Accueil > Industrie > Accès au marché > Malika Mir (Ipsen) : “2018 sera l’année de l’accélération de la mise en industrialisation des solutions digitales” Malika Mir (Ipsen) : “2018 sera l’année de l’accélération de la mise en industrialisation des solutions digitales” Nommée en 2014 au poste de Chief information and digital officer d’Ipsen, Malika Mir détaille la stratégie mise en place. Après des phases d’expérimentation puis d’industrialisation des projets, les solutions digitales deviennent des standards dans les domaines de la R&D et du marketing-ventes. Par Aurélie Dureuil. Publié le 02 mars 2018 à 16h12 - Mis à jour le 02 mars 2018 à 16h12 Ressources En 2016, vous signaliez que 2014 était une année de propositions, 2015 d’expérimentations et 2016 d’industrialisation. Où en êtes-vous aujourd’hui ? 2018 sera l’année de l’accélération de la mise en industrialisation des solutions digitales. En 2017, nous avons vraiment industrialisé les projets digitaux. Nous nous concentrons sur deux domaines : la recherche et le développement, notamment les études cliniques, ainsi que les ventes et le marketing. Pour ces deux domaines, les solutions entrent dans les modes opératoires et deviennent les nouveaux standards. Dans le domaine des essais cliniques, sur quels sujets travaillez-vous ? Nous avons mis en place des modèles de solutions digitales pour accompagner les études cliniques au niveau mondial (Ipsen affiche un pipeline d’un peu plus de 20 essais cliniques, ndlr) . Nous avons voulu répondre à la problématique commune à tous les laboratoires : le recrutement des patients et l’identification des centres cliniques. Nous devons recruter des centres avec la bonne expertise sur les pathologies que nous voulons adresser. Sur l’oncologie ou les tumeurs neuroendocrines, tous les laboratoires cherchent un peu les mêmes profils de patients. Nous devons bien cibler ces centres. Du côté des patients, nous avons constaté qu’ils ne sont pas toujours informés qu’il existe une étude clinique. Ils ne sont pas toujours à l’aise avec la notion d’essai clinique, cela peut même les inquiéter. Nous avions l’habitude de présenter les études avec un vocabulaire qui s’adresse aux médecins mais pas aux patients. Maintenant, pour chacune des études cliniques, nous mettons en place un site Internet. Il explique ce qu’est une étude clinique et en quoi consiste cette étude. Nous travaillons avec les associations de patients de manière à nous assurer que le contenu est compréhensible. Nous travaillons également autour du big data pour partager avec l’équipe de bioinformatique. Nous leur donnons accès à une base de données immense afin de croiser les données et faire les analyses statistiques pour travailler sur les protocoles. Quels outils utilisez-vous pour accélérer le recrutement des patients ? Nous travaillons dans le domaine des maladies rares où les populations concernées sont plus petites. Nous avons mis en place des solutions de big data pour identifier plus facilement les patients. Nous utilisons des solutions pour “screener” l’ensemble des réseaux sociaux. Nous faisons remonter les sites qui parlent de la maladie, les profils d’individus, de groupes d’individus ou d’associations de patients. Nous sommes aujourd’hui capables d’identifier une très large base de patients de manière extrêmement plus rapide. Quelle est la réduction des délais enregistrée ? Avant, quand nous passions un contrat avec une CRO, la durée de recrutement pouvait aller jusqu’à deux ans pour recruter un pool d’un nombre parfois très réduit de patients. En utilisant les technologies autour des réseaux sociaux et de big data disponibles, en moins de deux mois, nous arrivons à avoir une bonne visibilité de la population qui peut être touchée par l’essai clinique. Nous savons où ils sont et leur nombre. Nous leur proposons de cliquer pour arriver sur notre site. Sans entrer dans les détails du protocole, nous proposons de remplir un formulaire avec trois critères compréhensibles par le patient afin de s’assurer qu’il présente une pathologie définie. Là encore, nous travaillons avec les associations de patients pour définir les critères. Le patient a ensuite la possibilité d’être contacté par le centre recruteur puis de prendre rendez-vous avec un médecin. Toutes ces étapes font désormais partie du mode opératoire “normal”. Nous avons également changé nos contrats auprès des CRO pour exiger qu’elles utilisent ces méthodes. Cela nous permet d’accélérer le recrutement mais nous donne aussi de la visibilité sur la manière avec laquelle elles avancent sur cette étape. Votre deuxième axe concerne les ventes et le marketing. Pouvez-vous détailler vos travaux ? Ce qui nous manquait beaucoup pour certaines pathologies était d’être capables de se rapprocher du patient et de ses problématiques du quotidien. Nous avons développé l’année dernière une plateforme de partage d’informations avec les patients sur les tumeurs endocrines. Nous sommes en train de la déployer dans tous les pays. Cette plateforme a été co-construite avec les associations de patients, le chief patient officer d’Ipsen et les équipes marketing, afin d’être au plus proche des attentes des patients. Nous avons également créé une application mobile de rééducation (I-GSC, guides self-rehabilitation) pour les patients souffrant de spasticité. Nous l’avons tout d’abord lancée en France et en Russie, puis au Brésil en 2017. C’est le médecin qui prescrit et permet d’accéder à cette appli qui propose des exercices filmés et simples de la vie courante. Le contenu a été co-construit avec des médecins spécialisés dans ce domaine, afin de répondre à une problématique patient. Nous faisons également évoluer les outils pour la visite médicale (ndlr, voir notre dossier sur la visite médicale). Quel est le budget consacré à la transformation digitale d’Ipsen ? Nous ne communiquons pas de chiffre. Mais je peux vous assurer qu’il est suffisant pour une organisation de la taille d’Ipsen. Et nous sommes en train de réfléchir à l’augmenter pour recruter davantage de collaborateurs de manière à aller beaucoup plus vite. Trois recrutements sont prévus cette année pour l’équipe Digital, principalement à Paris. Nous regardons les technologies comme les objets connectés, l’intelligence artificielle, la robotique… Malika Mir Chief innovation and digital officer d’Ipsen Comment est structurée votre équipe sur le digital ? L’équipe “Digital” est composée d’une vingtaine de personnes exclusivement avec des double ou triple diplômes. Nous cumulons les expériences et les expertises pour être capables de partager avec l’ensemble des collaborateurs. Certains sont des directeurs de projets qui sont impliqués aussi sur la recherche d’innovations. Nous souhaitons valoriser les initiatives internes et externes avec des start-up en matière d’innovation. Nous sommes par exemple toujours présents sur Viva Tech à Paris, dans des concours… Nous pouvons partager une problématique que nous rencontrons avec une start-up ou des étudiants. Une fois que nous avons identifié ces innovations, nous les proposons à nos clients en interne. En décembre 2017, vous avez également créé un accélérateur de start-up. En quoi cela consiste ? Nommé Spinleap, cet accélérateur de start-up concerne les sociétés qui ont un vrai potentiel d’innovation pour les patients ou les professionnels de santé. Deux personnes sont dédiées pour choisir les start-up autour de trois objectifs : accélération, open innovation et disruption. Nous regardons les technologies comme les objets connectés, l’intelligence artificielle, la robotique… Nous avons commencé par une start-up et deux autres sont en cours d’évaluation. Spinleap portera principalement sur l’oncologie mais pas uniquement. Pourriez-vous prendre des participations dans des sociétés de technologies ? Nous avons commencé en décembre 2017 et n’avons pas encore fait d’investissement. C’est quelque chose que nous envisagerons dans le futur. Pour le moment, nous nous sommes donné pour objectif de lancer les phases en amont des collaborations avec des start-up. Nous prévoyons des collaborations qui dureront 9 mois maximum. Au terme de ce délai, nous regarderons si nous investissons dans ce projet et sous quelle forme ou si nous arrêtons. Malika Mir 2014 : Chief information and digital officer d’Ipsen Pharma. 2012 : Chief information officer – Senior vice president d’Ipsen Pharma. 2011 : CNAM – Master en gestion d’entreprise. Licence d’économie générale. Licence en management opérationnel. 2006 : General manager information systems Europe de Nissan International. 1998 : Senior IT Manager de Microsoft. 1989 : IT directeur Europe de Baxter. 1986 : IT Manager de Leo Pharma. 1985 : Epita – Diplômée en gestion des systèmes d’information. Aurélie Dureuil Application mobilebase de donnéesbig dataEssais cliniquesLaboratoiresMarketing DigitalStratégie Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind