Accueil > Industrie > Accès au marché > Comment le télésuivi s’adapte à la crise sanitaire Comment le télésuivi s’adapte à la crise sanitaire Alors que le nombre de patients positifs au COVID-19 augmente de jour en jour, les établissements hospitaliers mettent en place des solutions de télésuivi à domicile des malades ne présentant pas de nécessité d’hospitalisation ou des personnes suspectées d’être contaminées. Des entreprises françaises adaptent leurs solutions et les déploient pour les établissements mais aussi les Samu et la médecine de ville, en intégrant la téléconsultation ou non, en s’intégrant au système d’information ou en mode Saas... mind Health revient sur les stratégies d’Exolis, Lifen, MHComm, nehs et Nouveal e-santé depuis quelques jours. Par Aurélie Dureuil. Publié le 23 mars 2020 à 16h13 - Mis à jour le 23 mars 2020 à 16h13 Ressources Chaque jour le nombre de malades diagnostiqués du COVID-19 augmente en France et dans le monde. Tandis que la direction générale de la santé égrène tous les jours les nombres croissants de malades, de patients hospitalisés et de personnes décédées, les hôpitaux s’organisent pour faire face à l’afflux de malades. Pour désengorger les établissements hospitaliers, plusieurs acteurs de la e-santé ont mis au point ou adapté des solutions existantes pour permettre le télésuivi des patients suspectés ou diagnostiqués d’infection à coronavirus COVID-19. “Beaucoup de gens vont être touchés avec des formes peu graves et qui vont embouteiller le système de santé. Il faut arriver à gérer un grand nombre de personnes qui ne nécessitent pas d’hospitalisation mais peuvent dans un certain nombre de cas enregistrer une aggravation entre J+7 et J+9”, détaille le Pr Patrick Jourdain, directeur médical du centre de télésurveillance médicale de l’AP-HP mis en place pour suivre les alertes de l’ensemble des patients inclus dans Covidom. D’où la nécessité d’assurer un suivi de ces patients dont l’état peut évoluer rapidement. Des délais de développement restreints Certains acteurs de la e-santé ont travaillé avec un établissement, à l’exemple de Nouveal e-santé avec l’AP-HP et MHComm avec le CHU de Montpellier, quand d’autres ont développé une solution avant de la proposer aux établissements, comme Lifen dont la plateforme a été adoptée par le CHU de Saint-Étienne notamment, ou nehs qui prépare un lancement le 27 mars. Enfin, certains établissements hospitaliers ont adapté une solution utilisée en interne avant de partager avec l’éditeur, comme le CHU de Rennes avec Exolis. Des collaborations qui ont été initiées pour répondre à l’urgence de la situation. Comme l’explique Alexandre Falzon, cofondateur et co-P-DG de Nouveal e-santé qui a travaillé avec le groupement hospitalier parisien à la mise en place de la solution Covidom : “nous avons été sollicités avec deux autres sociétés par l’AP-HP le lundi 2 mars pour savoir si nous pouvions mettre en place une plateforme pour le suivi des patients à domicile dans le cadre du coronavirus COVID-19. Le mercredi 4 mars nous avons présenté la solution et un POC et avons été retenus le jeudi 5 mars. Le lundi suivant, la solution était en production et en ligne avec l’inclusion le dimanche des hôpitaux de Bichat et de la Pitié Salpêtrière”. Depuis, la solution est déployée à tous les hôpitaux de l’AP-HP et Nouveal e-santé répond aux demandes d’autres établissements à travers la France et a été sélectionnée par l’ARS Ile-de-France. L’entreprise travaille également à l’ouverture vers la médecine de ville et les Samu. À Montpellier, MHComm a également travaillé dans des délais restreints mais à partir d’une collaboration existante. “Le CHU utilise notre solution dans le cadre du télésuivi hospitalier depuis deux ans. Malheureusement, ils ont connu un foyer épidémiologique avec une accélération très brutale sur le deuxième week-end de mars. À partir d’une mobilisation des équipes médicales et de leur service informatique, nous avons été sollicités pour mettre en place, adapter puis implémenter un parcours de soins de patients positifs au COVID-19 à domicile. L’enjeu était de le mettre en place durant le week-end pour inclure le premierpatient le lundi”, se remémore Emmanuel Sicard, cofondateur et dirigeant de MHComm. Création ou adaptation de solutions Pour intervenir dans ces délais restreints, les fournisseurs de solutions s’appuient sur la mobilisation de leurs équipes, l’adaptation de solutions existantes et la mise en place de solutions simplifiées. Chez Nouveal e-santé, Guillaume Fayolle, cofondateur et co-P-DG, souligne “la mobilisation de toutes les équipes en 2×8 pour travailler à la fois sur la partie infrastructure et logiciel”. La société emploie une vingtaine de personnes. Chez Lifen, “une équipe est en train de se mobiliser”, indique Guillaume Laguette, chief marketing officer de l’entreprise qui emploie environ 100 personnes. L’entreprise spécialisée dans les outils de communication et notamment d’échange ville/hôpital de documents médicaux a développé une solution pour le suivi des patients dans le cadre de la pandémie liée au coronavirus COVID-19. D’autres ont adapté leur solution pour en développer de nouvelles comme Nouveal e-santé. “Les enjeux techniques ont surtout concerné la rapidité de mise en œuvre. Nous avons construit un environnement dédié pour cette application et l’AP-HP, car nous ne voulions pas mélanger avec la plateforme sur l’ambulatoire et la chirurgie. Les adaptations logicielles ont également porté sur le wording lié à la maladie”, témoigne Guillaume Fayolle. Du côté de l’AP-HP, Patrick Jourdain souligne “une vraie collaboration entre les unités techniques, médicales et organisationnelles” autour d’une organisation très souple. Il a fallu développer le questionnaire ainsi que les seuils d’alertes. Pour la solution Exolis, tout est parti du CHU de Rennes, déjà utilisateur des outils de l’entreprise marseillaise. “Ils ont eu l’idée de construire questionnaire et des outils pour les patients pour mettre en place un parcours lié au COVID-19. Le CHU de Rennes a ensuite accepté de partager ses travaux. Ainsi, nous pouvons mettre en place ce parcours et chaque site utilisateur peut l’appliquer ou l’adapter”, détaille Christophe Rosso, cofondateur et directeur général d’Exolis. La mise en place d’équipes dédiées dans les établissements de soins Toutes les solutions s’appuient sur un système de questionnaire envoyé une ou deux fois par jour aux patients. Les réponses remontent alors aux équipes soignantes avec un système de classement pour faire ressortir les cas nécessitant une prise de contact par les professionnels de santé. Au CHU de Montpellier comme à l’AP-HP, une équipe dédiée a été constituée. Au sein du département des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Montpellier, l’équipe médicale et paramédicale reçoit des alertes si les patients ne remplissent pas le questionnaire d’auto-évaluation ainsi que celles sur l’évolution de leur état de santé en fonction d’indicateurs, puis traite les questions des patients et leur apporte des informations sur le suivi de la maladie et le traitement. Au sein de l’AP-HP, le centre de télésurveillance médicale évolue en fonction des besoins. “En 36 heures, nous avons développé notre première cellule de télésurveillance. Nous avons mis en place la formation avec des tutos d’information, des mini-films, un compagnonnage… Un manuel est mis à jour tous les jours avec la conduite à suivre pour toutes les alertes déclenchées. Un médecin est disponible pour quatre à six intervenants de télésurveillance”, détaille Patrick Jourdain. Il précise qu’une centaine de personnes sont déjà “formées et déclenchables” tandis qu’une cinquantaine sont actifs au 19 mars 2020. Des solutions simplifiées tout en assurant la sécurité des données Tous les acteurs soulignent le besoin de rapidité de mise en place. Guillaume Fayolle rappelle par exemple la mise au point technique et le déploiement en quatre jours et de le délai de 24 heures pour la mise en place dans de nouveaux établissements. Après un développement en un week-end avec le CHU de Montpellier, Emmanuel Sicard annonce une semaine pour le déploiement dans de nouveaux établissements, “à partir du moment où nous avons accès à leur environnement informatique, nos équipes prennent la main à la fois pour la solution technique et pour la préparation et la formation des référents médicaux”. Chez Exolis, Christophe Rosso indique qu’il faut une heure pour mettre en place le parcours pour ceux qui utilise de la solution, six heures pour les nouveau clients sans intégration et 72 heures pour de nouveaux clients avec intégration des identités. Les délais raccourcis sont en effet rendus possibles en allégeant certaines parties techniques comme l’interopérabilité. Lifen et Nouveal e-santé ont par exemple opté pour des plateformes SaaS. Pour Emmanuel Sicard, l’interface avec les SIH peut se faire dans un second temps. Si tous indiquent que l’interopérabilité avec les systèmes d’information hospitaliers n’est pas la priorité, ils affirment néanmoins ne pas avoir transigé sur la sécurité des données. Pour la mise en place de la solution Covidom, Nouveal e-santé s’est assuré auprès de son hébergeur de données de santé certifié, le Mipih, des capacités de stockage de volumes importants. Lifen souligne travailler avec ses capacités habituelles d’hébergement de données de santé agréées. D’autres solutions reposent sur l’hébergement par l’établissement hospitalier, comme Exolis et MHComm qui proposent tout de même des solutions d’hébergement. Adaptation des modèles économiques En matière de positionnement économique les différents acteurs font également évoluer leur offre. Si ces jeunes entreprises ne peuvent se permettre d’offrir la solution, elles assurent toutes avoir fait évoluer leur modèle économique et ne facturer que les frais d’installation, de projet, de mise en œuvre voire d’usage. Accéder au tableau : cinq entreprises proposant un télésuivi des patients COVID-19 Aurélie Dureuil Application mobileHôpitalstart-upTélémédecine Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire COVID-19 : après les acteurs de la téléconsultation, ceux du télésuivi proposent des solutions idoines Le ministère recense les solutions de téléconsultation et télésuivi mises à disposition dans le cadre de la pandémie de COVID-19 COVID-19 : le ministère de la Santé recense à ce jour 124 solutions de téléconsultation ou de télésuivi