Accueil > Parcours de soins > L’usage de la téléconsultation se stabilise L’usage de la téléconsultation se stabilise Après un pic d’utilisation de la téléconsultation pendant le confinement puis une décrue rapide dans les dernières semaines de mai, la pratique semble avoir atteint un plateau autour de 4 %, révèle le nouveau baromètre exclusif du GERS Data pour mind Health. La médecine de spécialité semble elle aussi avoir stabilisé sa pratique de la téléconsultation. Par Aurélie Dureuil. Publié le 13 octobre 2020 à 10h54 - Mis à jour le 23 novembre 2020 à 11h38 Ressources Après un boom des usages de la téléconsultation pendant le confinement au printemps, la pratique est entrée dans une nouvelle dynamique depuis le déconfinement en mai 2020 avec une chute du taux d’usage puis une stabilisation. C’est ce que révèle le baromètre exclusif du GIE GERS pour mind Health sur l’usage de la téléconsultation dans l’Hexagone, réalisé à partir de la base de données en vraie vie THIN. La part de la téléconsultation dans les consultations de médecine générale oscille autour de 4 %, bien loin des 26,3 % atteint début avril 2020 mais aussi nettement supérieur aux 0,1 % du début d’année. La part de la téléconsultation en médecine générale s’établit autour de 4 % – Source GERS Data David Syr, directeur général adjoint de GERS Data (filiale de Cegedim), précise : “il faut mettre ces chiffres en perspective. En septembre, il y a plus de consultations dans l’absolu qu’il n’y en avait en avril”. Il indique que 200 000 téléconsultations sont réalisées chaque semaine. Rappelons que l’Assurance maladie a enregistré plus de 486 000 téléconsultations facturées la semaine du 23 mars et un pic a été atteint la semaine du 6 avril avec 1 118 175 actes de téléconsultation facturés, tandis que moins de 10 000 actes étaient facturés en début d’année chaque semaine. “En avril, la téléconsultation était la pratique la plus simple. En septembre, elle arrive en complément de la consultation en présentiel”, souligne David Syr. Il anticipe “quelques mois de calibrage et d’organisation” tant pour les professionnels de santé que pour les patients. “Il faut que chacun prenne ses marques vis-à-vis de la consultation distanciel” afin d’estimer “la valeur qu’ils accordent à une visite présentiel versus une visite à distance”. Avant de renchérir : “la téléconsultation fait maintenant partie de l’arsenal thérapeutique avec un besoin côté patient et un besoin côté médecin. Il faut qu’elle soit perçue aussi qualitative que la consultation en présentiel”. Il voit dans les annonces de prise en charge pendant deux ans dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2021 la confirmation d’une phase de calibrage. Une tendance similaire en médecine de spécialité La tendance à la stabilisation se confirme pour les médecines de spécialité, parfois avec des taux d’usage très bas comme la gynécologie et la cardiologie. Les trois profils distingués par David Syr en juillet se confirment : ceux qui ont adopté la téléconsultation très vite pendant le confinement et conserve un taux d’usage autour de 10-12 %, ceux qui l’ont beaucoup utilisé et rapidement abandonné depuis la fin du confinement et enfin ceux l’ayant peu utilisé et n’y recourant pratiquement plus. “Toutes les spécialités ne sont pas égales face aux appareillages, aux technologies pour réaliser les consultations à distance. Il est peut-être plus simple de faire une téléconsultation pour un psychiatre que pour d’autres spécialités”, indiquait David Syr début juin. Les psychiatres sont en effet les seuls dans la première catégorie. Après avoir atteint un plateau entre 45 % et 50 % entre le 5 avril et le 8 mai, le taux de téléconsultation a diminué pour s’établir autour de 12 % fin septembre. Dans la deuxième catégorie, on trouve les endocrinologues chez qui la téléconsultation, après avoir atteint un plateau semblable aux psychiatres, s’établit autour de 4 %. Cette catégorie comprend aussi les pédiatres qui ont connu un pic bien plus bas (entre 20 et 25 %) mais conserve un taux d’usage entre 3 et 4 %. Les autres spécialités dont les taux d’usages avaient dépassé les 20 % sont eux revenus à des chiffres autour de 1 à 2 %. Enfin, les cardiologues et gynécologues constituent la dernière catégorie avec des taux d’usage de la téléconsultation autour de 10 à 11 % au début du confinement et qui ont rapidement diminué à partir de mi-avril. Les téléconsultations représentent moins d’1 % des consultations depuis plusieurs semaines. Au Royaume-Uni, la téléconsultation a vu son usage croître puis se stabiliser, contrairement à la France – Source GERS Data Cette stabilisation de l’usage de la téléconsultation tant en médecine générale que de spécialité en France s’établit par ailleurs bien plus bas qu’au Royaume-Uni. En effet, dans le pays, la téléconsultation qui était bien plus utilisée que dans l’Hexagone avant la crise sanitaire atteint aujourd’hui un plateau autour de 12 à 15 %. Aux États-Unis, les chiffres cités par les opérateurs de télémédecine confirment un pic d’usage. À l’exemple d’Amwell qui se félicitait en juin d’avoir atteint jusqu’à 45 000 visites de télémédecine par jour via sa plateforme. Et on assiste depuis l’été 2020 aux grandes manoeuvres dans le secteur de la téléconsultation, avec notamment la fusion à 18,5 Mds $ de Teladoc et Livongo ou encore l’IPO d’Amwell à plus de 900 M$. MÉTHODOLOGIE GERS Data est une filiale de Cegedim en charge du recueil et de traitement des données de santé au sein du groupe Cegedim. Elle est composée d’une équipe de 50 personnes réparties notamment entre les activités commerciales, institution, étude et services clients, indique David Syr, son directeur général adjoint. GERS Data remonte les données de différentes bases : hospitalières (StatHop), de prescription (THIN, sélectionnée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour le suivi de l’analyse de la prescription par les médecins généralistes et spécialistes, indique GERS Data) et d’achat et de distribution des officines (Sell In, SOG Now, SOG Early, Sell Out et GERS Rupture). David Syr estime à plusieurs millions le nombre de données recueillies chaque jour. Outre les chiffres pour la France, GERS Data collecte les données pour le Royaume-Uni, la Roumanie et la Belgique. L’Espagne, l’Italie et l’Allemagne devraient les rejoindre prochainement, indique le directeur général adjoint. Pour sa base de données THIN, Cegedim indique qu’il s’agit de données anonymisées émanant de plus de 56 millions de patients sur sept pays européens. Aurélie Dureuil EtudeParcours de soinstéléconsultationTélémédecine Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire L'évolution de la téléconsultation en France Le taux de téléconsultation poursuit sa décrue Léger repli de la téléconsultation fin avril Le GERS confirme la stabilisation du recours à la téléconsultation Après une croissance rapide, la téléconsultation se stabilise autour de 27 % des consultations