Accueil > Financement et politiques publiques > Cure51 lève 15 M€ pour décoder le patrimoine biologique des survivants de cancers Cure51 lève 15 M€ pour décoder le patrimoine biologique des survivants de cancers La société Cure51 a annoncé le 20 mars une levée d’amorçage de 15 M€. Fondée en mars 2022, cette start-up française cherche à comprendre les mécanismes biologiques à l’œuvre dans la survie exceptionnelle de patients atteints de cancers agressifs. Nicolas Wolikow, son cofondateur et CEO, a dévoilé à mind Health les prochaines étapes du développement de l’entreprise. Par Coralie Baumard. Publié le 20 mars 2024 à 17h49 - Mis à jour le 16 octobre 2024 à 11h47 Ressources La société Cure51 a annoncé le 20 mars avoir levé 15 M€ en amorçage auprès de Sofinnova Partners, avec des participations d’Hitachi Ventures GmbH, Life Extension Ventures, Xavier Niel et Olivier Pomel, PDG et cofondateur de Datadog. Fondée en mars 2022 par Nicolas Wolikow et Simon Istolainen, l’entreprise compte également parmi ses cofondateurs quatre centres européens d’oncologie de renommée mondiale : l’Institut Gustave Roussy (Paris, France), le Centre Léon Bérard (Lyon, France), la Charité Universitätsmedizin (Berlin, Allemagne) et Vall d’Hebron (Barcelone, Espagne). Construire une cohorte de survivants du cancer à l’échelle mondiale Ce financement permettra à Cure51 de constituer une cohorte unique à l’échelle mondiale visant à identifier les processus moléculaires grâce auxquels certains patients atteints de formes très agressives de cancers survivent bien au-delà de l’espérance de vie moyenne estimée. “Nous savons que ces patients exceptionnels on forcément un patrimoine biologique spécifique, le challenge est d’arriver à l’identifier et à le décoder. Cette approche a déjà été validée sur le plan académique. Unicancer avait lancé en 2016 l’étude Express sur ce sujet”, détaille Nicolas Wolikow. Cure51 se concentre aujourd’hui sur le cancer du pancréas métastatique, le cancer du poumon à petites cellules et le glioblastome. “Le but est d’identifier 510 survivants exceptionnels, 170 pour chacune des trois cohortes. La base de données va contenir 1020 patients : aux 510 survivants nous ajoutons des groupes contrôles des patients de la même cohorte ayant eu les mêmes traitements dans le même hôpital mais qui sont décédés”, explique Nicolas Wolikow. Identifier les patients a constitué un premier défi : “Ce sont des patients très rares. Pour le cancer du pancréas, nous parlons de 10 000 patients dans le monde”, souligne le CEO de Cure51. Tirer parti du séquençage moléculaire Pour l’aider dans cette phase, l’entreprise a contractualisé avec plus de cinquante centres spécialisés en oncologie dans le monde qui lui donnent accès à leurs données. “Nous avons une quinzaine de centres en Amérique latine, des centres en Asie du Sud-Est, en Afrique, en Australie, au Japon, etc. C’est intéressant car il est très rare dans les études cliniques d’avoir cette diversité ethnique. Nous avons noué avec ces centres un accord de partage de revenus, 10% des futurs revenus de la société seront reversé aux centres en fonction du nombre de patients qu’ils apportent. Nous finançons également le séquençage moléculaire de leurs cohortes. Nous avons également mis en place un accord de collaboration scientifique. Ils ont accès aux résultats scientifiques de leurs cohortes et peuvent interagir avec l’ensemble des médecins du réseau, dont ceux de nos quatre établissements cofondateurs”, retrace Nicolas Wolikow. Les centres cofondateurs de l’entreprise lui fournissent également des patients et jouent un rôle de direction scientifique en validant les échantillons et réalisant le séquençage moléculaire. “Pour chaque patient, nous récoltons un téra de données: des données cliniques, d’imagerie, de biologie et multi-omiques. Nous allons être les premiers à utiliser une technologie permettant une analyse intracellulaire avec une résolution de 0,2 microns. De plus, grâce aux technologies spatiales, nous pouvons analyser l’interaction entre la cellule et son environnement, ce qui va nous permettre d’expliquer les mutations. Nous n’aurions pas pu mener ce projet il y a cinq ans. Aujourd’hui, il existe une fenêtre d’opportunité : la technologie est relativement abordable, le prix du séquençage a été divisé par vingt en cinq ans, et le niveau de résolution nous permet désormais de comprendre l’évolution de la cellule”, détaille Nicolas Wolikow. Un tour de table pour construire une plateforme technologique “Cette levée va nous permettre de commencer à collecter les données, à rapatrier les échantillons et à développer notre plateforme technologique. Cette dernière va nous permettre d’héberger les données, de les structurer et de réaliser le séquençage moléculaire pour pouvoir identifier des signatures puis des cibles thérapeutiques”, indique Nicolas Wolikow. Si Cure51 se focalise aujourd’hui sur trois cohortes, l’entreprise envisage déjà de nouvelles indications. “Une fois que la méthodologie sera éprouvée et que nous aurons idéalement identifié des signatures et des cibles, alors nous pourrons partir sur d’autres indications toujours en oncologie autour du foie, de l’estomac ou encore des ovaires. Dans d’autres aires thérapeutiques, l’approche peut également être pertinente, par exemple pour les maladies neurodégénératives et notamment Parkinson. Certaines maladies rares peuvent l’être également, de même que le diabète où il y a des cas de rémission inexpliquées, même si ce n’est pas pour tout de suite”, décrit le CEO de Cure51. Le business model de la société repose à terme sur des partenariats avec des entreprises pharmaceutiques. “Ce qui fait la force de notre projet, c’est notre indépendance. En revanche, d’ici deux ou trois ans, nous pourrons envisager de donner un accès partiel à la base à des biotech et des pharmas afin qu’ils puissent l’utiliser pour valider des biomarqueurs, faire un scoring de leur pipeline pour décider d’un stade 1 ou 3 en essais cliniques. À horizon quatre ou cinq ans, j’espère que nous aurons un librairie de cibles thérapeutiques. Pour chacune d’entre elles, nous nouerons des partenariats avec les acteurs industriels qui nous semblent les plus pertinents afin de faire du développement clinique”, précise-t-il. Cure51 va collecter ses premières données au début du mois d’avril. “Nous pensons qu’en dix-huit mois, nous sommes capables de collecter les donnés des patients de 35 pays. Nous allons organiser le séquençage moléculaire au fil de l’eau par lot de 20 à 30 patients. En 24 mois, nous estimons que nous serons capables d’avoir identifié de premières signatures”, évalue Nicolas Wolikow. Coralie Baumard Données de santéHôpitalLevée de fondsoncologiestart-up Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind