Accueil > Industrie > Thomas Clozel (Owkin) : “Nous voulons devenir la plateforme de drug development et de commercialisation de référence” Thomas Clozel (Owkin) : “Nous voulons devenir la plateforme de drug development et de commercialisation de référence” En mai, la start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle a bouclé un tour de table de 25 M$, annoncé la signature d’un nouveau partenariat de recherche et présenté sa technologie Virtual Staining. Le CEO et cofondateur d'Owkin, Thomas Clozel, détaille pour mind Health ses objectifs. Par Aurélie Dureuil. Publié le 05 juin 2020 à 10h29 - Mis à jour le 08 janvier 2021 à 17h26 Ressources Vous venez de boucler un tour de table de 25 M$ au cours duquel Bpifrance est devenu votre nouvel actionnaire de référence. Quels sont les objectifs de cette levée de fonds ? Nous sommes en train de construire un “strong hold”. Cette opération va nous permettre de poursuivre notre croissance. Nous voulons croître raisonnablement : autour de 15 à 20 % par an. Nous voulons augmenter notre réseau de centres partenaires, le Owkin Loop, en recrutant de nouveaux centres dans de nouveaux pays, poursuivant notre croissance organique aux États-Unis et augmentant le nombre de centres en Europe. Quels sont aujourd’hui les effectifs et les implantations d’Owkin ? Notre siège est à New York et notre R&D en France. Nous employons 100 personnes à New York, Paris, Nantes et Londres. 85 personnes travaillent en France, une dizaine aux États-Unis et quatre au Royaume-Uni. Et nous prévoyons d’ouvrir des bureaux en Allemagne, en Suisse, en Italie, sur la côte ouest des États-Unis et au Japon. Avec une priorité sur l’Allemagne où nous voulons ouvrir d’ici six mois. Nous ne prévoyons pas encore d’implémentation en Chine. Envisagez-vous de la croissance externe ? Le M&A n’a pas encore débuté dans l’intelligence artificielle (IA) dans la santé, ni de la part des laboratoires pharmaceutiques. Ils vont commencer à construire en interne leur organisation et commencer les M&A. Nous n’avons pas vraiment vu d’acquisition potentielle mais nous commençons à regarder. Nous n’avons pas de cible particulière. Quelle sera la meilleure acquisition potentielle pour Owkin ? C’est difficile à dire aujourd’hui. Nous regardons comme tout le monde s’il y a des choses intéressantes pour nous. Quels sont vos objectifs pour le réseau de partenaires ? Fin 2020, nous aurons 17 des 100 plus grands centres de recherche académiques dans le monde au sein d’Owkin Loop. Nous voulons travailler avec les meilleurs centres car nous cherchons les meilleurs datasets. Nous ambitionnons de créer le réseau de meilleurs key opinion leaders (KOL). Nous avons aussi des partenariats hors de cette cible car les projets nous intéressent. Vous avez annoncé en mai un partenariat avec l’Institut Bergonié. Pouvez-vous détailler ce projet ? Nous lançons avec l’Institut Bergonié des projets concernant le sarcome. Il s’agit d’une maladie rare pour laquelle il existe beaucoup de silos de recherche. L’apprentissage fédéré est la seule solution pour construire une base suffisante. Cela permet aux centres de collaborer sans avoir à regrouper leurs datasets. En France, vous travaillez également avec l’AP-HP et Gustave Roussy. Où en êtes-vous depuis les annonces fin 2019 ? Avec l’AP-HP, nous sommes en train d’installer notre plateforme Owkin Studio. Une douzaine de projets sont en cours. Les choses avancent bien mais ont été un peu retardées avec la COVID-19. Avec Gustave Roussy, nous venons de soumettre un papier sur la prédiction des outcomes dans la COVID-19. La technologie permet d’associer plusieurs types de données pour le triage des patients et la prédiction de la réponse en réanimation. Outre les projets avec les centres hospitaliers et académiques, vous travaillez pour l’industrie pharmaceutique. Quel est votre positionnement ? Nous collaborons actuellement avec six des dix plus grandes entreprises pharmaceutiques mondiales. Nous espérons porter ce chiffre à neuf d’ici la fin de cette année. Nous avons notamment trois partenariats stratégiques avec des pharma. Nous voulons devenir la plateforme de drug development et de commercialisation de référence. Nous proposons un accès au meilleur réseau de datasets au monde avec de la data unique et une technologie qui permet de transformer ces datasets afin de les intégrer dans les activités d’essais cliniques et les processus de commercialisation. Sur le premier thème, il s’agit d’améliorer les essais cliniques. Avec nos datasets, nous améliorons les phases I et II et permettons de mieux stratifier les patients pour la phase III. Sur la partie commerciale, il s’agit de prédire les cibles thérapeutiques. Nous intervenons avec les équipes des affaires médicales. Nous utilisons la data, nos modèles pour mieux comprendre la population de patients qui répond le mieux au traitement et trouver les signatures. Le modèle : ce sont les biomarqueurs ! Nous avons une librairie de plus de 70 modèles. Vous coordonnez le consortium Melloddy sur l’exploitation des chimiothèques des laboratoires pharmaceutiques. Comment avance ce projet lancé en juin 2019 ? Ce projet avance très bien grâce à une traction incroyable des partenaires pharmaceutiques (Janssen Pharmaceutica NV est porteur du projet avec Amgen, Astellas, AstraZeneca, Bayer, Boehringer Ingelheim, GSK, Merck KGaA, Novartis et l’Institut de recherche Servier, ndlr). L’infrastructure Owkin Connect a été déployée et permet aux membres du consortium Melloddy de se connecter de façon sécurisée aux data de chaque chimiothèque et d’utiliser nos technologies d’apprentissage fédéré pour entraîner les modèles prédictifs. Vous avez présenté en mai le Owkin Virtual Staining. En quoi cela consiste-t-il ? Il s’agit d’une plateforme technologique pour permettre à chaque pathologiste et chercheur d’utiliser des techniques immunohistochimiques et d’immunofluorescence. Nous enrichissons un dataset de lames d’histologie afin de prédire les marqueurs virtuels de cellules immunologiques. Ce qui permet d’enrichir les cohortes et d’augmenter les projets de recherche. Quel est l’impact de la crise de COVID-19 pour Owkin ? Nous avons enregistré des retards sur l’accès aux datasets dans les hôpitaux. Nous n’avons pas été trop impactés sur les contrats (Owkin a initié en avril le COVID-19 Open AI Consortium (COAI), pour “accroître la recherche collaborative, accélérer le développement clinique de traitements efficaces de la COVID-19 et partager toutes ses découvertes avec la communauté médicale et scientifique mondiale”, ndlr). Thomas Clozel Juin 2016 : Cofondateur et CEO d’Owkin 2012-2014 : Professeur assistance clinique au CHU Henri Mondor de Créteil Aurélie Dureuil base de donnéesDonnées de santéEssais cliniquesIndustrieIntelligence ArtificielleLevée de fondsstart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Un consortium public-privé pour exploiter les chimiothèques des laboratoires pharmaceutiques grâce à l’IA Recherche : l’AP-HP et Owkin initient de premiers projets sur les données Corinne Blachier-Poisson (Amgen France) : "Nous regarderons tout ce qui se fait dans l’intelligence artificielle et le digital" Owkin signe avec NVIDIA et King's College London Signature d’un partenariat stratégique entre Owkin et Gustave-Roussy Owkin collabore avec la Fédération francophone de cancérologie digestive Cinq laboratoires pharmaceutiques et 11 start-up pour la deuxième saison du Digital Pharma Lab Owkin initie le COVID-19 Open AI Consortium Un tour de table de 25 M$ bouclé par Owkin Owkin et l'Institut Bergonié entament une série de projets d'IA sur le sarcome et l'immuno-oncologie