter des conseils sur la structuration des équipes finance aux Etats-Unis, de la part de CFO travaillant pour d’autres entreprises du Next 40 et 120 implantées sur le marché américain. Il ajoute, par ailleurs, qu’un Slack commun est disponible pour les membres du programme afin de faire vivre cet écosystème et contribuer à utiliser de façon pertinente la base de données de connaissances. Du point de vue du CFO de Tissium, “le secteur de la santé européen est un peu en retard aujourd’hui du point de vue des investisseurs par rapport aux Etats-Unis. Il y a beaucoup d’investisseurs pour les premiers tours de financement et pour la partie “growth”, mais il manque encore un échelon d’investisseurs au milieu. Un élargissement du scope serait utile pour tout l’écosystème.” Tissium a vocation à grandir, avec une vingtaine de recrutements prévus dans le courant de l’année. “Aujourd’hui, la société fait de la R&D, mais demain elle deviendra une société commerciale” note Romain Attard. Tissium déploie également une feuille de route RSE et s’attache à respecter la parité et la diversité au sein de ses effectifs, avec 62% de femmes et 15 nationalités différentes à son bord. Clarisse Treilles BiotechsInnovationMedtechsstart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind